Les plus sombres présages nous sont annoncés ici et là pour notre pays comme pour le monde : Exode massif de la jeunesse, enfoncement de couches de plus en plus larges du peuple dans la précarité, le chômage et la misère …Un sentiment se répand dangereusement dans la population, celui qu’il n’y aurait pas de futur.
Pendant ce temps le bal des prétendants à la direction de la CTM s’enrichit chaque jour. Parmi les derniers en date, le président en exercice de la chambre de commerce vient nous rappeler que les milieux économiques n’entendent pas rester l’arme aux pieds.
La majorité sortante s’enorgueillit des bâtiments grandioses, du TCSP, qu’elle a construits, des aides qu’elle a distribuées. En réalité elle est loin d’avoir résolu les problèmes qu’elle listait comme justification de sa candidature en 2015.
Sur bien des points le quotidien qu’elle prétendait améliorer vire au cauchemar : les inégalités sociales croissent, l’alimentation en eau est bien incertaine, les transports par terre et par mer restent encore largement à mettre en place, une formation adaptée et une vie artistique ne sont pas au rendez-vous, les services publics, (dont ceux, cruciaux de la santé pour tous et toutes, de l’intégration sociale des plus démuni.es), se dégradent malgré les réalisations de prestige promises, la production endogène reste un mythe.
Or, pour faire face à tous ces problèmes, pour relever ces défis, la Martinique dispose, grâce à sa longue histoire de luttes et de résistance, d’un mouvement social grand par sa diversité, puissant par son ancrage, porteur d’espoir par son dévouement et sa lucidité. Ce mouvement est fait de milliers de militantes et militants proches de la population, se battant au quotidien sur le terrain, défendant des solutions viables dans tous les domaines, économiques, sociaux, culturels, environnementaux, politiques.
Nous soussigné.es, sommes animé.es par la conviction que cette richesse militante doit servir à beaucoup plus que simplement rappeler les élu.es à leurs devoirs et à arracher à force de ténacité quelques petites victoires pour la population.
Dans la situation critique que vit la majorité de la population, le mouvement social peut nourrir l’ambition de prendre une place dans les lieux de décision pour faire entendre la colère du peuple d’en bas et ouvrir la voie des solutions.
Ce mouvement n’a pas vocation à être instrumentalisé par quiconque ni à servir de cinquième roue du carrosse à aucun cocher.
Prendre sa place suppose une initiative indépendante des appareils politiques dominants avec la volonté d’aller jusqu’au bout. Il s’agit sans tergiverser de mettre un pied dans les institutions et l’autre, le gauche évidemment, de le garder anchouké dans le mouvement de masse, seule garantie en définitive d’indépendance d’action et de fidélité aux objectifs.
Cela suppose une équipe travaillant en équipe et symbolisée par un ou de préférence une militante accepté.e par le mouvement social, capable de fédérer en respectant sa diversité et n’étant pas identifié.e à un parti quel qu’il soit.
Le programme d’une telle liste s’imposera comme une évidence :
– défendre les intérêts du plus grand nombre,
– se battre pour faire correspondre la majorité politique avec la majorité sociale,
– mettre au premier plan les intérêts collectifs contre la pwofitasion dans une perspective décoloniale de transformation sociale.
Dans tous les domaines il s’agira de traduire cette orientation générale en politiques concrètes.
De cette façon on pourra faire sortir la politique martiniquaise de l’impuissance créée par la guerre des clans et la confrontation des égos.
L’irruption du mouvement social sur le terrain directement politique redonnera, aux yeux de beaucoup, un intérêt à l’échéance électorale de juin 2021 et fera renaître l’espoir dont nous avons le plus grand besoin.
Nous voulons y travailler avec toutes celles et tous ceux que cette perspective difficile mais enthousiasmante intéresse.
Le temps est compté mais le mouvement social de ce pays a déjà relevé des défis plus grands. Sé zié ki kapon ! Annou alé !
Marcel SELLAYE – Rita BONHEUR – Philippe PIERRE CHARLES – Jacqueline TALLY – André EDOUARD – George ARNAULD – Max DORLEANS – Nicole CAGE – Franck RAYMOND – Nadir LAURENT – Alfred VARASSE – Patrick RICHARDSON – Mario MOREAU – Louis-Pascal GALIBOU – Christian OCTAVIA – Félix RELAUTTE – Roger ARNAULD – Gilbert PAGO.