En lieu et place du nombrilisme pleurnichard pour qui l’univers s’arrête au dit « monde noir » ( ?), éternel victime de toutes les atrocités et de la férocité des occidentaux depuis l’aube des temps. En lieu et place de ces bouffées de haine et de ressentiment contre ces « occidentaux », dont on continue pourtant allègrement à penser dans les concepts par lesquels ils se sont institués comme Etats modernes et qui font encore débats entre eux (citoyenneté, capitalisme, impérialisme, libéralisme, moyen âge…). En lieu et place, en définitive, de l’affect et de l’idéologie racialiste, ce qui s’impose pour informer nos compatriotes sur ce qui est entrain de se passer en UKRAINE c’est une analyse géopolitique qui donne le recul nécessaire pour mieux faire la part des responsabilités et comprendre.
Nous avons personnellement défendu en son temps, de concert avec un grand nombre d’intellectuels et de jeunes européens ainsi que de nord américains le principe de l ‘autodétermination et de la souveraineté des peuples pour nous même, pour l’Algérie, pour le Viet Nam et tous les autres pays colonisés, notamment en Afrique. (1) Ce principe doit aussi s’appliquer de plein droit à l’UKRAINE. Nous condamnons donc sans ambiguïté l’invasion de ce pays souverain par le gouvernement russe ; et nous considérons que L’Europe et les Etats Unis ont l’obligation de prendre des décisions fortes pour éviter le massacre des civils ukrainiens, et l’extension du conflit ; ceci dans les limites des règles internationales.
N’empêche qu’il faut reconnaître et dire que si la responsabilité de l’agression est imputable entièrement au gouvernement russe, reste que trois facteurs au moins ont amené à l’exacerbation d’un conflit régional qui dure depuis près de 14 ans :
1/ le non respect de la parole donnée par l’OTAN, dont le commandement est américain, d’éviter d’installer des armes lourdes trop près des frontières russes (Accord de MINSK 1 et 2) (2)
2/ le refus de ces accords par les ukrainiens, en particulier d’une consultation électorale des régions russophones de l’UKRAINE et d’une modification constitutionnelle leur accordant une large autonomie.
3/ La volonté de l’UKRAINE malgré le refus notamment de la France d’intégrer l’OTAN et par conséquent de laisser s’installer sur son territoire à proximité de la Russie des bases de ce commandement américain.
Lorsqu’on sait que les autres pays frontaliers tels la Pologne et la Roumanie font déjà partie de l’OTAN on ne peut qu’admettre que face à cet encerclement l’inquiétude des russes est légitime. Ce qui n’est pas admissible c’est d’avoir privilégié une solution militaire plutôt que diplomatique alors que la négociation était encore possible. D’où l’impasse actuelle et le risque de basculement dans un conflit nucléaire mondial.
Fort de France le 1/03/2022
Marie-Laurence DELOR
NOTES
1- La Grande Russie de PIERRE LE GRAND et de CATHERINE II, la République soviétique et la Russie actuelle se sont inscrites comme les grandes nations européennes dans une logique impérialiste. Il est faux d’accuser seulement l’Europe et les USA d’impérialisme.
2- « Les Accords de Minsk ont vu le jour après de nombreuses négociations entre les présidents russe et ukrainien Vladimir Poutine et Petro Porochenko. Mais l’ont doit principalement leur existence à une réunion diplomatique semi-officielle, « le format Normandie », le 6 juin 2014, jour de la célébration du Débarquement de Normandie, au Château de Bénouville en France. Sont alors réunis, les chefs d’État français, allemand, russe et ukrainien. C’est la première fois que la question de la paix en Ukraine est mise au coeur de négociations diplomatiques.
Les différentes propositions apportées lors de ce sommet ont ensuite été approuvées puis signées par le Groupe de contact trilatéral (Ukraine, Russie, OSCE). Un groupe qui a, lui aussi, pour but de tendre vers une résolution de la crise en Ukraine.
Le format Normandie donnera donc lieu à deux accords de paix : Minsk I, le 5 septembre 2014 et Minsk II, le 12 février 2015. »