Michel Rocard espère «que le gouvernement mènera une grande réforme fiscale, avec un impôt à la source harmonisé et plus progressif».
L’ancien premier ministre Michel Rocard plaide dans les colonnes du JDD pour une réduction du temps de travail et un départ à la retraite à 65 ans. Il estime que la France est «dans une situation terrifiante».
«Il y a le feu», s’alarme Michel Rocard dans un entretien accordé au Journal du Dimanche . «La France est dans une situation terrifiante. La récession va s’aggraver, donc le chômage va augmenter», s’inquiète l’ancien premier ministre socialiste (de 1988 à 1991) de François Mitterrand.
Réduire le temps de travail
Pour lui, «la première des urgences, c’est de faire baisser le chômage». Pour y parvenir, il remet sur la table un sujet «tabou» qui est la réduction du temps de travail: «En France, les salariés travaillent en moyenne 36,5 heures par semaine, contre moins de 33 heures en Allemagne et moins de 31 aux États-Unis», assure-t-il, souhaitant que «la réflexion (sur la durée du travail, ndlr) s’ouvre à nouveau. Si les partenaires sociaux (se) saisissent (du débat), Hollande n’ira pas contre», croit-il.
Allonger la durée de cotisation à la retraite
En échange de travailler moins, et donc de cotiser moins, l’ex-député européen pense que la seule solution pour financer les retraites est «d’allonger la durée de cotisation, d’aller peut-être jusqu’à 43 annuités»… ce qui peut amener un Français à travailler «jusqu’à 65 ans», insistant sur le chiffre pour prendre à contre-pied le gouvernement. «Il faut dire la vérité aux Français, le vrai calcul se fonde sur la durée de cotisations, pas sur un droit lié à un âge borné et inutile».
Un impôt à la source harmonisé et plus progressif
Questionné sur la taxe à 75% pour les plus riches, il fait valoir que la loi Tepa (juillet 2007) de Nicolas Sarkozy était «une insulte pour les 75% de Français qui gagnent leur vie modestement». «Or, poursuit-il, l’insulte appelle la revanche. Je regrette que François Hollande en soit resté à la revanche». Il dit «espérer que le gouvernement saisira l’occasion pour mener une grande réforme fiscale, avec un impôt à la source harmonisé et plus progressif», qui «permettrait d’appeler les plus aisés à contribuer davantage, sans brutalité».
Ralentir la réduction de la dette
«Regardez où en sont les moteurs de la croissance. La consommation est en panne à cause du chômage, l’investissement aussi puisque les perspectives sont nulles, les exportations sont en berne car l’Europe est en récession et la dépense publique est contrainte par l’objectif de réduire les déficits», assure Michel Rocard. Très impliqué dans la construction européenne, l’ancien ministre de 82 ans exhorte le Vieux continent de comprendre qu’il faut un «ralentissement dans la réduction de la dette» pour sortir de la «contrainte».
Par lefigaro.fr Publié le 27/01/2013