— Par Geneviève Sézille-Ménil —
« Pour René Ménil »
Bonjour à tous
Suite à l’inauguration de la dénomination de « Tropiques- Atrium » et du lancement de la saison culturelle, je me suis sentie obligée d’écrire un article. Cet article est mûrement réfléchi et tous les mots ont leur importance !
Vous dire si je suis heureuse pour le choix du nom du centre culturel? Oui je le suis!
Et pour moi et surtout en mémoire de René qui est, ne vous en déplaise, le principal instigateur de la revue « Tropiques ». Je suis la seule détentrice des confidences de René Ménil et sais combien il a été l’objet d’actions et de manigances pour le faire taire! Pour moi, le choix fait par l’équipe d’animation culturelle et politique est… une réhabilitation !
J’espère que d’autres actions seront menées.
Je n’oublie pas gue Mr. Césaire avait émis le vœu que le nom du Collège des Terres Sainville serait celui de René Ménil, décision votée par le Conseil Général pour approuver le choix d’Aimé et que, par l’action malveillante de certain, ce vœux n’a pas été exécuté, bien au contraire, puisque c’est celui d’Aimé Césaire qui a été choisi, contre la volonté de ce dernier.
Mon vœu?
Que le nom de René Ménil soit choisi pour dénommer la médiathèque de Sainte Luce ville où il à fermé ses yeux! Son nom lisible de loin pour marquer l’histoire de la Martinique car, comme disait A Césaire: il a contribué a l Histoire de la Martinique.
Il faut que ce soit la volonté de tous!
L’Union fait la force disait René !
J’espère qu’une mobilisation se fera dans ce sens
Encore merci à tout et à tous mes amis
amitiés cordialement…
Geneviève Sézille-Ménil
« Tropiques-Atrium-Tropiques : Eia ! Eia ! »
Quelle belle soirée que l’inaug’uration de la nouvelle dénomination de l’Atrium et l’ouverture de la saison culturelle qui esf dédiée à Suzanne Roussi pour le centenaire de sa naissance!
Le groupe de percussions, Tambou bokanal ti moun, avec des adultes ef des enfants hauts comme 3 pommes cannelle, sur le parvis, rythme la nuit et donne le feu vert de la manifestation. Le rideau tombe alors du haut de l’édifice : « TROPiQUES-ATRIUM« .
Dès le hall d’entrée, le ton est donné ! Place aux femmes.
Des panneaux ornés de photos expliquent l’action ce ces femmes potomitan (entre autre, Mme Paulette Nardal, résistante, sœur de Mme Alice Edda Pierre, tante de la cantatrice Christiane Edda Pierre et fondatrice de la chorale « Joie de chanter ») avec la mise en évidence de Mme Suzanne Roussi, épouse d’Aimé Césaire !
La foule se presse dans la galerie Arsenec où de superbes photos illustrent la vie artistique de Toto Bissainthe, brillante artiste haïtienne. Cela me ramène des années en arrière chez Mamie Aliker, autre martiniquaise de caractère, où Toto nous charmait par ses discussions et où sans se faire prier, elle se mettait à chanter, captivant l’auditoire.
Le public, au grand complet, s’installe alors dans la salle Aimé Césaire, et la parole est donnée à des interuenants.
Le Président, Mr Raphael Séminor, ouvre la soirée avec un bref discours de circonstance et il est suivi par le Directeur, Mr Hassane Kassi Kouyaté. Elogieux, il remercie ses prédécesseurs ainsi que la nouvelle équipe avec qui il doit travailler. Le spectacle qui s’ensuivra sera à la hauteur de la réputation de ce nouveau responsable.
Pour ma part je suis très touchée de cette reconnaissance . En près de 50 ans, c’est le jour et la nuit entre les manifestations culturelles de l’époque et celle d’aujourd’hui ! ll n’y avait presque rien !
Nous attendions la troupe de Jean Gosselin avec une certaine impatience au théâtre de la ville dans l’ancienne mairie ; nous ne rations pas les soirées culturelles ou de chant choral du père Elie ; et nous étions friands du mardi soir, avec Roland Suvélor animant le ciné-club ! Quant aux spectacles donnés par le SERMAC et le CMAC, nous en étions assidus car complémentaires. Il aura fallu de la patience et beaucoup de ténacité à Fanny Auguiac et son équipe pour faire pénétrer la musique classique (étant
donné le peu de spectateurs, un rideau avait été mis pour faire paraître plus petite la salle du CMAC et le peu de fréquentation vis-à-vis de I’arfisfe présent de réputation mondiale).
C’est le Jazz qui a eu rapidement la Préférence et il faut se souvenir du premier festival avec l’entrée dans la salle de vieux jazzmen venus directement de New Orleans, s’avançant vers la scène au son cuivré de leurs instruments !
Emouvant à Pleurer !
Merci à fous ceux qui ont contribué au développement de la vie culturelle martiniquaise.
Tropiques – Atrium ?
Conservation du nom « Atrium » car connu et mémorisé Par tous !
Tropiques… ?
Oui, Tropiques.. . nom de la revue éditée pendant la guerre d’avril 1941 à septembre 1945 en 14 numéros.
Cette revue, due à l’ initiative d’ Aimé Césaire, Suzanne Césaire, Georges Gratiant, Aristide Maugée, René Ménil, Lucie Thésée, est la parfaite continuité du manifeste « Légitime Défense » publié en 1932 par des étudiants dont René Ménil.
« Tropiques » c’est 14 numéros où a excellé Suzanne qui a été condamnée ensuite au silence jusqu’à ces dernières années.
Enfin, on peut admirer la qualité de ses écrits et de ses pensées dans les 9 articles qu’elle a donnés.
Dans ses textes, elle analyse, elle est concise, dure et cinglante parfois comme dans « Misère d’une poésie – John Antoine Nau » en concluant : « La poésie martiniquaise sera cannibale ou ne sera pas ».
C’est Suzanne qui met un point final à cette revue avec « Le grand camouflage ».
Les 6 artistes présentes sur scène, brillamment, parlent de Suzanne et récitent certains de ses textes avec une telle force et conviction que l’émotion vous étreint et vous empêche presque de respirer !
Du grand et bel art !
Le chant et la danse complètent somptueusement les différentes interprétations.
Immaniyé Dalila Daniel, toujours égale à elle-même, nous donnera un aperçu de ses compositions et le spectacle de qualité se terminera avec Tania Saint Val qui interprètera Mèsi Bondié que Toto Bissainthe aimait chanter à l’assemblée, avec Haïti mon pays.
Un somptueux cocktail sera donné Pour marquer le lancement d’un programme culturel et l’ouverture d’une r« Scène Nationale )) au beau nom de « Tropiques -Atrium ».
Cette manifestation m’a touchée Profondément! Grâce à elle, c’esf la lumière qui sort, enfin, de l’ombre ! Clarté pour Suzanne et pour tous les oubliés de l’histoire de « Tropiques ». Merci pour ce choix ! Merci pour le choix de « Tropiques ».
La revue « Tropiques »» qui a été une prouesse pour l’éditer avec fous les interdits et difficultés de l’époque (par exemple, pour obtenir le papier à imprimer il fallait, en donnant un exemplaire du manuscrit pour qu’il soit étudié par la censure, une autorisation … du lieutenant de vaisseau Bayle, représentant de Vichy) donc, cette revue, en fait, a été lue par très Peu de personnes.
« Tropiques » marquait, de façon détournée, par l’écriture, le refus d’une collaboration avec l’occupant nazi, le refus d’une fraternisation avec la politique de Vichy, le refus d’un pacte avec l’amiral Robert qui était le représentant, en Martinique, du maréchal Pétain.
« Tropiques » faisait de la « Résistance » !
En 1973, René Ménil, conscient de l’importance de « Tropiques », avec l’assentiment d’Aimé Césaire, décide de rééditer son précieux contenu.
Il se rend alors en Italie, chez Wifredo Lam, pour récupérer le dessin qu’il a réalisé pour illustrer la revue qui doit paraître en 2 tomes.
On remarquera l’importance qu’il donne alors a Suzanne Césaire puisqu’il couvre la première page du livre de son effigie et, en dernière page, les photos des 2 autres
protagonistes : Aimé Césaire et lui-même.
Il en sera ainsi pour la première page du second tome (visage de Suzanne couvrant en totalité la page) mais en dernière page, seules, les photos de Wifredo Lam et d’André Breton figureront.
Il est à regretter, qu’aucune Photo ne figure dans la seconde édition, en un seul tome du seul fait de l’éditeur, parue en 1994.»
Geneviève Sézille-Ménil
Article paru initialement dans Antilla 09 octobre 2015 n° 1685