— Contribution du CNCP relative à l’analyse des résultats du premier tour des élections Présidentielles Françaises —
Martinique CARAÏBE – Le 24/04/2017
39,98 % de votants pour ce premier tour des élections présidentielles françaises. Ce chiffre, à lui seul, suffit à prouver que la situation politique en Martinique n’a rien de comparable avec celle qui prévaut en France. Certains, dans leur volonté systématique de dénigrer notre peuple, donnent un écho démesuré au score de Marine LEPEN. Quoi donc ? Les Martiniquais s’abstiennent à 60,02 % ; sur la minorité de votants restant, 10,94 % votent pour le FN, alors, qu’en France celui-ci obtient 21,53 % des suffrages. On sait l’importance du nombre de français « expatriés », incluant les forces de répression (dont beaucoup ne cachent pas leur idéologie raciste et colonialiste) qui participent au scrutin. Et l’on voudrait culpabiliser « le Peuple Martiniquais » ! A ce propos, il faut relever que, sur WhatsApp, certains irresponsables persistent dans une basse besogne de division et d’autodénigrement. Dans la lâcheté de l’anonymat, ils s’attaquent à « Nou Pèp La » au prétexte que ce serait dans la commune du Prêcheur que Marine LEPEN a atteint son record de voix. Ils portent, ainsi, de l’eau au moulin de la désinformation orchestrée par les propagandistes de l’occident. Analphabétisme politique ou instinct viscéral de destruction ? Au Prêcheur, 66 % de nos compatriotes se sont abstenus et sur la minorité de votants, 75 % se sont exprimés contre Marine Lepen ! Ce ne sont que 7,58 % des inscrits qui ont voté pour elle. Avec un minimum de réflexion, on comprend bien qu’il y a là une sombre manœuvre pour discréditer une municipalité porteuse de l’alternative. La responsabilité du vote pour Marine LEPEN n’incomberaient-elle pas plutôt à ceux qui propagent dans l’opinion l’idée que la solution aux problèmes ne peut venir que de leaders « charismatiques » ?
Quant à ceux qui sabrent le champagne pour fêter la performance des Macron et Lepen (en France !), ils devraient s’interroger sur le fait qu’en Martinique, les candidats dénonçant effectivement le système, les politiques d’austérité et la barbarie de l’Union Européenne totalisent 32,37 % des suffrages exprimés. (Mélenchon 27,36 % – arrivé en tête – ; Poutou : 2,95 ; Arthaud : 2,06 %.)
Il n’est plus temps de se laisser manipuler par des analyses à l’emporte pièce.
Il faut, d’abord combattre cette profonde aliénation qui pousse à croire que c’est un individu qui est capable de proposer un programme et de mettre en œuvre des solutions. La présidentielle n’est absolument pas, comme on le prétend, « la rencontre d’un homme avec les Français ». Ce sont les poulains désignés par les maîtres du système qui sont promotionnés et portés au pouvoir. A cet égard, les présentes élections sont tout à fait significatives. Face au rejet grandissant de la classe politique et des partis représentant les classes dominantes, il fallait « blanchir » le système. Alors, la bourgeoisie a lancé son Macron. Aucune autre marque de lessive de par le monde n’a jamais bénéficié d’une campagne publicitaire aussi massive et indécente. ». Oubliée la règle de « l’équité » dans l’audiovisuel, au nom de laquelle on censure les « petits candidats » ! Une pléiade de journalistes, d’économistes et de commentateurs sont, sans discontinuer, venus chanter les louanges d’un « Macron-anti-système » d’un « Macron- incarnation-du-renouveau » !
Affabulation ! Arrivé au sommet de l’état, celui qui a servi les banques, qui a été porteur d’une loi de saccage social en tant que ministre de François hollande, dont le mouvement s’appuie sur la même base de classe, les mêmes soutiens politiques, financiers et médiatiques, le même fonctionnement organisationnel que toute la classe politique bourgeoise traditionnelle, n’est qu’un avatar du système. 39 ans nous dit-on ? Ni le jeune âge, ni le sexe ne sont en-soi un gage de changement ou de renouveau.
Pa ba nou bwè dlo mousach pou lèt !
Seuls sont porteurs d’un véritable changement ceux qui combattent explicitement la politique néolibérale, qui prennent le contre-pied de la pseudo-démocratie représentative bourgeoise et qui luttent pour éradiquer le système capitaliste.
Qu’on ne vienne pas nous parler ici de « Front Républicain » ! La bourgeoisie a déjà fait le coup en 2002. Quel a été le résultat du vote pour Chirac ? Sous sa Présidence et sous celle de ses successeurs, Sarkozy et Hollande, le rouleau compresseur du capitalisme a continué à écraser toutes les conquêtes sociales, le peuple Français et nos peuples colonisés ont vu leur situation empirer et le Front National est passé de 17,79 % en 2002 à 21,7% aujourd’hui ! C’est précisément la politique menée par les « partis de gouvernement » qui nourrit le monstre fasciste, et nombreux sont les dirigeants « républicains » ou « socio-démocrates qui tiennent des propos qui n’ont rien à envier au Front National. Quel dessin faudrait-il faire pour expliquer que nous ne devons pas céder à leur chantage démagogique ? Depuis la loi d’assimilation de 1946, qui a fait de notre pays un « département français » neuf Présidents de tous acabits se sont relayés à la tête de leur République. Voyez dans quelle situation nous nous trouvons aujourd’hui ! Et certains en sont encore à se justifier du fait que les Martiniquais s’écartent des chemins tracés par les dirigeants politiques français. Ceux qui persistent à danser sur la cadence de la vie politique et des échéances électorales de la France impérialiste ne font qu’animer « le carnaval des autres ».
Pour que nous puissions enfin prétendre à une vie meilleure, il faut complètement changer la donne. Notre mission est de travailler à l’union et à l’organisation de notre peuple afin qu’il participe pleinement à la dynamique des luttes populaires qui, sur tous les continents, sonnent le glas de la domination impérialiste des occidentaux, d’un libéralisme barbare et mortifère et qui jettent les bases d’une société alternative, porteuse de justice, d’équité et d’émancipation. Nous ne devons, donc, avoir aucun complexe à renvoyer dos à dos les agents du système capitaliste et tous les porte-voix de l’état colonial. L’important, aujourd’hui, est de consolider le mouvement de non-participation à ces élections présidentielles françaises afin que les colonialistes ne puissent se prévaloir d’aucune légitimité pour nous imposer quelque politique que ce soit. Ainsi, se manifestera clairement notre exigence que les intérêts spécifiques de notre pays et de notre peuple soient pris en considération.
Pour le CNCP :
Le Président, Jean ABAUL
Le Porte – Parole, Alain LIMERY