— Déclaration du KSG —
Le corps électoral guadeloupéen sera amené, les 6 et 13 décembre prochains, à élire une nouvelle équipe à la tête du Conseil Régional. Ces élections se dérouleront dans un contexte particulier.
Depuis 11 ans, une orientation politique et une méthode de gouvernance règnent sans partage sur le pays, en le mettant sous séquestre. Une personnalisation à outrance du pouvoir qui ne présage rien de bon pour l’avenir. Dans le mëme temps, le pays Guadeloupe s’enfonce de plus en plus dans un marasme social, un sous-développement de l’économie de production, dans une société de surconsommation profitable aux importateurs et à l’Etat français.
Tous les gadgets annoncés à grand renfort de publicité se sont avérés être des leurres :
-les prix des produits de consommation courante n’ont jamais été aussi élevés que depuis l’instauration du « bouclier prix »;
-le prix des carburants fait le yoyo tout en étant toujours plus haut alors que le cours du pétrole n’a jamais été aussi bas. Tel est le résultat du décret Lurel;
-en dépit des opérations de séduction à l’égard de la jeunesse, le constat est cinglant, 60% des jeunes en âge de travailler sont au chômage;
-depuis la destruction de l’AFPA principal organisme de formation professionnelle, l’établissement public régional de formation délivre en place et lieu des titres et diplômes de qualification de simples attestations de stage comme au bon vieux temps de « La coloniale ».
Enfoncée de force dans la dépendance économique à l’égard de la France et de l’Europe, la Guadeloupe s’éloigne de plus en plus d’elle-même, de sa naturelle et nécessaire intégration régionale dans la Caraïbe.
UNE ÉLECTION POLITIQUE AU SUFFRAGE UNIVERSEL EST SUPPOSÉE ÊTRE UN MOMENT DEMOCRATIQUE.
Les citoyens, dûment informés et éclairés sur les enjeux, sont appelés à choisir un avenir et à désigner leurs représentants. Toutefois, le prélude aux prochaines élections instaure le doute.
Le pouvoir régional, objet de toutes les convoitises politiciennes, se présente aujourd’hui comme une puissance financiêre au service d’un homme et de son équipe, qui domestique et soumet par le chantage. Une véritable machine à tuer la démocratie.
Trop souvent, l’électeur communal qui a cru élire ses représentants au suffrage universel fait l’amère constatation que c’est l’exécutif régional qui dicte à son maire la conduite à tenir. C’est bien le signe d’une monétarisation complète du lien politique au détriment du partage de valeurs morales et idéologiques. Tu touches et tu la fermes !
CE N’EST PAS D’AUJOURD’HUI QUE DATE LE CHANTAGE FINANCIER EN POLITIQUE COMME MOYEN DE SOUMISSION.
Certes, l’actuel président de Région n’en est pas le précurseur, mais il en a fait son principal outil de gouvernance. Il ne parle qu’en termes de millions distribués aux uns et aux autres en fonction de leur degré d’allégeance et de soumission à son diktat.
Tout se passe comme si l’argent public était son patrimoine personnel et que la répartition des aides publiques était une compensation personnelle de complaisance. Certains élus semblent l’accepter soit comme une nécessité absolue de soumission soit comme une fatalité incontournable pour continuer à exister en tant qu’élu.
Dans ces conditions, l’alternance politique est une nécessité absolue, s’il s’agit d’une affirmation de la démocratie. Parce qu’elle n’aura de sens que si elle est portée par une véritable ALTERNATIVE politique, condition indispensable pour dézankayé la Guadeloupe et la propulser sur la voie du progrès et de la responsabilité.
QUELLES SONT LES CONDITIONS DU CHANGEMENT ?
Tout Guadeloupéen est libre d’être candidat à la représentation politique de son pays, mais il doit se sentir tout aussi libre de témoigner, en paroles et en actes, qu’il participe d’un vrai changement.
Si les forces populaires se présentent en ordre dispersé, se contentant de se mettre en lice pour que chacun fasse entendre sa petite musique et délimite sa sphère d’influence, il y a de quoi déconcerter le citoyen de progrès, aggraver son sentiment d’impuissance et participer au maintien du statut quo politique. Les forces politiques qui se disent et se veulent guadeloupéennes ont l’obligation aujourd’hui de se déconnecter du jeu politique français et de se constituer Guadeloupe. Elles ont le devoir de conjuguer leurs efforts pour une Guadeloupe émancipée et responsable, forte de son identité de peuple différent.
Au-delà de la nécessaire alternance, la majorité réelle des Guadeloupéens aspire à une vraie alternative politique instaurant la démocratie, soucieuse de la résolution des préoccupations quotidiennes de notre peuple (eau, déchets, transport, assainissement…), ouvrant le chantier de la construction du pays, la formation initiale et continue, la formation universitaire, le tout axé sur le développement productif créateur d’emploi. Le destin du pays ne peut pas être incarné par une seule personne, quelle qu’elle soit, de même qu’il ne saurait se limiter aux seuls choix électoraux.
En effet, les élections ne sauraient à elles seules tout à fait exprimer la souveraineté populaire. Celle-ci ne se décrête pas d’en haut ni de l’extérieur du pays. Elle ne peut se définir indépendamment des luttes par lesquelles les acteurs populaires s’inventent un espace de liberté pour changer eux-mêmes les conditions de leur existence. La souveraineté populaire c’est aussi la prise en main par les citoyens de leurs propres affaires, sur le territoire où ils vivent et dans toutes les sphères de la société.
Une telle démarche politique pourrait donner un sens différent aux prochaines élections régionales; et annoncerait leur dépassement. Quels que soient les résultats de ces élections, la Guadeloupe doit se préparer à rassembler toutes ses ressources pour gagner son combat de pays et assumer son destin de peuple.
Forts de ces principes et cette volonté d’unir pour que la Guadeloupe gagne, les adhérents du KSG participeront pleinement au débat politique, dans la période des élections régionales, et au-delà.
Le 16 septembre 2015
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