Londres – La militante écologiste Greta Thunberg a estimé dimanche que les conférences de l’Onu sur les climat, les COP, sont devenues des machines à ‘greenwashing’ et qu’elles doivent au contraire servir à mobiliser pour forcer les dirigeants à agir.
« L’espace pour la société civile cette année est extrêmement limité » à la 27ème conférence de l’Onu sur le climat, a fait valoir l’activiste suédoise lors d’une séance de questions réponses au Southbank Centre de Londres pour le lancement de son « Grand livre du climat« .
Sur Twitter, elle avait déjà exprimé sa solidarité avec « les prisonniers de conscience en Egypte avant la COP27« , qui s’ouvre le 6 novembre à Charm el-Cheikh.
Les COPs, dont la précédente s’était tenue à Glasgow, « ne sont pas vraiment destinées à changer le système » mais à encourager des progrès graduels devenus vains au regard de l’urgence climatique, a argumenté la militante de 19 ans, dont l’intervention dimanche a clôturé le festival de littérature de Londres.
D’après elle, les COPs sont devenues des machines à ‘greenwashing’, ou opérations de communications pour prétendre qu’ils agissent en faveur du climat quand ce n’est pas le cas.
« Telles qu’elles sont, les COP ne fonctionnent pas vraiment, à moins qu’on les utilise comme une opportunité pour mobiliser » a poursuivi la jeune femme à la silhouette menue, cheveux nattés, en T-shirt rouge et jean.
Sorti jeudi, « Le grand livre du climat » comporte une centaine de collaborations d’experts climatiques ou autres, dont l’économiste Thomas Piketty, le patron de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, ou l’écrivaine Naomi Klein.
Tous les droits d’auteur seront versés à sa fondation éponyme puis distribués à des organisations caritatives en lien avec l’environnement.
L’activiste dit avoir voulu écrire ce livre pendant la pandémie pour « éduquer les gens, ce qui est un peu ironique étant donné que mon truc c’est les grèves de l’école« .
Encore et encore dimanche, elle a appelé chacun à devenir activiste, sachant qu’il y a « beaucoup de manière différentes » de le faire.
– Changements drastiques –
« Le temps des petits pas est révolu et nous avons besoin de changements drastiques » et selon elle, pour obtenir l’obtenir de dirigeants d’entreprises ou de gouvernements qui ont intérêt au statu quo, « nous avons besoin de milliards d’activistes« .
Elle a répété encore et encore que la crise climatique n’était pas le fait de l’humanité toute entière mais des plus riches alors que les plus pauvres ou ceux qui ont été « historiquement exploités en souffrent le plus« .
Au lieu d’aller dans la bonne direction, le monde va à toute vitesse dans le mur, prévient-elle, notant par exemple que « la quantité d’électricité produite à partir de charbon« , carburant le plus polluant, « a atteint un record historique l’an dernier« .
Les engagements internationaux laissent la Terre sur la trajectoire d’un réchauffement de 2,6°C, un résultat « pitoyablement pas à la hauteur« , a dénoncé la semaine dernière le patron de l’ONU, qui appelle à cesser le « greenwashing« , alors que 2022 a déjà vu se multiplier les catastrophes climatiques: inondations dramatiques comme au Pakistan, sécheresses, canicules ou feux de forêts.
Dimanche, la suédoise de 19 ans a raconté ne jamais avoir imaginé qu’elle allait démarrer un mouvement planétaire: « une chose a mené à une autre« , a-t-elle souri.
Elle se souvient avoir commencé à manifester devant le parlement suédois en 2018 car elle était « trop timide et autiste » pour intégrer les ONG existantes. « Et ça a marché mieux que j’aurais pensé! »
Sourire en coin, elle dit avoir « vraiment beaucoup aimé déranger à ce point des gens« , notamment les personnes au pouvoir, « ou qui l’étaient« , comme Donald Trump, l’ex-président américain qui l’a critiquée à de nombreuses reprises.
Interrogée sur Elon Musk ou Jeff Bezos, elle rit puis répond avec sérieux qu’il y a des causes plus urgentes que de « dépenser une fortune à envoyer des fusées dans l’espace« .
Enfin, interrogée sur les actions controversées de collectifs écologistes comme Extinction Rebellion ou Just Stop Oil, qui ont aspergé des chefs d’oeuvres de peinture ou de soupe récemment, Greta Thunberg a fait valoir qu’il y a « beaucoup de gens qui deviennent désespérés » et qu’il est par conséquent « raisonnable de s’attendre à ce qu’ils tentent donc de nouveaux types d’actions« .
Source : AFP / Yahoo.fr