— Le n° 286 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Samedi 11, nous sommes passé·e·s des milliers des précédentes manifestations aux centaines mobilisées dans les rues du Lamentin. La détermination reste forte, comme l’ont répété les responsables syndicaux.
Le tract intersyndical le précise : la victoire dépend de notre capacité à créer un rapport de force par l’extension, l’approfondissement et le durcissement de l’action.
Le monde du travail de Martinique ne peut ni prétendre gagner seul sur son unique territoire, ni se déshonorer en laissant d’autres se battre, sans porter sa pierre dans ce combat nécessairement commun. Cette double conviction conduit à prendre en compte les actions lancées par l’intersyndicale de France, sans oublier que notre situation sociale dégradée renforce la nécessité de notre implication.
Un appel à la grève, le 16 février, a déjà été lancé ainsi qu’à la mise à l’arrêt du pays, le 7 mars avec des actions de masse pour le 8. Les cheminots, eux, proposent la grève reconductible. L’intersyndicale de Martinique décidera bientôt de ses mots d’ordre concernant la suite de la mobilisation.
Une chose est sûre : la répétition des journées de grève a montré une certaine disponibilité des forces militantes, et le pouvoir l’a enregistré dans des reculs infimes concernant les longues carrières, la pénibilité, les femmes. Le mensonge sur la retraite minimum à 1200 euros a été démasqué. 64 ans comme âge légal, et 43 annuités comme minimum pour une retraite à taux plein, c’est la misère assurée pour un plus grand nombre de gens chez nous, condamnés à n’en jamais réunir les conditions.
La présence de quelques infirmières libérales et de quelques chauffeurs de taxis dans la manif, la prise de parole de quelques agricultrices aidées par l’UFM, montrent la prise de conscience que les salarié·e·s ne sont pas seuls concerné·e·s. Pour imposer un vrai recul du pouvoir, pour revenir à ce que nous avions déjà, à savoir la retraite à 60 ans après 37,5 annuités, il faut aller au blocage de l’économie par celles et ceux qui en sont le moteur, à savoir les masses laborieuses.
Il est normal que chaque secteur, chaque territoire, évalue les chances du déclenchement d’une grève effectivement reconduite, autour et dans la foulée des secteurs les plus forts. Mais tous les secteurs, tous les territoires, doivent donner des signes de leur détermination pour un déclenchement effectif.
En Martinique, nous proposons de renforcer l’intersyndicale par l’élection d’un comité de grève responsable devant l’ensemble des forces mobilisées.
Aucune tentative d’ultimatum des plus décidé·e·s, sur l’ensemble des forces, n’aurait de sens. Mais le débat doit rapidement examiner toutes les propositions. Mais compte tenu de l’importance des enjeux pour la suite, il convient de ne pas se limiter à la seule Martinique, face à un pouvoir qui agit comme un rouleau compresseur.
Le combat d’aujourd’hui concerne les générations d’aujourd’hui et de demain. Sé pa jwé nou ka jwé! Comme dit le mouvement : NOU péké moli ba yo!
Aux côtés de la famille de Marie-Camille, contre les féminicides et les violences envers les femmes !
Comme les féminicides précédents, l’assassinat horrible de Marie-Camille Relouzat a soulevé une énorme émotion au Gros-Morne et dans tout le pays. Une foule de plusieurs centaines a fait le déplacement pour la marche blanche organisée par la famille, les ami·e·s, la municipalité, Culture Égalité, et l’Union des Femmes de la Martinique.
À quoi bon ? disent les sceptiques professionnels. Imaginez un événement aussi terrible, sans une seule manifestation de protestation, de douleur, de sympathie pour les victimes survivantes. Nous répondrons toujours.
Les prises de parole de la famille, des ami·e·s, du maire Gilbert Couturier, des représentant·e·s des municipalités de Trinité, du François, du député Giovanni William, de notre camarade Philippe Pierre-Charles, de Rita Bonheur (UFM), de George Arnauld (Culture Égalité), la présence de Francis Carole (Palima), entre autres, montraient que ces tragédies ne concernent pas, ne révoltent pas uniquement les proches et les associations féministes.
Le combat pour « l’humanisation de l’humanité » est l’affaire de chacun, de chacune. C’est un combat quotidien qui exige, bien sûr, des moyens sans cesse réclamés, des procédures toujours à renforcer, voire à mettre en place. Mais il ne se gagnera pas sans un effort vigilant de la société tout entière pour extirper la domination, la violence qui l’accompagne, dont les féminicides ne sont que l’aspect le plus abominable.
Nicaragua : recul de la dictature
222 prisonniers politiques ont été libéré·e·s jeudi 9 février au Nicaragua, et expulsé·e·s vers les États-Unis par le gouvernement de Daniel Ortega.
Le juge de la Cour d’appel de Managua a confirmé « l’expulsion » de ces ancien·e·s prisonnier·e·s qualifié·e·s de « traîtres à la Nation ». « Leurs droits civiques ont été suspendus à vie ». Ils et elles vont également être déchu·e·s de leur nationalité nicaraguayenne en vertu d’une loi adoptée en première lecture jeudi 9 février par le Parlement.
On compte parmi ces libéré·e·s, les personnes suivantes : l’ancienne guérillera sandiniste Dora Maria Tellez, Evelyn Gutierez Pinto, militante des droits humains incarcérée pendant 15 mois, le militant Felix Maradiaga, Juan Sebastian Chamorro, Jeannine Horvilleur Cuadra, 63 ans, et Ana Alvarez Horvilleur, 43 ans, arrêtées le 13 septembre et condamnées récemment à huit ans de prison pour « complot et diffusion de fausses nouvelles ».
Selon Ortega, l’évêque catholique Rolando Alvarez a été de nouveau incarcéré, suite à son refus d’embarquer à destination des USA,.