Mercredi 8 et samedi 11 mars à 19h à l’Espace Camille Darsière
Pièce de théâtre « Pour 2 francs ou le massacre des ouvriers de la canne au François », une pièce écrite par Francine Naréce (photo) et mise en scène par Élie Pennont.
Commémoration des événements de la grève de février 1900- Interprétation : Élie Pennont, Jean-Claude Duverger, troupe de 6 comédiens – Participation des ballets « les Fonds Blancs » et « Sé nou Menm » »
Deux lycéens, Killian et Matisse, se moquent d’un travail de recherche qu’ils ont à faire sur de grandes figures politiques et culturelles. Alors qu’ils sont en plein fou-rire arrive une jeune fille, Louna, qui leur rappelle quelques grandes dates qui ont marqué l’histoire de leur pays et en particulier février 1900. »
La pièce plonge le spectateur dans une page tragique de l’histoire martiniquaise. « Tous les ingrédients d’une explosion se trouvaient réunis. Elle se produira avec la grève générale des ouvriers de la canne en février 1900. Et la mort de 10 d’entre eux tués par balles le 8 février 1900.»
À l’heure où les paysages de cannes à sucre ont laissé la place aux champs de bananes, ou aux immeubles, combien parmi nous ont entendu parler de la grève de 1900 ?
Combien savent que contre des hommes se battant pour donner de quoi manger à leurs enfants, « pour deux francs », des soldats ont tiré à bout portant ? Cela s’est passé chez nous en février 1900 puis en février 1974, à nouveau des hommes sont tombés. Le mérite de cette pièce en deux parties est de se souvenir de ces luttes qui ont jalonné le XXe siècle.
La grève de février 1900 s’inscrit dans un contexte économique difficile marqué par la baisse des cours du sucre et du rhum. La prospérité de la Martinique n’était factice, mais elle était fragile non seulement parce qu’elle était fondée sur la culture de la canne, mais surtout parce que les façons culturales, un demi-siècle après l’abolition de l’esclavage étaient restées rudimentaires. Une main d’œuvre nombreuse et mal payée, des habitations- sucreries dépendant des Usines centrales, dans ce contexte, les mots d’ordre des organisations ouvrières trouvèrent un écho favorable chez les travailleurs de la canne.
Pour nous faire comprendre tout cela, le théâtre devient alors un outil précieux. Dans une pièce en six marches et quatre stations, elle parvient à établir un échange émotionnel si puissant que l’on se surprend à entonner les refrains avec les comédiens! Sans pour autant reprendre les techniques du théâtre de l’opprimé, Francine Narèce nous entraîne dans les pas de ceux qui donnèrent leur vie pour lutter contre l’injustice, on a presque envie de se lever avec eux et de reprendre leur slogan contre l’injustice » Yo armé, nou pa armé« . S’agit-il des Armes Miraculeuses promises jadis par le poète?
Annick François-Augrin
Docteure en Histoire
A 19 heures, à l’Espace Camille- Darsière du Sermac (ex-palais de justice) ,à Fort-de-France/