— Par Roland Sabra —
Ils sont plus de cent cinquante à former ce qui n’a de collectif que le nom pour dire leur attachement au label « Scène nationale » et à « une direction indépendante des pouvoirs politiques et de tout groupe de pression« . On ne sait pas trop comment ils se sont trouvés. Une plasticienne martiniquaise a pris son carnet d’adresses, a téléphoné à des amis pour dire son émotion face au risque de disparition du CMAC et s’est entendue dire par ses interlocuteurs des choses qui faisaient écho à ses inquiétudes. Que faire alors? Elle s’est souvenue que le droit de pétition, droit à l’expression de l’individu, est reconnu comme un des droit fondamentaux par les textes constitutionnels depuis 1791 : » Chacun a le droit d’adresser une pétition écrite aux pouvoirs publics afin de provoquer l’examen de problèmes d’intérêt individuel ou collectif « ). La révolution a commencé par des cahiers de doléances. Elle dit qu’il lui a fallu une semaine pour rédiger un texte prenant en compte le point de vue du spectateur et suffisamment consensuel pour qu’en quelques jours plus cent cinquante connaissances la rejoignent. C’est à la fois peu et beaucoup. Peu en valeur absolue et beaucoup à l’égard de la Martinique. Rapportés à l’hexagone ils seraient 22 000 à avoir signé en une semaine avec pour tout relais dans la presse, un petit encart dans France-Antilles et moins d’une minute sur une télé privée. Mais c’est aussi beaucoup compte tenu de qu’est le spectateur : foncièrement individualiste, il se déplace rarement en groupe! Et puis le périmètre d’achalandage du CMAC, comme disent les spécialistes du marketing c’est quoi? 1500 personnes tout au plus !
Et ils étaient 121 à signer le manifeste pour le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie!
Alors 150 pour un tout début c’est vraiment beaucoup compte tenu de la discrétion qui entoure cette démarche citoyenne. Aujourd’hui elle s’adresse à Madinin’Art pour une plus large diffusion. Le ton, les mots ne sont pas les nôtres mais nous les publions volontiers persuadés, dans le respect de nos différences, de faire œuvre commune. Parmi les premiers signataires, quelques noms connus, d’autres un peu moins et beaucoup d’anonymes, mais tous disent, critiques d’art, artistes, étudiants; universitaires, salariés, fonctionnaires, travailleurs indépendants, retraités, etc. Assez ! ça suffit comme ça!
Ils ne veulent sans doute pas être les jouets des batailles d’ego qui ont conduit au désastre.
Oh! bien sûr parmi « les acteurs de ce mauvais drame », pour reprendre la métaphore filée de la pétition, il en est qui se seraient bien passés d’une telle effervescence, qui auraient préféré voir leurs coups bas se faire dans l’ombre ( au milieu des grandes vacances?) et qui comptaient sur un silence médiatique plus ou moins complice. Qu’ils se tiennent sur leur garde: une opinion publique martiniquaise est peut-être en train de se faire entendre dans le domaine de la culture.
Et s’ils reprochent à Madinin’Art d’avoir contribué à les démasquer qu’ils méditent cette phrase d’Albert Londres : « « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie »
Madinin’Art le 06/10/2012