— Par Jean Samblé —
La capitale haïtienne, Port-au-Prince, se retrouve plongée dans une crise humanitaire alarmante à la suite de nouvelles violences entre la police et les gangs armés. La situation, déjà précaire, s’est détériorée après l’attaque de plusieurs hôpitaux, menaçant sérieusement l’accès aux soins, et les pillages sur le port compromettent l’arrivée de nourriture dans certaines zones.
La ville est essentiellement en état de siège, selon Philippe Branchat, chef pour Haïti de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les habitants sont pris au piège, incapables de fuir les dangers qui les entourent, et de nombreux civils ont envahi des bâtiments publics en quête de refuge. La situation est d’autant plus critique que les gangs armés contrôlent la plupart de la capitale, rendant toute tentative de sortie impossible.
La violence s’étend au-delà de Port-au-Prince, avec des rapports faisant état de troubles à Artibonite et de blocages à Cap-Haïtien, accompagnés de pénuries de carburant dans le sud du pays. Le gouvernement haïtien a décrété l’état d’urgence dans le département de l’Ouest, comprenant Port-au-Prince, et a instauré un couvre-feu nocturne difficile à appliquer pour des forces de l’ordre déjà dépassées.
Le nombre de personnes déplacées en Haïti a atteint un niveau alarmant, avec 362 000 personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, actuellement dans des conditions précaires. La population, déjà éprouvée par la crise politique depuis l’assassinat du président Moïse Jovenel en 2021, se retrouve maintenant confrontée à des menaces plus graves.
La communauté internationale réagit à cette crise aiguë, avec la Communauté des Caraïbes (Caricom) invitant des représentants des États-Unis, de la France, du Canada et de l’ONU à une réunion d’urgence en Jamaïque. Les Nations unies s’engagent à fournir une assistance, mais la situation reste complexe, entravant même l’acheminement de l’aide humanitaire en raison de la fermeture de l’aéroport international.
La situation alimentaire est particulièrement critique, avec des avertissements selon lesquels Haïti pourrait faire face à une famine imminente si les approvisionnements ne peuvent pas être rétablis. Les hôpitaux, déjà sous pression, ont été attaqués, forçant l’évacuation du personnel médical et des patients, y compris des nouveaux-nés.
La coordonnatrice humanitaire de l’ONU pour Haïti, Ulrika Richardson, souligne la vulnérabilité accrue des femmes enceintes face à la paralysie des services de santé. Près de 3 000 femmes enceintes pourraient être privées d’accès aux soins essentiels, exposant environ 450 d’entre elles à des complications obstétricales potentiellement mortelles.
Haïti, déjà confrontée à des défis monumentaux, est maintenant plongée dans une crise humanitaire profonde, nécessitant une action internationale concertée pour atténuer la souffrance de sa population.