Paris – La clé « d’étranglement », technique policière mise en cause dans l’affaire Chouviat, ce livreur mort en janvier 2020 après un contrôle, n’a toujours pas été remplacée un an après l’annonce de son abandon par Christophe Castaner, alors ministre de l’Intérieur.
« La méthode de la prise par le cou, dite de l’étranglement, sera abandonnée et ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C’est une méthode qui comportait des dangers« , déclarait-il le 8 juin 2020.
Cette décision ainsi que les propos de M. Castaner sur le racisme dans la police avaient déclenché un mouvement de colère dans les rangs, avec des rassemblements nocturnes devant des lieux symboliques, comme l’Arc de Triomphe, et des jets de menottes à terre.
L’actuel patron des députés LREM avait dû quitter le gouvernement trois semaines plus tard, mais l’abandon de la clé d’étranglement, qui vise à réduire l’afflux d’oxygène par une pression sur la trachée, figurait toujours dans les dossiers de Gérald Darmanin à son arrivée place Beauvau début juillet.
Tout l’été 2020, un groupe de travail, présidé par le patron de la police du Val-d’Oise Frédéric Lauze et composé de policiers, gendarmes, syndicalistes et médecins, avait planché pour « définir une technique de substitution« , à la demande du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux.
« On a eu quatre réunions de juin à septembre. Il devait y avoir une restitution en octobre, mais elle est restée lettre morte, puisque personne ne l’a eue en main propre« , glisse un participant à l’AFP.
Lors des échanges, « tout le monde était d’accord pour dire qu’il ne fallait pas oublier cette technique mais l’adapter aux situations les plus dangereuses« , affirme-t-il.
Pourtant, selon plusieurs témoignages recueillis par l’AFP, le rapport, fort d’une trentaine de propositions, préconise bien d’abandonner la clé d’étranglement et de la remplacer par trois autres techniques qui ne prévoient pas de pression sur la trachée.
La DGPN n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP, expliquant que le rapport devait « d’abord être présenté aux organisations syndicales« .
– « Pas d’autres méthodes » –
Si la clé d’étranglement n’est plus enseignée en école, assure une source policière, les effectifs sur le terrain doivent composer avec une forme d’incertitude. Selon une note du DGPN, elle peut – pour le moment – être utilisée « avec mesure et discernement »