—Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.—
Nul besoin d’hallucinogènes métaphysiques pour ses convictions. La spontanéité créative de Pôglo suffit à son œuvre, à sa brillance psychédélique, révélatrice de l’âme, et pour en exprimer la poésie.
Peintre, disciple d’une terre promise, flottant sur les artères subliminales d’un festival des avant-gardes, «One love Africa. » En plein revival initiatique, comme d’autres font des voyages astraux mais immobiles, Pôglo semble succomber aux sirènes d’une vie oubliée. Il va droit au but, l’idée se dégage d’emblée. Fils elliptique d’une Afrique en expérience totale, et méditation disciplinée, il a des « yeux-mandalas » iris pyramidal. Pupilles dilatées à l’infini, son œuvre se repait de belles pulsations stroboscopiques pour nous perdre dans l’abîme de tableaux et scènes en miroir. On pourrait supposer que cette pensée, ce refus d’ajouter des objets à un monde qui en est déjà saturé, s’inscrit spécifiquement dans le contexte d’un retour probable au berceau de l’humanité. Pôglo veut créer une sorte d’effacement des frontières, entre les contenus qui sont mis sur le même plan. Les compositions sont une mosaïque de couleurs et rappellent, il va de soi, un « art africain » pur par l’esthétique qu’elles instillent. Sur ses toiles, tricots ou cabas, on retrouve d’une pièce à l’autre les mêmes figures phares comme un leitmotiv qui rythme les œuvres tels des petits bonshommes, silhouettes noires sur fond gris, ou roses dans l’exubérance picturale, ou encore la femme africaine en costume traditionnel dans des situations quotidiennes.
Après l’archéologie du présent, l’ethnologie du futur.
Les femmes, gardiennes des traditions, se tiennent parfois jambes croisées, hiératiques sur un banc à causer des affaires de l’Afrique. Brun et ocre jaune côtoient une palette de rouge, de jaune, de vert, sur fond noir. Couleurs panafricaines, vives et chatoyantes. Des formes synthétiques, géométriques, à motifs ethniques se dessinent à larges traits dans des peintures où l’on peut surprendre de lointaines réminiscences de totems plantés. Tandis que le tambour, présent en sourdine fait entendre ses pulsations dans des effluves imaginées de savane libre et accueillante. La belle surprise de cette exposition, vient de ce qu’elle dévoile un héritage de cette conception de l’art du monde. Après l’archéologie du présent, l’ethnologie du futur.
Le sens d’une oeuvre
Pôglo produit des images qui lui ressemblent. Elles constituent autant d’autoportraits qui désignent moins le monde que sa vision du monde. Ce qui circule chez l’artiste sont donc des marqueurs culturels, une sorte de langage de signes dont dépend la portée politique du travail .Sa pratique artistique met donc en jeu une sémiotique d’où émerge le sens d’une œuvre et chaque œuvre rejouant le langage des signes se présente comme une proposition politiquement correcte.
Pratique :
L’ATRIUM inaugure dans le hall une exposition évènement
Le retour de Pôglo, .jusqu’au 30 avril 2014.
Entrée gratuite.
Tout public.
Informations : 05 96 60 68 20
Pôglo : 06 96 81 80 55
Texte paru dans France-Antilles Magazine
Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret.