— Par Collectif —
Par un collectif d’artistes, journalistes, hommes et femmes politiques, humoristes, universitaires, auteurs, dont Yann Arthus-Bertrand, Amélie Nothomb, Matthieu Ricard, Sanseverino…
A la suite d’enquêtes menées dans plusieurs abattoirs français et diffusées par l’association L214, la question de l’abattage des animaux a suscité un débat d’ordre national. Devant l’implacable réalité des images, les Françaises et Français commencent à prendre conscience des souffrances endurées par les animaux d’élevage. Après la tenue de débats à l’Assemblée nationale et au Sénat portant sur la sensibilité animale, une commission d’enquête parlementaire a même été créée au printemps afin d’étudier les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français.
Nous avons été profondément bouleversés par ces images d’êtres vivants et sensibles luttant pour leur vie dans les abattoirs. Quelles que soient la méthode d’abattage et la taille de l’abattoir, toutes les enquêtes montrent des animaux en détresse et en grande souffrance, conscients du sort qui leur est réservé. Certains tentent de fuir, de se débattre, de résister à une mise à mort programmée. En vain.
Les lapins, vaches, cochons, moutons, poules, poissons et autres animaux sont des êtres sentients, doués de sensibilité et qui ressentent des émotions telles que la peur ou la joie. En 2012, lors d’une déclaration signée à Cambridge (Royaume-Uni), un groupe d’experts internationaux en neurosciences et cognition animale a affirmé que ses recherches démontraient la réalité de la conscience animale.
La viande n’est pas un simple produit de consommation, mais provient d’un animal qui a été mis au monde et élevé, souvent dans d’épouvantables conditions carcérales, dans le seul but d’être vendu et tué. Ainsi, chaque jour en France, 3 millions d’animaux sont mis à mort dans les abattoirs terrestres, sans oublier les dizaines de millions d’animaux marins victimes de la pêche.
Un massacre institutionnalisé
Au-delà de cette incommensurable souffrance destinée à nous nourrir, les conséquences environnementales de l’élevage sont dramatiques. L’élevage est, en effet, responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre (soit davantage que l’ensemble des transports, aériens compris) et de 50 % des émissions de méthane et de protoxyde d’azote. De plus, nous ne pouvons ignorer plus longtemps que l’élevage est la cause de 70 % de la déforestation mondiale. Ainsi, à l’heure où plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas d’accès à l’eau potable, il faut en moyenne 15 000 litres d’eau pour produire un seul kilo de viande de bœuf.
Pour ces raisons, nous décidons de prendre parti et d’être solidaires des animaux. Nous ne pouvons être complices plus longtemps d’un massacre quotidien et institutionnalisé. Les techniques d’abattage en elles-mêmes rendent impossible toute amélioration concrète du sort des animaux d’élevage ; l’industrialisation de la mort est une condition de la survie économique de la filière de l’élevage, soumise aux lois du marché et de la concurrence, et elle se paie au prix de la grande souffrance des animaux.
Les solutions proposées par la commission d’enquête parlementaire n’y changeront rien et ne rendront pas moins nécessaires un changement profond de nos modes de consommation et une transition vers un modèle agricole durable et respectueux de la vie des animaux et de notre environnement.
Idéal de justice
Les connaissances actuelles en nutrition ne laissent planer aucun doute. Une alimentation végétale équilibrée peut, en effet, parfaitement se substituer à une alimentation omnivore, comme l’ont démontré de grands spécialistes de la nutrition. L’Association américaine de diététique, par exemple, confirme que cette alimentation est appropriée à tous les âges de la vie et même souvent bénéfique pour la santé. De plus en plus répandues et faciles d’accès, les solutions végétales alternatives aux produits carnés offrent la possibilité d’une cuisine diversifiée, riche et savoureuse.
Certains d’entre nous ont déjà franchi le pas et refusent depuis plusieurs années de consommer des produits issus de l’exploitation des animaux. Pour d’autres, cette décision est plus récente. D’autres encore ont fait le choix de réduire leur consommation de viande. Mais nous sommes tous portés par une même conviction : notre société doit s’orienter vers un idéal de justice et évoluer vers le véganisme.
Laurence Abeille, députée. Yann Arthus-Bertrand, photographe, réalisateur, président de Good Planet. Aurélien Barrau, astrophysicien, professeur, université Grenoble Alpes. Christine Berrou, humoriste. Ingrid Desjours, écrivain. Allain Bougrain-Dubourg, journaliste, réalisateur, président de la LPO. Jacques Boutault, Maire du 2e arrondissement de Paris. Jean-Baptiste Del Amo, écrivain. Mylène Démongeot, actrice. Rokhaya Diallo, journaliste, auteure, réalisatrice. Dalibor Frioux, écrivain, agrégé de philosophie. Martin Gibert, philosophe, auteur de « Voir son steak comme un animal mort ». GiedRé, auteure, compositrice, interprète, humoriste. Héloïse Guay de Bellissen, écrivain. Nili Hadida, chanteuse du groupe Lilly Wood and the Prick. Stéphanie Hochet, romancière et journaliste. Renan Larue, professeur de littérature française, université de Californie (Etats-Unis). Lolita Lempicka, styliste de mode. Vincent Message, écrivain, maître de conférences en littérature, université Paris-VIII. Guillaume Meurice, humoriste. Amélie Nothomb, écrivain. Ovidie, réalisatrice, documentariste. Martin Page, écrivain. Guillaume Pot, journaliste. Matthieu Ricard, biologiste, fondateur de Karuna-Shechen. Philippe Reigné, professeur de droit privé, Conservatoire national des arts et métiers. Sanseverino, chanteur. Henry-Jean Servat, journaliste, écrivain.