À chacun sa place, sans perdre la face, sans contrefaçon…
— Par Patrick Mathélié-Guinlet —
On fête au quatorze juillet
en France la Fête Nationale
en l’honneur de la Liberté
de haute lutte récupérée
des mains du pouvoir Royal
avec en toile de fond
la prise d’une prison
comme le pétard mouillé
de cette Révolution
fêtée aujourd’hui par ses fils
avec des feux où l’artifice
l’emporte sur la réalité !
La Bastille ! Combien ont été
reconstruites sous d’autres noms,
en d’autres lieux et d’autres temps,
mêmes symboles d’un judiciaire
au service de l’arbitraire
d’un pouvoir aux limites peu claires…
Mais pour nous, Martiniquais,
c’est plutôt le vingt-deux mai
mil huit cent quarante-huit en vrai
que le peuple s’est libéré
des chaînes de l’oppression,
pouvoir absolu du colon.
Même si la Révolution
de mil sept cent quatre vingt-neuf
avait pendant la Convention
par une décision fort sage
aboli déjà l’esclavage
et accueilli des députés
de couleur à l’Assemblée
avant que la de Beauharnais,
Joséphine de son prénom,
que soit sa mémoire à jamais
honnie de tous les Antillais,
ne le fasse sur l’oreiller
rétablir par Napoléon,
fossoyeur d’la Révolution
qu’elle avait un jour épousé
pour le meilleur et pour l’Empire.
Et le pire était à venir
quand se rétablirait le joug
par les armes et un bain de sang
en Haïti dans les Antilles
et pour Toussaint tout finissant
si tristement au Fort de Joux
qui valait bien une Bastille…
Patrick MATHELIÉ-GUINLET