— Propos recueillis par Louis Nadau —
Alors que le gouvernement ouvre la porte à une augmentation de la durée de travail, Pierre Larrouturou, candidat PS – Place Publique – Nouvelle donne aux élections européennes, plaide pour que le travail soit davantage partagé afin d’augmenter le nombre de cotisants pour les retraites.
Pierre Larrouturou est économiste, spécialiste de la question du partage du temps de travail. Il est candidat en cinquième position sur la liste PS – Place Publique – Nouvelle donne (mouvement dont il est fondateur) aux élections européennes. Alors que la concertation sur la réforme des retraites se tend de plus en plus sur la question du recul de l’âge de départ, et alors que l’idée de la suppression d’un jour férié fait également son chemin, l’ancien conseiller régional d’Île-de-France défend une réduction du temps de travail hebdomadaire, permettant selon lui de rééquilibrer la balance entre population active cotisante et retraités.
Marianne : Pour justifier la réforme des retraites, le gouvernement fait valoir la nécessité d’équilibrer le système en tenant compte de l’allongement de l’espérance de vie. Quelle serait selon vous la meilleure façon d’y parvenir ?
Pierre Larrouturou : Une des idées fixes de ce gouvernement, c’est de baisser les retraites. La question qui se pose, c’est de savoir quel revenu on assure aux gens qui partent à la retraite. L’approche purement comptable d’Emmanuel Macron est mauvaise : oui, notre système de retraite est généreux, mais c’est très bien, je ne veux pas en France de retraités qui, comme aux Etats-Unis, soient obligés d’avoir des petits boulots pour s’en sortir.
« Il faut augmenter le nombre de gens qui cotisent et il y a deux leviers pour cela : un grand plan climat et la semaine de 4 jours »
Le taux d’emploi des 60-64 ans, selon l’Insee, c’est 29%. Quand Aurore Bergé dit que les Français seraient disposés à travailler plus, elle agite une liberté totalement virtuelle. La meilleure façon d’équilibrer le système de retraite, ce n’est ni de reculer l’âge de départ à la retraite, ni d’augmenter la durée légale du travail, c’est de créer des emplois correctement payés pour cotiser. Il faut augmenter le nombre de gens qui cotisent. Il y a deux leviers pour cela : en lançant un grand pacte climat, qui permettrait de créer 800.000 emplois, et passer à la semaine de quatre jours.
Comment faire pour maintenir le même niveau de salaire en travaillant moins ?
L’entreprise arrêterait de payer la cotisation chômage – soit 8% du salaire brut – à condition qu’elle passe à quatre jours et qu’elle recrute 10% de salariés en plus en CDI. De cette manière, elle pourrait maintenir le niveau de salaire tout en embauchant. Le chômage coûte 70 milliards aux entreprises, cet argent peut servir à autre chose : en l’occurrence, créer des emplois, permettre un progrès social en augmentant le temps libre de chacun, et trouver un équilibre pour financer le système des retraites.
Recruter en masse des personnes qualifiées ne va pas de soi…
Il n’y a aucun secteur sous tension, où l’on peine à recruter quelqu’un. Parmi les cinq millions de chômeurs, il y a des gens compétents. Il faut cependant anticiper cet appel d’air d’emploi, en faisant de la formation…
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