À Fort-de-France le vendredi 19 juillet 2019!
Je suis convoqué en référence à des » faits » (!!!) qui se seraient produits » entre le 27 novembre et le 1er décembre 2017 à FDF- CTM ». L’évocation de ce nouveau quartier ( FdF-CTM) et la date font penser qu’ il pourrait s’agir de faits liés à la grève de salariés du PNRM (Parc Naturel Régional de Martinique) dont j’accompagnais la lutte à l’époque en tant que secrétaire général de la CDMT. Ce serait donc là que je me serais rendu coupable des crimes les plus abominables.
Le ridicule de cette accusation, dans un conflit emblématique et très médiatisée durant plus de deux mois, prêterait à rire si on n’était pas en ce moment face à un climat de criminalisation de toute action de contestation, criminalisation qui semble devenue la marque de fabrique de la macronie au pouvoir. Mains arrachées, yeux crevés après les manifestations des » gilets jaunes « , et en Guadeloupe Elle Domota accusé d’avoir traité le Préfet de pédophile, ce qu’évidemment il conteste totalement.
Ma convocation au commissariat de police pose bien des problèmes : pourquoi intervient elle, huit mois après celle de Daniel Gromat sous les mêmes chefs d’inculpation ? Est-ce un pur hasard si elle arrive quelques jours après une interview à France-Antilles portant un certain nombre de critiques â la politique de la CTM ? Les auteurs ont-ils mesuré le risque qu’ils prennent de remettre sur la place publique les multiples turpitudes dont ils se sont rendus coupables à l’époque ? ( long refus de négocier, refus de permettre aux syndicats de s’exprimer devant les élus…malgré l’accord public donné par le président de l’assemblée, refus des responsables de la sécurité de montrer l’ordre reçu de fermer les portes de l’hôtel de Plateau Roy à certaines personnes et pas à d’autres, refus de 5 minutes de parole demandés par les syndicats pour s’exprimer devant le conseil d’administration du Parc régional, ponctions énormes et sauvages sur les salaires des grévistes malgré les engagements contraires, publics et réitérés tant de Louis Boutrin que d’Alfred Marie-Jeanne, appel tantôt aux gendarmes tantôt à des agents de sécurité avec des chiens comme dans une période passée très présente dans notre mémoire historique, décision illégale de L. Boutrin, avocat de son état, de sanctionner pour » abandon de poste » -sic- des agents grévistes, non-respect criant d’un accord de fin de conflit signé par le même Boutrin, illégalité de mesures au conseil d’administration du Parc qui sont devant les tribunaux, violences filmées et largement diffusées de personnes armées contre un syndicaliste sans arme.
Que la CTM veuille DEUX ANS PLUS TARD RE OUVRIR LE DOSSIER DE CETTE GESTION CALAMITEUSE d’un conflit du travail en dit long sur son rapport au mouvement social.
J’aurais bien préféré être invité au » débat d’orientation stratégique sur le plan d’aménagement et du développement durable de la Martinique » à l’ordre du jour de la plénière des 18 et 19 mais le CESECEM dont je fais partie n’a pas été convié à donner son avis.
J’aurais préféré débattre de l’actualité du chlordécone au sein du Lyannaj dont je fais partie mais la CTM n’a toujours pas daigné nous répondre plus d’un an après notre demande écrite.
J’aurais préféré voir comment nous pourrions mener ensemble le combat pour la reconnaissance du fait syndical martiniquais qui vient de faire l’objet d’une motion quasi unanime du CESECEM mais cela n’est plus l’urgence de l’ex tonitruant secrétaire général de la CSTM aujourd’hui bras droit du Président.
Ce beau monde préfère m’envoyer répondre à leurs accusations loufoques devant un commissariat de police. La CDMT fière de son histoire et de ses combats de toujours ne se dérobera pas.
Philippe Pierre-Charles, membre de la commission exécutive de la CDMT.