— Par Thierry Ichelmann —
L’importance du pétrole dans le fonctionnement des économies modernes a toujours façonné la géopolitique mondiale. La mainmise et le contrôle de cette ressource est à l’origine de très nombreux conflits, souvent régionaux, guidés, organisés et orientés en général par les puissances occidentales, très dépendantes de cette ressource. La succession de conflits armés et leurs conséquences directes au Proche-Orient répondent à cette logique
A la volonté de contrôle des réserves mondiales par les occidentaux a toujours répondu la résistance des peuples. Cependant, la nature des conflits a radicalement changé à partir de 1991, avec les interventions « directes » et très médiatisées pour le contrôle du pétrole, et cela s’est amplifié depuis 2001, après la nature des propos tenus par Monsieur Georges Walker Bush (Georges W. Bush) après les évènements du 11 septembre 2001, et après la guerre en Afghanistan en 2001 et en Irak en 2003.
Pour mémoire, rappelons que George W Bush, président des Etats-Unis d’Amérique au moment de la « 3ième guerre du golfe ? » en 2001, est le fils de George Herbert Walker Bush (Georges H W Bush), alors président des Etats-Unis d’Amérique au moment de la « 2ième guerre du golfe » en 1991. Les évènements que nous vivons aujourd’hui sont des conséquences directes de cette trajectoire.
Ainsi, accueillons-nous avec la plus grande prudence les propos actuels de Monsieur François Hollande, après les évènements du vendredi 13 novembre 2015, et ses conséquences prévisibles, parce qu’ils ressemblent mot pour mot, à ceux tenus par Georges W Bush en 2001, avec les conséquences que nous connaissons, et que nous vivons aujourd’hui. Et nous savons qu’en général, des causes identiques produisent des effets identiques.
Oui, la nation française est touchée!
Oui, nous devons tous être solidaires!
Oui, la France doit réagir!
Oui, le président de la République doit réagir!
Par ailleurs, on imaginerait mal une réaction différente de Mr Hollande, de celle à laquelle nous assistons actuellement, puisque nous sommes à la veille d’élections régionales et à l’avant-veille de l’élection présidentielle, avec une Madame Le Pen qui a tellement le vent en poupe, que Monsieur Hollande ne peut s’autoriser une posture qui pourrait de nouveau être assimilée à de la faiblesse.
Le courage politique, est-il de réagir comme nous le commande l’adversaire extérieur, et de la manière attendue par l’adversaire intérieur principal ?
Le courage politique n’est-il pas plutôt d’accepter de prendre du recul, d’oser regarder une situation à travers le regard de l’autre, d’admettre l’idée que ce qui pour nous semble fondamental, devrait au moins être toléré pour l’autre ?
Refusons un angle unique de lecture
Des positionnements « guerriers » des trois derniers présidents français, quel est le plus courageux, lequel a le plus d’impact positif aujourd’hui dans la conscience collective française ou mondiale, entre
– La non-intervention en Irak de Monsieur Jacques Chirac en 2003,
– L’intervention en Lybie de Monsieur Nicolas Sarkozy en 2011
– L’intervention au Mali de Monsieur François Hollande en 2013, par exemple ?
Le monde a besoin de paix! Le monde a besoin de solidarité!
Cela ne pourra se faire sans courage, ni audace.
Nous n’avons de leçon à donner à personne.
Nous n’avons pas à dire à un président ce qu’il doit faire ou pas (quel qu’il soit d’ailleurs! ).
Par contre, nous invitons l’opinion publique à ne pas accepter n’importe quoi, à ne pas cautionner n’importe quoi, à ne pas se faire complice de n’importe quoi.
Une loi universelle, un moyen « simple » de limiter les conflits, est d’essayer de se mettre à la place de l’autre, pour comprendre ce qu’il vit et ce qu’il « voit » . C’est le seul moyen de changer notre regard sur la situation.
Peut-on imaginer sa lecture des évènements ? Peut-on imaginer le monde dans lequel un tel jeune peut se projeter ?
Pour notre part, nous à la Martinique, nous sommes issus d’une Histoire qui ne nous autorise pas n’importe quoi!
Notre solidarité avec la nation française ne peut nous priver d’un positionnement objectif et réfléchi. Nous sommes de la nation d’Aimé Césaire, qui a permis aux opprimés du monde entier de reprendre confiance en eux, de se dresser, et de ne pas accepter de se laisser inférioriser, déshumaniser par qui que ce soit, au nom de quoi que ce soit, et d’admettre définitivement que la fin ne peut en aucun cas justifier n’importe quel moyen! Nous sommes de la nation de Frantz Fanon, qui a permis à tous les opprimés de la terre, de comprendre qu’ils sont tous frères, et que leur condition d’opprimé fait d’eux de nécessaires combattants de la liberté, pour tous, passant d’abord par l’engagement solidaire. Que la cause d’un opprimé est la cause de tout opprimé.
Nous assumons notre identité plurielle, et à ce titre, nous refusons de nous laisser imposer un angle unique de lecture. Nous finirons avec une citation : « Le seul remède contre la peste, est l’honnêteté » . (Albert Camus, 1947.
Thierry Ichelmann