Du malathion doit être utilisé de façon expérimentale pour lutter contre les moustiques vecteurs du chikungunya. Mais des habitants estiment que les garanties sanitaires et environnementales font défaut.
Une pétition pour s’opposer à l’emploi en Guyane d’un insecticide, le malathion, dans la lutte contre le moustique vecteur du chikungunya a recueilli mercredi près de 1 000 signatures une semaine après sa mise en ligne⋅
La Guyane est touchée, comme les Antilles ( 135 425 déclarés), par une épidémie de chikungunya qui frappe pour la première fois cette zone du monde. Selon le dernier point épidémiologique, 1 665 cas ont été recensés dans ce département de 230 000 habitants, qui n’est pas encore en phase d’épidémie généralisée.
Dans la palette de mesures pour lutter contre la propagation du virus, les autorités sanitaires ont obtenu début août l’autorisation de l’emploi à titre dérogatoire et pour 6 mois d’un autre insecticide que celui habituellement utilisé (la deltaméthrine). Son emploi est prévu dans les prochaines semaines, le produit n’ayant pas encore été livré.
Avec 948 signatures, les auteurs de cette pétition – des citoyens qui préfèrent garder l’anonymat – se félicitent du «succès» de cette initiative. «Face aux informations et déclarations approximatives et embarrassées des autorités, il est clair que l’on ne peut en rester là», ont déclaré à l’AFP les auteurs dont l’objectif est clairement «l’interdiction de l’utilisation [du malathion] en Guyane».
«Nous défendons simplement les notions de débat public (libre), de transparence (réelles) et d’informations (factuelles et objectives) de la population, notions toujours présentes dans les déclarations officielles mais toujours absentes dans les actes», estiment-ils.
Face aux voix de citoyens et scientifiques qui s’élèvent contre l’usage prochain du malathion, le conseil régional de la Guyane organise jeudi à Cayenne une réunion «d’échanges et de débat» avec les organismes scientifiques présents sur place. La région Guyane «s’interroge sur le bien-fondé de cette autorisation alors que l’utilisation de cet insecticide est interdite en France et en Europe depuis 2007-2008», selon un communiqué. Elle «s’interroge aussi sur les conséquences de l’utilisation de ce produit chimique sur l’environnement, l’agriculture et la santé.»
En 2009, le malathion avait déjà été pulvérisé en Guyane lors d’une épidémie de dengue, également à titre dérogatoire. Une étude d’impact a-t-elle été menée par les autorités ? Selon le service des milieux naturels, biodiversité, sites et paysages de la direction régionale de l’environnement (DEAL), «à (sa) connaissance» aucun rapport n’aurait été mené suite à cette autorisation.
AFP
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