— Par Christian Antourel —
Plasticien de talent, Jean-Pierre Massoue se définit plutôt, artiste décorateur. C’est vrai que ce vocable plus universel colle mieux à la physionomie de son art, à l’expression de ses méandres, de ses sursauts en courbes gracieuses, de ses galops de cheval fou.
A cette façon qu’il a de déhancher la plastique des choses trouvées, de substituer la matière, de la sublimer d’idées écorchées vives, il la réinvente, le temps de l’art mais dans sa dimension hétéroclite. Alors il ajoute de la lumière, des creux, des sombres, des claires obscures résurrections. De la couleur défaite, il crée la multitude sous des regards d’absences ou découvre du silence, le tumulte. Son art de la récupération, parfois blesse, rapièce, raccommode, interpelle, toujours inquiète, est contagion, religion, joie mêlées et impulsion, comme un lâché de ballons. L’art s’écrit seul et renvoie, retourne l’interrogation inutile à la pensée tranquille qui l’absorbe, la digère et la rejette, la négocie dans d’autres harmonies.
L’anticonformisme est un art premier.
Pépé l’artiste, refuse d’embarquer dans le charter commun du succès, où l’on offre en prime, le pack gadget, plan de carrière dans un bout de miroir brisé. Surtout pas de vague, silence anonyme, il choisit l’autre face du succès, calme chemin de travers, école buissonnière hors du buisson ardent d’une notoriété en pointillé, volatile et du coup, impalpable. Ne pas laisser voler son âme, être privé de sa spontanéité surgie, à peine suggérée par une imagination en goguette du coté du hasard. Le succès rapide ne l’effraie pas sous cette forme, il n’a simplement pas confiance. Ce succès là, à trop le fréquenter, le fréquenter de trop près, il ne reste que lui, et rien autour : les amis, la liberté d’entreprendre, le refus de la mode et les habitudes qu’elle génèrent. C’est ainsi qu’il se veut et si son art du recyclage, sa définition de la récupération a quelque chose de sauvage ; c’est tant mieux !
Christian Antourel
Photos C.A