— Par Florent Grabin, Président de l’association écologique P.U.M.A. —
Chaque année il nous est re-servi la même information pour justifier la pénurie au robinet, cette récurrence devient indécente et imbuvable. Plus de 90% de notre Eau proviennent de nos Rivières, ce qui permet d’alimenter les différentes usines pour sa potabilisation. Ce n’est pas quand il pleut dans le Sud, ou une partie du centre que nous devons penser que ces usines sont alimentées, le Carême existe uniquement dans les finances de nos collectivités qui sont les propriétaires des usines de traitement et des réseaux de transport et de stockage de l’Eau.
Depuis la nuit des temps l’Île connaît deux saisons bien distinctes : la saison sèche de décembre à avril appelée Carême et correspondant à l’hiver local, la saison humide de juin à novembre appelée hivernage et correspond à l’été local, ces deux saisons offrent des expériences totalement différentes. Alors, comment comprendre cette accusation permanente sur le carême, pour justifier le manque de ce précieux produit à nos robinets ? La Martinique n’a pas de problème de ressource pour alimenter ses usines de production, sauf sur celle de la Durand à Saint-Joseph. Dans ces conditions, nous PUMA, venons accompagner au Tribunal l’accusé Carême en intervention volontaire, telle prévue par la Loi.
Cette dernière alimente le territoire de la CACEM dont les citoyens sont depuis des années victimes du manque d’anticipation qui aurait pu éviter l’impact des conséquences climatiques prévisibles. Nous ne partons pas d’une page blanche, nombreux sont les élus qui ont eu en charge l’aménagement de notre territoire et de la protection de notre environnement. Ces responsables avec d’autres, n’ont jamais mis en place une programmation de l’entretien de nos Rivières, dans lesquelles existaient des bassins qui étaient une réserve naturelle. L’entretien consiste à maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre, permettre l’écoulement naturel des eaux et contribuer à son bon état écologique. Actuellement ces bassins sont tous remplis d’alluvions venant de l’agriculture et de l’urbanisation, ce qui fait qu’il n’y a plus de stockage permettant le bon fonctionnement écologique. Aujourd’hui nous retrouvons ces mêmes élus sur les réseaux sociaux et autres plateaux télé qui s’énervent sur le résultat de leur propre échec.
D’autres problèmes administratifs, financiers et politiques existent dans le fonctionnement de ces usines. Depuis la promulgation du 7 août 2015, la loi portant sur la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (NOTRe) celle-ci confie de nouvelles compétences aux régions et redéfinit les compétences attribuées à chaque collectivité territoriale. Il s’agit du troisième volet de la réforme des territoires après la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles et la loi relative à la délimitation des régions de 2015 ; il y a actuellement un litige entre la CACEM et l’Espace Sud devant le Tribunal Administratif qui devra juger à qui reviendront les installations de la Durand qui se trouvent sur le territoire de Saint-Joseph.
Sur le plan économique, la SME a vendu de l’eau pour le compte de l’Espace Sud à ODYSSI qui n’a pas honoré sa créance, ce qui fait qu’elle a été assignée devant les Tribunaux pour régler ce litige. Encore une fois c’est le consommateur qui en fait les frais alors qu’il a payé sa facture de consommation. Toujours sur le réseau CACEM un accord verbal avait été pris avec CAP NORD pour raccorder Schoelcher à partir d’une canalisation au niveau de Case-Pilote, actuellement ces travaux ont été réalisés, ceci depuis 2 ans et aucune convention n’a été signée, c’est peut-être une petite manœuvre pour pousser le dossier d’assemblée unique de l’Eau.
Dans le même temps, nous pouvons nous interroger sur le retard de la mise en service du pompage du forage de Cœur Bouliki à Saint-Joseph ; la pompe est posée, le manque de financement ne permet pas de se raccorder au réseau EDF, ni de faire l’acquisition d’un groupe électrogène. Quand on pense qu’il est possible de récupérer l’Eau du Bassin de Saut-Gendarme à Fond-Saint-Denis, par pompage pour l’acheminer à l’usine de Durand, nous nous heurtons au manque de courage politique pour mettre en place cette solution.
Pas de problème de ressource sur les autres usines, il y a simplement ce manque d’entretien, d’anticipation et principalement le manque de financement qui est très important à mettre en place pour que ça puisse couler de source.
Concernant l’Usine de Vivé au Lorrain, nous demandons à la CTM de tout mettre en œuvre pour financer l’extension du stockage de l’Eau brute et l’augmentation de la capacité de production de cette importante unité. Pour ceux qui veulent être informés, il faut savoir que le principal fournisseur en Eau la SME couvre 30 communes et on peut consulter son site : smeaux.fr, dans la rubrique INFO RÉSEAU, de nombreuses informations.
Nous, PUMA, persistons sur le Partenariat Public Privé (PPP) qui consiste à signer une convention de partenariat avec des investisseurs locaux, ou nationaux pour mobiliser les importants fonds, afin de lancer un programme pluriannuel pour réaliser ce titanesque travail de modernisation de notre réseau EAU.
Dans ces conditions nous demandons que Plaise au Tribunal de débouter tous ceux qui accusent le Carême, d’être à l’origine de la pénurie d’Eau au robinet, de juger et condamner nos élus qui par négligence n’ont pas fait les travaux dans les temps, et ce ne sera que justice.
Nos élus, toutes tendances confondues, ont la lourde tâche d’éviter d’énerver la population qui est silencieuse pour le moment, en se mettant réellement au travail pour régler cet insoutenable problème d’EAU, Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN