— Par M’A —
Mayotte est aux prises avec l’une de ses pires crises de l’eau en un quart de siècle. Cette situation préoccupante a poussé le gouvernement français à étendre la distribution de bouteilles d’eau à toute la population, prévue à partir du 20 novembre. La sécheresse sévit depuis des mois, entraînant des restrictions d’eau sévères, des coupures d’eau et une dépendance accrue aux livraisons de bouteilles d’eau. L’île, qui dépend principalement des eaux pluviales pour son approvisionnement en eau, connaît actuellement un déficit pluviométrique de 24 % par rapport à la moyenne.
L’extension de la distribution de bouteilles d’eau minérale, d’un litre par personne et par jour, devrait soulager la population de Mayotte, qui compte environ 310 000 habitants. Jusqu’à présent, seulement deux litres d’eau étaient distribués chaque jour aux 50 000 personnes considérées comme les plus vulnérables. L’annonce a été faite par le ministre des Outre-mer, Philippe Vigier, lors de sa visite à Mayotte.
Les restrictions d’eau ont affecté la vie quotidienne des habitants, entraînant des coupures de 48 heures ou plus, en fonction des régions. La population a dû faire face à des défis considérables pour répondre à ses besoins en eau, notamment en faisant bouillir l’eau pour la rendre potable. Pour atténuer cette situation, la Première ministre, Elisabeth Borne, avait précédemment annoncé la prise en charge de toutes les factures d’eau entre octobre et décembre 2022.
Plusieurs facteurs expliquent la gravité de la crise de l’eau à Mayotte. Le premier d’entre eux est la croissance rapide de la population, qui a doublé en 25 ans, atteignant près de 300 000 habitants actuellement. La forte fécondité, l’immigration légale et illégale contribuent à cette croissance démographique, qui constitue un défi majeur pour l’île. Le nombre d’habitants a considérablement augmenté, passant de 131 320 en 1997 à près de 300 000 aujourd’hui, une estimation qui serait sous-évaluée. En 2021, la fécondité à Mayotte atteignait 4,39 enfants par femme en moyenne, soit plus du double de la moyenne nationale en France.
Un autre facteur de la crise de l’eau est la déforestation croissante due à la recherche de nouvelles terres cultivables, renforçant la pression sur les ressources hydriques de l’île. La monoculture de manioc et de bananes, qui remplace des pratiques agroforestières plus durables, a un impact néfaste sur le sol et les ressources en eau. Les déboisements illégaux sont difficiles à contrôler malgré les opérations de destruction menées par les autorités.
Mayotte repose principalement sur les eaux pluviales pour son approvisionnement en eau potable. La saison des pluies de 2022-2023 a été exceptionnellement tardive, avec un déficit pluviométrique de 24 % par rapport à la moyenne, le plus sec depuis 1997. Le changement climatique réduit la saison des pluies, passant de six mois à environ trois mois, diminuant son intensité. Par conséquent, les réservoirs d’eau de surface sont presque vides, les ressources en eau de l’île étant principalement situées dans la partie nord.
En outre, le réseau de distribution d’eau de Mayotte présente des problèmes. En temps normal, environ 25 % de l’eau s’échappe en raison de fuites. Cependant, en raison de l’usure et du manque d’entretien du réseau, ce chiffre atteint actuellement environ 35 %. Le réseau est également inégalement réparti, avec la partie nord concentrant la majeure partie de la population, des besoins et des ressources. La Société mahoraise des eaux a été critiquée pour sa gestion, affaiblissant le système de distribution.
Face à cette crise de l’eau en constante aggravation, le gouvernement français tente de mettre en place des mesures d’urgence, telles que des livraisons d’eau potable depuis La Réunion et l’île Maurice, la mise en place d’usines de dessalement provisoires et des forages supplémentaires. Cependant, la situation reste préoccupante, et l’île de Mayotte doit faire face à un défi majeur pour garantir un accès suffisant à l’eau potable pour sa population croissante.