Par Marc Missonnier, Producteur indépendant du dernier « Astérix » et président de l’Association des producteurs de cinéma (APC)
L’affaire « Depardieu » n’en finit pas de faire des vagues… Voilà que sont dénoncés les salaires des acteurs français. En fait, je ne suis pas loin de partager le constat que fait Vincent Maraval (Le Monde du 29 décembre 2012), à quelques détails près. Quelques précisions à propos du dernier Astérix que j’ai produit (avec mon associé Olivier Delbosc) et que Vincent Maraval a financé par le biais de sa société, Wild Bunch. Sur un budget de 61 millions d’euros, le montant du financement dit « encadré » (provenant du « système d’aide du cinéma français ») représente moins de 13 millions d’euros. Par ailleurs, sur ce total, plus du tiers provient de l’étranger… Je précise enfin que la somme des cachets des stars engagées équivaut à 8 % du coût du film.
Deux problèmes sont évoqués : le coût trop élevé des films français, lié selon M. Maraval à celui, encore plus insupportable, de ses stars trop payées, et la participation du « système d’aide français » à cette inflation.
Tout d’abord, « la question n’est pas combien un film coûte, mais combien il rapporte », comme le disait Claude Berri. Les films à gros budget de 2012 n’ont pas réalisé les scores espérés. Mais leurs coûts ne feraient pas débat si Astérix avait fait 6 millions d’entrées et Le Plan parfait (avec Dany Boon) au moins 3 millions. Ces films ont pourtant trouvé facilement leur financement, plusieurs sociétés se battant pour proposer les meilleures conditions aux producteurs.
Les investisseurs ont donc jugé que ces films devaient atteindre ces scores élevés. Malheureusement, cela n’a pas été le cas. Le marché fonctionne par des mouvements de balancier, par modes. Une année, il faut faire des polars, car c’est ce qui a marché. Une autre, on ne jure que par les comédies ou les films à « gros budget ». Il y a fort à parier que 2013 sera l’année des budgets raisonnables.
Néanmoins, le budget moyen du cinéma français reste élevé. Mais, si on excepte les quelques grandes productions qui faussent les statistiques, ce budget moyen a baissé ces dernières années et il va continuer à baisser. Même si le système français de financement du cinéma dispose d’amortisseurs, ses investissements varient en fonction de l’état de santé du marché du cinéma. La question de la répartition de ces investissements devient donc fondamentale.
Il y a un problème plus grave, la grande disparité entre les films bien financés d’un côté et ceux qui sont peu dotés de l’autre. …
Marc Missonnier, Producteur indépendant du dernier « Astérix » et président de l’Association des producteurs de cinéma (APC)
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