— Le n° 307 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
La tribune de Serge Letchimy dans le journal Le Monde, au–delà de ses envolées littéraires, est un acte politique révélateur des limites de « l’appel de Fort-de-France » lancé par les responsables des collectivités territoriales de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Martin, et Réunion, à l’initiative du même.
Il apparaît clairement que la stratégie s’appuie fondamentalement sur « le poids des élus » qui l’ont signée ou validée.
Ce poids serait suffisant pour provoquer la « sagesse » supposée du colonialisme, sermonné par la force de l’héritage césairien surabondamment convoqué par Serge Letchimy.
Ainsi, nous obtiendrions du gouvernement, selon l’auteur, l’application de principes fondamentaux (droit à la différence et principe d’égalité), dont le contenu concret reste assez vague pour le commun des mortels.
On voit bien le vice fondamental de cette stratégie : elle ne s’appuie pas sur la mobilisation des masses. Celles–ci n’ont pas été associées à la définition des contenus, pas plus qu’à la définition des tactiques. Les consultations à la queue leu leu d’acteurs divers (associations, syndicats, partis, organismes..) et de débats émiettés, menés dans les communes avec quelques dizaines de participant-e-s en règle générale, ne sont qu’un pâle reflet du concept de « Démocratie Participative » dont le PPM raffole.
Ce parti participe pourtant valablement au Lyannaj pou dépolyé Matinik et à l’initiative Simenn Matinik Doubout. Pourtant, l’axe de gravité de l’action de ses dirigeants reste les conciliabules prévues du CIOM (Comité Interministériel pour les Outre-Mer) pour les problèmes généraux des « outre–mers ». Quant aux questions concernant le chlordécone, les espérances d’un projet de loi, qui, tout maron qu’on le définit, dépend du bon vouloir du prince.
Nous répétons, nous, que sur tous les sujets évoqués, le moyen essentiel reste le rapport de force construit par la mobilisation populaire. Les partisans de cette mobilisation populaire ont mieux à faire que de se répandre en commentaires plus ou moins acerbes sur la tribune du Monde. Ils et elles ont à se rencontrer, comme cela se fait en ce moment sur la question du chlordécone, sur l’ensemble des dossiers brûlants qui nous assaillent, dont celui de la relative impuissance des institutions d’élu-e-s.
L’initiative prise, il y a quelques mois par le GRS, d’ouvrir le débat avec des organisations engagées dans la lutte, mérite d’être poursuivie ou relancée, bien qu’elle se heurte à une tradition tenace d’ignorances réciproques ou de réduction des perspectives aux seuls calculs électoraux.
Macron-Modi et le 14 juillet français
Il y a des gestes, des actes, des situations qui jettent sur les enjeux du monde et les nôtres une lumière à la fois salutaire et effrayante.
Macron reçoit Modi, le premier ministre indien le 14 juillet, à Paris. Bof, direz vous ! Mais pensez : le 14 juillet célèbre la grande révolution française dont la bourgeoisie a confisqué les fruits, et dont l’héritage usurpé est mis au service de sa politique capitaliste et impérialiste. Macron s’en sert aujourd’hui pour dérouler le tapis rouge à un chef d’État qui est l’exact contraire des idéaux de 1789.
L’individu écrase les masses populaires indiennes, massacre les Musulmans de son pays, développe des orientations fascistes concernant les femmes, les castes, les minorités de toutes sortes. En le mettant sur un piédestal, Macron a le toupet de présenter leur complicité abjecte comme un écho de l’amitié entre les peuples français et indien ! Il est pourtant évident que la seule amitié qui vaille entre ces deux peuples repose sur le total rejet commun de leurs chefs !
Nos deux experts en hypocrisie sont évidemment motivés par les seuls intérêts commerciaux, militaires et politiques de leurs classes dominantes, mais tablent sur l’ignorance qu’ils supposent avec mépris de leurs peuples respectifs. Les Indiens sont invités à ignorer que ce que la France célèbre, c’est justement ce pour quoi ils se battent contre Modi ! Les Français sont appelés à fermer l’œil sur les crimes abominables de « leur » invité présidentiel.
Et, notre communauté indienne de Martinique serait bien inspirée de comprendre que l’écho de leurs sympathiques Mêla grandirait avec la dénonciation de leur part des ordures du genre Modi, de la même façon que nous dénonçons ensemble les turpitudes du sieur Macron et de sa bande.
À Schœlcher comme sut toutes nos côte, respecter la population et l’environnement !
La mobilisation militante du lundi 10 juillet à permis de poser une nouvelle fois le problème des conflits d’usage et de prédation pure et simple sur nos rivages.
À l’initiative de militants désignés souvent sous le vocable « activistes », quelques dizaines de personnes, de Schœlcher mais aussi du Vauclin, du François ou d’ailleurs (marins-pêcheurs, plaisanciers, militant-e-s) ont débarqué dans la mairie de Schoelcher, et ont obtenu un échange avec la première adjointe et son équipe.
Les médias, déjà alertés trois jours auparavant, ont permis de faire savoir que la population et les députés sensibilisés n’acceptent pas que des marins–pêcheurs soient exclus des plages, que des restaurateurs envahissent l’espace jusqu’à en exclure pratiquement les baigneurs et baigneuses, que la question des plaisanciers doit être réglée par une politique de la mer, que le terme mercantile d’ « économie bleue » ne suffit pas à régler.
La municipalité, interpellée vigoureusement, a promis d’accompagner les pêcheurs face à la DÉAL et la préfecture qui distribue des injonctions sous astreinte sans grand respect pour les personnes. Les marins pêcheurs présents, ont rappelé que c’est à l’échelle de tout le pays qu’une politique rationnelle de la mer doit être menée.
Tout cela doit se faire avec les acteurs et la population. Nous sommes tous et toutes concerné-e-s.