Tribune – GRS – Philippe Pierre-Charles & Jacqueline Tally |
Ainsi donc il suffisait d’attendre un peu. La CDMT dans les premières semaines du débat sur la « loi travail » avait invité tous les Parlementaires martiniquais à venir s’exprimer dans un rassemblement de travailleuses et travailleurs à la maison des syndicats sur ce sujet. La même CDMT, lors d’une rencontre avec Mr Yann Monplaisir, à l’initiative de ce dernier au nom de la CTM, avait demandé à connaître la position de cette institution sur la fameuse loi. Aucune réponse n’est venue ni de la majorité, ni de l’opposition, ce qui est soi un bon début de réponse !
C’est la proposition d’une motion de censure de la gauche du PS contre le gouvernement, qui a permis de déduire les positions des députés au delà des rumeurs n’allant d’ailleurs pas dans le même sens. Ignorons ceux-ci et tenons nous au fait : Serge Letchimy et Bruno Nestor Azérot ont refusé de signer la dite motion. Alfred Marie-Jeanne et Jean-Philippe Nilor l’ont signée.
On sait que cette motion présentée par l’aile gauche des socialistes n’avait guère de chance d’être votée, mais avait au moins le mérite de rendre palpable, enfin, la position des uns et des autres : entre la solidarité avec les travailleurs mobilisés contre la loi, et la défense inconditionnelle d’un gouvernement anti-ouvrier. Les deux premiers ont clairement choisi la soumission à un gouvernement relayant avec zèle les positions du Medef. Le mouvement ouvrier devra s’en souvenir.
Mais on se doute bien que notre critique va au delà de ce côté anecdotique. Elle porte sur le fond même de ce que devrait être un Parlementaire au service des travailleur/ses et du peuple. La tache d’un tel élu serait, dès l’annonce d’un projet de loi aussi scélérat, d’alerter le monde du travail, d’exiger que le gouvernement consulte les syndicats du pays, d’organiser un échange large, public, officiel, avec les concerné-e-s, de se mettre aux côtés de la mobilisation, à défaut pourquoi pas de la solliciter ouvertement.
Aucun Parlementaire n’a pris cette position alors qu’il est bien évident que seule une mobilisation dans la rue et dans les institutions peut être de nature à arrêter la rage pro-patronale du gouvernement. Lorsqu’il s’agit de se dresser contre l’exploitation outrancière, comme disent certains, nos Parlementaires sont aux abonnés absents, ou assurent le service minimum. Ce service minimum est évidemment insuffisant pour imposer la déjà vieille revendication de la reconnaissance pleine et entière du fait syndical martiniquais, ou encore pour empêcher que dans un dispositif de contrat aidé spécial DOM, on indique de façon cynique que le personnel ainsi recruté « ne fait pas partie de l’effectif », ce qui a pour seule conséquence d’empêcher qu’il puisse ouvrir droit à l’élection de représentants du personnel.
Ces trois exemples nous le montrent : tant que le mouvement ouvrier et populaire n’aura pas la force de faire élire ses propres représentant-e-s au Parlement français, il aura à interpeller ceux qui prétendent parler « au nom du peuple », et cela tout en comptant d’abord sur ses propres forces. C’est d’ailleurs bien ce qu’il fait avec raison concernant les plans de démolition du code du travail.
Le combat continue !