— Par Béatrice Copper-Royer —
La question des limites, qu’il est nécessaire de poser aux enfants afin qu’ils grandissent le mieux possible, est un peu galvaudée. Disons que l’on a en déjà beaucoup parlé ! Mais au fond ce n’est pas par hasard, puisqu’elle est une des premières fonctions de l’autorité et aide l’enfant à se construire en toute sérénité, en toute sécurité.
Je crois que le temps du « il est interdit d’interdire » est révolu, que l’on a compris, aprés les excés et les dérives des années 70, que si l’enfant était une personne à part entière, il n’était pas pour autant une « grande » personne, un décideur à part entière, capable de poser à l’infini ses propres choix, en faisant sa loi.
Mais pour autant, en recevant les familles et en les écoutant parler de leurs difficultés, on se rend compte que le rapport des parents à l’autorité est encore bien souvent ambivalent.
Une des raisons que l’on peut voir à cela me paraît indissociable du travail, car elle s’enracine dans la culpabilté de ne pas être assez présent, de ne pas avoir assez de temps à consacrer aux enfants.
L’enfant, sans doute plus que jamais, est au centre de la famille, au coeur de l’univers affectif de ses parents. Il est censé arrivé au meilleur moment de leur vie pour leur apporter un surcroît de bonheur…Et plus que jamais ils projettent sur lui le rêve d’un enfant idéal : le plus heureux, le plus doué, le plus gentil….un enfant parfait en somme.
Mais à enfants parfaits, parents parfaits ! c’est là où tout se complique. Car dans une telle logique, et compte tenu que l’enfant dans sa réalité est assez loin, hélas, de l’enfant rêvé, les parents peuvent rapidement, facilement, se dire qu’ils n’en font jamais assez et que si cela achoppe ici ou là, c’est qu’ils font tout de travers.
Or quand on a le sentiment d’être un parent insuffisant, voire défaillant, on ne se sent pas légitime pour poser des limites, on est envahi de scrupules, et l’idée de se faire aimer « malgré tout »domine….
Et voilà que l’on rentre dans le cercle trés vicieux de l’enfant qui capte parfaitement ces doutes et ces incertudes, en joue, va faire du chantage affectif et, rapidement, prendre le pouvoir.
Il faut faire de la résistance ! Et tenter de garder intacte la conviction que, même si l’on est pas des parents parfaits, on est en droit de se faire respecter et de faire respecter les règles, préalablement expliquées, que l’on juge nécessaires, à sa sécurité, (ne joue pas avec les allumettes), à l’harmonie familiale (reste à table, ne tape pas sur ta soeur )et à l’intégration sociale (dis bonjour, au revoir, merci, ne coupe pas la parole…) Inutile pour cela de se justifier en permanence, de rentrer dans des négociations sans fin, car les enfants sont trés rassurés d’avoir face à eux des adultes convaincus de l’intérêt de ce qu’ils demandent…
Béatrice Copper-Royer.
09 juin 2013,