— Par Patrick Mathelié-Guinlet —
Paradis perdu
“Je me souviens à peine
de ce si lointain temps
où je n’étais qu’un gland”
songeait un très grand chêne…
L’être humain est pareil
qui oublie aisément,
une fois rendu grand,
ce pays des merveilles
où il vivait enfant…
Ce paradis perdu
d’un âge sans souci,
hélas, n’existe plus,
dans la mémoire enfoui
sous le poids lourd des ans…
Mais parfois resurgi
dans nos rêves la nuit,
ce fugace parfum
d’un bonheur évanoui
a fait naître au matin
sur nos faces endormies
l’esquisse d’un sourire
à ce doux souvenir
aussitôt disparu
comme il était venu…
Carpe diem !
Avec le temps tout passe, tout casse, tout lasse…
Les traces de pas s’effacent.
Les paroles s’oublient.
Les bâtiments s’érodent puis tombent en poussière.
Les espèces disparaissent
et sombrent les grandes civilisations.
Même les plus brillantes étoiles finissent par s’éteindre
tout comme les plus ardentes passions !
Du moins les écrits restent, me direz-vous,
ces vecteurs de l’humaine pensée…
Mais c’est juste le temps que résiste la matière du support choisi !
Car la matière qui constitue la quasi-totalité de notre univers
est soumise à plus ou moins brève échéance à une inévitable entropie.
L’obsolescence programmée est notre destinée
et notre lot est l’éphémère…
Toute tentative d’organisation demeure passagère
et vouée à tendre inéluctablement vers ce chaos dont toute chose est issue
et vers lequel elle doit retourner…
“Rien ne se perd, rien ne se crée,
tout se transforme…” a dit un jour Lavoisier.
Ainsi va la vie !
Si le constat en est plutôt amer,
c’est pourtant ça qui donne à l’instant présent son prix
en repoussant l’ennui
que génère la monotonie
si délétère pour l’esprit…
Alors, CARPE DIEM !
Patrick Mathelié-Guinlet