— Par Jean Samblé —
La douceur de Pâques est assombrie cette année par une amère réalité : les prix du chocolat grimpent en flèche. L’envolée vertigineuse des cours du cacao fait frémir les papilles et les portefeuilles des amateurs de sucreries. Selon les dernières données de l’UFC-Que choisir, l’inflation des plaisirs chocolatés atteint un étonnant 5 % par rapport à l’année précédente, dépassant ainsi l’inflation alimentaire qui se stabilise à 3 %. La cause de cette escalade des prix ? La hausse spectaculaire du cours mondial du cacao.
Imaginez-vous, en février, le prix d’une tonne de fèves de cacao dépassait les 6000 dollars, soit une augmentation hallucinante de 150 % par rapport à l’année précédente. Et le drame ne s’arrête pas là. En mars, ces chiffres ont pris des allures encore plus délirantes avec le prix grimpant au-dessus des 10 000 dollars à New York. C’est une véritable course à l’or brun qui s’est engagée, et les consommateurs sont sur le point d’en payer le prix.
Les racines de cette crise chocolatière plongent en Afrique, où la Côte d’Ivoire et le Ghana règnent en maîtres sur la production mondiale de fèves de cacao. Pourtant, ces derniers mois, des catastrophes naturelles ont mis à mal leurs récoltes. Entre fortes pluies, maladies des cabosses et sécheresse, la production de cacao dans ces régions a chuté de manière drastique, avec une diminution de 8 %.
Mais ce n’est pas seulement la météo capricieuse qui pèse sur le marché du chocolat. Les prix du lait, du sucre et d’autres ingrédients essentiels flambent également. Le sucre, par exemple, a vu son prix doubler ces dernières années, atteignant des niveaux inédits depuis deux décennies, en raison des conditions météorologiques difficiles au Brésil et en Inde, principaux producteurs mondiaux.
Face à cette crise, les chocolatiers se trouvent dans une impasse. Ils doivent répercuter la hausse des coûts de production sur les étiquettes des produits, au risque de perdre sur leurs marges. Des marques renommées telles que Lindt & Sprüngli ont déjà annoncé des augmentations de prix, et la tendance se généralise dans l’industrie. Les rayons des supermarchés se parent de nouvelles étiquettes, reflétant une inflation moyenne de 5 % par rapport à l’année précédente.
Dans ce contexte, les chocolatiers sont contraints de jongler avec les attentes des consommateurs et les réalités économiques. Certains pourraient être tentés par la « shrinkflation », réduisant la taille des produits pour maintenir des prix attractifs, tandis que d’autres se concentrent sur la qualité, refusant de compromettre leurs recettes.
Malgré ces défis, l’esprit de Pâques reste vivant. Les consommateurs conservent leur amour pour les friandises chocolatées, avec un budget moyen de 22,60 euros par foyer. Mais cette année, la chasse aux œufs pourrait coûter un peu plus cher, reflétant les turbulences qui secouent l’industrie du chocolat.