Pap Ndiaye, né le 25 octobre 1965 à Antony, dans les Hauts-de-Seine, est un historien français, spécialiste d’histoire sociale des États-Unis et des minorités. Il est depuis le 20 mai 2022, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse dans le gouvernement Borne.
Ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d’histoire, il est titulaire d’un doctorat de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), où il est maître de conférences avant d’être promu, en 2012, professeur à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po). En 2021, il devient directeur général du palais de la Porte-Dorée et dirige le musée de l’Histoire de l’immigration.
Le 20 mai 2022, il est nommé Ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, par Emmanuel Macron dans le gouvernement d’Élisabeth Borne, succédant à Jean-Michel Blanquer.
Biographie
Famille et enfance
De père sénégalais et de mère française, Pap Ndiaye passe son enfance en banlieue parisienne avec sa mère et sa jeune sœur, la future romancière Marie NDiaye. Leur mère, Simone, est issue d’une famille de fermiers de la Beauce ; leur père, Tidiane N’Diaye, est le premier ingénieur diplômé de l’École nationale des ponts et chaussées d’Afrique subsaharienne. Le couple s’était rencontré à la résidence universitaire d’Antony mais Tidiane N’Diaye finit par repartir au Sénégal alors que Pap Ndiaye a trois ans et Marie un an. Leur mère, désormais professeure de sciences naturelles dans un collège, les élève donc seule. Entre la vie à Bourg-la-Reine et les vacances dans la ferme familiale en Beauce, ils ont une « enfance française ».
À noter que Simone, Pap et Marie ont chacun choisi une graphie différente pour leur nom de famille (respectivement N’Diaye, Ndiaye et NDiaye).
Pap Ndiaye est le compagnon de la sociologue Jeanne Lazarus. Ils sont parents de deux enfants.
Études
Après avoir étudié au lycée Lakanal de Sceaux et en classes préparatoires littéraires au lycée Henri-IV, il entre à l’ENS de Saint-Cloud en 1986 et réussit l’agrégation d’histoire. Lorsqu’il revient sur son parcours scolaire, il le décrit comme un « pur produit de la méritocratie républicaine ».
De 1991 à 1996, il étudie aux États-Unis pour préparer une thèse d’histoire sur la société pétrochimique DuPont de Nemours. Boursier à l’université de Virginie, il est choqué lorsqu’une fraternité noire, la Black Student Alliance, lui demande d’adhérer. Ce séjour dans la société américaine a sur lui l’effet d’une prise de conscience : « Il n’y a pas, aux Etats-Unis, ce modèle de citoyen abstrait qui commande de faire fi de ses particularités individuelles » ; selon le journaliste Christophe Boltanski, il se découvre en quelque sorte « Noir sur le tard ». Il se met alors à lire Aimé Césaire et Frantz Fanon.
Carrière
À son retour en France, il obtient un poste de maître de conférences à l’EHESS, où ses travaux portent désormais davantage sur la question noire, les discours et pratiques de discrimination raciale en France et en Amérique. Il est l’un des pionniers en France à traiter de la question complexe de la population d’ascendance africaine vivant en France et de la diaspora que l’on nomme outre-Atlantique les Black studies (en), notamment à travers son ouvrage paru en 2008, La Condition noire : essai sur une minorité française, avec lequel il espérait « poser les fondations [de ce] nouveau champ d’études ».
En 2003, aux côtés d’autres intellectuels, tels que Patrick Lozès et Catherine Coquery-Vidrovitch, il participe à la création d’une association, le Cercle d’action pour la promotion et la diversité en France (Capdiv). Catherine Coquery-Vidrovitch témoigne : « Nous ne voulions pas apparaître comme communautaristes, mais traiter de la discrimination dont étaient victimes les Noirs. Pap était très impliqué. » En 2005 est créé le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), présidé par Patrick Lozès. Pap Ndiaye siège au conseil scientifique. Il a été membre du Centre d’études nord-américaines et du comité de rédaction de la revue L’Histoire.
En 2018-2019, il collabore à l’exposition Le Modèle noir, de Géricault à Matisse montrée notamment au musée d’Orsay. En 2020, avec Constance Rivière, il réalise un rapport sur la diversité à l’Opéra de Paris. En janvier 2022, Dominique Boutonnat, le président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) le nomme président de la « commission Images de la diversité ».
Il est nommé en février 2021 directeur général du palais de la Porte-Dorée, et dirige donc de fait le musée de l’Histoire de l’immigration : « Ma préoccupation est de ne plus mettre des pans de notre histoire sous le tapis ».
Le 20 mai 2022, il est nommé ministre de l’Éducation nationale, succédant à Jean-Michel Blanquer.
Prises de position
En 2012, il signe une tribune intitulée « Pour une nouvelle République » appelant à voter pour le candidat François Hollande.
Il est critique à propos de la suppression en 2018 du mot « race » de l’article 1er de la Constitution, considérant que cela risque d’affaiblir le combat antiraciste. Il déclare dans une entrevue au Monde en 2019 : « Même s’il est évident que la « race » n’existe pas d’un point de vue biologique, force est de constater qu’elle n’a pas disparu dans les mentalités : elle a survécu en tant que catégorie imaginaire historiquement construite, avec de puissants effets sociaux. Même si l’intention est louable, abolir la « race » dans les sciences sociales ou la Constitution ne fera pas disparaître les discriminations fondées sur elle. L’usage de la catégorie raciale n’implique pas un engagement ontologique douteux du législateur ou du chercheur sur l’existence des « races », mais l’utilisation pragmatique d’une catégorie située pour décrire des phénomènes discriminatoires. »
Publications
Obama dans l’Amérique noire, Calmann-Levy, coll. « Sciences Humaines et Essais », 2012, 150 p., 13,50 x 18,80 cm (ISBN 978-2-7021-4351-3 et 2-7021-4351-2)
Les Noirs américains : en marche pour l’égalité, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Histoire » (no 542), 2009, 159 p., 18 cm. (ISBN 978-2-07-036040-6)
La Condition noire : essai sur une minorité française (préf. Marie NDiaye), Paris, Gallimard, 2009 (réimpr. 2011 et 2017) (1re éd. 2008 chez Calmann-Lévy, 435 p, 23 cm.), 521 p., 18 cm. (ISBN 978-2-07-036153-3
Du nylon et des bombes : Du Pont de Nemours, le marché et l’État américain, 1900-1970, Paris, Belin, coll. « Cultures américaines », 2001, 397 p., 22 cm (ISBN 2-7011-2990-7)
Traduction en langue anglaise : Nylon and Bombs, DuPont and the March of Modern America, Johns Hopkins University Press, 2007.
Source : Wikipedia