— Par Elizabeth Grant —
Nos voisins de Sainte-Lucie et Barbade dépendent toutes les deux du tourisme comme source principale de devises : 800 millions de dollars US en 2017 (679 million d’euros) pour Sainte-Lucie et 1,6 milliards de dollars US (1.358 millions d’euros) pour Barbade (au taux d’aujourd’hui).
Sévèrement touchés par la pandémie du coronavirus, ces pays cherchent maintenant à attirer de nouveau des visiteurs. Ils ont trouvé des réponses innovantes au problème de savoir comment se rendre attractifs à une époque où la majorité des adeptes du tourisme rechignent à voyager.
Sainte-Lucie :
Le gouvernement de Sainte-Lucie souhaite d’abord « sauvegarder la santé et la sécurité de la population » ; jusqu’à présent, seulement 25 personnes ont été infectées et personne n’est mort du Covid-19. A Sainte-Lucie, le port du masque est obligatoire à tout moment dans les espaces publics.
Afin de protéger la population et de rassurer les touristes, le gouvernement a mis en place de nombreuses mesures, dont la plus importante est la labellisation des hôtels et la certification des taxis.
Afin de bénéficier du label Covid-19 permettant aux hôtels de rouvrir, ceux-ci doivent respecter plus d’une douzaine de critères, tels que :
-Désinfecter le bagage avant qu’il n’entre dans l’hôtel
-Assurer la distanciation physique à l’intérieur de l’hôtel
-Mettre à la disposition des touristes du désinfectant pour les mains
-Mettre en place une infirmerie et assurer la présence d’une infirmière
-Créer un centre de quarantaine à l’intérieur de l’hôtel
-Vérifier la température de chaque touriste au moment des repas
-Mettre à la disposition du personnel du désinfectant pour les mains et des douches leur permettant de se doucher avant de quitter l’hôtel
-Vérifier quotidiennement à l’arrivée et avant le départ la température du personnel
Pour le moment, moins d’une dizaine d’hôtels sont labellisés.
A l’arrivée à l’aéroport, les touristes, sauf ceux arrivant d’un pays anglophone de la région, doivent présenter un test PCR négatif ; ils seront soumis à un test de température.
Les touristes malades seront immédiatement transférés à leurs frais à l’hôpital pour maladies respiratoires.
Les touristes qui ne sont pas malades sont transférés à leur hôtel labellisé par taxi certifié (distanciation physique, paiement par carte, PPE). Mis à part les touristes arrivant d’un pays anglophone de la région, tout touriste sera obligé de rester à l’intérieur de l’hôtel pour la durée de son séjour.
A l’arrivée, tout Saint-Lucien ou résident de Sainte-Lucie doit obligatoirement faire une quarantaine de 15 jours, soit dans un centre soit chez la famille, à condition que cette dernière possibilité soit approuvée auparavant par le gouvernement.
Les autorités ont créé un numéro de téléphone d’urgence permettant à toute personne ayant constaté une infraction à ces mesures d’en informer les autorités. Le 23 juillet, un visiteur a été mis en quarantaine pour n’avoir pas respecté le protocole ; le 24 juillet il a été renvoyé chez lui. C’est l’hôtel même qui en avait informé les autorités.
C’est ainsi que le gouvernement de Sainte-Lucie espère rassurer les touristes et protéger sa population.
Barbade :
La pandémie mondiale a provoqué à Barbade un taux de chômage qui a triplé, une baisse des recettes du gouvernement de 31 % et une hausse des dépenses du gouvernement de 21 %.
Au mois de juillet dernier, le premier ministre de Barbade, Mme Mia Mottley, a annoncé la mise en place d’un nouveau type de visa, le Visa Barbade Bienvenue.
Le Visa Barbade Bienvenue permet au titulaire de travailler à distance depuis la Barbade pour une période d’un an. Il s’agit d’un visa de type nouveau : le titulaire doit gagner un minimum de 42 000 euros par an, il ne paiera pas d’impôts ni de contributions sociales à Barbade mais il doit être titulaire d’une assurance santé. Chaque demandeur fera l’objet d’une étude de notoriété pour éviter tout abus. Le coût de ce visa s’élève à 1 700 euros.
En matière de tourisme, Barbade a un taux de fidélisation parmi les plus hauts du monde, mais il s’agit surtout de personnes âgées de plus de 55 ans. Avec ce nouveau visa, le pays souhaite attirer de jeunes professionnels âgés de 22 à 39 ans ainsi que des préretraités âgés de 40 à 55 ans. Un titulaire peut venir avec sa famille.
Tout en augmentant les rentrées de devises, ce visa apportera un nouveau souffle à l’économie locale : à la petite hôtellerie et aux gîtes (dont il existe au moins 46), aux grands hôtels, aux professions tels que les comptables, aux entreprises de services à la personne, aux artistes et à la grande et petite distribution.
Mme Mia Mottley a déjà fait une visite promotionnelle au Royaume Uni où elle a participé à l’émission télévisée matinale la plus regardée. Elle estime que Barbade a de nombreux atouts à offrir : la sécurité, la généralisation du téléphone portable, une bonne connectivité internet, un bon système de santé, des écoles et des services essentiels d’un haut niveau et une menace cyclonique faible. Ainsi, le premier ministre ne se sent pas concernée par le fait que certains pays dans la Caraïbe – Antigua et Barbuda et les Bermudes – se proposent de suivre l’exemple de Barbade.
En outre, il n’y a eu que 98 cas de Covid-19 et seulement sept morts à Barbade. Il existe un système de quarantaine pour toute personne qui tombe malade ainsi qu’une recherche de ses contacts. Le port du masque est obligatoire et il n’y a plus de confinement, à la différence du Royaume Uni. Ainsi, les Anglais peuvent saisir l’occasion de quitter les contraintes pour venir passer un an dans la Caraïbe en toute sécurité.
Sainte-Lucie, Barbade, ces deux pays, qui se trouvent tous les deux dans une situation difficile, ont su innover pour apporter une réponse nouvelle à leur situation de relative dépendance vis-à-vis des pays riches.
Source : France-Antilles