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Affaire Chalvet : la guerre des syndicats (II)

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le père Le QUERE a été sans le moindre doute le témoin le plus objectif et le plus au fait des événements qui se sont déroulés à Chalvet en février 1974. Grâce à ses fidèles, il était directement informé de ce qui se passait dans sa commune, en particulier sur le terrain de la grève. Il était un curé concerné.

Il a été l’interlocuteur direct de toutes les parties prenantes à l’affaire : les 2 syndicats, les maires de Macouba et du Lorrain. Il s’est retrouvé l’arbitre de la première manifestation du conflit syndical qui s’est déroulée au presbytère. Il est allé voir le cadavre d’HILMANY à la morgue du Lamentin l’après-midi du jour prévu pour l’enterrement. Il a servi de relai pour la transmission d’un message de l’UPLG de Guadeloupe au nouveau syndicat : message lu en public avec le porte-voix du syndicat. Il a été arbitre et acteur au cours des démêlés relatifs à l’enterrement d’HILMANY. Il s’est opposé au maire du Lorrain et, dans un premier temps, au maire du Macouba avec lequel il a fini par accepter un compromis.

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Affaire Chalvet : la guerre des syndicats (I)

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ce titre est celui de la longue interview du père LE QUERE, curé de la paroisse du Lorrain au moment des incidents qui se sont déroulés en février 1974 sur l’habitation CHALVET, à Basse-Pointe. Réalisé par l’hebdomadaire ANTILLA et parue le 11 février 2004 (N° 1077), cet entretien est signé ADV, sous le titre « Affaire Chalvet, un autre regard »).

Ce fut donc la guerre entre l’UGTM et la CGTM1. : « Ce qui m’a le plus frappé dans cette histoire, c’est qu’il n’y aurait pas eu dégât si les syndicalistes (ou les partis politiques qui étaient derrière) n’avaient pas attisé. Parce qu’ils n’étaient pas d’accord entre eux, là, c’était clair, c’était net. Or, je n’ai vu nulle part dans aucun journal, aucune revue, aucune émission, qu’en dessous de cela il y avait une guerre des syndicats ». C’est la conclusion de l’interview, riche en informations, du père LE QUERE, qui sera entièrement reproduit dans une prochaine contrechronique (Affaire Chalvet : la guerre des syndicats (II).

Bientôt, dans la stricte observance du récit national martiniquais, que j’ai nommé l’histoire martiniquaise à côté de l’histoire, on commémorera la date anniversaire de l’affaire CHALVET.

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Selon la commission STORA, décembre 1959 n’était pas une émeute politique(1).

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La récupération politique des incidents des 21, 22 et 23 décembre 1959 à Fort-de-France n’a pas échappé à l’historien Benjamin STORA qui présidait la commission chargée par le ministre des outremers d’enquêter sur les évènements. S’agissant des 3 victimes, la commission déclare : « On peut tout de même souligner que la mort les a inscrites dans un destin paradoxal : chaque famille voudrait, en effet, que son fils, son frère, son cousin, ne fût pas un émeutier, alors que l’action militante des années 1970 fera de « Marajo, Rosil et Betzi des révolutionnaires héroïques ». Elle poursuit : « La littérature décembriste a donc cherché (sic) à les héroïser : les inscrivant dans une dramaturgie révolutionnaire, elle en a fait des anticolonialistes prenant les armes contre le colonialisme français ». (…) « Tout porte à penser que ces 3 jours furent un gros « coup de colère » et un grand cri de détresse », ce que je ne crois pas. En effet, les preuves étant impossibles, on fait converger des probabilités et l’une de celles-ci, plus que probable, a été délibérément ignorée. Aussi, il conviendrait de reconnaître que les bagarres étaient chose courante dans les villes où cohabitent la police et l’armée.

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Émeutes de décembre 1959 : une présentation scandaleuse de l’Histoire.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi donc, en ce mois de décembre 2019 une série de commémorations a commencé. Recommence donc la répétition d’une série d’ « arrangements » avec l’histoire, alors que les faits réels auraient, à eux seuls, mérité qu’on les enseigne à nos enfants. Mais nos politiques sont obnubilés par leur soif de raconter leur roman à leur convenance, en lieu et place des historiens. Et ils n’ont de cesse de déplorer que cette histoire trafiquée ne soit pas inscrite dans les manuels scolaires.

Notons que la grande presse, surtout l’audiovisuelle, étant tenue d’une main de fer au profit de l’histoire fabriquée, jamais, sans l’Internet, la vérité historique, ci-dessous rapportée et qui peut n’être contestée par personne, n’aurait pu être portée à la connaissance des Martiniquais. Mais rien n’est gagné face à une malhonnêteté intellectuelle quasi indéracinable.

D’abord, le crash aérien de décembre 1969 a conduit le parti communiste martiniquais, qui s’était montré jusqu’alors discret, à organiser une enquête en vue, dit-il, de rechercher les vraies causes de la catastrophe. Une enquête ? Il fallait faire quelque chose après les initiatives du parti frère de Guadeloupe qui avait perdu dans l’affaire son secrétaire général.

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Le Racisme : « une latence conflictuelle qui pourrait s’amplifier » 

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi donc, plus que tout autre pays au monde, la Martinique croule sous le vocable racialiste. Après « Négritude », « nègreries », « peau noire et masques blancs », « métissage » et autres sous-déclinaisons, il est désormais question de « noirisme », « békéisme », « mulâtrisme », « martinikaner », et j’en passe. En 2010, j’écrivais : « Je ne suis pas surpris par le cours que prennent aujourd’hui les choses, sauf en ce qui concerne leur rapidité et leur ampleur. Notre rapport au racial est certainement le fait sociétal le plus important apparu au cours du mouvement social de février 2009. Nous en sommes tous responsables : noirs, blancs, indiens, chabins, mulâtres, intellectuels, médias, riches, pauvres, religieux, profanes, élus… ».

Dix ans plus tard, je n’ai pas grand-chose à ajouter à la vingtaine d’articles parus sur le sujet dans Antilla, France-Antilles, Politiques publiques, Montraykréyol et Martinin’art. Certains ont été repris dans mon ouvrage « Contrechroniques de la vie politique de la Martinique – 2008. J’en livre ci-dessous quelques extraits.

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Un référendum sur l’indépendance de la Martinique ? Chiche !

Par Yves-Léopold Monthieux —

Raphaël Confiant souhaite que soit organisé un referendum sur l’indépendance de la Martinique. Le sujet est aujourd’hui opportun où dans une incontestable léthargie populaire, se développe un activisme aux couleurs de la violence, celles du drapeau rouge-vert-noir, en pleine promotion. Quoi de plus normal pour un indépendantiste, serait-on tenté de se dire ? A moins qu’il ne s’agisse d’une pure provocation intellectuelle de la part du polémiste qui nous habitués à cette forme d’agilité de l’esprit. Votre serviteur avait écrit qu’en défendant l’article 74 en 1970, Alfred Marie-Jeanne se dirigeait vers la perte de la consultation électorale et de l’élection de la région qui allait se tenir 3 mois plus tard. Ce qui fut fait, ouvrit la porte à Serge Letchimy, et fit sortir l’écrivain de ses gonds. Ayant retrouvé son calme, mais toujours adepte des challenges hasardeux, Confiant fait monter de plusieurs crans la barre de l’échec.

Mais prenons-le au mot. Rejoignons-le et sortons de l’hypocrisie. Ecartons les demi-mesures institutionnelles et sortons de la situation d’entre-deux où ceux qui ne cessent de vouer aux gémonies d’autres qui prononcent le mot « métropole », en prennent eux-mêmes promptement l’usage, dès l’instant qu’ils sentent monter le fumet des « fonds d’Etat ».

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France-Antilles : de la pige à la tribune libre, un accompagnement en pointillé

— Par Yves-Léopold Monthieurx —
Cicero. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit à l’évocation du journal France-Antilles. Le second souvenir est un loupé. Lecteur du Monde, du Nouvel Observateur et de l’Express, je m’étais très jeune intéressé à la presse, sans cependant envisager d’en faire mon métier. Appelé du contingent à Cayenne, j’avais été chargé de mettre en place et d’animer le mini espace presse de la caserne Loubère.
D’abord le loupé. Mon premier rapport avec ce journal, dès 1964, fut un rendez-vous manqué. J’ignore pour quelles raisons, à la suite d’une visite de la fabrique de yaourt Littée par l’association culturelle du Vert-Pré, je n’avais pas rédigé le compte-rendu que j’avais promis à Man Littée de faire publier dans France-Antilles.
Revenons au cicero, qui rappelle le Cicérone consule d’une de mes versions latines. J’avais soumis sans trop y croire à la rédaction du journal un projet de reportage d’une rencontre de foot-ball. Agréablement surpris par sa publication, j’avais renouvelé l’exercice sous le pseudonyme « Maxim » jusqu’au jour où je fus conduit au bureau d’un certain M. Gérard. J’appris par ce dernier ce qu’était un cicéro, l’unité de mesure typographique, et que, contre toute attente, j’allais être rétribué au nombre de cicéros contenus dans mes reportages.

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La Martinique, île aux esclaves, aux pesticides et …aux centenaires

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Trois anecdotes.

La première. Il y a une vingtaine d’années, je débarque à Orly et prends un taxi pour Paris. Comme c’est souvent le cas, la conversation s’engage avec le chauffeur sur le fait de société du moment, non sans que j’aie à préciser que je suis martiniquais. C’est en effet la réponse à la question que m’a posée d’emblée mon interlocuteur et qui se pose de plus en plus aux ultramarins antillais débarquant en France : « venez-vous de la Guadeloupe ? ». Hésitant, il me gratifie alors d’une bafouille qu’on pourrait traduire par « la Martinique, est-ce l’île où il y avait des esclaves ? ». Quelques années plus tôt, en pleine période du Goncourt, l’un de ses collègues m’avait cité Blaise Cendrars au lieu de Césaire à qui il avait attribué le livre Texaco. Moralité, ces gentils chauffeurs écoutent la radio et regardent la télévision.

Deuxième anecdote, c’est encore à Paris, en mars 2018, une professeure qui a enseigné sur le campus de Schoelcher pendant une dizaine d’années. Elle est amoureuse de la Martinique, le pays de ses enfants dont le père est originaire.

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Les « sots métiers » des défenseurs du peuple

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Les contempteurs du BUMIDOM se sont rarement attendris sur les véritables difficultés rencontrées par les jeunes gens qui sont partis sous l’égide de cette institution. On ne sache pas, en effet, qu’un parti politique martiniquais soit venu en aide aux plus malheureux d’entre eux, coupables d’avoir donné la main à une initiative gouvernementale.

Subalterne, c’est le mot utilisé par le politburo

« Subalterne », c’est le mot utilisé dans les cénacles foyalais et relayé dans les campagnes par une escouade de « petits marquis », pressés de médire leurs propres frères et sœurs et aider au dénigrement des emplois que ces derniers occupaient en France. Le BUMIDOM qui n’était pas une destination mais un facilitateur, ne s’adressait pas aux favorisés. Ceux-ci pouvaient compter sur leurs familles, l’Université (UAG), les bourses d’études ou la possibilité d’accomplir le service militaire dans le cadre rétribué des volontaires de l’assistance technique (VAT). En revanche, même si par le biais du BUMIDOM plusieurs martiniquais ont pu atteindre un niveau de carrière de premier plan, cet organisme n’avait pas d’autre ambition que de faciliter l’accès des jeunes à des emplois correspondant à leur niveau scolaire.

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Jacques Chirac, le « faux ennemi » de la gauche martiniquaise

— ¨Par Yves-Léopold Monthieux —

Au lendemain de la disparition de l’ancien président de la République, les réactions sont peu respectueuses des clivages politiques traditionnels. En Martinique, la droite lui sait gré d’avoir été un président gaulliste, à l’origine de plusieurs mesures positives pour les DOM dont deux des plus emblématiques furent la défiscalisation et l’extension du SMIG métropolitain. D’autres relèvent tout juste que l’ancien président de la République aimait nos accras et avait le bonheur de faire entrer le punch martiniquais à l’Elysée. D’autres encore, devenus marginaux, sont surtout arcboutés sur sa fameuse saillie sur les « bruits » et les « odeurs ». Cette tirade qui lui avait valu la réputation de raciste avait fait le miel de la gauche martiniquaise sur les murs et les discours pendant les campagnes électorales qui avaient suivi. Certains élus durent leur succès à ce facile argument.

CHIRAC contre GISCARD D’ESTAING c’était CHIRAC contre la droite martiniquaise.

Lorsqu’en 1981 Jacques CHIRAC prit part à la défaite de Valéry GISCARD D’ESTAING (VGE) à la présidence de la République, il ne se doutait pas qu’il venait de rendre le plus grand service à la gauche martiniquaise.

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Les 20 « Glorieuses » martiniquaises

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Au lendemain des incidents de décembre 1959, faisant l’éloge funèbre de l’une des 3 victimes, l’écolier Christian MARAJO, le vice-recteur Alain PLENEL résumait les 3 jours d’émeutes par une formule qui fit florès, « Les Trois Glorieuses ». En 1979, Jean Fourastié allait créer la formule « Les Trente Glorieuses » pour décrire les progrès de la période d’après-guerre, de 1946 à 1975. Le rapprochement de ces deux chrononymes me conduit à vous proposer un troisième qui correspond bien, me semble-t-il, à la période de 1962 à 1982, les « Les Vingt Glorieuses martiniquaises ».

Si la croissance économique et l’amélioration des niveaux de vie ont toujours été sous-tendues par la dynamique démographique, la surpopulation est un facteur handicapant. C’était le cas de la Martinique qui détenait déjà le plus fort taux démographique de la Caraïbe et des DOM. Selon les chiffres officiels, la population de la Martinique est passée de 270 000 habitants en 1962 à plus de 325 000 en 19821, soit une augmentation de 55 000 en 20 ans ! Cette augmentation aurait été encore plus forte sans le départ d’une trentaine de milliers de Martiniquais, dont 15 300 au titre du BUMIDOM2.

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Le racisme vu par Lilian Thuram et Pierre Ménès

Par Yves-Léopold Monthieux —

On ne parle jamais du racisme qu’à ses dépens. Quel que soit le bout par lequel on aborde le succès on risque de s’y blesser. Et il y a toujours des gens à blesser dans le propos ‘’metaraciste‘’. C’est ainsi que les prudents que sont les politiques se contentent souvent de rouler des yeux d’horreur pour signifier leur condamnation du racisme. Pourtant, avec une périodicité de plus en plus rapprochée se pose la condition des Noirs dans la société française. Rien n’indique que la solution est proche quoi qu’on ne puisse y tendre sans en parler. C’est comme les objets à double tranchant, les courageux qui s’y risquent deviennent souvent des cibles. 

Lilian Thuram et Pierre Ménès connaissent un brin sur le monde sportif, domaine où les contacts entre des Blancs et des non-Blancs sont des plus spectaculaires. Il n’y a pas mieux pour parler aux Blancs des Noirs, et des Noirs aux Blancs, qu’un Noir qui se sent français et dont cette qualité ne lui est pas contesté par les Blancs. C’est le cas de Thuram qui est l’une des icônes de l’Equipe de France et qui n’a jamais mégoté l’intérêt qu’il porte à ce symbole, ce qui paraît suspect à certains.

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Le « racisme de la peau sauvée” en Martinique.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

L’article de Raphaël Confiant paru dans Montraykréyol le 14 août 2019 fait un balayage de divers sujets qu’il semble avoir eu du mal à résumer dans le titre Cela proviendra sans doute de la crise française et mondiale… L’écrivain évoque sans le dire l’indépendance de la Martinique, qui devrait, à l’image de ce que fut le cas pour les ex-colonies anglophones, relever plus de l’initiative de la France que de la volonté des autochtones. Il serait davantage question de largage que de conquête. Pas très glorieux. Reste que vis-à-vis de la France, la Martinique ne peut être que dedans ou dehors, l’entre-deux ”autonomiste-nationaliste” ne peut pas signifier la fin du colonialisme, l’objectif visé.

Moins attendu, il n’y a pas grand-chose à redire de la description de l’évolution économique de la Martinique qui serait passée de « l’économie coloniale productive » à « l’économie départementale improductive ». Sauf que la ”coloniale” était une économie de la misère comme l’est partout dans le monde l’économie de la canne, tandis que la ”départementale” est, selon le mot de Cabort-Masson, « l’économie des Koweitiens sans pétrole ».

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L’OJAM : « Il y a autant d’Ojam que d’ojamistes ».

Par Yves-Léopold Monthieux —

Après avoir relu le livre-témoin de Gesner Mencé, L’affaire de l’OJAM ou le Complot du mardi-gras ; revu le film de Camille Mauduech, La Martinique aux Martiniquais, acte I, et pris connaissance de l’acte II : une mine de révélations en mode de confessions ou d’aveux ; après avoir assisté à deux débats sur le film, dont l’un avec la participation d’anciens de l’organisation, il est possible d’avoir une bonne connaissance du phénomène de l’OJAM. Lequel n’eût jamais eu un tel retentissement sans la regrettable arrestation de quelques-uns de ses membres.

Marqué par les meurtrissures de la décolonisation, de la guerre d’Algérie, en particulier ; instruit de la fragilité sociale des nouveaux départements ; la France craignait l’apparition de nouveaux foyers insurrectionnels. Aussi, elle avait cru devoir réprimer dans l’œuf toute agitation, avant de prendre diverses mesures destinées à transformer, de fait, le mode d’appartenance de ces territoires à la France (SMA, AFPA, BUMIDOM, réforme foncière, abattement fiscal, quota d’importation, etc). Selon l’historien Julien Sainton, l’intégratioon se serait substituée à l’assimilation. Bref, l’OJAM fit les frais de cette répression comme ce sera le cas, en d’autres circonstances, en Guadeloupe.

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Crash de 1969 : le Secret-Défense qui arrange le PCM.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Je m’apprête à publier une tribune qui montrera que, tout en s’opposant à l’assimilation, le Parti communiste martiniquais (PCM) a, par son action sociale en faveur de la classe ouvrière, participé à l’installation du département. Cependant, des circonstances nouvelles me conduisent à publier d’abord une réflexion totalement imprévue qui montre un autre aspect de ce parti, bien moins glorieux. Après les récentes déclarations de deux dignitaires du PCM, les conditions de l’envoi en mission au Chili du militant Dolor Banidol, en 1969, ainsi que le silence abyssal observé depuis sa mort rappellent les heures sombres du stalinisme.
Voilà un secrétaire général du PCM qui révèle à la télévision de la façon la plus claire et intelligible qui soit, gestes à l’appui, les circonstances de la disparition de son camarade de bureau. Il avait été lui-même désigné, dit-il, pour représenter son parti à un congrès au Chili, mais y avait renoncé à la suite d’une confidence relative à un possible accident de l’avion qui devait le ramener. Fort de cette « prémonition », Armand Nicolas s’était fait remplacer par un autre membre du bureau qui avait été visiblement tenu dans l’ignorance du risque encouru.

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L’autonomie sans le dire : des symboles, des gestes, des coups de menton. C’est tout.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Jean-Marie Nol me permettra d’emprunter à sa tribune parue dans Madinin’art, Vers un statut d’autonomie pour la Guadeloupe sans le dire. Il fait une description honnête de l’embarras où se trouve la Guadeloupe qui n’est pas éloignée de celle de la Martinique, sauf que cette dernière prétend jouer les pionniers en voulant montrer le chemin aux autres DOM. Le geste de quitter en premier le statut départemental ne va pas au-delà d’une coquetterie sémantique, tant le changement est ténu. Au vu des résultats, on comprend les réticences de la Guadeloupe à suivre ce chemin. Autre geste, on sait que, quitte à inverser le calendrier, les historiens martiniquais sont quasiment parvenus à convaincre que, « par les seuls moyens » des esclaves martiniquais, ces derniers ont imposé la suppression de l’esclavage dans les DOM. Un mois cependant après la signature, en France, du décret d’abolition ; façon d’essayer de rattraper l’avance prise par la Guadeloupe avec Louis Delgrès.
Reste que dans les deux départements français des Antilles, on tire dans les deux sens sur la corde politique. Tantôt dans le sens de la « différentiation » et du nationalisme, ce qui autorise à peu de frais tous les coups de menton, tantôt dans le sens de l’assimilation et de la continuité territoriale, auquel on s’accroche comme les kolrochs de nos rivières.

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Le n’importe quoi contre le BUMIDOM cache mal l’échec des politiques locales.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
En ce début de siècle bien entamé, la Martinique se retrouve dans une situation politique qui inquiète et provoque le départ massif de jeunes de tous niveaux d’études et de formation. Le sujet est pris en charge par la sénatrice Catherine Conconne, à travers une formule qui sonne comme un slogan électoral, alé – viré (aller – retour), le viré rappelant la lettre « A » du RMA (Revenu minimum d’activité) qui se fait toujours attendre. Bref, l’élue nationale française l’a compris que c’est en marchant qu’on se fait un chemin.
Reste que la Martinique est à un moment de vérité né de la conjonction de plusieurs phénomènes. D’abord, les progrès obtenus au rythme des conflits sociaux ont permis d’élever l’indice de développement humain (IDH) au rang le plus élevé. Par ailleurs, de l’école maternelle à l’université, les progrès obtenus dans le domaine éducatif ont été exceptionnels. Le succès ne fut pas moindre, s’agissant de la formation des adultes par le SMA et l’AFPA. En revanche, l’échec de l’économie paraît consubstantiel au statut de département d’Outre-Mer. Le corollaire en est l’inaptitude à créer des emplois, le départ du trop-plein de forces vives et le besoin d’encadrer ces départs.

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Dolor Banidol, Évremont Gène et 60 personnes, délibéremment tués.

— Par Gilbert Pago —

Une série de 3 articles de 2minutes 30 de Guadeloupe la première au journal télévisé ont porté à la connaissance du public une affaire resté bien enfouie depuis 50 ans ; le crash le 3 décembre 1969 d’un vol Air France venant du Vénézuéla. Martinique la première n’a passé que l’émission concernant la Martinique le 9 juin dernier, ce qui ne permettait pas de comprendre tout l’enjeu de cette affreuse tragédie.

Lire aussi : Dolor Banidol a disparu « parce qu’il était l’un des meilleurs d’ »entre nous » par Yves-Léopold Monthieux

Ce jour du 3 décembre 1969, 62 passagers et personnel d’équipage, venant du Chili, transitant au Vénézuela pour se rendre à Pointe à Pitre, meurent en mer. Il avait été doucement dit à l’époque que tout cela paraissait trouble mais les dénégations n’étaient restées finalement qu’à ce seul stade. Quand on reprenait la liste des passagers, il n’y avait pas de personnalités attirant l’attention médiatique. On y relevait cependant deux membres des partis communistes : l’un secrétaire général du PC Guadeloupéen (Évremond Gène), l’autre membre de la direction du PC Martiniquais (Dolor Banidol, ex ouvrier agricole, petit planteur et syndicaliste).

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Dolor Banidol a disparu « parce qu’il était l’un des meilleurs d’ »entre nous » »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

« Dolor Banidol victime « désignée » du crash de 1969 ». C’est le titre de l’article de Guadeloupe-la-1ère, suite à l’interview vidéo qui a été accordée à l’un de ses journalistes par l’ancien secrétaire général du Parti communiste martiniquais (PCM), historien, père de l’Histoire martiniquaise et du 22 mai. Martinique-la-1ère a partiellement retransmis cet entretien le 9 juin 2019.

Dans le crash de l’avion qui les ramenait d’un congrès au CHILI, le 4 décembre 1969, le secrétaire général du Parti communiste de Guadeloupe Euvremont Gene et le militant du PCM Dolor Banidol ont trouvé la mort. Le CHILI traversait alors une période politique sulfureuse qui allait, sur fond de guerre froide, conduire à l’élection du socialiste Salvador Allende en 1970, puis à son assassinat en 1973. Bien que l’enquête sur le crash ait été classée SECRET-DEFENSE, des fuites ont eu lieu qui militent en faveur de l’hypothèse de l’attentat que des « avertissements » prémonitoires auraient précédé.

En Guadeloupe, pour l’histoire et la famille d’Euvremont Gene, un comité se bat pour que soit faite toute la lumière sur cette affaire couverte par la « raison d’Etat ».

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Sachez que la Martinique n’intéresse pas le Président de la République.

— Yves-Léopold Monthieux —
Le billet du 28 mai dernier de Montraykréyol à propos des résultats des élections européennes m’avait échappé. Davantage qu’un commentaire, j’y vois l’expression d’une réalité politique et d’une naïveté inquiétante de la part d’universitaires. Ceux-ci se sont dit « médusés » d’entendre de la bouche d’une ministre la déclaration suivante :
« Ecoutez, la Martinique a toujours refusé d’avoir des secrétaires d’état et des ministres, elle a la population la plus vieille de France, elle est d’ailleurs dirigée par un vieillard sénile qui est indépendantiste en plus, elle n’a aucun projet d’avenir ». Les professeurs ont-ils été estébékwés au point d’attendre un an et demi avant de divulguer la déclaration de la ministre, laquelle n’est toujours pas désignée par son nom. Complice de cette réserve, la presse n’est pas prompte à relayer ce genre d’information susceptible de faire des vagues dans la mare politico-médiatique.
A vrai dire, seul le motif du grand âge de la population me paraît inapproprié car non opposable à la politique locale. C’est la conséquence mécanique de la « démographie galopante » des années 1950 – 1960, stimulée par les progrès sociaux qui commençaient.

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En 1958, la Martinique a-t-elle été au bord de l’indépendance ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Je viens de prendre connaissance de l’article de Jean-Marc PARTY en date du 20 octobre 2018 qui nous apprend qu’« en 1958, à la veille du référendum, la Martinique, tout comme les trois autres départements d’outre-mer, est au bord de l’indépendance ». Ce qui signifie que la population martiniquaise était prête à voter NON au référendum et à de GAULLE. En s’appuyant sur des données incertaines (« certains chercheurs », « certains auteurs », lesquels ?), le journaliste en arrive à l’affirmation énoncée sous le mode de l’évidence : « c’est ainsi, dit-il, que les « quatre vieilles colonies » ont échappé à l’indépendance, voici 60 ans ».
Cette allégation surprenante ne trouble ni les historiens ni les politistes, ce qui a valeur de validation dans ce pays. « C’est la thèse de certains chercheurs », et de « certains auteurs », ajoute l’auteur. Mais une chose est de se soumettre à la vérité historique, une autre d’adhérer à une opinion même correctement domiciliée. C’est ainsi que sur des bases virtuelles se fabrique et se poursuit le récit national qui ne suscite jamais de débat contradictoire. Or sur ce point d’histoire, il est davantage question de témoignages que de « chercheurs » s’il est vrai qu’en Martinique, ces derniers finissent toujours par trouver ce qu’ils cherchent.

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En Martinique, les extrêmes sont en Marche

— Par Yves-Léopold Monthieux —

A l’échelon national, Emmanuel MACRON a perdu de peu son pari, mais il paraît être le vrai vainqueur des élections européennes. Il a su résister au Rassemblement national qui fait moins bien qu’en 2014 et avec lequel il fait jeu égal. Plus important, après des décisions difficiles et plus de six mois de jacqueries des Gilets jaunes et d’annonces quasi hebdomadaires de fin de quinquennat imminent, le mouvement En Marche fait mieux que tirer son épingle du jeu. Emmanuel MACRON se retrouve face à une opposition classique quasi inexistante.

Les résultats dans chaque commune ci-dessous

Bien avant les dernières présidentielles, j’avais annoncé au responsable local de Les Républicains la difficulté de représenter ce parti en Martinique. En effet, l’ambition présidentielle pousse ce dernier à un mouvement inévitable vers l’extrême-droite, ce qui est insupportable pour des représentants martiniquais. Songeons que Nicolas SARKOZY avait dû en partie son élection aux voix du Front National (entre-deux entre le père et la fille Le Pen) et que le regain de force de ce parti en 2012 avait nui à la réélection du dernier président de droite.

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Nous avons cassé nos frères du BUMIDOM

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Selon le philosophe Erasme il est plus facile de convaincre l’homme de cent mensonges que d’une vérité. Alors que la grande faiblesse de la vérité est d’être une, l’histoire affichée du BUMIDOM a été fabriquée dans le bruit des mensonges et la négation de la vérité. L’instrumentalisation du BUMIDOM à des fins politiques est sans aucun doute l’escroquerie intellectuelle et politique la plus grave qu’ait connu la Martinique, de la part de compatriotes à l’endroit d’autres compatriotes.

Dans un article paru en 2013 intitulé « Taubira donne un « coup de vieux » aux indépendantistes », je soulignais la franchise de l’ancienne ministre guyanaise qui disait pourquoi, au lendemain de la décentralisation en Outre-Mer, en 1983, la revendication nationaliste lui était apparue obsolète. La migration d’Etat n’a pas disparu avec la fin du BUMIDOM qui a été immédiatement remplacé par sa fille, l’ANT, puis sa petite-fille, LADOM. Mais l’idée de séparatisme qui justifiait les attaques faites au BUMIDOM ayant fait long feu, il ne fut plus besoin de combattre ses continuatrices. Du coup, à l’opposition caractérisée contre l’ancêtre a succédé une adhésion gourmande et unanime à ses successeurs.

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Le Pouvoir régalien et les « obligations » régaliennes de l’État

— Par Yves-Léopold Monthieux —
La dimension régalienne des attributions de l’État est souvent perçue comme un obstacle à la valorisation de l’identité martiniquaise. Aussi, la tentation est forte de s’affranchir de cette souveraineté, du moins dans les formes, par toutes initiatives susceptibles d’exorciser la réalité et de donner une couleur à l’identité. Cela passe par la sémantique qui conduit à exclure des mots comme métropole ou outre-mer, à en utiliser d’autres, et par des symboles comme le drapeau national ou nationaliste. En évoquant dans un récent article les attributions de l’État concernant l’Outre-Mer, Raphaël CONFIANT fait inconsciemment le constat que la manifestation de cette prérogative est devenue insupportable à la classe politique martiniquaise et que le pouvoir régalien s’est délité. Il convient de souligner dans de nombreux domaines l’application parcimonieuse de la règle de droit. Dans plusieurs tribunes j’ai essayé de montrer en quoi, en Martinique, le pouvoir régalien était devenu un leurre. Sauf que, loin de jeter le bébé avec l’eau du bain, on se soucie d’en conserver les dividendes.
Comme pour normaliser la réalité du terrain, voilà qu’apparaît le dernier néologisme en date, le « devoir régalien », qui se substituerait au « droit régalien ».

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La Martinique aura-t-elle son université à l’insu de son plein gré ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Dans la concurrence que se font en divers domaines la Guadeloupe et la Martinique, le département-région sait se faire aider par le gouvernement grâce à ses parlementaires et son lobby d’anciens ministres, de gauche et de droite. De ce fait, la mésestime de la collectivité martiniquaise pour les partis nationaux ainsi que son dédain pour les fonctions ministérielles sont perçus par Gwada comme des reproches en creux pour sa propre participation à des gouvernements français. Celle-ci se tait mais n’en pense pas moins. En tout cas, les postures de rupture du pouvoir local martiniquais ont un coût politique. La plupart des arbitrages gouvernementaux effectués entre les deux territoires se font au détriment de la Martinique.
S’agissant de l’enseignement supérieur, la Guadeloupe a le beau rôle. Alors que la Martinique est toute entière préoccupée par son statut politique, son drapeau et son hymne, le pôle universitaire de la collectivité voisine a su, préférant le concret au panache, développer des unités d’enseignement jusqu’à atteindre 70% des équipements de l’Université des Antilles (UA) et des activités afférentes. Elle se prévaut ainsi d’une primauté incontestable sur le pôle Martinique, lequel a pu être désigné juste comme une antenne de l’UA.

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