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Poignardé, Salman Rushdie est dans un état grave

L’écrivain, agressé au couteau lors d’une conférence à New York vendredi soir, a été placé sous respirateur artificiel.

Rushdie, les grandes lunes, au matin, font blason
de tout ce que la haine et la bêtise
ne sauraient ébranler.

Patrick Chamoiseau

— Par Caroline Constant —

Les nouvelles ne sont pas bonnes : l’écrivain Salman Rushdie est entre la vie et la mort, après avoir subi une agression au couteau vendredi 12 août, alors qu’il s’apprêtait à donner une lecture à la Chautauqua Institution, dans l’Ouest de New York. Touché au cou, au foie, et à un œil, qu’il pourrait perdre, il a été placé sous respirateur artificiel et se trouve dans un état grave, a indiqué son agent, Andrew Wilye. Les nerfs de son bras ont aussi été sectionnés.

Voir aussi : Salman Rushdie : « Pire est le monde, meilleurs sont les livres »

La scène, rapportée par un journaliste d’Associated Press présent dans la salle, s’est déroulée hier à 11 heures (17 heures en France). Un homme a bondi de sa chaise pour se jeter sur le romancier. La police indique que l’individu a donné « dix à 15 coups de couteau » à l’auteur, qui s’est écroulé.

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Refusons l’inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants

— Par le Groupe de recherche Achac —

Dans l’ouvrage collectif Refusons l’inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants (Philippe Rey, 2022), dirigé par le romancier Patrick Chamoiseau et la codirectrice du festival littéraire Étonnants Voyageurs Mélani Le Bris, vingt-trois écrivains — dont Mohamed Mbougar Sarr, Michel Agier, Achille Mbembe, Sébastien Thiéry, Pascal Blanchard, Éric Fottorino, Alexis Jenni, Christiane Taubira ou encore Souleymane Bachir Diagne — plaident pour la mise en place de la politique mondiale de l’hospitalité voulu par les regrettés Mireille Delmas-Marty, grande figure de l’humanisme juridique, et Michel Le Bris, écrivain et fondateur d’Étonnants Voyageurs. Les droits d’auteur de l’ouvrage seront reversés au Gisti, association d’aide aux migrants. Le festival Étonnants Voyageurs, la week end dernier leur a rendu hommage autour de ce livre-événement.

La guerre en Ukraine a révélé que les politiques migratoires des pays européens sont sélectives et discriminatoires. En effet, l’Europe a déployé des moyens considérables pour venir en aide aux exilés ukrainiens, trouvant en un temps record ressources et logements pour les accueillir, après plusieurs années de refus politique d’accueillir les réfugiés venant d’Afrique et du Moyen-Orient.

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Baudelaire jazz !

Avec Patrick Chamoiseau (texte et voix), Raphaël Imbert (saxophones, clarinettes, voix), Yasmina Ho-You-Fat (voix), Pierre-François Blanchard (piano), Celia Kameni (chant), Sonny Troupé (percussions, tambour ka), Nadir, (slam et danse), Solann (chant), Mbaé Tahamida Soly, (slam, poésie)

Patrick Chamoiseau et le saxophoniste Raphaël Imbert ont en commun le goût de la poésie et du jazz. C’est à l’occasion d’une résidence au musée d’Orsay à Paris, que l’auteur martiniquais, l’un des écrivains majeurs du monde contemporain, s’est plongé dans l’œuvre de Baudelaire dont il est certain que la liberté a nourri celle de Césaire, Glissant ou Fanon. La liaison entre la structure rythmique des mots du poète du XIXe siècle et celle du jazz a jailli comme une évidence pour ces deux grands artistes qui n’aiment rien tant qu’aller puiser aux racines d’une œuvre pour mieux
en faire surgir la modernité (on se souvient du merveilleux album Bach Coltrane de Raphaël Imbert).

Accompagnés par plusieurs artistes, évoluant dans des univers musicaux différents (jazz, rap…) , Patrick Chamoiseau et Raphaël Imbert convoquent, deux cents ans après sa naissance, un Baudelaire inattendu qui, à l’instar du blues, fait surgir la beauté du mal.

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Rien ne s’oppose à la nuit

— Par Patrick Chamoiseau —

En pays trop longtemps dominés — là où le libéralisme n’est pas identifié comme négation majeure : où les archaïsmes coloniaux s’éternisent en structures ; où l’individuation est un naufrage consumériste ; où l’envie le désir le vouloir n’habitent que la consommation : l’aide sociale ou bine l’économie ; où la déresponsabilisation collective règne ; où les médias demeurent insignifiants ; où le politique s’enlise dans la gestion et ne mobilise aucune élévation ; où l’impuissance syndicale hoquette en invectives ; où l’activité culturelle, la survivance intellectuelle, désertent l’inouïe complexité du monde ; où misère précarité rancœur sont aggravées par des réseaux sociaux dans lesquels aucun rêve n’est à vivre, pièce idéale affectée à l’agir, nulle espérance dégagée pour l’envol… — en pays trop longtemps dominés,  » rien ne s’oppose à la nuit! »

Elle grandit en France, elle grandit dans le monde, elle œuvre en chacun de nous.

À charge pour ceux qui la refusent encore de réinventer l’aube.

Patrick Chamoiseau, suite au triomphe de la monstruosité Le Pen dans cette monstruosité politique qu’est l »Outremer  » français.

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Jean-Claude Charles en Martinique

Jean-Claude Charles (1949-2008) est noir, né en Haïti, écrivain (poète, romancier, essayiste), journaliste de presse écrite (Le Monde où il publie des récits de voyage, …) et audio (France Culture,). Poète de « l’enracinerrance », il inaugura sa carrière de romancier avec un livre au titre énigmatique, Sainte Dérive des Cochons (1977). Les éditions Mémoire d’encrier (Montréal) ont entrepris de republier l’ensemble de son oeuvre. Derniers ouvrages parus en 2021 : Manhattan blues (1985) et Ferdinand je suis à Paris (1987). M. H.

Lettre à Vincent et aux autres

Extrait du magazine Revue Noire (1992)

On part de Berlin. On part de Paris, pour aller à Fort-de-France. On y reste quelques jours. On rencontre des personnages passionnants. A la Martinique, j’ai parlé d’écriture, de cinéma, d’amours. Et je me suis souvenu que Schœlcher était au Panthéon. Nous étions nombreux à mériter d’être au Panthéon, disais-je. “Encore faut-il que ça soit une bonne affaire”, a lancé quelqu’un en rigolant. Jours et nuits, nous avons parlé.

On tient un journal de bord.

L’ homme qui a vu. À lui, désormais, de raconter ce qu’il a vu.

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Penthésilé.e.s – Amazonomachie

Samedi 29 Janvier 18h30 – Salle Frantz Fanon

Compagnie 0,10

La reine-pharaonne Hatshepsout, Anne Boleyn, Elizabeth 1er, Margaret Thatcher, Angela Merkel… la liste pourrait être longue des femmes qui ont été dans leur vie, avec plus ou moins de succès, aux prises avec le pouvoir.
Qu’elles l’aient choisi, qu’elles soient attirées par lui, qu’il leur soit assigné, toutes ont dû mener un combat pour l’exercer, le conserver, s’en défaire ou l’obtenir.

Penthésilée est la reine des Amazones. Cette tribu guerrière n’admet pas les hommes chez elle ou ne s’en sert que lorsque de nouvelles naissances sont nécessaires.
Penthésilée est une figure de la guerre de Troie.
Penthésilée, la reine, l’Amazone, est un mythe.

Penthésilé.e.s – Amazonomachie est un spectacle indiscipliné qui mêlera le théâtre, la danse, la musique/le chant et la vidéo.
Ce spectacle se développe en deux temps, deux parties. Il est séparé, fracturé, coupé en deux. A l’image de Penthésilée, qui doit sans cesse, au-delà de son amour pour Achille, trancher, prendre des décisions impossibles.
Tout commence à la mort de Penthésilée. A la chute de l’héroïne.


Conception, mise en scène : Laëtitia Guédon

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Célébration de la Journée Internationale des Droits Humains

« Karayib, an sel rasin ! »

— Par Culture Égalité —

Les Droits Humains sont plus que jamais bafoués en ces temps de repli sur soi, de nationalisme exacerbé, de rejet de l’autre. Haïti, nos sœurs et frères de la Caraïbe, étaient au cœur de cette soirée.

Cette journée internationale des droits humains a rassemblé, le 11 décembre 2021, au dernier étage de l’Hôtel Impératrice, à Fort de France : le Mouvement du Nid, l’ASSOKA, les Amazones, Kap Caraïbe, ESA, Cellule Action et l’association Culture Egalité, organisatrice de cet événement.

Comme chaque année depuis trois ans, celle-ci a remis son prix des droits humains. Ce prix avait été décerné en 2018, à Danièle Magloire, féministe haïtienne, en reconnaissance de son engagement indéfectible pour le respect des droits des femmes – droits humains ; en 2019, à Huguette Bellemare, membre de Culture Egalité, pour son travail de vulgarisation sur le matrimoine américain et caribéen ; et en 2020, à l’ASSOKA, pour l’aide militante et juridique apportée aux migrant.es caribéen.nes… Cette année c’est le « Mouvement du Nid » représentée par Lavinia Ruscigni et son équipe qui est mis à l’honneur pour l’accompagnement sans relâche de femmes migrantes privées de droits et contraintes à la prostitution pour survivre.

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Festival Filao 2021

18 & 19 décembre 2021 à Saint-Pierre

Fabrice di Falco réuni sur scène des artistes qui ont accepté d’offrir leurs passions et de la partager gracieusement.

La ville de Saint-Pierre accueille le festival Filao : Opéra, créole jazz, bélè, théâtre, danse, pour un week-end festif avec des artistes de renoms sous la direction artistique de Fabrice di Falco… Tous les ingrédients pour découvrir la ville de Saint-Pierre avec des formes artistiques différentes proposé au public gracieusement comme cadeau de Noël. Un moment de rencontre et de partage sous l’arbre de Noël Antillais, comme un week end de réveillons artistique avant les fêtes de fin d’année.

Un festival organisé par l’Association, Les Contre Courants, président Julien Leleu. Avec le soutien de la ville de Saint-Pierre, le comité Martiniquais du tourisme, la DAC Martinique, la collectivité de Martinique, la Fondation Clément, la Caisse des Dépôts et la Fondation Orange.

Le mot du Président Fabrice Di Falco
Notre volonté est double : célébrer l’alliance de la littérature, du théâtre et de la musique, et honorer la Martinique à travers ses créateurs ou ceux qui l’ont chantée : Aimé Césaire, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Daniel Picouly … C’est la région et la ville de Saint-Pierre qui seront mises en valeur pour ce festival d’art et d’histoire.

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Considérant la Kanaki

— Par Patrick Chamoiseau —

1 – Il existe des inaliénables qu’un référendum, ou qu’une mécanique électorale, ne saurait annuler.

 2 – Aucun acte démocratique ne saurait, sans sortir de la Démocratie, légitimer l’annulation des droits fondamentaux concernant les peuples, les individus, ou toutes les formes connues et inconnues du vivant.

 3 – Le droit de vote des femmes, le droit à l’avortement ou l’abolition de la peine de mort en France, et bien d’autres fondamentaux, ont été décidés par ordonnances et lois. Autrement, ces avancées majeures auraient été rejetées. Le Droit éclaire la voie par ce qui s’impose à lui.

 4 – Dans les pays où ces droits sont encore offusqués démocratiquement, ils n’ont rien perdu de leur légitimité. Ils hurlent toujours.

 5 – Un référendum ou une mécanique électorale, encore plus quand ils sont frappés d’aberrations, ne sauraient donc annuler le droit des Peuples premiers à disposer de leurs terres.

 6 – La démocratie est fondée sur le respect de ces droits fondamentaux. Elle ne saurait ruiner ces fondations sans se ruiner elle-même. Ils s’imposent à elle comme chant inaugural, vertébrale de maintien.

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Littérature : le poète Martiniquais Loran Kristian remporte le 31e prix Carbet

Les silences du poète racontent.
Ils racontent un silence qui fait peuple.
Un silence de mots qui nous emportent loin, si près de nous-mêmes,
À l’écorché des âmes.
Mots-hommages qui boucanent aux aurores,
Mots-furtifs qui luisent aux nuits de sabbat.
Mots-Liberté,
Mots-debout dans l’asphalte poudrée en son or,
Mots pour dire son précieux reflet,
Mots-purs, intenses, neufs qui s’inscrivent dans les soubresauts de nos horizons actuels.
Mots-oxygène, ils sont,
Mots instants de vie,
Mot-solitude,
Mot-amour
Mots-résistances qui échappent aux discours dominants.
Mots-mélodies,
Mots-mélancolies,
Aux accents et aux imaginaires de nos « moi » créant ainsi un langage singulier, une langue unique qui manifeste nos alphabets caraïbes et américains.
Mots si près de l’humain,
Mot-émancipation,
Mot-décolonisation,
Mot-souverains,
Mot-destruction des mondes anciens et rétrogrades.
Mots-sans peur qui ne se soumettent pas aux ordres militants.
Mot-Liberté.

…Je dépose ça là, en silence, pour la hauteur du combat avenir…

Mots qui nous obligent à dire : le Prix Carbet de la Caraïbe et du Toutmonde, réuni à Paris, ce 11 décembre 2021, est attribué à Loran Kristian
pour son ouvrage Les mots de silence paru chez K.

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Lettre d’information de la Direction des Affaires Culturelles de Martinique. Novembre 2021

Édition du 15/11/2021

Depuis le 8 novembre dernier, la vie culturelle reprend un nouveau cycle en Martinique : pour tenir compte d’une situation sanitaire dont les indicateurs épidémiologiques s’améliorent mais sont toujours préoccupants, le couvre-feu s’effectue de 20h à 5h et les établissements culturels recevant du public bénéficient d’une facilité permettant au public de retourner à son domicile jusqu’à 22h.

Le public est ainsi invité, en cas de contrôle, à présenter l’attestation de déplacement dérogatoire ainsi qu’un justificatif (carte de membre d’une école de pratiques artistiques, billet de spectacle, ticket de cinéma…).

Ces modalités, vouées à perdurer jusqu’à la fin de l’année 2021, permettent une reprise de la programmation culturelle en soirée dans le respect des mesures et des gestes barrières.

Mobilisée pour accompagner cette relance du secteur culturel, l’équipe de la Direction des affaires culturelles reste à l’écoute des artistes et des acteurs culturels pour leurs projets à réaliser en 2022. Les dossiers de demande de subvention pour l’année 2022 sont à adresser avant le 10 décembre 2021 (hors appels à projet spéficiques).

Ensemble, pour #VivreLaCulture

Christophe Pomez
Directeur de la publication
Directeur des affaires culturelles de la Martinique

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Dominique Berthet, Création et insularité, Paris, L’Harmattan, Coll. « Les Arts d’ailleurs », 2020, 215 pages.

— Par Mireille Bandou Kermarrec —

L’ouvrage « Création et insularité » est la restitution du colloque qui s’est tenu en Guadeloupe en novembre 2014 sur le thème « Créations insulaires ». Notons que « créations insulaires » est au pluriel. Un titre qui a fait réagir de nombreux artistes, le qualificatif insulaire indexant leurs créations dans une catégorie à part de l’art contemporain. Le titre « Création et insularité », retenu pour ce volume, est au singulier. La liaison « et » qui n’est pas anodine, ouvrirait une réflexion plus large sur la corrélation entre les deux termes. Le terme création englobant différentes disciplines artistiques et diverses formes d’art, notamment les formes d’art développées dans la Caraïbe. Insularité renvoyant à l’île, lieu où l’artiste est censé vivre et créer.

Mais de quelle île s’agit-il ? L’île géographique, définie par ses paysages, ses contraintes, ses limites, l’île déserte ou habitée ? L’île paradisiaque et fantasmée des dépliants touristiques ? Ou bien, les îles imaginaires du cinéma et de la littérature ?

L’artiste aurait-il une façon de penser et de créer qui serait différente selon qu’il habiterait sur une île ou sur un continent ?

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Pour saluer l’Oiseau de Cham

Par Anatole Atlas —

Si quelque virus ne s’était emparé de la planétaire cité dolente jusqu’aux tréfonds de son système nerveux détraqué, l’immunité mentale collective serait suffisante pour que chacun puisse goûter, comme un élixir poético-prophétique, cet antipoison radical qu’est l’œuvre de Patrick Chamoiseau. Œuvre définie dans son dernier ouvrage comme « cheminement  ’’ dépourvu de chemin ’’ vers la compréhension » de « cette énigme indépassable qu’est la littérature ». Qui pourrait être ce vaccin dont le monde a besoin…

Le conteur, la nuit et le panier ne porte pas un titre facile à ranger sur l’armoire aux bibelots d’inanité sonore : c’est la moindre des raisons pour lesquelles on ne risque guère d’en voir signalée l’existence dans la presse en Belgique, plus prompte à célébrer Bob Morane. Et pour cause : nulle part n’est mieux rompu l’os pour sucer la substantifique moelle d’une mémoire des affres coloniales qui reste plus encore qu’un tabou : une prohibition dans ce pays. Si « Rabelais, ce père du langage, ce surgissement d’une catastrophe esthétique extrême, venait certainement d’une plantation martiniquaise » ; si « Rabelais est un conteur créole », pourquoi Chamoiseau ne serait-il pas issu d’une colonie belge en Afrique ?…

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Hommage au Maestro Kadak

— Par Patrick Chamoiseau —

Maestro,

Nous savons maintenant que la danse, que le chant, que le rythme, et donc fondamentalement la musique, ont été le soleil de notre drame collectif. Dans l’horreur du bateau négrier ou dans l’enfer des plantations, c’est d’abord la musique qui a nourri notre résistance inaugurale et qui, plus largement, a amplifié les assises de notre conscience individuelle, puis de notre âme collective. Notre musique, faisant soleil, a fait lever une belle aurore sur notre apparition comme peuple et comme nation, et sur notre devenir.

Chanter, danser, faire rythmes et faire musique, sont des forces poétiques. Elles sont au principe de ce que nous étions, et de ce que nous sommes aujourd’hui. C’est l’élargissement des bases de la conscience par les forces poétiques qui permet d’accéder aux amplitudes de la lucidité, et donc à toute vraie résistance aux négativités. Si la lucidité s’éloigne de sa base poétique, elle devient amère et stérile ; si elle se perd dans sa base poétique, elle n’est plus qu’une de ces perceptions qui restent vaines, inaccomplies. Le chant, la danse, le rythme, la musique, peuvent donc s’élever dans la lucidité féconde où les peuples se construisent, mais ils peuvent aussi verser dans les insignifiances du seul divertissement où les peuples s’abiment.

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Pour Edgar Morin

— Par Patrick Chamoiseau —

Ici, quand il pleut, ce sont les gouttes qui font le ciel, qui trament aussi la terre dans une même envolée, mais pas un parmi nous ne connait si ce sont des sanglots de soleil ou les éclats d’une énergie dont nul ne tient le nom, ni comment ce qui scintille dessine d’impalpables matières où le vivant s’assemble parmi les herbes folles à la célébration des vers et la jubilation d’une fougère assoiffée.

On peut hélas compter les papillons, ils sont des événements, balises fantômes de la grande perte et de l’absence où tout s’effondre, mais il y a (heureux bonheur) l’infini des parfums qui s’emmêlent et se distinguent ensemble, légers, mouillés, comme portés de frissons en pensées, jusqu’aux fragrances qui accompagnent le jaunissement des fruits-à-pain… Là j’ai pour vous, une fois encore comme après tant de fois, contemplé la musique architecte des désordres, la forge qui sans cesse détruit et renouvelle, l’épuisement qui devient, cette lancée d’avenir dans cet épuisement même, et j’ai compté pour vous les mesures de l’alliance où se tient ce qui est séparé, tout comme ces horizons qu’il faut apprendre à deviner dans ce qui nous semble obscurément soudé.

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En juin 2021, « Les Révoltés du Monde » font leur retour en Martinique

Le Festival International du Film Documentaire de Martinique se déroulera cette année du Jeudi 24 Juin au Samedi 3 Juillet. 

« On vous attend nombreux  – mais sans oublier les règles sanitaires – pour un Festival haut en couleurs ! Du 24 Juin au 27 Juin au cinéma Madiana à Fort-de-France, puis du 29 Juin au 3 Juillet dans nos dix communes partenaires :  Le Carbet, Saint-Pierre, Sainte-Luce, Le Diamant, Rivière Salée, Les Anses d’Arlet, Schœlcher, Saint-Joseph,  Le Lorrain et Le Prêcheur ! »

À l’origine prévu du jeudi 15 au samedi 24 avril 2021, ce festival organisé par l’association Protea-Les Révoltés de l’Histoire avait dû être reporté, en raison des mesures sanitaires liées à la pandémie. L’association propose chaque année trois festivals de films documentaires, traitant de l’histoire des peuples afro-descendants et ultramarins, un en Seine-Saint-Denis, un à l’île de La Réunion, et le dernier à La Martinique, où aujourd’hui elle nous invite à découvrir une sélection de quatorze films, dont cinq en avant-première… Esclavage, lutte des peuples pour la reconnaissance de leurs droits, évocation du passé colonial, sans oublier le rôle de la culture vu au travers de portraits saisissants… cette année encore le programme est chargé de sens, et porteur d’espoir.

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Petite éphéméride non exhaustive de juin 2021 en Martinique

Vendredi 4 juin à 18h30 : rencontre avec Patrick Chamoiseau

Où ? À la Maison d’Aimé Césaire

Autour de sa dernière œuvre, Le conteur, la nuit et le panier.

Pour en avoir plus, lire l’article sur ce site.

Samedi 5 Juin à 18h : Lecture par Mohamed Kacimi : Sur les pas de Kateb Yacine 

Où ? À La Terrasse de Tropiques Atrium Scène Nationale – Entrée libre. Attention : la jauge est limitée !

Mohamed Kacimi est auteur, romancier, poète, dramaturge et essayiste algérien. Il est aussi traducteur. Dans ses écritures, il s’empare de sujets complexes, parfois douloureux, interrogeant sans relâche les relations humaines, les croyances, les grands récits du monde.Il est l’auteur de la pièce Congo Jazz band, mise en scène par Hassane Kassi Kouyaté, accueillie en octobre 2020, à Tropiques Atrium Scène Nationale à Fort-de-France.

Kateb Yacine (1929 / 1989) : Écrivain, poète, romancier, dramaturge, metteur en scène, essayiste et journaliste algérien, il est une figure majeure de la littérature et du théâtre. Son œuvre traduit la quête d’identité d’un pays et d’un peuple aux multiples cultures.

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En compagnie d’Édouard Glissant sur France-Culture

Édouard Glissant, le langage du Tout-Monde 

 » Le poète achemine la connaissance du monde dans son épaisseur et sa durée, l’envers lumineux de l’histoire qui a l’homme pour seul témoin. »
Alors que l’on commémore cette année les dix ans de sa disparition, nous vous proposons aujourd’hui de cheminer en compagnie d’Édouard Glissant, poète et philosophe martiniquais, fondateur des concepts de « créolisation » et d' »antillanité », et auteur d’une oeuvre dense, riche, dans laquelle il s’applique à penser le Tout-Monde, ce monde dans lequel toutes les cultures et les langues sont mises en relation, s’influencent et se transforment. Lire l’oeuvre d’Édouard Glissant, c’est faire l’expérience d’un langage singulier, à la fois exploration poétique et acte politique d’émancipation. Lire Édouard Glissant c’est aussi rencontrer une pensée dynamique fondée sur la relation, et extrêmement féconde pour penser notre monde contemporain. Alors écoutez la voix et les mots du poète et de ses compagnons !

1 Patrick Chamoiseau, une voix dans la nuit

Dans le sillage d’Édouard Glissant, l’écrivain Patrick Chamoiseau pense la création littéraire comme suivant un moment proche du chaos. Dans son nouvel essai Le Conteur, la nuit et le panier il interroge, sous la forme d’énigmes initiales, l’impératif de conter pendant la nuit et mène une réflexion autour de l’Écrire, de la figure du conteur créole et du  » choc esthétique ».

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Rabelais pourrait bien être un conteur créole

LE CONTEUR, LA NUIT ET LE PANIER, Patrick Chamoiseau. Seuil, 272 pages, 21 euros

— Par Muriel Steinmetz —
C’est une des hypothèses de Patrick Chamoiseau, dans un livre qui célèbre les maîtres de la parole venus d’Afrique et leurs descendants contemporains.

Comment Patrick Chamoiseau a-t-il découvert la voix de son propre chant, dans des langues « offertes par le hasard
», le créole, le français ? Il explore dans ce livre la naissance de sa vocation d’écrivain. Et met en garde : ici, pas de recettes narratives, ni d’atelier d’écriture ! Son texte, complexe, lumineux, poétique, théorique, clair et énigmatique, s’articule telle une « laronde », nom donné, dans les plantations colonialistes, aux traditions des veillées antillaises. Lors de ces veillées souvent mortuaires, un conteur prenait la parole, en créole, dans un « silence de roche ».

Langue dominée, Langue matricielle

Chamoiseau tresse de concert l’essai au récit. En des chapitres intimes, il revient sur la terre ferme de son enfance, par bouffées de mémoire structurelle. Il évoque « les petits-lots ficelés » que sa mère, Man Ninotte, pas « véritablement lettrée », lui rapportait du marché après avoir vidé la brouette d’un djobeur (celui qui effectue de menus travaux), débordante de rebuts de librairie.

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Haïti: Lettre ouverte à la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie

Madame Louise Mushikiwabo,

Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie,

Madame la secrétaire générale,

Nous, écrivains de langue française, représentants des cinq continents de la francophonie, préoccupés par la situation haïtienne caractérisée par la mise en place d’une dictature, le président de facto Jovenel Moïse se maintenant au pouvoir par la force au-delà de son mandat constitutionnel expiré le 7 février 2021, vous demandons de ne fournir aucun appui à un pouvoir décrié et rejeté par le pouvoir judiciaire haïtien, les églises catholique et protestante, la confédération des barreaux haïtiens, les organismes de défense des droits humains, l’association nationale des magistrats haïtiens, l’opposition politique organisée, nombre d’associations de la société civile, des personnalités haïtiennes appartenant à différents domaines d’activité.

Nous comprendrions mal que l’institution que vous dirigez, dont l’existence n’est fondée que sur l’exigence de solidarité réelle avec les communautés et pays de langue française, s’engage avec un pouvoir illégitime qui multiplie les exactions, les décrets et autres mesures liberticides. Vous n’êtes pas sans savoir que le pouvoir utilise des gangs lourdement armés par lui, comme force répressive aux actions meurtrières dans les quartiers populaires.

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Manifestes pour un mouvement à travers l’océan des humanités

— Par Aliocha Wald Lasowski, philosophe —
Un ouvrage rassemble, pour la première fois, six textes coécrits par les penseurs martiniquais Patrick Chamoiseau et Édouard Glissant. Dix ans après la mort de ce dernier, d’autres ouvrages nous invitent à naviguer dans son sillage.

Manifestes
Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau,
préface d’Edwy Plenel
La Découverte et Institut du Tout-Monde, 2021,
168 pages, 14 euros

En 2009, évoquant les États-Unis saccagés par le racisme et la xénophobie, les écrivains et penseurs martiniquais Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau voient l’élection de Barack Obama comme l’imprévisible réalisation de la créolisation, ce processus en devenir du tissage de contacts et de relations mêlées. « Dans un pays où toute idée de rencontre, de partage, de mélange était violemment repoussée par une grande partie de la population » , Obama incarne alors la diversité, lui qui grandit à Hawaï, d’un père kényan, d’une mère du Kansas et d’un beau-père indonésien. Cette analyse éclairante, publiée aujourd’hui avec d’autres textes sous le titre Manifestes , montre comment la haine peut être dépassée par la mondialité, conçue, espérée comme un « imprévu de métissages inouïs et inattendus ».

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Louis-Philippe Dalembert, nouvel auteur en résidence à Sciences Po à Paris

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Le romancier et poète Louis-Philippe Dalembert, que les lecteurs du National avaient (re)découvert dans l’entretien qu’il a accordé le 8 septembre 2020 à notre collaborateur Robert Berrouët-Oriol (« Entrevue avec Louis-Philippe Dalembert pour saluer la parution de « Cantique du balbutiement » (poésie) », est l’invité au premier semestre 2021  de la Chaire d’écrivain en résidence au prestigieux Centre d’écriture et de rhétorique de Sciences Po à Paris. L’annonce de cette résidence, qui vient de paraître sur le site de Sciences Po Paris, marque une étape importante dans l’élaboration de l’œuvre de l’écrivain. Après Kamel Daoud, Marie Darrieussecq, Patrick Chamoiseau et Maylis de Kerangal, Louis-Philippe Dalembert est le cinquième auteur à rejoindre Sciences Po comme titulaire de la Chaire d’écrivain invité.

Fondé en 1872, l’Institut d’études politiques de Paris, communément appelé Sciences Po, est un grand établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel dans les domaines des sciences humaines et sociales, notamment le droit, l’économie, l’histoire, la sociologie et la science politique. Jouissant d’un énorme prestige dans l’enseignement supérieur en France et à l’international, Sciences Po est également connu comme vivier de formation de la haute fonction publique française.

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Sciences sociales : nouveautés du 13 décembre 2020

L’histoire des sciences sociales débute avec le siècle des Lumières, autours de 1650, lorsqu’une révolution au sein de la philosophie naturelle a changé le cadre de référence avec lequel les individus jaugeaient de la scientificité. Les sciences sociales sont issues de l’éthique de cette époque et ont été influencées par le long XIXe siècle ( la révolution industrielle et la révolution française, notamment). Les sciences sociales se sont développées à partir des sciences (expérimentales et appliquées), de savoirs existants, de pratiques normatives, et ce, dans un élan et une vision de progrès social lié à des groupes sociaux donnés.

Le terme de science sociale apparaît pour la première fois en 1824 dans l’ouvrage de William Thompson (1775-1833), An Inquiry into the Principles of the Distribution of Wealth Most Conducive to Human Happiness; applied to the Newly Proposed System of Voluntary Equality of Wealth.

Les débuts des sciences sociales au 18e siècle se reflètent dans la grande encyclopédie de Diderot, avec des articles de Jean-Jacques Rousseau et d’autres pionniers. L’émergence des sciences sociales se reflète également dans d’autres encyclopédies spécialisées. La période moderne a vu la science sociale être utilisée pour la première fois comme un champ conceptuel distinct.

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Non au masque de la censure sur les violences policières !

Déclaration

La loi visant en fait à interdire de filmer les violences policières fait l’objet d’une vive et légitime opposition en France. À dire vrai, si l’article le plus contesté de ce projet de loi entrait dans les faits ce serait, même avec les amendements tactiques discutés, l’une des atteintes aux libertés les plus graves depuis la guerre d’Algérie.

Cette loi a une apparence. Elle serait une mesure destinée à protéger les membres des forces de l’ordre des appels à la vindicte populaire.

Elle a une réalité plus sinistre. Empêcher la diffusion de vidéos sur des violences policières qui n’ont cessé d’émailler les derniers mois dans l’hexagone comme aux colonies.

Dans ces dernières, il est de notoriété publique que la lumière jetée sur les méfaits de la répression est l’instrument principal de lutte contre l’impunité qui a trop souvent bénéficié à leurs auteurs.

L’hypocrisie de l’argument officiel n’a échappé à personne. L’arsenal juridique permettant de punir les éventuelles mises en danger de l’intégrité des policiers est trop abondant pour qu’on puisse croire à la nécessité de le compléter.

Sortir de la vue de la population les hauts faits de la répression, réduire à néant les affaires de brutalités contre Keziah, les gilets jaunes éborgnés leurs mains arrachées, les Adama Traore et Chouviat torturés à mort : tel est le but poursuivi.

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Monsieur le Président, nous n’avons pas voté pour ça

— Par Les invités de Mediapart Blog —

Dans un appel confié à Mediapart, trente-trois personnalités de la société civile ayant voté pour Emmanuel Macron en 2017 lui demandent le retrait de projets de lois qui font «reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation».

En 2017, nous avons voté pour vous. Certains dès le premier tour en adhérant à votre promesse d’une rupture libérale et progressiste avec des politiques autoritaires et conservatrices. Les autres au second tour pour faire barrage à la candidature d’une extrême-droite nationaliste, xénophobe et raciste.

C’est au nom de ces votes que nous vous interpelons, dans la diversité de nos sensibilités. Car, au prétexte d’une illusoire sécurité face aux désordres du monde, le gouvernement et la majorité qui agissent en votre nom sont en train de restreindre nos libertés fondamentales. Celles qui garantissent la vitalité de la démocratie française, permettant la libre expression des critiques, protestations et oppositions.

Les projets de lois dites « Sécurité globale » et « Séparatisme », devenue « Loi confortant les principes républicains », font en effet reculer les libertés d’information, d’opinion, de croyance, d’éducation, d’association, de manifestation et de contestation.

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