1292 search results for "Ina Césaire"

Liberté de la presse en Martinique Lise vs Césaire

par Roland Sabra



« La presse est-elle libre en Martinique ? » Telle était la question débattue au Club presse Martinique le 04/05/10 à Fort-de-France. Il s’agit là d’une fausse question, une question de journaliste, une question que l’on pose à un homme politique que l’on ne veut pas mettre dans l’embarras, une question forcément consensuelle : OUI, bien sûr la presse est libre en Martinique. La vraie question serait : « Que font les journalistes de la liberté de la presse en Martinique? » Et là la réponse est loin d’être évidente! Quelques faits de l’actualité récente suscitent des interrogations sur cet usage de la liberté. Par exemple, on peut légitimement se demander pourquoi faut-il que ce soit un non-journaliste qui pose la question qui fait exploser en plein vol Alfred Marie-Jeanne (AMJ), au dessus du Lycée Schoelcher? Pourquoi faut-il qu’un journaliste de RFO invente de toute pièce, le mensonge de la soi-disant appartenance de ce citoyen questionneur au PPM pour « excuser » le comportement d’AMJ? Il ne s’agit plus d’information mais de désinformation. Gageons que la hiérarchie à sanctionné ce manquement à l’éthique (?)

→   Lire Plus

Aimé Césaire Précurseur d’une métamorphose. Tracé d’une aliénation par Rodolf Etienne

 

Aimé Césaire

 

Précurseur d’une métamorphose
Tracé d’une aliénation

 

 par Rodolf Etienne

Lire la suite

__-

 I. Tracé d’une aliénation

 Eléments de définition

 

Puisqu’il en faut une pour ouvrir le débat, considérons la définition suivante du terme créole, tirée du dictionnaire Larousse,

 

n. et adj. d’abord attesté sous les formes hispanisantes crollo (1598), criollo (1643), puis francisé en créole, en 1670. Il est emprunté à l’espagnol criollo (1590), lui-même emprunté au portugais crioulo, seulement attesté en 1632 au sens de « métis noir né au Brésil ». Ce mot est dérivé, avec un suffixe mal éclairci, de cria, dérivé régressif de criar « élever » (espagnol criar), issu du latin creare, signifiant « créer ».

 (…)

L’expression  langue créole, attestée en 1688 et reprise au XIXème siècle, est probablement un emprunt direct au portugais, à en juger par la localisation de la première attestation relative au créole portugais parlé au Sénégal1. Et jusqu’à la fin du XIXème siècle, les créoles étaient considérées comme une simple altération du français, de l’anglais, du néerlandais, du portugais ou de l’espagnol.

→   Lire Plus

« Anjo Negro » : La programmation audacieuse de Michelle Césaire

— Par Roland Sabra —


Ces dernières années elle ne nous avait pas habitués à une telle prise de risque. Une programmation sage, sérieuse, de qualité qui concourrait à former un public qui appréciait ce louable effort de pédagogie. On allait au Théâtre de Foyal, les yeux fermés, il suffisait de les ouvrir dans la salle et de découvrir ce que la programmatrice avait sélectionné bien souvent pour notre bohneur. C’était oublier un peu vite que Michelle Césaire est une femme de théâtre, qu’elle est aussi metteur en scène, et que son regard  s’est affuté à des choix artistiques exigeants, déroutants et parfois élitistes, dans le bon sens du mot. Elle ne a fait la preuve en ramenant de la Chapelle du Verbe Incarné à Avignon Angelo Negro une pièce de Nelson Rodrigues. L’auteur brésilien, cinquième enfant d’une famille de journalistes est né, en 1912 à Recife. Son enfance se déroule dans un climat pulsionnel intense, entre une mère jalouse et possessive et un père absent  de par son implication dans la politique et le journalisme. A l’âge de huit ans il participe à un concours de rédaction en classe et fait la narration d’un adultère!

→   Lire Plus

«Le Grand Camouflage», de Suzanne Césaire

Suzanne l’aimée de Césaire

 Dissidence. «Le Grand Camouflage», recueil d’essais poético-politiques de la femme de l’écrivain martiniquais.

 

 

NATALIE LEVISALLES

 

–__-

Suzanne CésaireLe Grand Camouflage. Ecrits de dissidence(1941/1945)Seuil, 130 pp., 14 euros, à paraître le 7 mai.

 

Tout commence quand un bateau faisant route pour New York et transportant des dizaines d’exilés (dont Claude Lévi-Strauss, Anna Seghers, Wifredo Lam, André Breton…) fait escale en Martinique. Breton, qui cherche un ruban pour la petite Aube, entre dans une mercerie de Fort-de-France, il tombe sur la revue et y lit des poèmes qui le bouleversent. Il demande à rencontrer son auteur, Aimé Césaire. La mercière, qui se trouve être la sœur du philosophe René Ménil, un des cofondateurs de la revue avec Aimé Césaire et sa femme Suzanne, met tout le monde en contact. C’est le début d’un réseau d’amitiés croisées et d’influences artistiques étonnamment fécondes.
«Le grand camouflage», l’essai qui donne son nom au livre rassemblé par l’écrivain Daniel Maximin, a été écrit par Suzanne Césaire en 1945, c’est un écho de cette journée, un texte poético-politique d’une grande énergie, à la fois lyrique et ancré dans la géographie et l’anthropologie de la Martinique.

→   Lire Plus

Aimé Césaire et les  » vieilles colonies » : une politique ambiguë

par Thierry Michalon

L’œuvre politique du député Aimé Césaire restera pour la postérité marquée par le rôle-clé qui fut le sien dans la transformation, par la loi du 19 mars 1946, des « vieilles colonies » en départements. Rapporteur de la proposition de loi, il plaida avec vigueur pour que la République prenne acte de l’assimilation culturelle de ces populations à la Nation française, qu’il présentait comme réalisée, et leur étende désormais ses lois, non applicables aux colonies. Mais il ne tarda pas à découvrir et à déplorer les effets de l’application des lois sur la culture de ces peuples, et à regretter cette départementalisation – comme s’il avait pris conscience trop tard de l’impact socio-culturel du droit – au profit d’une vigoureuse revendication d’autonomie…qu’il mit en veilleuse au lendemain de la victoire de la gauche aux élections de 1981.

L’expansion coloniale française se fit, on le sait, en deux phases historiques distinctes, au XVIIème puis au XIXème siècle. Lorsque s’amorça la seconde de ces phases, seuls ne subsistaient sous souveraineté française – le Canada, l’immense Louisiane, la partie ouest de Saint-Domingue (qui produisait à la veille de la Révolution les trois-quarts du sucre du monde et faisait la fortune des ports français) notamment, ayant du être abandonnés – que quelques-uns des territoires ayant constitué le premier empire colonial : la Martinique, la Guadeloupe et ses dépendances, la Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Réunion, Saint-Louis et Gorée au Sénégal, enfin les « comptoirs » de l’Inde.

→   Lire Plus

Un poète politique : Aimé Césaire

MAGAZINE LITTÉRAIRE n° 34. Mensuel. La littérature et la drogue. Novembre 1969. 59 p.



aime_cesaire-9_300Il est député de la Martinique depuis la Libération, il a été avec Senghor, reconnu comme le plus grand poète noir d’expression française. Comment s’accordent, en lui, la négritude, la poésie et la politique ?


Le Magasine Littéraire. — Quels ont été vos sentiments, quelle a été votre impression quand vous avez quitté la Martinique pour venir terminer, en tant que boursier, vos études à Paris ?

Aimé Césaire. — Je n’ai pas du tout quitté la Martinique avec regret, j’étais très content de partir. Incontestablement, c’était une joie de secouer la poussière de mes sandales sur cette île où j’avais l’impression d’étouffer. Je ne me plaisais pas dans cette société étroite, mesquine ; et, aller en France, c’était pour moi un acte de libération.

— Est-ce qu’alors vous vous sentiez colonisé ?

— C’était confus ; je ne savais pas grand chose de ça. Existentiellement, je me sentais mal à l’aise ; j’étouffais dans cette île, dans cette société qui ne m’apportait rien et dont, très tôt, j’ai mesuré le vide.

→   Lire Plus

Aimé Césaire, Adieu au Nègre Majuscule

 

— Par Joël Des Rosiers, Poète et psychiatre —

 

aime_cesaire-9_300Je pleure Aimé Césaire aujourd’hui. C’est l’heure où j’ai autant envie de garder le silence car tout ne peut être dit de ce qui n’est pas chanté dans le chant. Je pleure Aimé Césaire aujourd’hui… J’entends les démons vibrant de mort qui versent la mort sur l’homme. J’entends le vent d’îles, « la brise de mer est sur les cayes ». La Martinique, caye qu’il a tant aimée et parcourue au gré des chemins-chiens. Mais la naissance, la vie, la mort et la résurrection du poète agrandissent son île à la démesure de l’univers.

 

 

Ce qui me rend son île encore plus proche, c’est la lutte que mène son peuple pour la survie en un étrange combat, subtil et raisonné selon moi, en « pays dominé », au moyen des « armes miraculeuses » qu’a fondues le poète. Et j’ai nécessité de dire combien nous chérissons la valeureuse Martinique dont beaucoup d’Haïtiens sont originaires y compris le plus sanglant de nos dictateurs. Et j’ai besoin de chanter qu’elle a fait don à notre histoire de tant de héros venus combattre à Saint-Domingue, à Savannah, au Vénézuéla pour la liberté.

→   Lire Plus

Nous avons tous un Césaire à raconter

 — par Patrice Louis —

 

  aime_cesaire-7Il est extrêmement frappant de voir qu’en Martinique chacune et chacun a un Césaire à raconter. Son Césaire. Le grand homme, il est vrai, a de quoi nourrir diversement les uns et les autres : noir, poète, élu, humaniste. Il a, peu ou prou, accompagné tous ses compatriotes de son île natale.

 

La première image qui vient remonte à l’après-guerre. Pour la première fois, les femmes vont voter. Aimé Césaire, jeune professeur au lycée Schoelcher, se présente. Une « marchande », archétype du petit peuple, annonce fièrement : « Je vais voter pour la grammaire. » Les liens se tissent solidement entre les Martiniquais et l’intellectuel, écrivain naissant issu de Normale sup, pétri de latin et de grec tout autant que convaincu de la richesse des civilisations africaines d’où viennent ses ancêtres asservis. Pendant un demi-siècle (maire de Fort-de-France cinquante-cinq ans, député quarante-huit ans), le héraut de la négritude a représenté son île. Il n’est guère d’autres terres au monde incarnées par un poète, sauf, précisément, le Sénégal, avec Léopold Sédar Senghor, cofondateur du concept avec l’Antillais.

→   Lire Plus

De Césaire à Glissant, état de l’insurrection poétique

  –— Par Hubert Artus —

 Il y a un an, à l’occasion des Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, un manifeste faisait du bruit: « Pour une littérature-monde » [1] contrait le concept un peu colonialiste de « francophonie ». La disparition d’Aimé Césaire nous oblige à un état des lieux de l’insurrection poétique. A commencer par l’indispensable « Mondialité » d’Edouard Glissant.

→   Lire Plus

Aimé Césaire

 

— Par Pierre Pinalie —

aime_cesaire-9_300Blanc des Antilles, père de deux fils métis, je ne pouvais pas ne pas être très sensible à la mort d’Aimé Césaire. Totalement dépourvu de religion, j’ai été profondément touché par la dimension laïque de la cérémonie d’inhumation au stade Aliker, même si l’agréable et intelligent personnage Michel Méranville était présent en habit ecclésiastique. La dimension sublime de cette vaste réunion d’hommage au disparu m’a ému dans des frémissements dus à la peine et à l’admiration.

Communiste dans l’esprit et dans la culture, je ne peux évidemment pas oublier que le grand poète l’était également et avait quitté le Parti après les très regrettables événements de Budapest, comme je l’ai fait moi-même après la condamnable entrée des forces de l’Est dans Prague.

Et je ne peux jamais cesser de repenser que j’ai été pendant 10 ans professeur au Lycée Louis-le-Grand où l’élève d’hypokhâgne Césaire avait connu Léopold Sédar Senghor. Et ces pensées m’ont souvent poussé à imaginer cette rencontre dans des salles où j’enseignais.

→   Lire Plus

Césaire ? Ma liberté

 — par Patrick Chamoiseau—


Prix Goncourt 1992 pour son roman «Texaco», c’est un autre grand écrivain martiniquais qui dit ici sa dette à l’égard de l’immense poète disparu le 17 avril

 aime_cesaire-9_300«Et puis ces détonations de bambous annonçant sans répit une nouvelle dont on ne saisit rien sur le coup sinon le coup au coeur que je ne connais que trop.»
Lorsque celui qui s’en va est une magnificence, ce n’est pas un abîme qui se creuse mais un sommet qui se dévoile. Confrontée à certaines existences, la mort n’est qu’un révélateur, et c’est sa seule victoire. Le silence de Césaire s’est soudain rempli du verbe de Césaire, de ses armes miraculeuses, de ses combats, de ses lucidités et de ses clairvoyances. De son amertume aussi. «Regarde basilic, le briseur de regard aujourd’hui te regarde.»
La mort n’est ici qu’une paupière brutale, écarquillée sur une splendeur qui ne frémit même pas. Soudain total, un monde se dégage des cécités du petit ordinaire de la vie. La mort n’est pas la seule à se voir désemparée en face d’une telle présence que l’absence renforce.

→   Lire Plus

Césaire ou les Antilles

Par Lyonel Trouillot —
lyoneltrouillot@lematinhaiti.com

 

aime_cesaire-9_300Demander qu’un pays renonce à lutter pour son indépendance, c’est lui demander de consentir au suicide (Le rebelle, Et les chiens se taisaient !)
Aimé Césaire

Il est des hommes dont le rôle d’éveilleurs de consciences s’évalue à la lueur d’une large perspective historique. Aimé Césaire est de ceux-là. Et nous n’avons pas encore pris toute la mesure de la signification de son œuvre dans l’élancement de tant d’hommes de notre continent contre les forteresses qui étouffaient naguère les clameurs de nos peuples.
Mario de Andrade Poète brésilien

→   Lire Plus

Aimé Césaire. La passion du poète

 

— par Édouard Glissant —

aime_cesaire-9_300La route de Balata monte à travers la forêt primitive de Martinique jusqu’au Morne-Rouge et au delà vers les plateaux d’Ajoupa-Bouillon, du Lorrain et de Basse-Pointe, où le poète est né, et où l’on découvre et l’on éprouve « la grand’lèche hystérique de la mer. » Pas un ne sait ni ne peut dire à quel moment, sur cette route, vous quittez le sud du pays, ses clartés sèches, ses plages apprivoisées, ses légèretés soucieuses, pour entrer dans la demeure de ce nord de lourdes pluies, parfois de brumes, où les fruits, châtaignes et abricots ou mangues térébinthes, sont pesants et présents, et où l’on peut entendre d’au loin les conteurs et les batteurs de tambour. Chacun s’y plante sans doute dans ses enfances sans bouger, comme dans la boue rouge qui piète à l’assaut des mornes Pérou et Reculée.

→   Lire Plus

Aimé Césaire ne meurt jamais

par Olivier Larizza

 

aime_cesaire-9_300Il est la référence cardinale. Le poteau mitan universel. Déifié de son vivant, mythifié même. Césaire apparaissait — pardon : il apparaît — comme immortel. Il tient du surhumain, de la surnature. Une figure tutélaire qui veille sur son peuple ad vitam aeternam. Rien ne devait lui arriver. Il était aussi vieux qu’un dieu. Solide et inamovible comme un monument. Césaire ne disparaîtra jamais de la surface de son île, de cette terre. Les Martiniquais mettront longtemps à réaliser qu’il est réellement décédé tant il échappe à la condition matérielle par toute la force symbolique et rayonnante qu’il recèle.

 Césaire, en effet, est le grand et le seul Papa de ce peuple. Il a su, politiquement et littérairement, faire valoir son discours et son chant dans la relation complexe avec la mère-patrie France. Césaire a pris la parole et cet acte en lui-même suffit. Il est performatif. Il consacre la force de la rhétorique, si prégnante dans les Antilles. En prenant voix au chapitre de l’Histoire et de l’Histoire coloniale en particulier, Césaire a signifié que lui, et le peuple qui se reconnaissait en lui, existaient pour eux-mêmes.

→   Lire Plus

« Voisins complices » : Une performance originale en gestation permanente

— Par Roland Sabra —

« Voisins complices » tel est le dernier nom donné à ce spectacle crée pour la première fois au Forum de la culture de Barcelone en 2004 par le poète haîtien Syto Cavé. Comment qualifier cet OTNI (objet théâtralement non identifié) ? Pluôt que de s’interroger sans espoir de réponse mieux vaut se laisser prendre dans la beauté verbale et picturale de la performance née de la rencontre d’un poète et d’un peintre, Alain Blondel en l’occurrence. Lors d’une visite de l’atelier du peintre, Syto Cavé dit que s’il écrit c’est parce qu’il ne sait pas peindre, ce à quoi répond Alain Blondel que s’il peint c’est parce qu’il ne sait pas écrire.  De la réunion de ces deux échecs, bien relatifs en réalité, peut-il naître un succès? « On s’est dit pourquoi ne pas essayer de mettre sur scène ce croisement, cette imbrication entre les différentes disciplines que sont la poésie, le chant et la musique » explique Syto Cavé. Voilà le pari que relèvent les deux artistes, avec la collaboration,  la présence irradiante excusez du peu, de Magali Comeau Denis, de la voix et du tambour de Azor et du chant de James Germain.

→   Lire Plus

Le Surmoi poétique d’Aimé Césaire

— Par Guillaume SURENA —

 

 

Aimé CÉSAIRE est l’homme public le plus important de l’histoire du 20e siècle martiniquais : il réalise à la fois l’aspiration profonde du peuple à l’assimilation et installe en son sein le ferment contraire, l’anti-assimilationnisme, le sentiment national martiniquais. Son influence dépasse la Martinique; sa démarche a aussi contribué’ à la prise de conscience nationale en Guadeloupe et en Guyane.

 

La cohabitation dans l’esprit public de ces deux tendances correspond a une potentialité de la vie psychique : le clivage.

 

C’est Sigmund FREUD, l’un des plus grand novateur scientifique de tous les temps, avec GALLILEE et DARWIN, qui, à la fin de sa vie, en 1938, a théorise’ ce fait clinique passionnant déjà repéré depuis les débuts de l’aventure psychanalytique : le Moi, au lieu de refouler purement et simplement comme sa faiblesse le poussait à le faire jusqu ‘alors va se cliver pour à la fois reconnaître la réalité désagréable et la nier. Un tel Moi capable de cette double opération simultanément est un Moi fort, qu’il faut bien appeler Surmoi, Uber-Ich… en allemand.

→   Lire Plus

Aimé Césaire : « Ma poésie est née de mon action »

 

Entretien
Aimé Césaire : « 

Né à Basse-Pointe (Martinique) le 21 juin 1913, Aimé Césaire n’est plus député et maire de Fort-de-France. Tous les jours, il reçoit dans son ancien bureau. Peintres caribéens, portraits, paysages, avec en prime un cadre pour le maillot n° 21, celui du footballeur Lilian Thuram. Normalien, agrégé, Césaire publie Cahier d’un retour au pays natal en 1939. En 1941, il fonde avec sa femme Suzanne et des camarades (René Ménil, Aristide Maugé) la revue Tropiques ; plus tard, Présence africaine. André Breton préface Les Armes miraculeuses en 1944. Après un séjour en Haïti, 1945 le voit entrer en politique. 1950 : Discours sur le colonialisme. En 1958, il fonde le Parti progressiste martiniquais pour consacrer sa rupture avec le Parti communiste. Parallèlement, il publie ses poèmes (Soleil cou coupé), son théâtre (La Tragédie du roi Christophe), ses discours. Une seule règle : « Pousser d’une telle raideur le grand cri nègre, que les assises du monde en seront ébranlées. »

Vous aimez votre pays. Vous le visitez toutes les semaines ?

→   Lire Plus

« Les Césaire », La mémoire d’un peuple

— par Marianne Payot —

«Vous ferez un jour de la politique?» «Ah non, ça, jamais! Papa Aimé a assez donné.» La réponse claque, sans hésitation aucune, de la part d’Ina et de Michèle. Il est vrai qu’avec cinquante-six ans de mandat à la mairie de Fort-de-France et quarante-sept (de 1946 à 1993) à l’Assemblée nationale, Aimé Césaire a largement acquitté la quote-part républicaine de la famille. En revanche, le tribut césairien aux lettres et aux arts ne s’est pas interrompu avec le patriarche. Au contraire. Les six enfants d’Aimé et de Suzanne, dite «maman Suzy», ont tous choisi d’œuvrer dans le monde de l’esprit.

Le véritable gène familial est bien là, dans la création et non dans la politique. Et on accréditera volontiers la version selon laquelle Aimé est entré au Parti communiste par hasard, et est devenu, par surprise, maire de Fort-de-France en 1945. En fait, le credo absolu, chez les Césaire, est avant tout l’instruction. C’est maman Nini, la grand-mère d’Aimé, maîtresse femme du Lorrain, qui apprend à lire au futur poète. C’est papa Fernand, l’un des 12 enfants de Nini, arpenteur puis simple petit fonctionnaire, qui, avec sa femme Eléonore, couturière de son état, se serre la ceinture pour envoyer sa progéniture à l’école.

→   Lire Plus

Première « Déblosaille » poétique à Saint-Esprit

— Par Selim Lander —

En préfiguration du deuxième festival de poésie organisé par l’association Balisaille au mois de mai prochain, une réunion bien sympathique, à laquelle était conviés tous les amateurs de la chose poétique, a eu lieu dimanche 19 mars. Ce fut d’abord l’occasion de rendre hommage à quelques poètes et poétesses locaux souvent injustement oubliés, disparus depuis peu pour la plupart, qui ont chanté la Martinique dans leurs œuvres, ses joies et ses peines. En voici la liste qui, fatalement, ne parlera pas de la même manière à tous nos lecteurs :

Gilbert Gratiant  (1895-1985)
Ina Césaire (1942-)
Georges Devassoigne (1931-2015)
José Le Moigne  (1944-)
Marie-Magdeleine Carbet (1902-1996)
Nelly Martin ( ?-?)
Rose-Eliane Landès (1955-2010)
Guylaine Avenel alias Clo-Dja ( ?-?)

« Heureux ceux qui sont mort pour la terre charnelle », écrivait Péguy dans le poème Ève (1913). Il écrivait aussi « Heureux ceux qui sont morts dans ce couronnement / Et cette obéissance et cette humilité ». Si Péguy parlait des soldats morts pour la patrie, le poète qui glorifie son pays dans ses vers (sans cacher pour autant ses revers) ne mérite-t-il pas lui aussi un tel éloge ?

→   Lire Plus

Voir « Ton beau Capitaine », de Simone Schwarz-Bart

Vendredi 14 janvier 18h 30 à Tropiques-Atrium

— Reprise de l’article publié le 15/05/20 par Janine Bailly —

En des temps différents, en temps ordinaires, je veux dire quand nous n’étions pas condamnés à sortir masqués, que les masques étaient réservés à la seule scène, que nous pouvions nous retrouver dans les salles de Tropiques-Atrium et partager de beaux moments de théâtre… en temps de paix dirais-je, si je voulais reprendre la rhétorique martiale du président Macron… en ces temps qui déjà nous semblent enviables et si lointains, nos enfants des établissements scolaires de la Martinique auraient découvert, au mois de mai 2020, la pièce de Simone Schwarz-Bart, « Ton beau Capitaine ». Mais hélas, l’adage populaire selon lequel « en mai, fais ce qu’il te plaît », est devenu obsolète… Alors, comme le dit une autre maxime, faute de grives, mangeons des merles, et pour  nous consoler un peu, regardons la captation vidéo, proposée sur la plateforme Viméo.

Créée en Guadeloupe en 1987 à Pointe-à-Pitre, jouée ensuite au Théâtre National de Chaillot à Paris en décembre 1988 dans la mise en scène de Stylo Cavé, la pièce fut présente dans une autre mise en scène, celle de Maud Galet Lalande au Festival d’Avignon en juillet 2018, en tant que spectacle sélectionné par la Région Grand-Est dans le cadre de son soutien au Off d’Avignon.

→   Lire Plus

À paraître, de Mérine Céco : « Le Pays d’où l’on ne vient pas »

Annonce sur le site Montraykréyol 

La littérature féminine martiniquaise, qui faisait, jusqu’à tout récemment, pâle figure à côté de son alter ego guadeloupéen, s’affirme d’année en année. Avec Térez Léotin, Ina Césaire, Nicole Cage, Suzanne Dracius, Christiane Sacarabany, Jala, Anique Sylvestre, Gaël Octavia, Nady Nelzy-Odry… et tant d’autres, elle trace son chemin, certes dans un relatif silence médiatique, lentement mais sûrement, cela avec une vigueur et une inventivité surprenantes : le 25 mars 2021, le nouveau roman de Mérine CécoCe pays d’où l’on ne vient pas, qui paraît aux éditions Écriture, sera disponible en librairie.

Biographie brève : extrait de Mondesfrancophones

Corinne Mencé-Caster, de son nom de plume Mérine Céco, née en 1970 à La Martinique, est une universitaire et écrivaine française (romancière, essayiste…).

Elle suit en parallèle des études de philosophie et de littérature. À 22 ans, elle est agrégée d’espagnol puis docteur en sciences du langage (1996). Elle commence sa carrière à l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG), en 1994, en tant qu’attachée temporaire d’enseignement et de recherche. Elle devient ensuite maître de conférences (1997-2007), puis professeur des universités, en 2009 doyen de la Faculté de lettres et de sciences humaines sur le pôle Martinique.

→   Lire Plus

Des plumes antillaises pour 4 métalivres

Avec quatre nouveautés pour la Rentrée Littéraire 2020, les éditions Idem proposent aux lecteurs quatre métalivres, c’est-à-dire des livres qui parlent d’autres livres, soit d’idéologie marxiste (avec Antonio Gramsci, ouvrage collectif où se retrouvent des contributions de Philippe Pierre-Charles, Danielle Marceline, pour ne citer que les plus connus chez nous), soit des canons de la littérature créole et du conte (avec l’essai et le roman de Jean-Georges Chali, dans le même livre), soit une introduction à la philosophie de Nietzsche à travers son livre Le Gai Savoir (par Edmond Mondésir : Ombres et lumières de la pensée moderne/ Vérité et illusions du Gai Savoir), et enfin l’ouvrage coordonné par Suzanne Dracius, où elle convie amie (Isabella Donaldo-Eustache) et poètes (Max Ponte, Giovanni Dotoli, universitaire à la Sorbonne et Bari) à raconter le drame vécu du confinement en Italie, premier pays d’Europe à avoir été touché par la pandémie, avec un clin d’œil aux auteurs de la Renaissance italienne : Dante, Pétrarque et Boccace.

→   Lire Plus

Le « Festival Martinique Merveille du Monde »

Samedi 15

Le Nabab de Saint-Pierre «Comédie dramatique à l’antillaise»

Pièce de théâtre d’Ina CESAIRE et de Nady Nelzy dans les ruines de Saint-Pierre

Visite Mémorial de la catastrophe de 1902 – Musée Frank a. Perret (Tarifs préférentiels)

Visite CDST – Centre de découverte des sciences de la Terre (Tarifs préférentiels)

Mardi 18

Tous les cochons ont un samedi (sous-entendu, une date à laquelle ils seront tués). Signifie que peu importe notre implication pour certaines causes, ce qui doit arriver arrivera.

Tout kochon ni sanmdi yo

→   Lire Plus

Antenor #1

Revue éphémère d’analyses décoloniales / avril 2020

— Par Ali Babar Kenjah —

Vrai nom

Je nommerai désert ce château que tu fus, Nuit cette voix, absence ton visage,

Et quand tu tomberas dans la terre stérile Je nommerai néant l’éclair qui t’a porté. Mourir est un pays que tu aimais. Je viens

Mais éternellement par tes sombres chemins. Je détruis ton désir, ta forme, ta mémoire, Je suis ton ennemi qui n’aura de pitié. Je te nommerai guerre et je prendrai Sur toi les libertés de la guerre et j’aurai Dans mes mains ton visage obscur et traversé, Dans mon cœur ce pays qu’illumine l’orage.

Yves Bonnefoy

Télécharger le pdf

→   Lire Plus