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Splendeurs et misères. Images de la prostitution, 1850-1910

Au Musée d’Orsay.

« Pierreuses » officiant clandestinement sur des terrains vagues dans les profondeurs de la nuit, filles « en carte » et « insoumises » racolant dans l’espace public, « verseuses » employées par des brasseries à femmes, pensionnaires de maisons closes, courtisanes recevant leurs admirateurs dans leur luxueux hôtel particulier… au XIXe siècle, la prostitution revêt de multiples visages.

Ce caractère protéiforme et insaisissable n’a cessé d’obséder romanciers et poètes, dramaturges et compositeurs, peintres et sculpteurs. La plupart des artistes du XIXe siècle et de la première moitié du XXe siècle ont porté leur regard sur les splendeurs et les misères de la prostitution, celle-ci devenant également un motif d’élection pour les media naissants, tels que la photographie puis le cinématographe.

C’est en particulier à Paris, entre le Second Empire et la Belle Epoque, que la prostitution s’affirme comme sujet dans des oeuvres se rattachant à des courants aussi divers que l’académisme, le naturalisme, l’impressionnisme, le fauvisme ou l’expressionnisme. La ville est alors en pleine métamorphose : nouvelle Babylone pour certains, « Ville Lumière » pour d’autres, elle offre aux artistes quantité de lieux nouveaux (salons de la haute société, loges d’opéras, maisons de tolérance, cafés, boulevards…) où observer le ballet codé des amours tarifées.

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Le 22 septembre 1792, premier jour de la République française

— Par Hervé Leuwers* —

la_republiqueAlors que la date de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, devient Fête nationale, celle de la proclamation de la République reste peu présente dans la mémoire populaire. Une éclosion constituée d’une succession d’événements politiques.

Le 22 septembre 1792, deux jours après Valmy, la France devient une première fois république. Dans un pays qui craint l’invasion, dans Paris qui vient de connaître les massacres de septembre, l’incertitude est forte ; à la Convention, les députés savent que, pour l’emporter, il leur faut gagner la guerre contre la Prusse et l’Autriche, imposer le régime nouveau à l’Europe et, surtout, transformer les citoyens en républicains. L’entrée en république n’est pas l’oeuvre d’un jour !

Pendant longtemps, nombre de patriotes sont restés méfiants envers ce régime. En hommes du XVIIIe siècle, ils ont soutenu que les citoyens peuvent être libres sous un roi, à condition que la souveraineté soit reconnue au peuple. Plus qu’au souvenir des républiques de Rome et d’Athènes, plus qu’à l’exemple américain, c’est par la dénonciation croissante de la duplicité royale que l’idée de république a fait son chemin.

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Wi misyé Mona ( jòdi sanmdi gloria)

— Par Victor Lina —
eugene_monaMots sculptés sur bois brûlé
Une mèche chauffée à blanc
L’orifice fraîche inaugure
Calumet fumant
La flûte végétale

La fêlure se répète comme une chute sur la chemin de Golgotha
La passion messianique d’une impudeur ingénue
En sang chaud s’incarne d’une virilité presque nue
L’incendie ce serait peu dire de l’embrasement de ses sentiments
L’éclat de sa colère vomit l’injustice
Entre métaphore et martèlement
Le mot s’honore dans la musicalité d’une peau grattée
Un souffle évadé d’un alambic creusé dans le corps de l’arbre à vent
Vaporise ses sonorités intimes
Un universel de l’hommage, de la fougue, du spleen, de la rage
Toutoune bambou-a

Dès lors, on a vu se rallier aux murmures suggestifs, aux cris de colère, aux propos énigmatiques, aux râles, aux ritournelles mélancoliques, des générations qui semblaient opposées.
Voilà enfin l’indignation sauvegardée, la morale au prix de la démesure. Par-delà ses frasques, le personnage séduit. Car sous ses pieds nus, il y a des mots écrits ; entre ses mains ce simple morceau de bois est un instrument que l’artisan a fabriqué et que l’artiste va faire vivre dans l’espace d’un intervalle qui s’appelle jeu.

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Chefs-d’œuvre d’Afrique au musée Dapper

Du 30 septembre 2015 au 17 juillet 2016

Depuis son ouverture en 1986, le musée Dapper a organisé une cinquantaine d’expositions conçues comme des monographies ou articulées à partir de thèmes extrêmement divers ayant pour supports des objets provenant de collections publiques ou privées.
Aujourd’hui, Chefs-d’œuvre d’Afrique, qui constitue un hommage au Fondateur, Michel Leveau, réunit des pièces majeures sélectionnées uniquement à partir du fonds Dapper et qui sont présentées ensemble pour la première fois.

UNE COLLECTION D’EXCEPTION
Ces oeuvres sont pour bon nombre d’entre elles d es références incontournables des arts africains et n’ont aucun équivalent dans le monde, que ce soit au sein de collections publiques ou privées. Certaines avaient appartenu auparavant à de grands noms particulièrement concernés au début du xxe siècle par l’art moderne : Paul Guillaume, Jacob Epstein, Georges de Miré, Charles Ratton, Louis Carré, René Rasmussen, Helena Rubinstein… Ces marchands, artistes, écrivains et amateurs portaient un vif intérêt aux arts non occidentaux, notamment aux solutions plastiques qu’ils suggéraient aux créateurs.
Par la diversité du corpus, cette exposition permet aux visiteurs, spécialistes et néophytes, de saisir aisément les grands principes de base sur lesquels se fondent les arts traditionnels africains.

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32e édition des Journées européennes du Patrimoine

journees_patrimoine_32_eme-Samedi 19 septembre 2015 Domaine de Fonds Saint-Jacques

La Ministre de la Culture & de la Communication a choisi de placer cette nouvelle édition sous le thème du « patrimoine du XXIe siècle, une histoire d’avenir ».Parce que le patrimoine est l’âme d’un peuple, la question est posée de sa reconnaissance, de son architecture contemporaine et de son intégration dans son environnement.

Vouloir le préserver aujourd’hui, c’est s’assurer qu’il perdure au fil des siècles.

La Journée Européenne du Patrimoine est donc une formidable opportunité de découvrir toutes les facettes de ce patrimoine historique qu’est le Domaine de Fonds Saint-Jacques, habitation-sucrerie monastique du XVIIe siècle à l’architecture singulière.

Propriété du Conseil Général de Martinique et figurant à l’Inventaire des monuments historiques, Le Domaine de Fonds Saint-Jacques est un témoin vivant de 4 siècles d’histoire.

Si le Domaine de Fonds Saint-Jacques est un lieu patrimonial emblématique de la Martinique, son histoire, elle, participe et appartient à celle de la Caraïbe.

Le samedi 19 septembre, les visiteurs pourront bénéficier en matinée de visites guidées du Domaine de Fonds Saint-Jacques. L’après-midi, un Ciné-club Karayib spécial Patrimoine convie à la découverte des forteresses de la Caraibe & de leurs secrets avec la projection du film documentaire du réalisateur martiniquais Patrick Baucelin.

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Où sont les projets structurants de la Martinique ?

— Par Florent Grabin, président de P.U.M.A.
puma_videUn projet structurant s’inscrit dans la ligne des priorités de développement de la Région et dans un axe ayant un potentiel de croissance appréciable démontré. Celui-ci provoquant un effet multiplicateur dans l’économie régionale. Actuellement, nous constatons qu’il y a une grande vacance sur la réflexion, avec des conséquences directes sur notre environnement géographique, social et l’avenir face au déclin démographique largement amorcé.
Curieusement, nous n’entendons aucune organisation développer son analyse sur cette absence qui pourtant est la colonne vertébrale de l’aménagement d’un territoire. En écoutant le discours ambiant, pour certains, les risques naturels majeurs sont un domaine que l’État devra continuer à gérer. Après une longue discussion réflexion avec différents corps de métiers de la société civile, nous considérons que les projets structurants orientés vers le développement économique et l’aménagement de la Martinique restent en tout premier lieu le plus gros gisement d’emplois et d’équilibre social.
Pour élargir la réflexion, nous invitons toute la population à s’associer au débat pour qu’à terme nous puissions voir enfin l’arrêt du ‘’bricolage permanent’’ qui donne l’impression d’un vaste chantier.

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Nicolas Genest, une trompette de pastel et de passion

— Par Fara C. —

genest_robillardLe jazzman s’apprête à publier un CD en duo avec le pianiste Yvan Robilliard et joue en clôture du Festival Jazz Métis.

On attend avec impatience le nouvel album du trompettiste et bugliste Nicolas Genest en duo avec le pianiste Yvan Robilliard, “A Long Lone Way”, qui sortira en octobre sur le label indépendant Cristal Records (distribué par Harmonia Mundi). Les deux complices viennent d’en offrir la fine saveur dans le cadre du Festival Jazz Métis (https://festivaljazzmetis.wordpress.com/), à Montreuil-sous-Bois. Nicolas Genest, que l’on a souvent entendu dans des formations plus fournies, a jeté son dévolu, pour ce disque, sur la formule dépouillée du duo. Le souffleur inspiré, que l’on surnomme Nini le magnifique (https://www.facebook.com/ninilemagnifique), a croisé le chemin d’Yvan Robilliard (http://www.yvanrobilliard.com/) lors du fameux concours national de Jazz à la Défense en 2005. Le premier faisait partie du jury, le second se produisait en piano solo et, à l’issue de la compétition, allait brillamment remporter le premier prix de soliste et celui de composition. Joli hasard, Nicolas Genest avait gagné, en 1993, le premier prix de soliste au même concours.

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A propos de deux expositions au Guggenheim Bilbao : qu’est-ce que l’art aujourd’hui ?

— Par Selim Lander —

Copie de Guggenheim Bilbao (20)Tout amateur d’art se doit de faire un jour le détour par Bilbao afin de visiter le bâtiment de Frank Ghery aussi célèbre dans l’architecture contemporaine que l’opéra de Sydney (de Jørn Utzon) ou la pyramide du Louvre. Frank Ghery, on le sait, a également signé le nouveau bâtiment qui abrite la fondation Vuitton au Bois de Boulogne, à Paris. Celui de Bilbao est géré par la Fondation Guggennheim, par ailleurs propriétaire du Solomon R. Guggenheim Museum à New York et de la Peggy Guggenheim Collection à Venise. Le musée comporte peu d’œuvres permanentes, en dehors de la salle consacrée aux gigantesques spirales en acier patiné de Richard Serra (La Matière du temps, 1994-2005) et des non moins imposantes sculptures disposées à l’extérieur comme Grand Arbre et l’œil d’Anish Kapoor (2009), l’araignée Maman de Louise Bourgeois (1999) ou Puppy, le chien couvert de fleurs de Jeff Koons (1992). Les espaces intérieurs sont consacrés, pour l’essentiel, à des expositions temporaires.

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L’histoire complète de Monsanto, « La société la plus maléfique au monde »

monsantoDe toutes les méga-sociétés folles furieuses, Monsanto a largement surpassé ses rivales, remportant le titre glorieux de la « société la plus maléfique sur Terre » !

Non contente de siéger simplement sur son trône de mort au sommet d’une montagne de cadavres, elle continue de mettre au point de nouveaux moyens scientifiquement innovateurs pour nuire à la planète et à ses habitants.

Comme pour les vrais champions du mal, elles ne s’arrêteront pas avant…eh bien, qu’on les arrête ! Mais qu’est Monsanto et comment est-elle devenue si incroyablement maléfique ? Je pense que la meilleure manière de démarrer ce périple est de retourner vers les profonds et glauques égouts de son sinistre passé, alors munissez-vous d’un en-cas et de boissons sans OGM et allons-y.

1901 : La société est fondée par John Francis Queeny, membre des Chevaliers de Malte, avec derrière lui 30 ans d’expérience dans l’industrie pharmaceutique ; il épouse Olga Mendez Monsanto, dont le nom deviendra celui de la société,Monsanto Chemical Works. La société produit au début de la saccharine de synthèse, qui est vendue à Coca-Cola comme édulcorant artificiel.

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L’histoire d’un théâtre de l’utopie : le Théâtre du Peuple de Bussang

theatre_du_peupleLe Théâtre du Peuple de Bussang est né en 1895 d’une utopie humaniste et artistique : créer dans les montagnes vosgiennes une fête dramatique destinée à l’ensemble du peuple, en régénérant l’art de son temps. Depuis cent vingt ans, ce théâtre atypique dans le paysage culturel français maintient vivant l’idéal de son fondateur, Maurice Pottecher, résumé par la devise “Par l’art, pour l’humanité” inscrite au fronton de la scène. Dans cette bâtisse de bois classée Monument historique et dont le fond de scène s’ouvre sur la nature, est proposée chaque été, à l’occasion d’un rituel festif, populaire et familial, une programmation dramatique croisant créations et oeuvres de répertoire et mêlant professionnels et amateurs. Malgré les guerres, les évolutions sociétales, les changements dans le fonctionnement, l’organisation et la direction du lieu, ce projet a résisté au passage du temps, en se réinventant sans cesse, mais sans perdre son “esprit” originel. Dans l’Humanité => En s’appuyant sur des centaines d’entretiens, les deux auteurs, spécialistes en études théâtrales racontent l’aventure 
de Bussang depuis sa fondation en 1895. Le Théâtre du Peuple 
de Bussang. 
Cent vingt ans d’histoire, de Bénédicte Boisson 
et Marion Denizot.

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Le manifeste des mères sociales

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Émergence, autonomisation des femmes et panafricanisme : faux et vrais défis
« L’impérialisme, c’est cette volonté de domination qui fait qu’on ne croit valable d’autre civilisation que la sienne, d’autre régime politique et économique que le sien, c’est la mise en marche du processus de leur imposition à d’autres pays par la corruption, la subversion et la guerre. » (Modibo Keita)
« …pour gagner un combat qui est commun à la femme et à l’homme, il importe de connaitre tous les contours de la question féminine tant à l’échelle nationale qu’universelle et de comprendre comment, aujourd’hui, le combat de la femme, burkinabé rejoint le combat universel de toutes les femmes, et au-delà, le combat pour la réhabilitation totale de notre continent ». (Thomas Sankara)

Le temps des femmes? Pour quel avenir ?
« A quand l’Afrique ? » est l’incontournable question de feu Joseph Ki Zerbo qui vient à l’esprit lorsqu’à bout de souffle le système capitaliste, qui puise dans nos richesses, de l’esclavage à ce jour, va toujours plus loin dans le mépris, l’humiliation et le racisme?

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Haïti est une blessure et une jouissance que je traine avec moi

— Entretien réalisé par 
Muriel Steinmetz —

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Un fort alcool de contrebande
La Nuit des terrasses, de Makenzy Orcel. Éditions La Contre Allée, 62 pages, 9 euros. recueil De bars en bars à Port-au-Prince l’auteur dans une langue de la rue réinventée au grè de ses errances redevient poète pour aller à la rencontre de ses frères de terrasses avec la force et la tendresse des chants populaires.

Makenzy Orcel est né en 1983 dans le quartier pauvre de Martissant, à Port-au-Prince. Son roman les Immortelles (Zulma, 2012), texte forgé dans une langue de la rue réinventée, à la fois crue et poétique, donnait voix aux prostituées de la capitale haïtienne dont tant sont mortes écrasées sous les décombres du terrible tremblement de terre qui a ravagé l’île en janvier 2010. Makenzy Orcel nous confiait l’avoir écrit dans la rue, après le séisme, derrière une vieille voiture abandonnée, à côté du cadavre d’une femme enceinte. Avec la Nuit des terrasses, le romancier redevient poète. Il trinque à la convivialité, invite à sortir la tête de son verre pour célébrer à plusieurs, présents et absents, « l’heure ivre », « la lumière pintée », car « boire nous sort du temps ».

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Avignon 2015 (20) : Épilogue ( et récapitulatif)

— Par Selim Lander —

affiche IN 15Le festival s’est achevé le 25 juillet. Après trois semaines très intenses, la ville va retrouver un calme relatif, la fréquentation estivale des touristes, quoique non négligeable – la Cité des Papes recèle tant de trésors ! – n’ayant rien à voir avec celle des festivaliers. Le 69ème festival IN a programmé 58 spectacles pour 280 représentations avec un taux de fréquentation supérieur à 93%. Avec les manifestations gratuites, 156000 entrées ont été comptabilisées. On ne dispose pas de ce dernier chiffre pour le OFF (qui fêtait cette année son 50ème anniversaire), chaque compagnie se chargeant de la vente des billets pour son ou ses spectacles, mais les chiffres disponibles sont encore plus impressionnants : 1071 compagnies (dont 128 étrangères) ont présenté 1336 spectacles. Plus de 50000 cartes du OFF (donnant droit à des réductions sur les spectacles) ont été vendues, soit 50000 spectateurs qui ont vu chacun au minimum quatre ou cinq pièces, sans compter les autres, non-encartés.

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Baâda le malade imaginaire et Candide l’africain

— Par Roland Sabra —

candide_africainToinette mesure un mètre quatre-vingt-quinze, pèse bien ses quatre-vingt dix kilos et porte une belle barbe noire. Monsieur Purgon est un féticheur. Candide ne vit pas en Westphalie mais fréquente la cour de sa majesté Toukguili de Gongonbili Gongoni. Les scènes sont agrémentées de chants en dioula et en moré, de danses traditionnelles rythmées au son de balafon, djembé et kora. Et c’est de Molière et Voltaire dont il est question !
La compagnie Marbayassa, par deux fois lauréate du grand prix national du théâtre burkinabé transpose Candide ou l’Optimisme et Le Malade imaginaire au cœur de l’Afrique contemporaine et c’est un pur bonheur.
Molière qui, dans sa pièce testamentaire, dénonce le despotisme de la médecine et l’obscurantisme religieux et Voltaire, qui s’en prend à la noblesse rétrograde et à l’optimisme béat, sont magnifiés dans une démarche qui célèbre l’universalité de leurs propos. Au delà des modifications mentionnées, le travail présenté fait preuve d’une grande fidélité aux auteurs. Dans Candide, la trame du récit voltairien est respectée, un griot assure la transition entre les scènes, dans Baäda les vers sont ceux de Molière.

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Avignon 2015 (15) : Stig Larsson monté par Lavelli, Ahmed El Attar

Par Selim Lander

Deux pièces sur l’incommunicabilité, l’une dans le OFF montée par Lavelli, l’autre dans le IN du metteur en scène égyptien Ahmed El Attar.

On ne l’attendait pas

on-ne-lattendait-pas Dans un précédent article consacré à Crises de Lars Noren, nous écrivions de cet auteur qu’il se rattachait à une tradition psychologique typiquement suédoise depuis Strindberg et Bergman. On peut dire la même chose de Stig Larsson, né en 1955 (qu’on ne confondra pas avec Stieg Larsson, l’auteur de Millenium). Sur une grande scène de Présence Pasteur, un lieu du OFF installé dans un lycée privé, un plancher rond en bois clair délimite l’espace de jeu. A la périphérie du cercle, quelques rares meubles également en bois clair : au fond un banc, à jardin deux fauteuils, à cour un autre fauteuil sur lequel se trouve assise, de dos, une femme, la mère. Debout de l’autre côté, la fille.

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Saint-Joseph : inauguration de la fresque réalisée par Louis Laouchez

— Par Raphaël Confiant —

fresque_laouchezMesdames, messieurs,

C’est un grand honneur que me fait aujourd’hui l’immense Louis Laouchez en m’invitant inaugurer cette fresque qu’on ne se serait pas attendu à trouver en milieu rural, au beau mitan de cette végétation luxuriante qui nous entoure. Qui dit fresque dit en général bâtiment public et milieu urbain. C’est que fondateur avec Serge Hélénon, de l’école négro-caraïbe, cela en 1970, à Abdijan, Louis Laouchez s’est montré tout au long de sa trajectoire artistique un innovateur, quelqu’un qui n’a jamais hésité à « faire » à contre-courant et quand j’emploie le terme général de « faire », c’est bien pour exprimer l’étendue de son savoir-faire qui va de la céramique au dessin, du collage au travail sur bois, de la peinture sur toile à la fresque laquelle justement nous réunit aujourd’hui.

Oui, homme du contre-courant car il a osé réactiver deux des plus importantes composantes de notre culture, deux composantes enfouies, minorées, voire méprisées : la composante caraïbe et la composante africaine. S’agissant de la première, elle est pourtant partout présente dans notre quotidien : dans le four à charbon, dans le jardin caraïbe, ancêtre du jardin créole, dans la poterie, dans la vannerie, dans la pêche et dans notre créole : « kouliwou », « balawou », « watalibi », « zanma », « kachiman », « mabouya » etc…

Edouard Glissant avait cette formule magnifique : « La culture caraïbe n’a pas disparu, elle a désapparu ».

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Question de peau? Question de politique !

question_de_peauResponsabilité scientifique : Sylvie Chalaye

La saison théâtrale a été marquée par de vives polémiques autour de la « diversité » sur les scènes françaises. Depuis les manifestations liées à l’installation performance de Brett Bailey le débat s’est poursuivi avec la table ronde organisée au Théâtre de la Colline pour promouvoir le programme 1er Acte. Notre laboratoire s’interroge depuis longtemps sur la place accordée aux créativités afrocontemporaines dans la culture française. C’est dans le sillon de cette actualité que nous organisons notre Université d’été en Avignon en partenariat avec le Festival Off, la Compagnie Rualité et la Chapelle du Verbe Incarné.

La société française est largement polychrome, mais cette variété  des carnations et bien peu représentée sur les plateaux des théâtres nationaux et subventionnés par l’Etat. Les acteurs noirs sont nombreux et créatifs, néanmoins leur présence dans le paysage théâtral français reste invisible. Pour que la créativité des Afrodescendants fasse l’actualité, il faut qu’un événement soit associé à « leur condition », alors l’institution théâtrale rend hommage aux Antillais et aux Africains de France, on monte Les Nègres de Genet ou La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire, histoire d’avoir un beau panel d’acteurs noirs, ou encore on décide de traiter du fait colonial et de l’esclavage et on convoque un événement commémoratif et dénonciateur avec son lot d’Afrodescendants en vedette et sans oublier les invitations festivalières à l’Afrique lointaine pour dépayser les spectateurs avec ses violences génocidaires, ses guerres, sa misère endémiques et ses rêves migratoires.

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Avignon 2015 (4) : August Strindberg

— Par Selim Lander —

Andreas1Après des succès initiaux, l’existence du romancier et dramaturge suédois August Strindberg (1849-1912) est devenue compliquée, malheureuse, déprimée, comme il le raconte dans son récit Inferno (1897). Le Chemin de Damas, qui date de l’année suivante, se situe dans la même ambiance. Le spectacle présenté, toujours dans le IN, par le jeune metteur en scène Jonathan Châtel, est une adaptation de la première partie de « Till Damaskus ».

Il faut d’abord parler du Cloitre des Célestins qui abrite les représentations, le lieu le plus magique du festival.

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Avignon 2015 (1) : Shakespeare et compagnie

Par Selim Lander

richard3_c_arno_declairPremière journée au festival d’Avignon 2015 avec deux Shakespeare au programme. Le très attendu Richard III de la Schaubühne (Berlin), mis en scène par Thomas Ostermeier, à l’Opéra d’Avignon, et le Roi Lear présenté dans la Cour d’honneur par le directeur du festival, Olivier Py.

Le Richard III de Thomas Ostemeier

Grand succès de Richard III, qui tient essentiellement à l’interprétation de Lars Eidinger dans le rôletitre. Il joue avec un réalisme étonnant l’être contrefait, jaloux du monde entier, dévoré d’ambition et foncièrement maléfique imaginé par Shakespeare. Affublé d’une bosse sur l’épaule gauche et d’un casque de cuir, avec un soulier démesurément allongé qui dissimule une autre malformation congénitale, les jambes torves, vouté, la démarche ondulante, physiquement inquiétant,  il l’est plus encore par son cynisme, ses manipulations constantes, les mensonges grossiers et les clins d’œil destinés à nous rendre complices de ces crimes.

Richard restera toute sa vie avec sa bosse et ses jambes torves[i] mais connaîtra une transformation physique notable au moment de son accession à la royauté, grâce au corset qui fait disparaître son voûtement.

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Le vote fertile du peuple grec

— Par André Lucrèce * —
grece_lagardeSaluons d’abord cette éclosion de courage – en dépit de toutes les pressions et de tous les excès de langage – afin de faire face à une tentative consistant à réduire un peuple à l’impuissance et à l’acquiescement aux injonctions des puissants. Ces injonctions les plus folles, les plus irresponsables et les plus perverses constituaient un curieux mélange d’irrespect et de cruauté qui méritaient d’être rejeté par le peuple grec.
Mais pourquoi s’intéresser à la crise entre la Grèce et l’Europe, question qui pourrait nous paraître lointaine et extérieure à nos préoccupations ?
D’abord parce que la Grèce se trouve dans une situation qui n’est pas si éloignée de la nôtre : une économie en grande difficulté, un chômage à 28% (24% chez nous), 60% pour ce qui est du chômage des jeunes, le même taux en ce qui nous concerne, des inégalités sociales criantes, une jeunesse aux abois. Ensuite parce que les leçons de l’histoire sont toujours instructives.
Certes, la Grèce est un pays souverain. Et c’est bien là le problème.
Car à travers la crise gréco-européenne, nous assistons à une forme d’agression contre la souveraineté d’un pays et contre son gouvernement démocratiquement élu, sous prétexte que ce pays est en difficulté et que l’Europe, la Banque Centrale Européenne et le FMI se portent prétendument à son secours.

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Les outre-mer au Festival d’Avignon 2015

outre-mer_avignonLa présence des compagnies des Outre-mer dans le OFF d’Avignon progresse d’année en année. Pour cette édition 2015, dix-sept compagnies sont présentes dans le OFF. Nous ne pouvons que nous en féliciter. C’est une belle opportunité pour découvrir la singularité de leurs créations. D’un territoire à l’autre, le brassage des cultures nourrit les imaginaires de ces créateurs, porteurs d’identités fortes.

Greg GERMAIN, Président

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Créée en 2013, l’Agence de promotion et de diffusion des cultures de l’Outre-mer travaille à la visibilité et à la circulation de la création ultramarine : patrimoine, arts de la scène, arts visuels, littérature, cinéma et audiovisuel. Elle accompagne les créateurs et porteurs de projets culturels en matière d’ingénierie et de développement de projets, de production et de diffusion, de formation et d’information. Elle favorise la mise en réseau, la coopération des opérateurs culturels et les projets multilatéraux, d’Outre-mer à Outre-mer, d’Outre-mer à l’Hexagone, et d’Outre-Mer à l’international. L’Agence vient de lancer son site internet cultures-outre-mer.fr autour de trois fonctions :

 – une « vitrine » d’information sur les actualités culturelles dans tous les territoires

 – un centre de ressources, à destination du grand public et des professionnels, qui a vocation à présenter tous les acteurs culturels et le patrimoine des territoires

 – une plate-forme de travail et d’échanges pour l’espace pro.

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Ricardo Ponce Rodriguez expose à la Suite Villa

ricardo_ponceRicardo Ponce Rodriguez est peintre, céramiste et sculpteur sur bois, il est né en 1968 à Puerto Padre las Tunas sur l’île de Cuba. Il a été diplômé de l’École Élémentaire des Arts Plastiques et de la Real Académie des Beaux Arts de Cuba en 1994. Ses premières expositions datent de 1988 à La Havane et il a exposé rapidement en Colombie et aux Etats-Unis. Il a voyagé en Europe de 1998 à 2001 (Suisse, Espagne et Italie) et s’est installé en France. Il a ouvert son atelier depuis 14 ans dans la vieille ville de Valence. Ses œuvres sont une représentation d’un monde fait de paradoxes et d’ambiguïtés, c’est ainsi qu’il perçoit la vie de tous les jours aussi bien à Cuba qu’en Europe Sa vision d’une vie côtoyée à chaque instant par la mort lui fait porter un regard fort et sans concession sur les relations entre les hommes malgré les couleurs chaudes des caraïbes. Cet art brut, singulier et populaire parle de la culture cubaine et des souffrances de son peuple avec une technique picturale, une recherche des matières et des textures personnelles.

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Gallotta sur les pas d’Albert Camus

— Par Muriel Steinmetz —

À Grenoble, le chorégraphe s’inspire de « l’Étranger », qui lui parle secrètement de son enfance algérienne et de la mort de sa propre mère.

Jean-Claude Gallotta livre sa version de l’Étranger de Camus à la MC2 de Grenoble (1) « Je cherchais un sujet pour un trio, dit-il, et je rangeais des affaires de ma mère qui venait de mourir. Tout à coup, je vois des photos d’elle à Oran, en Algérie, et plein de choses me reviennent. » Gallotta y a vécu au milieu des années 1950. Le texte de Camus s’ouvre sur ces mots : « Aujourd’hui, maman est morte. »

Meursault va ainsi du décès de sa mère au meurtre qu’il commet.
Une gestuelle épurée

Pas de décor. Gallotta se déprend de toute logique spectaculaire apparente. Sur la musique prenante de Strigall (Antoine Strippoli), les trois danseurs, deux femmes, un homme, incarnent indifféremment les personnages du roman ; Thierry Verger jouant tour à tour Meursault, Salamano et l’Arabe ; Ximena Figueroa et Béatrice Warrand figurant de loin Marie – la maîtresse –, la mère, des prostituées.

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R.C.M. 2015 : impressions fragmentaires avant clôture!

— Par Roland Sabra —

Impressions est le mot qui vient à l’esprit après une semaine intense en projections de films divers et variés.

Impressions tout d’abord et avant toute autre chose pour la belle rétrospective Hong Sang-soo, qui lentement a su mobiliser un public que rien de prédisposait à la découverte d’un cinéaste coréen, plus connu en France que dans son propre pays et totalement ignoré en Martinique, à l’exception de la poignée de spectateurs qui avaient eu la chance de voir  « Haewon et les hommes » il y a deux ans de cela. Impressions donc parce que, c’est devenu un truisme que de l’écrire, Hong Sang-soo s’inscrit dans la veine du cinéma impressionniste. Il est de ceux à l’identité suffisamment charpentée qui peuvent accueillir l’autre. Il reconnait volontiers la dette qu’il a vis à vis d’auteurs occidentaux qu’il s’agisse de Robert Bresson, d’Éric Rohmer, de Luis Buñuel, de Jean Vigo, de Friedrich Wilhelm Murnau, de peintre comme Cézanne, d’écrivain comme André Gide. Son troisième film qu’il réalise en 2000 s’intitule  « La vierge mise à nu par ses prétendants », comme un clin d’œil à l’œuvre de Marcel Duchamp « La mariée mise à nu par ses célibataires, même » .

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L’esclavage raconté à ma fille – Christiane Taubira

taubira_esclavage_sa_filleGarde des Sceaux, ministre de la Justice, Christiane Taubira a été députée de Guyane de 1993 à 2012, mandat pendant lequel elle a rédigé en 2001 la proposition de loi visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité.

« La traite et l’esclavage furent le premier système économique organisé autour de la transportation forcée de populations et de l’assassinat légal pour motif de liberté, pour marronnage. Ce système a perduré
pour l’Europe durant plus de quatre siècles, pour la France durant plus de deux siècles.
Il ne s’agit pas de se morfondre ni de se mortifier, mais d’apprendre à connaître et respecter l’histoire forgée dans la souffrance. D’appréhender les pulsions de vie qui ont permis à ces millions de personnes réduites à l’état de bêtes de somme de résister ou simplement de survivre. Il s’agit de comprendre cette première mondialisation qui a généré des relations durables entre trois puis quatre continents.
Ces événements doivent être enseignés, que l’on sache qu’il y eut, dès les premiers temps, résistance sur place et solidarité transcontinentale. Interrogeons cette histoire afin que les jeunes générations détectent les liens entre le racisme ordinaire et ses sources dans le temps, et qu’elles comprennent que la République a besoin de leur vigilance et de leur exigence.

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