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Plaidoyer pour une gauche universaliste : Susan Neiman contre les dérives du wokisme

— Par Sarha Fauré —

Le livre de Susan Neiman, « La gauche n’est pas woke », apporte une réflexion inédite dans le débat contemporain sur le wokisme, un terme aujourd’hui largement controversé. Alors que de nombreux essais abordant ce sujet adoptent une approche résolument réactionnaire ou conservatrice, Neiman se distingue par une perspective philosophique, nuancée et profondément ancrée dans les idéaux de la gauche universaliste et progressiste. Directrice du prestigieux Einstein Forum à Potsdam, et ayant enseigné dans des universités telles que Yale et Tel-Aviv, Susan Neiman critique les dérives identitaires qu’elle observe au sein de son propre camp politique, tout en réaffirmant son engagement en faveur des valeurs des Lumières.

Dans cet ouvrage, Neiman dénonce ce qu’elle appelle le « tribalisme » de certains mouvements actuels qui, bien qu’animés par une volonté sincère de défendre les opprimés, adoptent des méthodes qu’elle considère comme fondamentalement réactionnaires. Selon elle, le mouvement woke repose sur des émotions traditionnellement associées à la gauche, comme l’empathie et l’indignation face aux injustices, mais se perd en appliquant des idées basées sur l’identité, qui s’opposent à l’universalisme progressiste.

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L’éphéméride du 24 septembre

La Nouvelle-Calédonie est proclamée colonie française le 24 septembre 1853

Les premières sources écrites concernant l’histoire de la Nouvelle-Calédonie remontent à son exploration en 1774 par James Cook, l’archipel était alors déjà habité par une population mélanésienne : les Kanak. La Nouvelle-Calédonie est une collectivité sui generis de la France.
Le contexte géographique
D’une superficie totale de 18 575,5 km21, la Nouvelle-Calédonie est un territoire d’une surface comparable à celle d’un État comme la Slovénie. La population est estimée à 245 580 habitants (recensement 2009), dont 99 078 d’origine mélanésienne. La Nouvelle-Calédonie est un territoire notoirement sous-peuplé avec une densité de 13 hab./km2 (119 hab./km2 en France métropolitaine).

Lors de l’arrivée des premiers explorateurs la population mélanésienne était estimée entre 40 000 et 80 000 habitants2.

Peuplement et préhistoire (xiiie siècle av. J.-C. – xixe siècle)
Il y a 5 000 ans environ (v. 3 000 av. J.-C.), des habitants du littoral de la Chine du sud, cultivateurs de millet et de riz, appelés Austronésiens par les archéologues, commencent à traverser le détroit pour s’installer à Taïwan. Vers 2 000 av.

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L’éphéméride du 21 septembre

Proclamation de l’abolition de la royauté le 21 septembre 1792
Première parution du roman Le Hobbit par J. R. R. Tolkien le 21 septembre 1937
Naisance de Mathieu Édouard Glissant  le 21 septembre 1928 à Sainte-Marie en Martinique

La proclamation de l’abolition de la royauté est un événement de la Révolution française qui s’est déroulé le 21 septembre 1792 lors de la première séance de la Convention nationale, au cours de laquelle les députés ont proclamé l’abolition de la royauté en France (qui prenait la forme d’une monarchie constitutionnelle instituée par la Constitution du 3 septembre 1791). Elle marquait ainsi la fin de près de huit siècles de monarchie ininterrompue et la naissance de la Première République, premier régime républicain de l’histoire de France.

Contexte
Les députés de la Convention se savaient mandatés pour mettre un terme à une crise qui couvait depuis la fuite et l’arrestation à Varennes de Louis XVI (les 20 et 21 juin 1791) et la prise sanglante des Tuileries (le 10 août 1792). Leur origine bourgeoise et leur activité politique ne les portaient pas, pour la plupart, à l’indulgence envers le trône.

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« Écologie décoloniale » : repenser la fracture coloniale et environnementale à travers le prisme caribéen

— Par Sabrina Solar —

L’ouvrage de Malcom Ferdinand, Une écologie décoloniale, n’aborde pas spécifiquement le XIXe siècle, mais propose une analyse profonde des fractures coloniales et environnementales, en les réarticulant depuis ce que l’auteur désigne comme le « nœud colonial de 1492 » jusqu’à nos jours. Ce livre, récompensé par la Fondation de l’écologie politique et issu de la thèse de Ferdinand, se situe à la croisée de la théorie politique, de l’écocritique et de l’histoire, offrant ainsi une perspective particulièrement précieuse pour les historien.nes, notamment par l’originalité de ses ambitions conceptuelles.

Dès l’introduction, l’auteur énonce clairement sa thèse : l’histoire coloniale ne peut être dissociée des causes profondes des ravages environnementaux actuels. Il s’agit ainsi de repenser ensemble la double fracture coloniale et environnementale, longtemps perçue de manière isolée. Ferdinand explore cette démarche depuis l’espace caribéen, qui constitue un point d’observation crucial pour analyser l’assise économique des empires européens et les conséquences écologiques de la colonisation. L’auteur se positionne dans une démarche cosmopolitique, celle d’un « monde commun » fondé sur des actions politiques pluriverselles, défiant les conceptions traditionnelles qui réduisent la planète à un simple « oikos », un espace à gérer de manière restreinte et exclusive.

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Le Pass Culture en question : inefficacité, inégalités et propositions d’amélioration

— Par Sarha Fauré —

Le Problème du Pass Culture : Depuis sa création en 2021, le Pass Culture a été critiqué pour ne pas atteindre ses objectifs. Un rapport de l’inspection générale des affaires culturelles indique qu’il est souvent contre-productif et amplifie les inégalités.
1. Critères d’éligibilité et utilisation : Le Pass Culture offre 300 euros aux jeunes de 18 ans et moins pour dépenser dans des activités culturelles via une application. Cependant, les jeunes les plus aisés en bénéficient davantage, et l’argent est souvent dépensé pour des œuvres populaires plutôt que pour la découverte culturelle.
2. Impact économique et social : Le Pass Culture est coûteux (260 millions d’euros) et son efficacité est remise en question. Il finance principalement des producteurs privés et étrangers, et crée des opportunités de trafic, ce qui nuit à son objectif de soutien aux œuvres et lieux subventionnés par l’État.
3. Critique et alternatives : La mesure est critiquée pour ne pas combler les fractures culturelles et pour remplacer des initiatives telles que l’ouverture des bibliothèques publiques. Un second Pass Culture, collectif, introduit en 2022 dans les écoles, semble plus prometteur mais nécessite une évaluation plus poussée.

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L’éphéméride du 15 septembre

Pierre Belain d’Esnambuc prend possession de la Martinique au nom de Louis XIII le 15 septembre 1635

« L’île aux fleurs » ou « L’île aux femmes »?
La Martinique a été abordée par Christophe Colomb le 11 novembre 1493, lors de son second voyage. Son nom viendrait selon une version poétique de la déformation phonétique de son nom indien : Matinino, que l’on traduit approximativement par « l’île aux fleurs ».

Une version plus vraisemblable serait que Christophe Colomb avait déjà donné à une autre île le nom du saint du jour, Saint Martin (fêté le 11 novembre). Il aurait en conséquence appelé cette nouvelle découverte « petite Saint Martin », soit, en espagnol Martin nino, nom qui figure sur des cartes espagnoles ou hollandaises du XVIIe siècle, puis fut francisé en Martinique.

On prête généralement cette découverte de la Martinique par les Européens à Christophe Colomb lorsqu’il accoste sur le site de l’actuelle commune du Carbet le 15 juin 1502 au cours de son quatrième voyage vers les « Indes ». Néanmoins, il semble admis que ce soit Alonso de Ojeda qui ait découvert l’île en premier lors de son expédition de 1499-1500.

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L’éphéméride du 14 septembre

Première parution par Karl Marx du « Capital. Critique de l’économie politique » le 14 septembre 1867

Le Capital. Critique de l’économie politique (du titre original allemand Das Kapital. Kritik der politischen Ökonomie) est l’ouvrage majeur du philosophe et théoricien de l’économie politique allemand Karl Marx.

Marx a consacré plus de 20 ans de sa vie à l’écriture de cette œuvre, mais n’en a achevé qu’une partie : le premier livre, publié le 14 septembre 1867 et dédicacé à Wilhelm Wolff, consacré au développement de la production capitaliste. Des brouillons de Marx ont été utilisés par Friedrich Engels pour publier les livres 2 et 3, en 1885 et 1894. Les ébauches de Marx consacrées à l’histoire des doctrines économiques ont été publiées par le socialiste allemand Karl Kautsky sous le titre Les Théories de la plus-value (4 vol., 1905-1910).

C’est en observant l’industrie britannique contemporaine et ses conditions de travail ainsi qu’en s’appuyant sur les précédents théoriciens de l’économie politique (tels que David Ricardo ou Adam Smith) et en les critiquant que Marx entend démontrer la nature réelle du capitalisme, et mettre l’accent sur les contradictions internes de ce système.

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L’éphéméride du 28 août

Abolition (partielle) de l’esclavage dans l’Empire britannique, par le Slavery Abolition Act le 28 août 1833.
Assassinat raciste d’Emmett Till par Roy Bryant et J.W. Milam le 28 août 1955

Le Slavery Abolition Act 1833 (citation 3 & 4 Will. IV c. 73) est une loi du Parlement du Royaume-Uni qui abolit en 1833 l’esclavage dans la plus grande partie de l’Empire britannique, à l’exception des « territoires appartenant à la Compagnie anglaise des Indes orientales » et des « îles de Ceylon et Saint Helena ».
Une abolition graduelle
En 1833, le flot des pétitions déposées au Parlement britannique réclamant l’abolition de l’esclavage devint particulièrement spectaculaire : le gouvernement en reçut cette année-là plus de 5000 réunissant au total plus d’un million et demi de signatures. Un consensus se dégagea dès lors pour proclamer l’abolition légale de l’esclavage dans les colonies britanniques. L’Abolition bill, voté par le Parlement britannique le 8 août 1833 fut confirmé le 28 août par le roi Guillaume IV4.

Afin de ne pas provoquer dans les colonies de plantation un choc économique trop brutal – et accessoirement atténuer la sensibilité des Members of Parliament aux arguments antiabolitionnistes des planteurs -, le texte prévoyait une abolition graduelle.

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Quête identitaire aux Antilles : Un risque pour la cohésion sociale

La dangereuse pente d’une cassure identitaire et d’une fracturation sociétale aux Antilles

—Par Jean-Marie Nol, économiste —

La Guadeloupe et la Martinique, se trouvent confrontés depuis quelques années à une quête mémorielle et identitaire qui pourrait introduire une fracture sociétale aux conséquences dommageables pour l’heure insoupçonnés. Loin d’être anodine, cette dynamique identitaire s’ancre dans un contexte mondial de mutation sociologique et de bouleversements géopolitiques et stratégiques où  toutes les communautés cherchent à renouer avec leurs racines ancestrales et à revendiquer leur place dans une histoire douloureuse parfois négligée. Cependant, dans des sociétés présentement fragilisées sur le vivre ensemble, et déjà marquées par une pluralité de cultures et une histoire antagoniste commune complexe, cette résurgence de revendications identitaires risque de créer des tensions qui viendraient fragiliser davantage le lien social, pourtant déjà fragile, en Guadeloupe et en Martinique.

Récemment, deux événements illustrent cette tendance à la revalorisation identitaire au sein de communautés spécifiques dans les Antilles françaises. L’ambassadeur d’Inde en France, son Excellence Jawed Ashraf, a été reçu en grande pompe par les autorités territoriales de Martinique et de Guadeloupe. Cette visite diplomatique, axée sur les relations entre l’Inde et les Antilles françaises, a mis en lumière l’influence culturelle indienne dans ces îles, avec un accent particulier sur les Indo-descendants, descendants des travailleurs sous contrat amenés en masse après l’abolition de l’esclavage.L’ambassadeur

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L’éphéméride du 25 août

Présentation au Salon du Radeau de la Méduse qui suscite un scandale le 25 août 1819

Le Radeau de La Méduse est une peinture à l’huile sur toile, réalisée entre 1818 et 1819 par le peintre et lithographe romantique français Théodore Géricault (1791-1824). Son titre initial, donné par Géricault lors de sa première présentation, est Scène d’un naufrage. Ce tableau, de très grande dimension (491 cm de hauteur et 716 cm de largeur), représente un épisode tragique de l’histoire de la marine coloniale française : le naufrage de la frégate Méduse. Celle-ci est chargée d’acheminer le matériel administratif, les fonctionnaires et les militaires affectés à ce qui deviendra la colonie du Sénégal. Elle s’est échouée le 2 juillet 1816 sur un banc de sable, un obstacle bien connu des navigateurs situé à une soixantaine de kilomètres des côtes de l’actuelle Mauritanie. Au moins 147 personnes se maintiennent à la surface de l’eau sur un radeau de fortune et seuls quinze embarquent le 17 juillet à bord de L’Argus, un bateau venu les secourir. Cinq personnes meurent peu après leur arrivée à Saint-Louis du Sénégal, après avoir enduré la faim, la déshydratation, la folie et même l’anthropophagie.

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Corruption, népotisme, futilité, malversations et dérives administratives à l’Akademi kreyòl ayisyen…

La société civile doit exiger l’abolition de cet inutile ‘’symbole décoratif’’

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le torchon brûle, encore une fois, à l’Akademi kreyòl ayisyen (AKA). Dans le microcosme mutique de l’AKA, la nouvelle de la démission de l’anthropologue et académicienne Rachel Charlier Doucet n’a pas été suivie de commentaires analytiques publics de la part de ses destinataires sur les motifs allégués. Daté du 10 août 2024, le courriel par lequel Rachel Charlier Doucet a annoncé sa démission aux membres de l’Akademi kreyòl ayisyen a pour titre « Demisyon Akademysyen Rachelle Charlier Doucet » et le motif de démission évoqué est formulé comme suit : « Mwen pa kapab fonksyone nan yon estitisyon ki pa kapab rekonèt prensip, ni fè manm li yo respekte prensip sa yo ». Les « prensip » auxquels il est fait allusion ne sont ni identifiés ni explicités dans le courriel de la démissionnaire… Par courriel en date du 16 août 2024 adressé au Conseil d’administration de l’Akademi kreyòl ayisyen, nous avons sollicité sa version à propos des motifs allégués par l’académicienne démissionnaire : notre courriel est resté sans réponse…

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Les Antilles entre héritage colonial et modernité : défis et perspectives pour une transformation économique

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

En quoi la fibre sociale héritage d’un passé révolu , peut -t-elle aujourd’hui être un facteur négatif pour un changement de paradigme économique aux Antilles ?

L’histoire des Antilles est marquée par des siècles de colonisation, d’esclavage et de plantation, qui ont laissé des traces profondes dans la réalité sociale et économique de ces territoires. La « fibre sociale » très présente en Guadeloupe et en Martinique puise ses racines dans une histoire marquée par la colonisation, l’esclavage et la lutte contre l’oppression sociale . Cette dynamique de solidarité et de revendication sociale s’est construite au fil des siècles, façonnant en profondeur les mentalités et les pratiques culturelles de ces territoires.D’abord, l’histoire coloniale, dominée par l’économie de plantation, a imposé des structures sociales profondément inégalitaires. L’esclavage, en particulier, a été un système brutal qui a non seulement asservi des milliers de personnes, mais a aussi engendré une résistance collective parmi les esclaves. La lutte pour la survie, la dignité et l’émancipation a favorisé l’émergence d’une solidarité forte entre les opprimés, renforçant l’idée que la survie collective passe par l’entraide (koutmen) et l’organisation communautaire.Cette

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L’éphéméride du 14 août

La cérémonie du Bois-Caïman se tient le 14 août 1791

La cérémonie du Bois-Caïman est une réunion d’esclaves marrons la nuit du 14 août 1791, considérée en Haïti comme l’acte fondateur de la révolution et de la guerre d’indépendance. C’est le premier grand soulèvement collectif de Haïti contre l’esclavage.

L’UNESCO a choisi le 23 août en référence au soulèvement qui a suivi cet évènement comme « Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition ».

Bois-Caïman
Bois-Caïman est un lieu reculé de l’habitation Lenormand de Mézy à « Morne-Rouge » sur l’île d’Hispaniola l’actuelle Haïti.

La nuit du 14 août 1791, Dutty Boukman y organise une cérémonie politique et religieuse pour un grand nombre d’esclaves. La prêtresse Mambo, Cécile Fatiman, plonge un couteau dans un cochon noir créole sacrifié, et les assistants boivent son sang afin de devenir invulnérables. Boukman ordonne alors le soulèvement général. En rassemblant les différentes tribus africaines dans leur quête de liberté, le vaudou est ainsi un catalyseur dans la révolte des esclaves de Saint-Domingue.

Ce soulèvement a lieu la nuit du 21 au 22 août où les esclaves de cinq habitations brûlent celles-ci et massacrent les Blancs, femmes et enfants compris.

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L’éphéméride du 4 août

Date présumée de découverte du procédé de fabrication du champagne, ce « vin du diable », par Dom Pérignon  le 4 août 1693

Pierre Pérignon, dit dom Pérignon, né à Sainte-Menehould en décembre 1638 ou janvier 1639 et mort dans l’abbaye Saint-Pierre d’Hautvillers le 24 septembre 1715, est un moine bénédictin qui, selon la légende, a importé de Limoux la méthode de la prise de mousse du vin dite méthode champenoise — il est de ce fait considéré comme l’inventeur du champagne. Presque exactement contemporain de Louis XIV, il n’était ni vigneron ni alchimiste. Au monastère d’Hautvillers, près d’Épernay, il assurait le contrôle des vignes et des pressoirs de l’abbaye. Son apport à la méthode était d’assortir avant de les pressurer des raisins de diverses origines.

Pierre Pérignon naît en décembre 1638 ou janvier 1639, à Sainte-Menehould dans une famille aisée de sept enfants : son père Pierre Pérignon a la charge du greffe de la Prévôté, sa mère Marguerite Le Roy meurt sept mois après sa naissance, son père se remariant trois ans plus tard avec Catherine Beuvillon, veuve d’un marchand de la ville2.

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L’hybridation, est une solution au problème identitaire Antillais, mais demeure un vœu pieux sous l’angle économique ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Pour les élus Guadeloupéens et Martiniquais engagés dans un processus d’autonomie, les concepts d’hybridation culturelle et de créolisation offrent des cadres théoriques pour penser et valoriser l’identité antillaise. Mais quid alors de l’importance des mécanismes économiques dans le processus d’évolution des consciences ? En mettant en avant la richesse et la diversité culturelle de la Guadeloupe et de la Martinique, ces concepts permettent de construire une identité nationale qui soit inclusive et dynamique, reflétant les multiples influences historiques et culturelles qui ont façonné l’île. l’hybridation, en particulier, peut servir de modèle de résilience et d’innovation culturelle. En reconnaissant et en célébrant la capacité des Guadeloupéens et Martiniquais à transformer des éléments disparates en une culture unique et vivante, les élus peuvent promouvoir une vision d’autonomie fondée sur la créativité et la résistance historique. Cela peut renforcer le sentiment de fierté et de solidarité parmi les citoyens, tout en mettant en avant la spécificité de l’expérience d’émancipation dans le contexte global de décolonisation des esprits. Ces thématiques permettent également de situer certes le processus d’autonomie politique dans une perspective de décolonisation, mais pas d’émancipation économique.

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Notre Martinique aujourd’hui Peuple mort avant d’avoir vécu

— Par Guy Lordinot, ancien député —

Par le fracas des armes, du choc des civilisations, la conjugaison, de l’histoire et de la géographie, un peuple martiniquais s’est forgé dans le brassage des originaires de quatre continents.

Aujourd’hui, la Martinique est menacée, tout comme les Kanaks, par le syndrome calédonien.

L’an 1635, des Européens venus de la France débarquent en Martinique. Ils y trouvent des habitants -les kalinagos-les exterminent en quasi-totalité et prennent possession de l’île. Devenus les nouveaux occupants, ils font venir d’Afrique des hommes et des femmes afin de cultiver les terres et d’entretenir leurs maisons. Réduits en esclavage, ces arrivants assurent la fortune de leurs maîtres.

Au fil du temps, les relations entre les maîtres et les esclavisés donnent naissance à une population nouvelle où se côtoient blancs, noirs et métis esclavisés ou libérés. L’abolition de l’esclavage entraîne l’importation d’une main d’œuvre en provenance notamment du continent asiatique.

Ainsi apparaît une population nouvelle composée d’originaires de quatre continents : l’Amérique, l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Héritiers de cultures différentes les habitants finissent par constituer un véritable peuple.

La France, ayant donné à la Martinique un statut de colonie, désigne un gouverneur et des administrateurs européens.

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Crise politique et climatique : l’Europe et la France face à un tournant décisif

— Par Christian de Perthuis(*) —

Le 9 juin dernier, les élections européennes ont vu l’extrême droite atteindre un score historique et l’effritement des groupes centristes et écologistes. En ligne de mire, un prochain Parlement européen qui sera moins pro-climat, ce qui crée un double risque de détricotage du « Pacte vert » adopté lors de la précédente mandature et de non atteinte des objectifs climatiques de 2030. Ce risque de décrochage des ambitions climatiques existe aussi en France, plongée dans une crise politique depuis l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolution de l’Assemblée Nationale et d’un retour aux urnes pour des élections législatives anticipées.

Peu présents dans le débat public, les enjeux climatiques de ce nouveau scrutin méritent pourtant d’être explicités : en effet, le climat est devenu l’un des marqueurs politiques les plus clivants au sein de l’hémicycle. Et le programme du Rassemblement national (RN), s’il venait à avoir la majorité à l’Assemblée, entraînerait une triple sortie de route pour le pays en matière de climat.

La France doit mettre les bouchées doubles pour réduire ses émissions

Coïncidence des calendriers, le CITEPA, l’organisme en charge de l’inventaire national des émissions de gaz à effet de serre, vient de publier mi-juin ses données les plus à jour.

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Le RN, ennemi des pays dits d’outre-mer

— Collectif —

Dimanche 9 juin, Emmanuel Macron annonçait la dissolution de l’Assemblée nationale suite à la défaite de son parti Renaissance aux élections européennes face au Rassemblement National. Désormais aux portes du pouvoir, rappelons que le RN est un parti politique d’extrême droite (le Conseil d’État l’affirmait encore récemment) fondé par Roger Holeindre, membre du groupe terroriste OAS; François Brigneau, milicien du régime de Vichy, Jean-Marie Le Pen, négationniste, révisionniste, tortionnaire en Algérie et Pierre Bousquet, nazi. Un parti aujourd’hui présidé par Marine Le Pen, héritière de ce mouvement aux fondements idéologiques antisémites, racistes, sexistes et xénophobes. 

Depuis plus de vingt ans, le RN travaille son image pour se fondre dans la masse grâce à des techniques de marketing et de communication dont on sait l’efficacité. Progressivement et massivement ses idées nauséabondes se propagent comme un virus sur les réseaux sociaux avec la complicité de certains médias mainstream dont la concentration et la politisation à la faveur de l’extrême droite favorisent une normalisation et banalisation de ses idées mais aussi avec celle du pouvoir en place (macroniste) et des gouvernements qui l’ont précédé.

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« Tu, c’est l’enfance » de Daniel Maximin, une nouvelle édition en collection de Poche

— Par Sarha Fauré —

La réédition en collection de poche du récit d’enfance de Daniel Maximin, « Tu, c’est l’enfance », nous offre une plongée captivante dans la jeunesse tourmentée mais enrichissante de l’auteur en Guadeloupe. À travers ce livre, Maximin nous dévoile son enfance marquée par les éléments naturels et les luttes historiques de son peuple.

Le regard de l’enfant et l’universel

Daniel Maximin s’efforce de préserver la pureté et l’innocence du regard enfantin, refusant d’écraser les événements de l’enfance sous le poids du regard adulte. Cette dualité entre le « tu », l’enfant d’autrefois, et le « je », l’adulte d’aujourd’hui, permet de commenter et d’explorer les souvenirs qui ont forgé l’auteur. L’objectif est de respecter cette innocence et de montrer l’universalité de tous les regards d’enfants à travers le monde. Chaque enfant, en affrontant les éléments – l’air, la terre, l’eau et le feu – trouve une vitalité essentielle pour se construire en tant qu’adulte, tout en faisant face aux malheurs et douleurs qu’ils imposent. Maximin illustre cela par ses propres expériences : cyclone, éruption volcanique, tremblement de terre et raz de marée.

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Ce que le 22 mai nous rappelle…

Ce dimanche 2 juin 2024 sur RCI

— Par Antoine Maxime —

Dimanche dernier ma réflexion portait sur les différentes marches qui sont organisées dans notre pays spécialement à l’occasion du 22 Mai/ en soulignant que cela pouvait    signifier que la Martinique est un Pays en marche, en voie de construction, en mouvement, en changement. Nou po ko mo. A nous de reconnaître les pas que nous avons faits et    faisons. Rappelons nous qu’il n’y a pas de petit pas, comme le dit Césaire. Aux adultes d’aider nos enfants et petits enfants à savoir d’où nous sortons /et à reconnaître tout au long de notre histoire / de génération en génération/ le chemin parcouru/ avec ses tâtonnements, ses contradictions, ses échecs et ses avancées/    Le 22 Mai nous invite à nous remettre en mémoire/ que nos ancêtres étaient réduits à l’état d’ esclaves/ n’étaient pas reconnus comme des personnes/ mais considérés comme des « objets »sans âme »/ comme des machines à fournir du travail/ obligés de se soumettre à la volonté de maîtres auxquels ils appartenaient/Avec la plupart du temps la complicité d’un clergé qui,    prêchait « l’obéissance et la soumission à ces maîtres »en    promettant une récompense éternelle dans un autre monde.

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« Les routes de l’esclavage », une série documentaire par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant

Dimanche 2 juin à 17h30 et Lundi 3 juin à 20h55 sur Planète +

« Les routes de l’esclavage » est une série documentaire ambitieuse réalisée en 2018 par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant, à l’occasion du 170ᵉ anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France. Cette œuvre collective se distingue par sa portée historique, couvrant une période de plus de 1 400 ans, et par son approche systémique de l’esclavage, considéré non seulement comme une tragédie humaine, mais aussi comme un processus complexe ayant façonné notre monde actuel.

Une tragédie millénaire

L’histoire de l’esclavage remonte bien avant les plantations de coton en Amérique. La série commence au Vᵉ siècle, après la chute de l’Empire romain, et se poursuit jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle. Elle met en lumière comment l’esclavage a traversé différentes époques et régions, de l’Antiquité au Moyen Âge, de l’Afrique à l’Amérique, en passant par l’Europe et le Moyen-Orient.

Épisode 1 : 476 – 1375, Au-delà du désert

Le premier épisode explore la période suivant l’effondrement de Rome, lorsque les Arabes construisent un nouvel empire qui s’étend des rives de l’Indus au Sahara.

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Amnesty rapporte un nombre record d’exécutions dans le monde depuis 2015

En 2023, le nombre d’exécutions a atteint un niveau inédit depuis une décennie, selon le rapport annuel d’Amnesty International. L’organisation de défense des droits humains, basée à Londres, a recensé 1 153 exécutions, marquant une hausse de plus de 30 % par rapport à 2022, où 883 exécutions avaient été enregistrées. Cette augmentation est principalement attribuable à l’Iran, qui représente à lui seul 74 % des exécutions mondiales avec 853 mises à mort, soit près de 50 % de plus qu’en 2022.

« Les autorités iraniennes ont fait preuve d’un mépris total pour la vie humaine, multipliant les exécutions pour des délits liés à la drogue », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International. Cette situation met en lumière les effets discriminatoires de la peine capitale en Iran, affectant particulièrement les groupes de population marginalisés, notamment la minorité baloutche.

Outre l’Iran, la Chine se classe en deuxième position, bien que les chiffres exacts des exécutions y soient classés secret d’État. Amnesty International estime que ces chiffres se comptent par milliers. De même, le Vietnam et la Corée du Nord recourent massivement à la peine de mort, souvent pour punir des crimes mais aussi des actes dits dissidents.

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« Paris au temps du bal nègre », un film de Martine Delumeau

Dimanche 26 mai à 23h20 sur France 5. Disponible en replay=>

— Par Hélène Lemoine —

« Paris au temps du bal nègre » est un documentaire inédit réalisé par Martine Delumeau, qui plonge dans l’histoire du Bal de la rue Blomet, également connu sous le nom de Bal Nègre. Ce film utilise un mélange d’archives et de reconstitutions pour transporter les spectateurs dans les Années folles de Paris, précisément en 1924, au 33, rue Blomet dans le 15e arrondissement, près de Montparnasse.

Une époque effervescente

À cette époque, le 33, rue Blomet, une maison du XVIIIe siècle reconvertie en cabaret sous le nom de Bal Blomet, devient le lieu de rendez-vous incontournable de la génération avide de distractions après la Grande Guerre. Nommé Bal Nègre par le poète Robert Desnos, ce lieu voit se côtoyer des célébrités comme Joséphine Baker, Foujita, Ernest Hemingway, Man Ray, et Mistinguett, ainsi que des anonymes, des ouvriers et des intellectuels.

Un creuset d’identité noire

Le Bal Blomet se transforme en un creuset où une nouvelle identité noire émerge. Les créoles de Paris, allant des petits-bourgeois assimilés aux travailleurs manuels, en passant par les intellectuels et les révolutionnaires, se retrouvent pour danser la biguine.

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C’est bien le 22 mai 1848 et à la lutte héroïque de nos ancêtres que nous devons notre liberté !

— Par Marie-Hélène Léotin, historienne —

J’ai dit et je répète qu’au mois de Mai 1848, personne en Martinique ne connaît l’existence du décret du 27 avril 1848 signé par le Gouvernement Provisoire de la République française et pris à l’initiative de Victor Schoelcher. L’acte fondateur de la Liberté pour nos ancêtres est l’arrêté du gouverneur Rostoland du 23 Mai 1848, signé aux lendemains de l’insurrection du 22 Mai à Saint-Pierre. Ce jour-là, tous les esclavisés martiniquais se sont réveillés libres !

Bien sûr qu’on est au courant qu’un décret ou une loi doivent être votés. Le processus historique qui mène à l’abolition est un cheminement long qui répond à un certain nombre de conditions. Les historiens parlent du « siècle des abolitions » entamé dès la première abolition en 1793 en Ayiti. Après l’Abolition Act en Angleterre en 1833, le gouvernement français lui aussi met en place une Commission chargée de préparer l’émancipation, dès l’époque de la Monarchie de Juillet. Les rumeurs d’abolition ne datent ni de 1848, ni de la République. On n’a pas attendu la République pour réfléchir à la question de l’abolition de l’esclavage.

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La loi du 20 mai 1802 rétablit l’esclavage

La loi du 20 mai 1802 (30 floréal an X) est un retour sur les principes du décret du 4 février 1794 (16 pluviôse) qui avait aboli l’esclavage sur tous les territoires de la République française. Il faut constater que cette abolition n’a pas été effective dans plusieurs colonies françaises. La Réunion a entravé son application, la Martinique l’a refusée au terme d’une insurrection royaliste similaire à celle de Vendée. En effet, soulevée depuis le 16 septembre 1793, la Martinique signe, représentée par le planteur Louis-François Dubuc, un accord de soumission à la royauté anglaise (traité de Whitehall). Le 6 février 1794, les Anglais entament la conquête militaire de l’île qu’ils terminent le 21 mars 1794. Les planteurs martiniquais évitent donc ainsi l’abolition effective de l’esclavage sur leur territoire.

La loi du 20 mai 1802 concerne explicitement les territoires qui n’ont pas appliqué la loi abolitionniste du 4 février 1794, elle est liée au traité d’Amiens du 26 mars 1802 qui restitue la Martinique, Tobago et Sainte-Lucie à la France. En conséquence, elle ne s’applique en théorie ni à la Guadeloupe, ni à la Guyane, ni à Saint-Domingue.

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