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La cuisine relationnelle des Antilles et des Amériques : Un matri-patrimoine méconnu

— Par Patrick Chamoiseau —

Permettez-moi quelques brèves considérations concernant la cuisine qui est la nôtre — celle des Antilles et des Amériques. Dans l’un de mes romans, intitulé Solibo Magnifique, publié en 1988, j’avais indiqué la recette du « Toufé-rétyen ». Cette chair de requin cuite à l’étouffée constituait un des plats emblématiques de l’époque. C’était aussi l’une des gourmandises préférées de ma mère. Je n’ai jamais raffolé du poisson et je ne suis pas un grand amateur de ce « Toufé-rétyen ». Seulement, je reste convaincu que cette recette méritait toute sa place dans mon exploration de l’imaginaire populaire de notre pays, mais aussi de notre créativité collective alors sous-estimée. Ce qui est intéressant, c’est que cette simple évocation avait déclenché une petite polémique. J’avais été accusé « d’auto-exotisme », pour ne pas dire de « doudouisme » par un philosophe martiniquais bien en vue à l’époque. Excusez-moi cette anecdote, mais elle est symptomatique de ceci : même si dans ces années-là, nous avions largement avancé dans la réappropriation de nos patrimoines oubliés — patrimoine de l’habitat, patrimoine de la mémoire orale, patrimoine de la danse, du tambour, de la musique des mornes —, la cuisine était encore considérée comme un symptôme du « localisme ».

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Avancer dans l’unité-diversité

Ouvrir le champ des possibles pour des compromis de coexistence !

— Par l’ Atelier des Socios(*) —

Telle est la dynamique engagée par les élus de la Collectivité Territoriale de Martinique pour sortir des limites constatées dans la gestion du quotidien et inscrire le Pays Martinique dans une relation plus constructive et prospective avec la France et le Monde. Cette relation, qui n’est pas celle de l’indépendance, ni celle du statuquo, s’inscrit dans un processus de responsabilisation collective. Elle trace avec détermination l’exigence de la différenciation, l’exigence de la reconnaissance d’un peuple dans son espace géographique. Dès lors, il s’agit de poser les bases de l’unidualité. Oui, nous devons affirmer cette unidualité car le Pays Martinique, à l’instar des autres Pays signataires de l’Appel de Fort-de-France, est dans une relation complexe à la France. L’unidualité, expression empruntée à Edgar Morin, signifie que deux logiques sont unies sans que la dualité se perde dans cette unité. L’action se trouve alors portée par une irremplaçable richesse intérieure. Il nous appartient de dépasser ainsi l’alternative « ou bien la France ou bien la Martinique » pour faire dialoguer la complémentarité des antagonismes et les forces de l’intelligence collective.L’exercice

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Hommage à Eugène Mona

Il y a 32 ans, le 21 septembre 1991, le chanteur aux pieds nus Eugène Mona disparaissait.

Les festivités dans le cadre du mémorial en hommage à Eugène Mona débutent aujourd’hui. Concerts, expositions et conférence sont au programme de la semaine d’animation qui se déroulera à la fois sur les villes du Lorrain, de Sainte-Marie et du Marigot. Eugène Mona est depuis 2014, l’une des composantes du patrimoine immatériel de la ville du Marigot

Eugène Mona, de son vrai nom Georges Nilecam, est un chanteur et flûtiste martiniquais, né le 13 juillet 1943 au Vauclin (Martinique) et mort le 21 septembre 1991 à Morne Calebasse, un quartier de Fort-de-France (Martinique).
Artiste phare de la musique antillaise, l’auteur-compositeur a reçu l’éloge d’écrivains comme Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant pour ses chants qui renferment un puissant contenu littéraire créole.
Surnommé « le Nègre debout » ou « poto mitan », le chanteur flûtiste se disait artiste créole, revendiquant les héritages africains et européens, bien sûr, mais aussi indiens en introduisant notamment des sonorités tamoules dans ses rythmes détonants.
Biographie
Fils de musicien, il grandit dans cet univers et se fit remarquer en remportant un concours de chant créole à l’âge de 15 ans.

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Loïc Léry, du flingue au stylo

Mardi 5 septembre à 22h40 sur France 4

Déjà programmé sur Martinique 1ère » le 15/03/23. le superbe documentaire de Sonia Medina et Stéphane Krausz est de nouveau à l’affiche sur France 4. Si l’horaire vous semble un peu tardif il est toujours disponible en replay sur Martinique1ère =>
Dans ce documentaire, Loïc Léry raconte son histoire hors du commun. Pour lui, la prison a été une école de la rédemption et de la réflexion, inscrivant dans sa chair le passage du statut de gangster à celui d’écrivain. Rencontre et portrait sans filtre de l’auteur du polar Le Gang des Antillais.

Né en Martinique, d’un père marin pêcheur et d’une mère fonctionnaire agent hospitalier, Loïc Léry est le troisième d’une fratrie de sept enfants. Dans les années 70, alors que le Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer) organise le déplacement, sans retour, de milliers de « Domiens » vers Paris et la province, Loïc Léry, alors âgé de 13 ans, est envoyé à Paris où il est confronté au racisme qui le pousse à quitter l’école deux ans plus tard.

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Si nous restons à patauger dans l’imaginaire colonial, la guerre des langues restera en vigueur

Par Patrick Chamoiseau

Face au risque de voir annuler la décision faisant du créole la langue officielle de la Martinique au côté du français, l’écrivain antillais offre une réflexion sur la notion de « langue officielle » et souligne la nécessité d’accepter que les imaginaires sont multilingues

La résolution du 25 mai de l’Assemblée de Martinique est réjouissante : elle déclare le kreyol [« créole »] langue officielle de la Martinique au côté du français. Cette décision vient s’ajouter à l’adoption d’un hymne, d’un drapeau, aux adhésions à des instances caribéennes, et à d’autres dispositifs certainement à l’étude. Elle vise à conforter notre niveau de conscience collective comme peuple et comme nation. Les élus martiniquais ont enfin quitté les étroitesses économiques, pour s’avancer dans le domaine du politique. Il s’agit pour eux de densifier une présence collective innovante, riche de ses sources, de ses racines, de ses alliances géographiques et historiques multiples. Il s’agit aussi de la projeter (sans assistanat, sans dépendance, loin des morbidités du grand sac « outre-mer ») dans les défis d’un monde qui change. Il s’agit, enfin, de lui faire accéder àune démocratie économique nouvelle, résolument sociale, culturelle, écologique et solidaire… – uneintention globale, susceptible de stimuler notre créativité collective, que j’ai proposé d’appeler dans untexte récent « Faire-pays ».

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Un Père de la Nation qui se dessine

Par Yves-Léopold Monthieux

Un ami de la nomenclatura foyalaise me disait hier que jamais Péyi-a et ce qui reste du MIM ne laisseront Serge Letchimy donner son nom à une Martinique autonome ou indépendante. D’autres exemples pourraient confirmer que le sort de la Martinique est étroitement lié à une compétition de ses leaders devant le l’histoire.

Ce phénomène me rappelle le bref entretien que j’avais volé à Alfred Marie-Jeanne dans un couloir d’ATV. « Voudriez-vous connaître le destin de ces hommes qui ont donné leur nom à leur pays comme Simon Bolivar, Jose Marti ou Fidel Castro ? Aimeriez-vous que la Martinique s’identifie à votre nom, lui demandai-je, quelles que soient les conséquences positives ou négatives, y compris pour votre propre famille ». Son accord empressé à ces éventualités était sans ambiguïté. Deux circonstances ont paru faire écho à cette réponse, d’abord, au lendemain du moratoire, la répétition de sa propre sentence : « Césaire est voué aux poubelles de l’histoire ». Ensuite, l’opposition de Chaben, qui s’est avérée vaine, à la dénomination de l’aéroport du Lamentin du patronyme d’Aimé Césaire.

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Faire-Pays : réimaginer l’interdépendance à l’ère post-capitaliste

Inspiré par les pensées de Patrick Chamoiseau

— Par René Lake —

Les notions d’identité, de nation et d’appartenance ont longtemps été façonnées par le prisme du nationalisme, des revendications d’autonomie et des aspirations à l’indépendance. Toutefois, le monde d’aujourd’hui, un monde d’interdépendance et de connexions globales, exige de nous une reconfiguration radicale de ces conceptions.

Dans la série « Faire-Pays », Patrick Chamoiseau évoque une vision qui, selon lui, dépasse les « nationalismes des années 50 » et les « revendications d’autonomie-indépendance restées inefficientes ». Il envisage un remaniement de notre rapport à la notion de pays non pas dans des « exclusives nationalistes ou des indivisibilités républicaines », mais dans une « intensification tous azimuts de nos systèmes relationnels ». Il plaide pour une ouverture totale : une mobilité accrue, un multilinguisme babélique, un abandon des normes centrées, et la création de partenariats trans-mondiaux.

Pour Chamoiseau, la clé réside dans l’intensification des relations – la création de ponts plutôt que de murs, l’ouverture vers l’extérieur plutôt que l’enfermement. Tout cela, dit-il, suppose une « entrée en responsabilisation post-capitaliste » pour tous.

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L’écriture de la nature ou le texte vivant

Hannes De Vriese s’entretient avec Patrick Chamoiseau

Docteur en littérature française (Université de Toulouse et Ghent University), Hannes De Vriese a enseigné la langue et la littérature dans le second degré et dans l’enseignement supérieur (Universités de Toulouse et de Montpellier). Dans le cadre de ses travaux de recherche, il s’intéresse à la représentation de la nature et du paysage dans la littérature contemporaine, selon une perspective écopoétique et écocritique, et a publié des articles sur plusieurs auteurs, parmi lesquels Claude Simon, Patrick Chamoiseau, Jean-Philippe Toussaint, Sylvain Tesson ou Jean-Loup Trassard. Il s’intéresse également à la pédagogie et au système éducatif et assure actuellement les fonctions d’inspecteur de l’Éducation nationale dans le département du Gers. Il s’entreteient ici avec Patrick Chamoiseau.

Hannes De Vriese

La quatrième de couverture des Neuf consciences du Malfini présente ce texte comme une fable “qui s’empare de la conscience écologique”. Une telle remarque ne pourrait-elle pas s’appliquer à la plupart de vos textes, à Texaco, à Biblique des derniers gestes, au Papillon et la lumière ou encore à L’empreinte à Crusoé, pour n’en nommer que quelques-uns ?

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La réponse du berger à la bergère : un congrès qui fait pschitt !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Il est un comportement des partis politiques martiniquais dits indépendantistes, autonomistes, bref évolutionnistes, qui n’a pas changé depuis que la question institutionnelle se pose concrètement. Bien entendu, cette attitude est venue s’ajouter à la pratique électoraliste traditionnelle qui a toujours consisté à mettre son drapeau dans sa poche chaque fois que s’annonçait une élection de maire, de conseiller général ou de député. Cette liberté prise à l’égard de supposés convictions a permis à leurs auteurs de se faire élire et de conserver leurs mandats, pour certains pendant près d’un demi-siècle.

Par commodité de l’analyse, fixons le début de cette période d’appel à la responsabilité à 2003, année de la première consultation populaire. Le PPM avait décrit celle-ci comme une entourloupe ; c’est le mot qui semble le mieux traduire l’expression utilisée alors par le secrétaire général du PPM, Camille Darsières : « Chatt-en-sac ». En effet, pour le PPM la consultation avait un défaut originel : elle avait été initiée par Alfred Marie-Jeanne. Au lieu de sauter sur l’occasion de ce petit bout d’autonomie et se débarrasser du moratoire, l’important avait surtout été de ne pas offrir un cadeau politique à l’adversaire.

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Pour Milan Kundera

— Par Patrick Chamoiseau —

Kundera
La survie des petites nations gît tout entière, c’est vrai, dans l‘éclat de leur art, le lucide de leur rire, l’aérien des vérités qui dansent ; seulement, leurs géographies sont inconnues des cartographes.

Elles sont faites de rencontres.
D’expériences infinies, d’exils qui enracinent, de langues restées vivantes dans le jeu même des autres langues. Elles vont aux formes ouvertes, aux matières sans candeur, aux forces qui lèvent les insolites du vivre et la beauté d’une autre vision du monde. La nôtre, Martinique, que tu as vue avec grand soin, te fait ici, le signe de l’amitié : c’est geste ancien, tigé de l’algèbre d’un pouvoir.

Bien des choses ont changé au Diamant, mais tout ce qui s’y trouve de fidèle, d’immobile, de belle poussière inaltérable, de vagues et d’écume tiède, se souvient.

Milan
Ici, celui qui tient le verbe au jaillissement des sources, ne sait rien du roman ; juste le fleuve de la parole qui habille les nuits et désarme les jours ; juste la lumière sans flambeau qui questionne et qui n’impose rien ; juste la danse la musique et le rire qui réinventent l’antique complexité du vol des papillons.

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« Nous, Caribéens, ne sommes pas prêts, mais nous avons la ressource pour nous accorder aux mutations impérieuses »

Dans une tribune au « Monde », Patrick Chamoiseau, écrivain antillais, estime que, pour s’adapter aux changements climatiques, il faut se tourner vers les temps antécapitalistes et s’inspirer de l’esprit des premiers Antillais, les Kalinagos.

— Par Patrick Chamoiseau —
La modification climatique changera nos vies, mais n’affectera sûrement pas le capitalisme. La perspective est désormais claire : sous son règne, dans une soixantaine d’années, la planète accusera l’impact d’une élévation de température de l’ordre de 3 °C. Pour le monde tel que nous le connaissons, cela signifie un coup d’arrêt aussi brutal que longuement annoncé.

Le dogme mercantile qui nous domine et saccage la planète connaîtra, hélas, d’intensives jouvences dans l’immanence du numérique, les nano-technosciences et l’insondable potentiel de l’intelligence artificielle. A ces sources de regain, ajoutons les découvertes (encore imprévisibles, mais à coup sûr inouïes) qu’apportera l’astrophysique dans ses explorations innovantes du cosmos.

Ma génération connaîtra un réchauffement d’environ 1,5 °C. Celle qui a 20 ans aujourd’hui devra subir 2,5 °C dans le meilleur des cas. Ceux qui naissent maintenant seraient condamnés aux 3 °C montant. Dans tous les cas, les peuples de l’eau, gens des côtes, de l’Océanie ou de la Caraïbe seront confrontés à des transformations radicales, avec comme sinistres architectes : pics de chaleur dantesques, gonflement de l’océan, cyclones exacerbés, tsunamis, sécheresse profonde et inondations folles, acidification marine, blanchiment des coraux, effondrement de leur biodiversité… Un concentré de catastrophes interactives que l’écrivain Gabriel Garcia Marquez [1928-2014] lui-même n’aurait pas pu imaginer.

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Pour Fred Désir

— Par Patrick Chamoiseau —

Voulez vous danser grand-mère…Ti-makak… manman doudou.. Yo…

Un grand musicien a fait silence.

Attentif à toutes les musiques, maître en mélodies subtiles, soucieux du texte qu’il habitait d’une manière inimitable, beaucoup de ses chansons sont maintenant des classiques…

Fred,
ce que la main blessée à ordonné à l’orgue,
je l’ai gardé comme un poème :
la leçon est de sublimation,
le don fut de fraternité,
et l’exemple, toujours,
merci,
de claire humanité.

Frère,
Dans ce que dit le vent
Dans ce que charge la nuit
Tu fais musique fout’, et chante encore.

Patrick CHAMOISEAU
27 05 23.

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Appel pour la candidature de la Montagne pelée et des Pitons du Carbet au patrimoine mondial de l’Unesco

Patrick Chamoiseau lance un appel en ligne pour la candidature de la Martinique au patrimoine mondial de l’Unesco

L’écrivain martiniquais plaide dans une vidéo en faveur de la candidature de la montagne Pelée et des pitons du Carbet au patrimoine mondial de l’Unesco. Le texte est lu par le réalisateur et comédien Lucien Jean-Baptiste.

Toi Volcan Liberté, creuset de biodiversité qui a été témoin de la lutte des esclaves qui, il y a 175 ans a permis l’abolition de ce crime contre l’humanité…En ce 22 Mai 2023, jour de commémoration de l’abolition de l’esclavage en Martinique mais aussi journée mondiale de la biodiversité, nous partageons (…) cet hymne.

 

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« Masonn », de Max Diakok

À l’Artchipel le 3 mai 2023

Dans la continuité du questionnement sur les aliénations contemporaines, Masonn (Murs), qui est le 3ème volet d’un triptyque chorégraphique initié par Depwofondis et J’habite une blessure sacrée, explore la question du même et de l’autre.

Sujet sensible, s’il en est, il fait de plus en plus l’objet d’une frilosité croissante voire de sentiments aussi opposés que l’envie et la peur voire la haine vis à vis de l’autre. Sujet récurrent depuis la nuit des temps, le thème de l’altérité est indissociable de tous ces bouleversements nés des migrations postcoloniales. Il met en exergue la question du vivre ensemble.

A la base de ce projet : les mémoires corporelles. Ce qui les oppose, ce qui les relie.

Max Diakok a voulu mettre en valeur la façon dont la relation entre des singularités devient un objet de malentendus. Le dispositif vidéo-scénographique renforce ces diverses illusions.

Enfin, ce thème lui renvoie à la notion de territorialité propre au règne animal, reliée au concept de proxémie créé par l’anthropologue Edward T. Hall.

« Les murs qui se construisent aujourd’hui (au prétexte de terrorisme, d’immigration sauvage ou de dieu préférable) ne se dressent pas entre des civilisations, des cultures ou des identités, mais entre des pauvretés et des surabondances, des ivresses opulentes mais inquiètes et des asphyxies sèches (…) Les murs menacent tout le monde, de l’un et l’autre côté de leur obscurité.

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La violence du pouvoir macronien est une invitation au renforcement de la lutte !

— — Le n° 295 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Chaque provocation de Macron, destinée à persuader que la lutte est terminée, a eu l’effet contraire. La colère monte d’un cran. La promulgation en pleine nuit de la loi scélérate n’a pas failli à la règle. La violence du procédé a coupé le souffle à celles et ceux qui croyaient un tant soit peu à la « sagesse » du monde capitaliste,voire à l’influence présumée du président Fabius.

Chien maré pou lapidé, proclament les Dominants. En d’autres termes, ils ne veulent pas apaiser comme ils le proclament, mais écraser, quoi qu’il en coûte. Leur soif insatiable de démolir tout ce que les luttes prolétariennes du passé ont permis de conquérir, ne sera étanchée que par la résistance ouvrière et populaire.

En dépit des flottements, que l’on peut percevoir à demimots chez certains de l’intersyndicale de France, la ligne officielle, tout comme la volonté majoritaire, reste à la poursuite de la lutte, à la combinaison d’actions locales et sectorielles avec le grand rendezvous du premier mai que les responsables annoncent historiques.

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Analyse de «  La Désapparition » de  Gerry L’Etang

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

« A un moment où la société est ébranlée par des événements décisifs, il paraît inévitable que la création littéraire s’en empare pour interroger les diverses facettes de la transformation en train de se produire »

(Maria Graciete Besse).

La désapparition, ce roman (tantara) de Gerry L’Etang n’est pas anodin. Il est complexe, surprenant, déroutant, apparemment inintelligible, parfois terrible. Je me suis posé deux questions après l‘avoir lu :

Faut-il le mettre entre les deux oreilles de certains ?

Faut-il le mettre entre les mains de tous ?

Cet ouvrage de 123 pages, comprend 14 chapitres et, à la page 107, un remarquable poème qui tant sur le rythme que sur le fond -à ne pas en douter- résume la pensée de l’auteur.

Comment mieux décrire avec autant de violence, survolée par un humour grinçant, ce chaos et cette désagrégation qui nous menacent? Comment mieux décrire, dans une actualité perturbante, nos divisions, nos déchirures, nos illusions «malpapaye», nos combats perdus et peut-être nos regrets?

Comment mieux étaler, dans des scènes incroyablement cruelles, nos turpitudes, nos incohérences, notre simulacre d’unité et de vivre ensemble.

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Lutte pour les retraites : comprendre, se mobiliser , pour gagner !

— Le n° 291 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Les bénéfices cumulés de 38 des 40 entreprises du CAC 40 pour l’année 2022, ont atteint 152 milliards d’euros. Le déficit qu’ils feignent de craindre pour la sécurité sociale, serait autour de 15 milliards, soit 10 fois moins !

Le gain que la sécurité sociale engrangerait, si on réalisait l’égalité des salaires hommes/femmes serait de 6 milliards d’euros ! Et, si on égalisait le taux d’emploi entre hommes et femmes, le gain pour la Sécu, serait de 9 milliards d’euros ! Une augmentation des salaires de 3,5 %, rapporterait à la Sécu 6,5 milliards ! La suppression des exonérations de cotisations patronales, fournirait à elle seule 20 milliards de plus !

Ces quelques chiffres illustrent bien le choix de classe de la Macronie : les salariés d’enbas doivent travailler deux ans de plus, partir avec des retraites sans taux plein, pour que les bénéfices des gros prospèrent.

Tout va dans le même sens. De 1997 à 2019, la part des dividendes des actionnaires dans la valeur ajoutée a été multipliée par 3 (de 5 à 15%), tandis que la part des salaires pour la même période a diminué passant de 59 à 55%.

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Faire-Pays

Éloge de la responsabilisation

A l’initiative de l’écrivain Patrick Chamoiseau, un collectif d’artistes et d’universitaires appelle, la société civile à soutenir le « processus de responsabilisation » lancé par des élus de Guadeloupe, de Guyane, de Martinique, de Mayotte, de La Réunion, de Saint-Martin, en faveur de nouvelles relations avec l’État français.

Le texte « Fairepays. Eloge de la responsabilisation » sera prochainement disponible dans son intégralité aux Editions Le teneur. Lire des extraits=>

NOUS,

De la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique, de la Réunion ; gens d’ailleurs et de tous les côtés ; acteurs d’associations ou d’organismes non étatiques ; membres de la société civile ; professionnels de l’Éducation, de la Santé, de la Recherche, de l’Information, de la Prospective, de la Coopération internationale ; pratiquants du travail social, des Arts, des Lettres, du Numérique, de la Culture…,

CONSIDÉRONS,

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« Non » à la réforme des retraites d’Emmanuel Macron

Plus de cent personnalités ont signé l’appel de Politis contre un projet de réforme archaïque et terriblement inégalitaire.

Depuis six ans, Emmanuel Macron s’acharne à imposer au pays une réforme des retraites dont les Français·ses ne veulent pas. Toutes les versions du projet, déjà nombreuses, poursuivent le même but : le report de l’âge légal de départ à la retraite. L’objectif, à rebours de l’histoire sociale, est de faire travailler plus et plus longtemps des femmes et des hommes qui aspirent au repos et à donner libre cours à leurs projets dans un moment privilégié de la vie.

Pour y parvenir, le gouvernement tente de nous enfermer dans une querelle budgétaire et comptable. Ça n’est pas notre sujet. La question des retraites est éminemment politique. Elle renvoie à des visions profondément divergentes de la vie en société. Nous sommes face à un choix de société structurant et nous refusons celui que le gouvernement veut nous imposer.

Il est urgent que l’on donne au débat sa véritable dimension et son souffle.

La réforme va frapper plus durement ceux qui exercent les métiers les plus difficiles, usants – tant physiquement que psychologiquement –, et qui ont moins de chances de profiter d’une retraite paisible et de s’imaginer un avenir après 64 ans.

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Noir c’est noir : « 24 contes des Antilles »

Du bon usage des contes

— Par Michel Herland —

Selon Bruno Bettelheim, plus un conte est horrible, plus il rassure des enfants spontanément en proie à des fantasmes effrayants. Les monstres et autres créatures maléfiques seraient ainsi pour eux comme des compagnons familiers et sympathiques avec lesquels on joue à se faire peur. Le précieux petit recueil publié par Olivier Larizza et récemment réédité ne risque pas de décevoir les petites têtes brunes ou blondes car il abonde en histoires aussi abominables qu’immorales. En dehors de quelques-unes qui honorent la vertu, c’est le vice qui est régulièrement récompensé, goinfreries et assassinats en série.

Quand on se souvient que l’époque où les contes faisaient partie de la vie de tous les jours, ou plutôt de toutes les soirées – « ronde » d’esclaves(i) chez nous ou coin du feu sous d’autres cieux – fut aussi celle où la religion pesait de tout son poids pour inculquer au peuple la soumission, on s’émerveille de voir comment ce même peuple s’est montré capable de développer une philosophie de la vie bien à lui et bien mieux adaptée à sa condition que les enseignements du catéchisme.

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En attendant cargo

Une lecture de La désapparition de Gerry L’Etang

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Si l’on prend bien le pouls du champ littéraire franco-créolophone, si l’on suit bien les tendances, attitudes et habitudes nouvelles des lecteurs de ce champ, l’on peut aisément admettre que le grand public, antillais-français spécialement, n’est nullement en attente du dernier roman qui illustrerait l’esthétique de la créolité dont Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant faisait l’éloge1. Ce qui n’empêche au premier roman individuel de Gerry L’Etang, La désapparition (après Fillette Lalo, avec Dominique Batraville2), d’arriver dans le paysage des lettres caribéennes, avec une parole de Confiant propulsant l’auteur comme « une nouvelle voix de la créolité, à la fois singulière et puissante ». Certes l’on peut attester les traits d’une telle esthétique, tardive, dans le mince récit polyphonique de l’anthropologue martiniquais qui dresse le portrait d’une île – la sienne vraisemblablement – asphyxiée par une économie de comptoir, une économie de fiction, dans l’attente perpétuelle de la cargaison nécessaire qui, un beau jour, ne viendra peut-être pas. Mais cette étiquette ne suffit pas pour bien caractériser cette écriture foncièrement singulière.

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Dans l’atelier du « Vent du Nord »

Patrick Chamoiseau présente son dernier ouvrage : « Le vent du nord dans les fougères glacées »

ASSOCIATION TOUT-MONDE : J’aimerais approcher du cœur de votre processus créatif en considérant votre dernier ouvrage qui me semble très important. On dit que vous n’aimez pas trop parler de vos livres ?

Patrick CHAMOISEAU : Un peu. Je suis toujours un peu embarrassé quand il faut parler d’un livre. Pour moi, un texte est le résultat d’une cérémonie émotionnelle qui produit quelque chose que je ne comprends pas totalement. Je préfère idéalement laisser le contact, la perception, s’effectuer librement entre le lecteur et le texte. J’ai donc tendance à considérer que ce que je peux dire n’a pas grande importance. Donc, vous avez raison, le plus utile pour tout le monde est que je puisse en donner quelques éléments d’échafaudage.

L’échafaudage est tout ce qui il y a autour d’une construction, en l’occurrence ici, autour de l’acte de création. C’est l’intention, c’est tous les dispositifs qui aident au geste créateur, à l’écriture, ça je peux vous en parler. Cela vous donnera une idée de ce que j’avais dans la tête quand je me suis lancé dans cette alchimie particulière que représente chaque livre.

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La lente agonie de la Martinique sous l’idée fixe d’autonomie est-elle réversible !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Quelle société résisterait à une politique dont l’objectif d’évolution institutionnelle a constitué l’alpha et l’oméga de tous les partis politiques qui ont détenu le pouvoir depuis 1983 ? D’autant plus que pendant ces 40 ans toutes les intelligences littéraires, artistiques, religieuses et médiatiques se sont alignées en quête d’un Graal auquel le peuple se refuse avec la même constance. L’échec ne les a jamais assagis, refusant avec obstination de tirer leçon de la volonté du peuple qu’ils ont entrepris de contourner par tous les subterfuges possibles. Pour le plus connu, le recours à des consultations populaires illisibles et ouvertes à toutes les interprétations.

La Martinique est très certainement la seule démocratie au monde où, pendant toute cette longue période, tous les partis politiques autonomistes ou indépendantistes, y compris groupusculaires, ont participé aux majorités de ses assemblées locales. Seuls des luttes de pouvoir ont conduit les principaux leaders de sembler se renier. Pour empêcher de se laisser piquer par Alfred Marie-Jeanne la mise en œuvre de tout début d’autonomie, le Parti progressiste martiniquais a levé le pied pendant de longues années, mais il n’a jamais tiré le frein à main.

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Pour en finir avec l’Outre-mer

« Le système outre-mer a généré un syndrome du poulailler, où aucune poule ni aucun coq vaillant n’a le cœur à voler »

— Par Patrick Chamoiseau —

Le président de la République française devrait profiter de sa rencontre, mercredi 7 septembre, avec les présidents des collectivités, régions et départements non hexagonaux, pour embraser d’une flambée de lucioles cette ténèbre d’archaïsmes et d’aberrations qu’est le « système outre-mer ».

Depuis l’appel de Fort-de-France [le 17 mai, les présidents de plusieurs collectivités, régions et départements d’outre-mer avaient solennellement appelé l’Etat à un changement profond de politique ultramarine], ces élus de terrain, confrontés à des difficultés insurmontables, ont en substance réclamé au gouvernement plus de « responsabilité » domiciliée. Le phénomène est assez inhabituel pour que le plus haut responsable politique de la France se saisisse de l’appel. D’habitude, les interpellations unanimes à ce niveau politique relèvent plutôt du secours, de l’exonération fiscale, de la subvention ou du rattrapage d’un retard millénaire. C’est donc l’occasion pour la France d’assainir son rapport à ces terres lointaines, de refonder l’économie-conteneurs régnante, mais surtout, à mon sens, de réoxygéner les fondements de sa présence au monde en tant que grande nation.

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Éthique et publicité

Patrick Chamoiseau éveilleur de consciences !

— Par Marcel Luccin —

Spectacle audiovisuel; exploit sportif, incroyable succès populaire.
Ce qui gâche l’affaire : ces voiles réduites à des panneaux publicitaires :
 » William Saurin attaque Mac Donald… »
Les sponsors en guise d’éthique,
devrait mettre fin à cette indécence…
Aider sans dénaturer…

Patrick Chamoiseau

Nos intellectuels peuvent-ils penser à tout ou alors, y a-t-il des sujets plus pertinents que d’autres ? De manière impromptue Patrick Chamoiseau place les courses de yoles rondes au cœur d’une réflexion fondamentale. Il nous invite à faire le lien entre éthique et publicité, dans un contexte de délabrement des mœurs et d’exigences sociales.

A l’évidence, tout un pan de la culture et du patrimoine martiniquais est douloureusement mis à l’épreuve par des publicités omniprésentes. Ce phénomène, révèle à la fois une forme de violence sournoise et une vigilance collective qui se dégrade. Autant que le mécénat est présent partout, la pensée de Patrick Chamoiseau est limpide et pédagogique. Elle met en évidence la fragilité d’une pratique sportive « divertissement » partie de rien, devenue soluble dans de la publicité.

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