— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —
L’épineuse question linguistique en Haïti, telle qu’analysée par l’éminent linguiste et enseignant Pradel Pompilus dans « Le problème linguistique haïtien » (Éditions Fardin, Port-au-Prince, 1985), continue de préoccuper un grand nombre de personnes en Haïti, au premier chef des enseignants, des chercheurs et des administrateurs du système éducatif. Les données de ce « problème linguistique » ne sont pas toujours bien établies pour certains, et les perspectives et enjeux défendus par plusieurs ne bénéficient pas nécessairement de l’éclairage des sciences du langage. Par exemple, l’Académie du créole haïtien, l’AKA, s’est révélée incapable depuis sa création prématurée en 2014 de dépasser le slogan « bay kreyòl la jarèt », horizon réducteur et idéologie unilinguiste frileuse conforme à la réalité que l’AKA ne dispose d’aucun mandat d’aménagement simultané de nos deux langues officielles, le créole et le français (voir là-dessus notre article « Maigre bilan de l’Académie du créole haïtien (2014-2019) : les leçons d’une dérive prévisible », Le National, 5 avril 2019). Aussi, interroger le « problème linguistique haïtien » revient également aujourd’hui à examiner la perspective d’un novateur partenariat entre le créole et le français pour mieux comprendre la vision et les exigences d’un futur bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti.