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Psychanalyse et anticolonialisme L’influence de Frantz Fanon

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par GUILLAUME SURÉNA*

« Aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence,

de la force et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête. »

Aimé Césaire (1939). 

Le Professeur Tobie Nathan, dans Le Monde diplomatique d’octobre 1991, nous révèle, sur le ton prophétique des grands découvreurs, « que l’Afrique n’est pas une terre à conquérir [ … ] par telle ou telle chapelle psychanalytique en mal de clientèle » (Tobie Nathan, 1989). Dans cet article plus hâtif qu’instructif, les Nègres qui se réclament de l’or pur de la psychanalyse seraient « « blanchis » dans les universités et les instituts occidentaux » (Nathan, 1989).

je mesure donc le risque que je cours face à l’autorité d’un tel grand prêtre du savoir universitaire. Mais je ne voudrais pas sous-estimer celui que je cours face à certains Nègres des Antilles et d’ailleurs en critiquant l’un des Nègres dont nous sommes le plus fier depuis Toussaint Louverture, l’un de ceux qui ont le plus contribué à remettre en cause l’aliénation coloniale. J’ai nommé : Frantz Fanon.

Comment rendre compte du retard de développement de la psychanalyse dans les communautés noires, que ce soit en Afrique, aux Etats-Unis, au Brésil, dans le Bassin caraïbéen ?

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BITTER SUGAR « La revue nègre contemporaine » de Raphaëlle Delaunay

par Christian Antourel —

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« Si l’on en croit certaines sirènes, la danse jazz serait une éternelle oubliée. Il existe pourtant des manifestations clairement consacrées à ce style de danse, et d’autres qui proposent autour d’elle des alliages inédits »

Autour de Raphaëlle Delaunay, danseuse d’origine antillaise et d’Asha Thomas, danseuse noire américaine de la Compagnie Alvin Ailey. Trois interprètes, toutes de formations différentes, prolongent dans la transposition d’un hip hop métissé de musique électro et de danse africaine, la musique exubérante et l’excentricité d’un jazz déluré et dénudé, éloquent, joyeux et poétique. Qui passe par les corps en éruption et rappelle dans le swing majeur d’un rythme effréné de charleston, de lindy hop, du black botton, du fox-trot , ragtime au piano très syncopé et de shim sham. Autrefois à l’affiche du Savoy, principal dancing de Harlem dans les années 20/30. L’important est de s’amuser, de faire la fête, de rire, par le plaisir de la danse et du rythme. Dans le souvenir, évoquer les esprits, sans nostalgie, des Duke Ellington, Cab Galloway, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, et Joséphine Baker.

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Deux spectacles du Théâtre Martiniquais sur le Festival Off d’Avignon 2011



Label 2011 ANNEE DES OUTRE-MER

 

La compagnie VIRGUL’ présentera deux de ses spectacles au Théâtre du Chapeau Rouge lors du Festival Off d’Avignon. Il s’agit de la pièce de Jean-Claude Danaud, « Les Sardines Grillées » et d’un spectacle de contes, dans la tradition du conte Créole de Martinique « Ti Chat pourquoi ris-tu ?  » de Valer’EGOUY. Deux occasions de découvrir la diversité de la création Théâtrale de la Martinique d’aujourd’hui.
VIRGUL’ et son directeur artistique Valer’EGOUY sont très actifs dans le domaine de l’enracinement de la pratique théâtrale et de la parole contée dans les quartiers populaires de Fort de France. Ils sont à l’origine de plusieurs ateliers et rendez-vous culturels – Festival Contes et Musique dans la Cité, Lire et Dire pour le Plaisir, Arts et Culture en Vacances, spectacles jeune public, …

Leur dernier spectacle « Les sardines grillées », dont l’amorce du travail a été effectuée par Corinne VASSON avant que Valer’EGOUY ne fasse la mise-en-scène, a rempli cette saison le Théâtre Aimé Césaire sur toutes les représentations. C’est un bon moment de théâtre à déguster avec cœur, le bonheur sera partagé.

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Liberté, Egalité, Fraternité, Francité ! … et immigration zéro.

Par Patrick Singaïny

Propos sur le discours présidentiel au Panthéon

 

 

Par Patrick Singaïny1

 

 

 

 

 

Ayant préféré être posté sur le plateau de Michel Field à LCI pour mieux vivre l’événement national, plutôt que me trouver parmi les officiels, je commentais en direct la panthéonisation du « poète » Aimé Césaire par le président Nicolas Sarkozy. Pendant le temps où nous devions rester silencieux pour écouter le discours du chef de l’Etat, je prends connaissance de l’embargo au prononcé2 que nous tend l’animateur.

 

Je découvre alors, par la dimension que l’on a voulu donner à son contenu, un texte aux accents historiques, dont la prétention voudrait tendre à la similarité avec le fameux discours de Philadelphie de Barack Obama.

 

Celui-là même qui a su insuffler un élan d’espoir sans précédent au pays de Bush-fils, alors conspué dans le monde entier.

 

Le discours de Philadelphie, tout aussi important que le « I have a dream » de Martin Luther King, avait permis au métis de remporter la victoire présidentielle. C’était un de ses grands et rares discours qui appelait à parfaire une union nationale.

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« Puis le choix de l’atome » : Pour une Poétique des Possibles.

 —  par Scarlett JESUS —


Le Gaïac est un bois brun verdâtre très dur. Il est aussi appelé “bois saint” ou “bois de vie” (anglais lignum vitae). On trouve cette essence dans les Amériques tropicales, par exemple dans les Antilles et au Venezuela. Guaiacum officinale et Guaiacum sanctum sont des petit arbres du genre Guaiacum de la famille des Zygophyllacées

 

 

Voici un ouvrage qui mériterait d’être lu par d’autres que les quelques rares privilégiés qui ont eu la faveur d’acquérir ce recueil sorti fin 2010. Un ouvrage qui révèle, à travers une écriture poétique contemporaine originale, un poète guadeloupéen s’inscrivant dans la lignée de MALLARMÉ, le père de la modernité poétique, et de SAINT-JOHN PERSE. Comme lui, ce poète écrit sous un pseudonyme. Il emprunte à MALLARMÉ son prénom, Stéphane, et se dote d’un patronyme quelque peu sibyllin « Od-Ray Gaïac ». Aux prénoms de ses deux parents et au nom d’un arbre des forêts guyanaises, au bois très dur, le gaïac, le poète associe d’autres éléments : un prénom féminin, Audrey, en référence possible avec une muse du 7ème art, Audrey Hepburn ; le nom d’un jazzman, Ray Charles,  précédé d’un curieux Od, peut-être l’abréviation médicale du latin oculus dexter (œil droit).

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Glissant, poète du partage créole

— Par René de Céccatty —

Depuis des décennies, l’œuvre romanesque et poétique de ce « passeur d’écumes » s’accompagne d’une réflexion complexe, sur l’identité créole, miroir de compréhension de notre monde

 

Édouard Glissant est né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique. Il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne en 1946 et vivra à Paris jusqu’en 1965. Docteur ès lettres, il fonde l’Institut martiniquais d’études et une école selon un système alternatif d’éducation. Son premier recueil de poèmes, Un champ d’îles, paraît en 1953. Il publie dès lors régulièrement des pièces de théâtre, des poésies, des essais et des romans. La Lézarde (1958) lui vaut le Prix Renaudot. Il collabore à de nombreuses revues, Présence africaine, Critique, Les Lettres nouvelles. En 1971, il fonde la revue Acoma. De 1982 à 1988, il dirige le Courrier de l’Unesco. Il vit à New York où il tient une chaire de littérature. 

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Monsieur Glissant

— Par Manuel Norvat —

Auteur d’une thèse en cours d’écriture sur l’œuvre d’Édouard Glissant, Manuel Norvat, met l’accent sur la tonalité phénoménologique de cette pensée polyphonique du Divers : une «philopoétique».

Ouvert à la diversité du monde, Édouard Glissant aura relayé à travers son œuvre une parole irriguée par la poésie : c’est-à-dire la création d’un langage, d’une musique. Sa maison, située au Sud de la Martinique, dans la commune du Diamant, concentre et diffracte, du bord de mer où elle se trouve, tous les lieux et tous les êtres qui lui sont chers. La joaillerie et le tragique des rouleaux d’écumes qui la lèchent, mais aussi les mousses des forêts subtropicales et subversives de la route de la Trace et tant d’autres paysages archipélagiques et continentaux, de villes et de campagnes, de fonds marins ou d’étoiles lointaines tourbillonnent grâce à lui jusqu’au vertige dans notre imaginaire, désormais relié à partir d’un lieu réel ou symbolique que nous pouvons choisir. Oui, les éléments qu’il a glorifiés semblent dire comme lui : «Vis dans ton lieu et pense avec le monde».

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L’impensé d’une écriture belle de monde.

— Par Alaric —

 

 

Ecrire, jusqu’à ses dernières ressources physiques, écrire jusqu’à son dernier souffle, telle fut la vie d’Edouard Glissant, chercher à s’installer au Lieu de l’écriture vivante, au Lieu que son œuvre ne cessera maintenant à chaque lecture de configurer, d’occuper, d’interpeller, il dirait certainement de «héler». L’œuvre a brusquement surgi vivante contre la mort, le départ d’Edouard Glissant, lui restitue ses frontières, ses limites, ses traces, ses poétiques, ses esthétiques, sa philosophie : tout ce qu’il a essayé de penser, et d’amasser inlassablement. Elle est devenue autonome et réflexive, point besoin de médiateurs, elle renvoie à elle-même, elle nous renvoie à nous-mêmes, elle pratique la relation, elle relaye, relie, relate, tous ses propres dits. Elle est devenue elle-même un Lieu, comme l’œuvre de W. Faulkner, dont il dévoile les « ouvertures infinies » et les impossibles, «Faulkner, Mississippi» et comme celle de Saint John Perse, ces deux maîtres. Comment écrire la modernité créole dans les propres formes et langues de la parole de sa Culture, issue de la Traite négrière, de la société d’habitation et dans la société coloniale, sinon dans « un suspens de l’être, dans une conception éclatée (dérivée, démultipliée) de la nature et de la nature humaine ».

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L’Acomat. Le Féal. Edouard Glissant.

— Par  Hanétha Vété-Congolo—

 

En grand voyage, sur le chemin de Guiné, travay fait, Glissant pran alé.

Mais chez nous, les morts ne meurent pas.

Chez nous, en dépit de tout, l’Homme demeure.

Un pran alé qui n’est pas le tiré dé pyé.

Ainsi, au soleil couchant, Godbi pran rasin.

Une autre géniture de cette Terre noire grosse Roche-mère, pleine d’humus.

Martinique.

Partant, il nous la révèle.

Car, il est constant que Glissant, du long de sa vie, du monde qu’il porte à fruition dans et par le Monde, a infailliblement honoré l’esprit et la beauté de la féalité.

Comme Césaire, comme Damas, comme Fanon. Féal.

Animé de la foi des croyants. Immensurablement féal. Fidèle au Lieu.

« Le lieu. [qui] est incontournable, pour ce qu’on ne peut le remplacer, ni d’ailleurs en faire le tour. » (Traité du Tout-Monde, 59)

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La panse du chacal de Raphaël CONFIANT

 ou la part indienne de la créolité antillaise en Martinique. Entre mer Caraïbe et Golfe du Bengale.

Lu par Jean-Yves CHANDAVOINE.

 

 

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Termine-t-on la lecture d’un livre comme on termine un voyage ?

Un peu, surtout que La panse du chacal de Raphaël CONFIANT, (Folio, Mercure de France, 2004) fait voyager son lecteur, entre l’Inde du Sud ou le Coromandel et la Martinique par la force de la mémoire, de la nostalgie voire de la mélancolie : ce qui vous fait partir, traverser les océans, vivre l’enracinement en Martinique des migrants indiens du Tamil Nadu dans l’univers impitoyable de l’Habitation et de la coupe de la canne à sucre…

Pas tout à fait, néanmoins, car le récit imaginaire et réel de la migration des «coolies» aux Antilles, histoire de la traite et de l’installation indienne au goût amer, n’a rien de commun avec nos voyages touristiques contemporains.

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« La Vénus Hottentote » : un loupé authentique ?

–par Kélian Deriau —


Etranges univers que celui arpenté par la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal dans son nouveau solo « On t’appelle Vénus » Ce spectacle très insolite se voulait être l’observatoire, le rapporteur d’un phénomène de société. On nous avait annoncé une danse aux mille facettes, une danse afro caraïbe et contemporaine, qui devait parcourir l’histoire de cette Venus noire. En extraire la violence dans une écriture chorégraphique. Y d’écrire les viols moraux et physiques, qu’a subis cette femme. Suggérer en filigrane les vertiges, la tragédie et l’horreur. Nous pouvions espérer à tout le moins, sans préjuger de l’expression chorégraphique utilisée, une démonstration scénique du plus bel effet, qui a chacun de ses mouvements devait représenter le supplice et la mouvance des éléments de la vie de la vénus, compte tenu d’un savoir faire auguré. Mais une prédisposition sournoise montrait précocement le bout de son nez. Chantal, nous a juste gratifié d’un parcours touristique de son panorama au demeurant impressionnant et d’une joliesse avérée pour qui aime les émotions débordantes. Disons tout de suite que Chantal Loïal a un une énorme supériorité sur d’autres danseuses.

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Edouard Glissant : Négritude, Créolité, Mondialité

par Jean Claude Lebrun

 

 

   La langue française et la littérature mondiale viennent de perdre l’une de leurs grandes figures. Édouard Glissant, né en Martinique, est mort à l’âge de quatre-deux-trois ans, à Paris.

Édouard Glissant était certes poète, romancier, dramaturge, essayiste et philosophe. Mais on ne lui rendrait pas justice si l’on s’en tenait à cette simple énumération. Il était, plus encore, une intelligence et une conscience, qui ne cessa jamais de penser ses différentes pratiques dans le mouvement du monde.

La parution de ses premiers poèmes (Un champ d’îles, la Terre inquiète, les Indes), à partir de 1953, précède de peu son engagement dans la lutte pour la renaissance culturelle négro-africaine. De la même façon, le prix Renaudot, attribué en 1958 à la Lézarde, son premier roman, précède d’un an la fondation, avec Paul Niger, du Front antillo-guyanais. Le créateur et l’être au monde marchent chez lui du même pas. Il est alors un lecteur assidu de Frantz Fanon. Sa proximité avec les milieux indépendantistes algériens lui vaut bientôt une assignation à résidence en France métropolitaine, qui durera jusqu’en 1965.

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Outremer, Trois océans en poésie

         — Par Bruno Doucey —    


Aussi curieux que cela puisse paraître, aucune anthologie de poésie n’avait jusqu’alors été consacrée aux territoires de l’Outre-mer français.Bien sûr, depuis des années, des livres nous permettent de découvrir les poètes de Tahiti, de la Réunion ou des Antilles, mais aucun tour du monde en poésie n’avait encore été entrepris. C’est désormais chose faite : Outremer, trois océans en poésie se veut une invitation au voyage et à la rencontre. Celle qui permettra au lecteur de découvrir les richesses insoupçonnées des contrées ultra-marines.

Mais de quels territoires parle-t-on ? De ceux qui constituent, avec 2,6 millions d’habitants pour 120 000 km2, la France d’outre-mer. Départements, collectivités, territoires… les mots ont un sens, un passé, une histoire qui nous convient à découvrir la part métisse de nos identités, sans cesser d’élargir le champ de nos représentations.

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« On t’appelle Vénus » : Rendre sur scène son corps à Sawtche

—Par Layla Zami —

 

 

Un texte écrit d’oralité retrouvée
par Layla Zami
http://www.laylazami.net

A chanter de vive voix ou à murmurer tout bas

Un quart. de tour.
Encore un quart. Encore un puis un autre !
« On » en a fait le tour.
La danseuse tourne…
Public jeté d’emblée, sans détour, dans le rôle
de celles et ceux qui ont tué, violé, volé de leurs regards, gestes et paroles,
le corps et la vie de Sawtche.

Même après sa mort
Les scientifiques – scienti-fric
Dépecèrent le corps
L’étiquetèrent, sans éthique.

Chantal Loïal est sur scène.
La foule moqueuse et haineuse, projetée en bande sonore, met le public mal à l’aise. Se reconnaîtrait-on dans les moqueries et voix aigres ? Plus tard au cours du spectacle, l’artiste dira « la danseuse aux grosses fesses » et certain-e-s étoufferont leur embarras dans un rire inachevé. Elle joue de l’ambiguïté entre elle et Sawtche pour révéler les continuités entre aliénations contemporaines et oppressions du passé.

Qui d’autre qu’une artiste peut éveiller dans un même temps, compréhension et stupéfaction ? Colorer de beauté une laide réalité d’enfermement et d’humiliation ?

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De Bleu de Parme à Vert Limon Une lecture infinie

par Christian Antourel —

 Amel Aïdoudi ; une comédienne rompue à l’art de la scène.

 
Brillante idée du SERMAC (Service Municipal d’Action Culturelle), que de poursuivre les rendez- vous « bleu de parme », initiés depuis huit années par Lydie Bétis sa directrice. Cette saison est intitulée Vert Limon, celui dont le poète a dit : « il entre dans la composition de ma chair »
Sur scène Amazigh Kateb, leader et chanteur du groupe « Le Poison Rouge » fils du très célèbre Kateb Yacine immense écrivain, dramaturge et poète algérien qui « demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustices et l’emblème d’une conscience insoumise, déterminée à rêver, penser et agir debout » Et notre Amel Aïdoudi comédienne aux mille facettes de l’indicible a l’émotion, qui dévoile les mystères d’un monde ou le réel n’est qu’un litham qui dissimule l’essentiel. Elle sait se libérer de toute convention rigide qui pourrait l’entraver dans son élan premier. Cette spontanéité procure à sa présence une sincérité vivifiante, quand le répertoire emprunte aux auteurs leur détermination, leurs déchirures soudaines, leurs métamorphoses érudites, articulées sur des textes de Frantz Fanon, d’Aimé Césaire, de Kateb Yacine.

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« Des souris et des hommes » de John Steinbeck : du bon gros théâtre… de qualité!

— Par Roland Sabra —

C omme souvent Michèle Césaire ouvre la saison théâtrale avec une pièce flamboyante Cette année elle nous offre un en hommage aux loosers du rêve a méricain et à tous ceux qui des aurores de l’expansion à la longue nuit des chômeurs ont trainé leurs guêtres et leur misère sur les bancs de toutes les galères du monde. C’est en 1937, au cours de ce qui est resté la plus grande crise du capitalisme que John Steinbeck publie Des souris et des Hommes. Ce sont avec les raisins de la colère les œuvres les plus connues de l’écrivain, prix Nobel de Littérature en 1962. L’histoire ressemble à celle de Moosbrugger dans « L’homme sans qualité » de Robert Musil paru en 1930, dont elle s’inspire mais en l’étoffant davantage. Le titre quant à lui est emprunté à un poème de Robert Burns «  Les plans les mieux conçus des souris et des hommes souvent ne se réalisent pas ». Le succès du roman est immédiat et vient consolider le statut d’écrivain que Steinbeck avait conquis deux ans auparavant avec Tortillat Flat.

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« La blessure du nom », ouvrage de Philippe Chanson

Une anthropologie d’une séquelle de l’esclavage aux Antilles-Guyane

Ouvrage de Philippe Chanson

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—Anonyme – Passavoir – Crétinoir – Trouabal – Dément – Comestible – Macabre – Zéro – Malcousu – Savon – Gouacide – Négrobar – Satan – Peccatus – Dangeros… Tels sont quelques-uns des centaines de noms d’Etat civil saugrenus, dégradants et injurieux, redonnés aux esclaves africains des Antilles et de la Guyane françaises libérés en 1848. Cette blessure identitaire, largement et curieusement occultée, suinte encore sur ces terres créoles travaillées par trois siècles d’histoire coloniale traumatique.

Mais comment donc de tels noms ont-ils pu être attribués ?

L’étude ethnographique que propose cet ouvrage, travaillée par de longues années de terrain, tente d’en entendre les réponses. Elle s’étaye tout à la fois sur le dépouillement de plus de 350 000 patronymes collectés dans ces départements français d’Outre-mer, des entretiens notamment avec quelques figures éminentes de l’intelligentsia créole (Césaire, Glissant, Pépin, Chamoiseau), le cumul de données historiques, culturelles, linguistiques, littéraires, ainsi que sur la mise en œuvre d’une anthropologie dite ’fictionnelle’ et pourtant contemporaine.

L’auteur, sensible au poids moral du nom, se penche d’abord sur le choc, la prégnance, la proportion, les causes et les avatars de cette problématique si délicate ; reconstitue ensuite les circonstances et conditions des processus d’attribution qui ont pu aboutir à de tels dénis ; dégage également les pratiques et parades cathartiques de résistances mentales et culturelles pour contrer l’affront du nom ; et termine en ouvrant la question de cette grave blessure également subie par les créoles de l’Ile Maurice, tout en s’interrogeant sur une possible réparation du nom.

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Le nouveau Lycée Schoelcher : De l’art du ravaudage!

— Par Roland Sabra —

 

On se souvient du débat autour du choix architectural retenu pour la reconstruction du Lycée Schoelcher avant que l’ancienne équipe en charge de la Région décide purement et simplement de renoncer à ce projet. Le Lycée devait donc mourir, lui et le nom honni qu’il porte. La défaite de Marie-Jeanne et donc la victoire de Letchimy ont sauvé le Lycée. On peut même raisonnablement penser que l’affaire du Lycée Schoelcher n’est pas tout à fait étrangère à ce résultat. Mais la défaite des « indépendantistes » au profit des » autonomistes » laissait entière la question du choix esthétique à faire. Fallait-il reconstruire à l’identique le lycée, comme le souhaitaient certains passéistes, proches du Président de Région, qui ne voyaient pas le ridicule qu’il y avait dans cette tentative de construire un Dysneyland de l’Art moderniste? Fallait-il valider le projet initialement retenu par l’équipe précédente, au risque de faire passer pour des manœuvres politiciennes le refus par la mairie de Fort-de-France du permis de construire? Fallait-il relancer toute la procédure d’un concours, perdre de nombreuses années, ranimer la flamme de l’amertume chez ceux qui avaient choisi, sans être entendus le bel objet architectural, présenté par une équipe franco-française?

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Pavillon BOUGENOT

 

Un édifice d’un intérêt patrimonial certain.

 

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Le pavillon Bougenot, un Bâtiment du conseil général à découvrir

Moins connu que la bibliothèque Schoelcher dont il est une annexe, le pavillon Bougenot est pourtant plus ancien et recèle quelques surprises. A plus d’un titre, il vaut le détour et mérite que l’on s’y attarde.

Situé dans la rue Victor Sévère, à côté de la bibliothèque Schoelcher, entre la préfecture, l’hôtel de police et l’immeuble Plein Ciel, le pavillon Bougenot est aisément repérable dans le centre ville de Fort-de-France. Datant de la seconde moitié du 19eme siècle, cet édifice, tout de bois et de fer forgé, constitue un témoignage intéressant sur l’architecture coloniale de l’île de l’époque. Entouré d’un agréable jardin aux palmiers centenaires, il est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. D’une superficie à l’origine de 600 m2, avec un soubassement en béton et une charpente métallique, il se distingue par ses nombreuses fenêtres hautes en bois, sa véranda à l’étage et son intérieur sobre et raffiné.

Cette belle demeure bourgeoise doit son nom à l’un de ses anciens propriétaires, Emile Bougenot (1838-1925), ingénieur et industriel français, ayant joué un rôle majeur dans le développement des usines centrales de la Martinique à partir de 1860.

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Une anthologie de la poésie du Tout-Monde

   réunie par Edouard Glissant (La Terre, le Feu, l’Eau et les Vents, Paris, Galaade, 2010, 350 p.).

 — par Michel Herland —

 

« L’imaginaire est un champ de fleuves et de replis qui sans cesse bougent », écrit Edouard Glissant dans la préface à cette anthologie poétique d’un nouveau genre. Elle est nouvelle en effet en ce qu’elle ne fixe pas de bornes géographiques ou linguistiques au choix des auteurs (même si les versions originales des textes non francophones sont rarement reproduites) et en ce qu’elle ne suit aucun ordre : ni temporel, ni spatial, ni même thématique. Il y a néanmoins un fil conducteur, labyrinthique ou plutôt – pour mieux coller aux concepts glissantiens – rhizomatique, celui qu’a trouvé Glissant, poète lui-même, à travers le champ immense qu’il nous propose d’explorer à sa suite.

Il y a des embranchements inopinés, des retours vers des auteurs déjà rencontrés, la reprise de thèmes qu’on croyait épuisés. Libre à chacun de suivre le guide dans son cheminement, de parcourir après lui les thèmes qui semblent organiser la succession des poèmes (ou extraits de poèmes) retenus dans l’anthologie : la mort, l’humanité dans sa diversité, l’esclavage et la traite négrière, le dépaysement, la poésie, le paradis terrestre et la chute, les intermittences du cœur, la fusion de l’homme dans l’univers, la succession des âges et des saisons, la négritude, les sans-papiers, etc.

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Hanétha Vété-Congolo. Avoir et Etre : Ce que j’Ai, ce que je Suis

Présentation à la Bibliothèque Municipale du François, Martinique

Le vendredi 28 mai 2010  par Roger PARSEMAIN

http://www.lechasseurabstrait.com/revue/

Devrais-je feindre la modestie ? Ou exprimer le plaisir lié d’un brin de vanité d’ancien enseignant heureux de présenter l’élève aujourd’hui écrivain et menant une remarquable carrière universitaire ?

Hanétha Vété-Congolo me ramène en ces années 80 au collège La Jetée au François de la Martinique.

A l’époque c’était l’adolescente, ointe d’une rêverie intérieure. Cela maintenait droite la tête au regard fixe vers le plus lointain horizon. Quels rêves éveillés animaient le sourire à peine amorcé dans ce visage haute proue en sa tranquille traversée de la cour et la remontée vers sa classe, dans l’escalier et tout au long des galeries ?

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« Sans titre » de Frederico Garcia Lorca

— Par Roland Sabra —

Jacques-Olivier Ensfelder travaille depuis sept ans avec un petit groupe de femmes passionnées de théâtre. Un seul homme durant ce « septennat » s’est aventuré sur les planches. Le metteur en scène récuse la distinction entre théâtre amateur et théâtre professionnel. Il explique que bien des amateurs ont un talent au moins équivalent à certains professionnels. La preuve nous en est donnée chaque année par une troupe subventionnée dont le metteur en scène s’escrime à vouloir jouer, pour un résultat sur lequel on ne s’appesantira pas.

 

La position de Jacques-Olivier Enselder si elle est parfois juste ne l’est pas en toutes circonstances. Son dernier travail en témoigne. Un texte magnifique de Frederico Garcia Lorca «  Comédie sans titre, écrite juste avant la mort du poète assassiné par les troupes franquistes. Pièce de théâtre sur le théâtre. Un metteur en scène répète « Le songe d’une nuit d’été » de Shakespeare dans le théâtre d’une ville sur le point de tomber aux mains des factieux. Quelle est l’urgence? Peut-on continuer à faire du théâtre qualifié de « bourgeois » dans une situation insurrectionnelle.

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Biennale de danse 2010 à Fort-de-France

 — par Roland Sabra —

Semaine 1

 

 

  « Une Tentation d’Eve »  qui s’éternise

 Les ressources financières du CMAC-ATRIUM étant ce qu’elles sont il était difficile de programmer les authentiques ballets contemporains de la Compagnie Marie-Claude Pietragalla qui mobilisent de nombreux artistes. Heureusement la chorégraphe propose aussi des pièces intimistes au nombre desquelles on trouve « Ivresse » créée une première fois en 2001, reprise en 2005 avec en accompagnement musical le groupe de musique tsigane Arbat. « Ivresse » nous était donc proposé en première partie, sans orchestre certes mais avec une bande son.

 

La chorégraphe et son compagnon Julien Derouault, seul danseur en scène, ont un goût prononcé pour l’éclectisme artistique. Mêler danse et image d’animation ou arts martiaux ( Marco Polo), danse et cirque ( Sakountala) par exemple est un axe de travail qui caractérise l’intelligence créatrice de la Compagnie. On retrouve jusque dans la façon de danser ce souci d’explorer des rives étrangères. Julien Derouault en donne une illustration splendide avec un déhanché à la limite du déséquilibre qui fait irrésistiblement penser à des scènes de Bruce Lee.

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Une anthologie de la poésie du Tout-Monde réunie par Edouard Glissant

 

terre_feu_eau (La Terre, le Feu, l’Eau et les Vents, Paris, Galaade, 2010, 350 p.). par Michel Herland.

 

 

« L’imaginaire est un champ de fleuves et de replis qui sans cesse bougent », écrit Edouard Glissant dans la préface à cette anthologie poétique d’un nouveau genre. Elle est nouvelle en effet en ce qu’elle ne fixe pas de bornes géographiques ou linguistiques au choix des auteurs (même si les versions originales des textes non francophones sont rarement reproduites) et en ce qu’elle ne suit aucun ordre : ni temporel, ni spatial, ni même thématique. Il y a néanmoins un fil conducteur, labyrinthique ou plutôt – pour mieux coller aux concepts glissantiens – rhizomatique, celui qu’a trouvé Glissant, poète lui-même, à travers le champ immense qu’il nous propose d’explorer à sa suite.

 

 

Il y a des embranchements inopinés, des retours vers des auteurs déjà rencontrés, la reprise de thèmes qu’on croyait épuisés. Libre à chacun de suivre le guide dans son cheminement, de parcourir après lui les thèmes qui semblent organiser la succession des poèmes (ou extraits de poèmes) retenus dans l’anthologie : la mort, l’humanité dans sa diversité, l’esclavage et la traite négrière, le dépaysement, la poésie, le paradis terrestre et la chute, les intermittences du cœur, la fusion de l’homme dans l’univers, la succession des âges et des saisons, la négritude, les sans-papiers, etc.

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Le chômage et les petits chefs

— Par Édouard de Lépine —

Il est temps de mettre à la raison ces nègres qui croient que la révolution ça consiste à prendre la place des blancs et continuer en lieu et place, je veux dire sur le dos des nègres, à faire le blanc.

Césaire, La tragédie du roi Christophe

petits_chefsIl y a sans doute de plus grands malheurs que le chômage pour des gens qui peuvent travailler. Personne ne croit qu’il existe dans notre pays de solution miracle qui permette de résoudre ce problème dans des délais prévisibles. C’est dire qu’aucun chômeur martiniquais conscient ne se fait d’illusion. Mais il y en a qui n’en dorment pas. Parmi les femmes notamment. Elles se battent tous les jours pour en sortir. Elles dépensent certaines semaines plus que les ASSEDIC ne leur versent d’indemnité. Elles cherchent depuis 7 mois, de Dillon à Terres Sainville, en passant Redoute et Chateauboeuf, un local pour exercer un métier qu’elles connaissent, qu’elles ont pratiqué pendant vingt ans pour la plus grande satisfaction de leur clientèle et…de leur employeur. Ou elles n’en trouvent pas.

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