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Avignon : Curti et Ribeiro, Philippe Ducros

—Par Selim Lander —

Frères de sang

 Dans le OFF : « Un théâtre sans parole, vous dites, mais c’est du mime, alors ? » Eh bien non, aujourd’hui, c’est devenu beaucoup plus compliqué que cela. Il est vrai que les grands mimes de jadis savaient, et que certains clowns d’aujourd’hui savent encore raconter des histoires merveilleuses avec des mimiques, des gestes, et rien d’autre. Mais de nos jours le théâtre sans parole tend à s’étoffer – au sens premier, il y a beaucoup d’« étoffe », beaucoup de costumes à enfiler successivement, et plus généralement au sens où le spectacle réclame de nombreux accessoires machines, jouets (c’est pourquoi on parle également d’un théâtre d’objets).

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Les stéréotypes garçons-filles s’imposent dès la crèche

— Judith Duportail —

L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) a remis ce jeudi un rapport à Najat Vallaud-Belkacem qui explique qu’avant 3 ans, les enfants sont déjà assignés à des rôles en fonction de leur sexe.

Jolies princesses contre superhéros. Dès la crèche, les enfants sont incités à se conduire en fonction des stéréotypes sexués, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) remis ce jeudi à la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Les jouets proposés aux enfants, les compliments différents qui leur sont faits, les attitudes qu’on leur demande d’adopter sont autant d’incitations invisibles, expliquent les auteurs, qui s’étaient vus chargés de cette mission par la ministre il y a trois mois. Najat Vallaud-Belkacem va maintenant «étudier avec attention» ce rapport avant de prendre d’éventuelles décisions.

A partir des observations menées, les auteurs ont constaté que “les petites filles sont moins stimulées, moins encouragées dans les activités collectives tandis que leur apparence est davantage l’objet des attentions des adultes”. A l’inverse, «les préoccupations pour les activités physiques sont plus prononcées quand il s’agit des garçons».

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Jardin

 — Par Graziella Pogolotti —

Avec la lucidité provocatrice qui la caractérisait, Dulce Maria Loynaz n´a pas hésité à affirmer que Jardín était un livre hors de propos, bien que la détermination de la date ait été très précise – année, mois, jour et heure -. Ainsi résultait, certainement, l´idée de construire en 1935, l´étape de l’expansion de l´avant-garde, obsédée par le rapide passage des jours et le sauvetage de la portée de la nation, de structurer un roman arrêté en lui, non pas dans le temps et dans un endroit.

Comme une plante parasite, le texte se développe autour de La Belle au bois dormant, un conte infantile, inquiétant comme tant d´autres par sa nature perturbatrice. Etranger à une géographie précise, son contexte est celui de l´éternité entre la mer et la côte inhospitalière, la fertilité corrompue des arbres et des herbages, l´horloge arrêtée pour toujours dans le passage des saisons. Le fil conducteur de la saga, Bárbara, au visage flou et à la silhouette imprécise, tire son nom, si cubain en apparence, de son étymologie grecque. En effet, c´est une étrangère, un insaisissable fantôme parmi les fantômes, des figures et des paysages plats, esquissés en superficie, similaires à photos triées selon une chronologie conventionnelle.

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Filles et garçons, changeons de cap, pour l’égalité…

Dans le cadre du projet « Filles et garçons, changeons de cap, pour une égalité dans les rôles, dans les métiers, dans la vie » une projection du film  » La domination masculine » est organisée le mardi 26 février 2013 dans la salle Frantz Fanon de l’Atrium à 15 h.

SYPNOSIS

« LA DOMINATION MASCULINE »

Un film de Patric Jean

« Je veux que les spectateurs se disputent en sortant de la salle »,

c’est ce que disait Patric Jean en tournant « la domination masculine »

Peut-on croire qu’au XXIème siècle, des hommes exigent le retour aux valeurs ancestrales du patriarcat : les femmes à la cuisine et les hommes au pouvoir ? Peut-on imaginer que des jeunes femmes instruites recherchent un « compagnon dominant » ? Que penser d’hommes qui subissent une opération d’allongement du pénis, « comme on achète une grosse voiture » ?

Si ces tendances peuvent de prime abord sembler marginales, le film nous démontre que nos attitudes collent rarement à nos discours. L’illusion de l’égalité cache un abîme d’injustices quotidiennes que nous ne voulons plus voir.

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Marie Tudor de Victor Hugo au Théâtre Aimé Césaire de Foyal

Poster-Tabou

 La pièce s’ouvre sur un lord anglais déclarant « Il faut que ce damné italien ait ensorcelé la reine » et se termine sur Simon Renard, légat impérial représentant le prince d’Espagne, proclamant « J’ai sauvé la reine et l’Angleterre« . Entre ces deux phrases, tout au long des trois journées qui constituent ce drame populaire, nous assistons à la chute programmée, méthodique, presque mathématique de Fabiano Fabiani, favori et amant de la reine qui cristallise toutes les haines.

De Fabiano Fabiani, on ne sait que peu de choses. Il est fils d’un chaussetier italien, il a été élevé en Espagne et anobli par la reine. Il est prompt à « faire couper la tête d’un homme qui lui déplaît » ; il est l’amant de Jane, la fiancée de Gilbert, un ouvrier ciseleur ; il n’hésite pas à tuer un homme qui le menace de chantage. L’homme est à plus d’un titre condamnable et sa mort, qui, de surcroît, rend possible la réconciliation amoureuse de Jane et Gilbert, semble faire de « Marie Tudor » un drame à fin heureuse.

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Le CMAC en crise : historique

Opération de déstabilisation au CMAC : après Manuel Césaire, Josiane Cueff ?

— par Roland Sabra —

Le débrayage du 06-12-2011

Le 30 avril 2010 Claude Lise, alors Président du Conseil Général mettait fin aux fonctions de Manuel Césaire, administrateur de l’éphémère regroupement CMAC-Atrium et qui de toute façon ne souhaitait pas s’aventurer davantage sur une planche savonnée.  Ce n’était là que l’épilogue, provisoire et non définitif, on va le voir, d’un énième épisode de la guerre picrocholine qui agite le vaisseau amarré rue Cazotte à Fort-de-France. Manuel Césaire avait estimé que les entraves du Conseil Général de l’époque à l’accomplissement de ce pourquoi il avait été nommé, « filialement » relayées à l’intérieur de la structure par des enjeux de pouvoir lui rendaient impossible l’accomplissement de sa mission, en conséquence de quoi il préférait jeter l’éponge. Parmi les chausse-trappes, on assista à une grève minoritaire, sept grévistes en tout et pour tout, se conclure en quelques heures par une augmentation de salaire de 150 Euros. Officiellement le conflit avait la forme d’une opposition entre deux projets de fusion des structures du CMAC et de l’Atrium.

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« Porter la plume dans la plaie »

— Par Roland Sabra —

  Ils sont plus de cent cinquante à former  ce qui n’a  de collectif que le nom pour dire leur attachement au label « Scène nationale » et à « une direction indépendante des pouvoirs politiques et de tout groupe de pression« . On ne sait pas trop comment ils se sont trouvés. Une plasticienne martiniquaise a pris son carnet d’adresses, a téléphoné à des amis pour  dire son émotion  face au risque de disparition du CMAC et s’est entendue dire par ses interlocuteurs des choses qui faisaient écho à ses inquiétudes. Que faire alors? Elle s’est souvenue que le droit de pétition, droit à l’expression de l’individu, est reconnu comme un des droit fondamentaux par les textes constitutionnels depuis 1791 :  » Chacun a le droit d’adresser une pétition écrite aux pouvoirs publics afin de provoquer l’examen de problèmes d’intérêt individuel ou collectif « ).  La révolution a commencé par des cahiers de doléances. Elle dit qu’il lui a fallu une semaine pour rédiger un texte  prenant en compte le point de vue du spectateur  et suffisamment consensuel pour qu’en quelques jours plus cent cinquante  connaissances la rejoignent. 

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Un pamphlet : Bloody Niggers

 — par Selim Lander, le 15/05/09 —

Frantz-Fanon aurait-il apprécié le spectacle qui vient d’être présenté dans la salle de l’Atrium qui porte son nom ? Les 14 et 15 mai, le trio Groupov (Dorcy Rugamba, auteur et comédien, à droite sur la photo, accompagné par Younouss Diallo et Pierre Etienne) y a proposé son spectacle Bloody Niggers. L’argument est simple : trois hommes, deux noirs et un blanc, en costume-cravate, chacun devant son micro, énumèrent les violences dont s’est rendu coupable l’homme blanc depuis les croisades. Le sujet est éminemment grave et sérieux mais néanmoins susceptible de devenir fastidieux. On est bien dans le registre du pamphlet tant sur le fond (le procès unilatéral d’une race qui se croit à tort meilleure que les autres) que sur la forme (un acte d’accusation récité sans autre mise en scène que l’alternance des voix qui se partagent le texte).

 Celui qui, lassé après plus d’une heure de ce procès sans défenseur, refuserait d’en entendre davantage, pourrait rendre compte du spectacle comme nous venons de le faire, sans presque trahir la réalité. Car il est vrai que les projections et la musique qui entrecoupent ou complètent le discours ne suffisent pas pour nous convaincre que nous sommes au théâtre et non dans un meeting quelconque consacré au ressassement du passé par les héritiers des victimes (non-européennes) de l’histoire.

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Pour faire de l’Un, il faut de l’autre

— par Roland Sabra —

« la prescription première du politique doit être la reconnaissance du particulier de l’altérité comme moment de l’universel de la citoyenneté. »

François Wahl

La Martinique importerait elle outre des marchandises, des conflits européens? Comment se fait-il que le conflit du Proche-Orient structure aujourd’hui la vie politique non seulement en France mais aussi en Martinique? L’émotion soulevée par la guerre du Liban en juillet 2006 débordait largement le cadre habituel de la sphère politique dans laquelle se déploient les protestations convenues de l’Association France-Palestine. N’a-ton pas vu des lycéennes que rien ne prédisposait à l’action militante s’émouvoir au point de demander dans leur établissement l’organisation de débats sur le conflit?

La réponse la plus communément acceptée est celle de la montée du communautarisme comme l’analyse avec brio Michel Feher dans un article de l’ouvrage passionnant écrit sous la direction de Didier et Eric Fassin, publié à la Découverte et qui s’intitule : « De la question sociale à la question raciale ».

Dans un monde marqué par la mondialisation et le risque d’uniformisation des modes de vie qui l’accompagne, on assisterait à un repli identitaire sur des communautés de proximité seuls vecteurs d’une construction identitaire autonome.

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