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L’enseignement en créole à l’université en Haïti, un défi aux multiples facettes

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

« Le libre exercice de l’esprit critique et de nos capacités d’analyser les problèmes récurrents de l’enseignement supérieur au pays sont lourdement assautés et précarisés ces derniers mois », nous écrit l’un des enseignants de l’Université d’État d’Haïti avec lesquels nous avons l’habitude d’échanger. Il désigne ainsi, par-delà les difficiles conditions de travail en lien avec le Covid 19, la situation politique du pays qui affecte quotidiennement les citoyens : forte recrudescence des enlèvements contre rançon, hausse des assassinats ciblés notamment dans les quartiers populaires, gangstérisation du pouvoir d’État sous la houlette du parti présidentiel, le PHTK néo-duvaliériste lié aux gangs armés, institutionnalisation de la corruption et de l’impunité, etc. À cela s’ajoute le fait que le Parlement, dysfonctionnel depuis janvier 2020, n’exerce aucun contrôle de l’action gouvernementale et le président Jovenel Moïse, dépourvu de légitimité et constamment contesté par la population, gouverne par décrets anticonstitutionnels ayant force de loi (plus d’une trentaine depuis environ huit mois). L’illégalité et l’inconstitutionnalité de ces décrets ont été publiquement dénoncées par la Fédération des Barreaux d’Haïti dans sa résolution du 3 juin 2020.

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L’aménagement simultané du créole et du français en Haïti

Une perspective constitutionnelle et rassembleuse

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Depuis la parution en 2011 du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), la perspective de l’aménagement simultané du créole et du français, les deux langues de notre patrimoine linguistique national, est largement soutenue par nos interlocuteurs, y compris par des enseignants de disciplines diverses oeuvrant dans le système éducatif national ainsi que par nombre de défenseurs non sectaires du créole. Toutefois, nos fréquents échanges avec des interlocuteurs d’horizons divers ont montré, au fil des ans, que la question centrale de l’aménagement linguistique au pays est diversement comprise et qu’elle mérite un constant éclairage, un plaidoyer rassembleur réitéré pour mieux en situer les enjeux et le rôle central que l’État et la société civile sont appelés à jouer dans ce domaine. Il faut donc en amont prendre toute la mesure que l’aménagement linguistique, qui doit être mis en œuvre au périmètre des droits linguistiques de l’ensemble des locuteurs en Haïti, concerne à la fois les individus qui en seront les bénéficiaires (défenseurs des droits humains, juristes, agriculteurs, entrepreneurs, journalistes, enseignants, politologues, magistrats, etc.)

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La création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti, un enjeu de premier plan

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La réflexion sur les questions linguistiques s’effectue aujourd’hui en Haïti dans un environnement difficile et fort complexe. Au moment où nous écrivons ces lignes, le pays de Dessalines et de Toussaint Louverture est livré à la fureur mortifère des gangs armés fédérés sous l’œil complice de l’administration Moïse/Joute et avec la bénédiction des « amis d’Haïti » regroupés au sein du Core Group. La criminalisation/gangstérisation du pouvoir d’État, devenue systémique durant la dictature trentenaire des Duvalier, s’est métastasée dans le corps social et se donne désormais à voir à l’aune du délitement des institutions républicaines en dépit de certains acquis démocratiques consignés dans la Constitution de 1987. Ces derniers mois, le Parlement, haut-lieu de marchandages mafieux, a été mis en coma artificiel et n’exerce aucun contre-pouvoir face aux dérives autoritaires d’un pouvoir exécutif néo-duvaliériste kleptocrate –celui du PHTK, le Parti haïtien Tèt kale–, qui s’adonne à une violente répression des manifestations pacifiques partout sur le territoire national. En embuscade à chaque coin de rue, l’insécurité couplée à la corruption d’État gagne du terrain et se généralise, la peur s’installe dans les familles comme au temps des Duvalier, la Police nationale impuissante face aux gangs fédérés est instrumentalisée par le Parti haïtien Tèt kale et joue le rôle de fer de lance de la répression dans les quartiers populaires, tandis que les institutions citoyennes de la société civile poursuivent un âpre combat pour préserver les libertés républicaines.

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Les dictionnaires et lexiques créoles, des outils pédagogiques de premier plan dans l’enseignement en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Le créole représente à mes yeux plus qu’un simple procédé pédagogique, mais un moyen d’opérer la réconciliation avec nous-mêmes, susciter le respect de nous-mêmes, gage du respect des autres… Ce que je défends dans ce livre, c’est, au-delà d’un vrai bilinguisme, l’unité et la solidarité nationale sans quoi il n’y a pas de vrai développement.» (Pradel Pompilus : « Manuel d’initiation à l’étude du créole », Éditions Impressions magiques, Port-au-Prince, 1983.)

La parution en 2011, en Haïti et au Canada, du livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Berrouët-Oriol et al., Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti), a contribué au renouvellement et à l’élargissement de la compréhension de la situation linguistique du pays. Ce livre –en lien avec la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996–, explicite et vulgarise un appareillage conceptuel cohérent comprenant notamment les notions clé de « politique linguistique d’État », d’« aménagement linguistique », de « droits linguistiques », de « droit à la langue maternelle », de « législation linguistique » et de « politique linguistique éducative ». La préface de ce livre a été rédigée par le linguiste québécois Jean Claude Corbeil, spécialiste reconnu à l’échelle internationale de l’aménagement linguistique et « père » de la Loi 101 au Québec, tandis que la postface est signée du juriste Joseph-G.

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Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative »

Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

La parution en Haïti, dans Le National du 22 juin 2020, de notre article « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl Vilsen », nous a valu un certain nombre de commentaires et de questions pertinentes de lecteurs vivant en Haïti et en outre-mer. Pour mémoire, il faut rappeler que notre évaluation de ce dictionnaire a été effectuée selon trois critères analytiques : (1) le projet/programme éditorial de ce dictionnaire ; (2) le choix et la représentativité de la nomenclature ; et (3) la conformité méthodologique et le contenu des rubriques lexicographiques. Au terme de notre évaluation nous avons conclu que l’examen du « Diksyonè kreyòl Vilsen », à partir de ces critères, démontre qu’en aucun cas cet ouvrage ne peut être recommandé par les linguistes au titre d’une référence dictionnairique car il n’est pas conforme aux exigences de la lexicographie professionnelle. Ses lourdes lacunes conceptuelles, méthodologiques et lexicologiques, l’inadéquation, l’approximation ou la fausseté de nombreuses définitions ainsi que l’absence d’un métalangage adéquat en font un ouvrage très peu fiable, qui se consulte difficilement et qui ne peut servir de référence crédible aux usagers, en particulier aux élèves, aux enseignants et plus largement aux langagiers.

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Les fondements constitutionnels de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La parution en Haïti et en outre-mer, le 27 mars 2020, de notre article « Le créole et « L’idéologie linguistique haïtienne » : un cul-de-sac toxique », ainsi que, le 7 avril en cours, de notre plus récent texte, « Unilatéralisme créole ou aménagement simultané du français et du créole en Haïti ? Un choix de société et un choix politique », a suscité plusieurs réactions. Depuis les États-Unis où il vit, un lecteur nous a aimablement indiqué sur Facebook que l’article du 27 mars 2020 était du « pale franse », du « parler français », donc du bavardage improductif. Et puisque nous ne sommes pas dans le feu de l’action sur le terrain en Haïti, notre réflexion serait illégitime et elle n’a pas lieu d’être… En revanche, par courriel principalement, des lecteurs d’Haïti où ces deux articles circulent abondamment nous ont fait part d’une nette communauté de vue entre nous quant à la vision offerte en partage par ces articles qui ont fourni, à l’aide de références documentaires sûres, des pistes de réflexion sur l’enfermement idéologique dans l’abord de la question linguistique haïtienne et sur les fondements constitutionnels de l’aménagement linguistique en Haïti.

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De la nécessité d’une loi d’orientation linguistique de l’éducation en HaïtiDe la nécessité d’une loi d’orientation linguistique de l’éducation en Haïti

 

—Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue  —

Un large consensus a vu le jour et s’est renforcé ces dernières années chez nombre d’enseignants, de linguistes, de didacticiens et d’administrateurs des écoles en Haïti : faire du créole une véritable langue de scolarisation aux côtés du français et à parité statutaire avec le français. Ce consensus, de plus en plus, emporte l’adhésion même si, comme la plupart des langues à tradition orale, le créole n’a toujours pas franchi l’étape cruciale de sa didactisation et n’est pas encore pourvu d’un stock lexical suffisant pour exprimer les réalités nouvelles liées au développement accéléré des sciences et des techniques. (Sur la problématique de la « didactisation » du créole, voir notre article « Aménagement et « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien : pistes de réflexion », Le National, 24 janvier 2020.) Il ne faut donc pas perdre de vue qu’aucun travail de recherche linguistique sur le terrain, aucune étude publiée ces dernières années n’a jusqu’ici démontré que le créole –langue relativement jeune dotée d’un grand potentiel expressif dans les échanges quotidiens entre locuteurs–, a déjà développé les vocabulaires scientifiques et techniques dont il a besoin pour nommer les domaines scientifiques et techniques qui sont au rendez-vous du développement du pays.

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L’Académie du créole haïtien et la problématique de la langue maternelle créole

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti comme dans la plupart des aires francocréolophones et ailleurs, la problématique de la langue maternelle continue de préoccuper nombre d’enseignants, de linguistes et de citoyens attentifs aux liens étroits existant entre la langue maternelle et la transmission des connaissances à l’école. Elle préoccupe également les institutions internationales dont la mission recoupe les champs linguistique et culturel. À travers le monde, la langue maternelle est l’objet d’une mobilisation particulière chaque année.

En effet, en 1999, le 21 février a été déclaré Journée internationale de la langue maternelle par l’UNESCO. « L’initiative de célébrer une Journée internationale de la langue maternelle vient du Bangladesh. Elle a été approuvée à la Conférence générale de l’UNESCO en 1999 et est observée dans le monde entier depuis 2000. (…) La diversité linguistique est de plus en plus menacée à mesure que des langues disparaissent. 40% des habitants de la planète n’ont pas accès à un enseignement dans une langue qu’ils parlent ou qu’ils comprennent. » (Unesco.org : « Journée internationale de la langue maternelle », s.d.) La question de la langue maternelle dans le corps social et dans l’enseignement en particulier est toujours à l’ordre du jour et il importe de bien la situer pour en mesurer les enjeux.

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Aménagement et « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien : pistes de réflexion

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La question de l’aménagement et de la « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien n’est pas nouvelle en Haïti. « En 1898 déjà, Georges Sylvain [déclarait] que «le jour où (…) le créole aura droit de cité dans nos écoles primaires, rurales et urbaines, le problème de l’organisation de notre enseignement populaire sera près d’être résolu ». Depuis le début des années 1980,Dejeanfait un plaidoyer dans cette perspective, dont l’essentiel est consigné dans Dejean (2001,2006). Michel DeGraff (2014)poursuit ce plaidoyer en faveur de l’utilisation du créole haïtien comme langue d’enseignement pour une meilleure rentabilité de l’action éducative » (Renauld Govain : « Le créole haïtien : de langue d’alphabétisation des adultes à langue d’enseignement », researchgate.net, 11 avril 2018.) Dans les années 1940, cette question a été entrevue notamment par Christian Beaulieu, compagnon de lutte de Jacques Roumain et auteur de « Pour écrire le créole » (Les Griots, 1939), et qui fut l’un des premiers, à cette époque, à réclamer l’utilisation du créole à des fins pédagogiques. De manière plus programmatique, la question de l’aménagement et de la « didactisation » du créole dans le système éducatif haïtien a été posée avec la réforme Bernard de 1979, mise en veilleuse en 1987, et qui faisait du créole langue d’enseignement et langue enseignée.

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Le défi de l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien a retenu depuis nombre d’années l’attention de plusieurs spécialistes auteurs de « plans » et de « programmes » ou celle de diverses « commissions », et il a été timidement abordé dans des projets de « réforme » et dans des « directives ministérielles » visant le secteur de l’éducation. Ainsi, le Groupe de travail sur l’éducation et la formation, le GTEF, a produit en 2010 des analyses et recommandations qu’il importe de rappeler :  

« Favoriser l’apprentissage de l’élève dans sa langue maternelle tout en assumant le bilinguisme adopté dans la Constitution – Les études et l’expérience établissent que l’écolier apprend mieux et plus rapidement dans sa langue maternelle. Le manque de clarté dans les politiques linguistiques, les hésitations de l’État dans la mise en œuvre de ces politiques, le déficit en quantité et en qualité de matériels de support aux apprentissages disponibles en créole, les lacunes dans les programmes de formation des maîtres et l’absence d’une politique de communication à l’endroit des parents et du public en général ont constitué des freins à la concrétisation du projet de bilinguisme assumé par la Constitution du pays. »

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À propos du «Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti» d’André Vilaire Chéry

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La thèse de doctorat du linguiste haïtien Pradel Pompilus soutenue à la Sorbonne le 9 décembre 1961, « La langue française en Haïti » (Paris, Institut des hautes études de l’Amérique latine – Travaux et mémoires, VII) et publiée en 1981 aux Éditions Fardin constitue un document pionnier dans l’étude du français régional d’Haïti. À propos de cette thèse, le linguiste Hugues Saint-Fort pose en toute rigueur que « (…) c’est une pièce d’une valeur qui n’est pas encore dépassée. « La langue française en Haïti » de Pradel Pompilus représente actuellement, en 2011, le seul ouvrage de recherche qui décrive, dans les règles des principes et avancées universitaires de l’époque (fin des années 1950 et début des années 1960), le fonctionnement réel de la langue française en Haïti telle qu’elle est en usage par les locuteurs haïtiens. Le livre de Pompilus n’est absolument pas basé sur les notions de correction, de « bon usage », de purisme. » (Hugues Saint-Fort, « Revisiter « La langue française en Haïti», Le Nouvelliste, 29 juillet 2011.)

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Partenariat créole/français – L’enseignement en langue maternelle créole  et l’apprentissage précoce de la langue seconde en Haïti : pistes de réflexion

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’accession du créole au statut de langue enseignée et langue d’enseignement remonte à la réforme Bernard de 1979. En effet, « Joseph C. Bernard dans sa réforme de l’éducation a fait publier une loi sur le créole à la Chambre législative le 18 septembre 1979. Et à côté du français, il devient, pour la première fois dans l’histoire de l’enseignement d’Haïti, langue outil et langue objet » (Fortenel Thélusma, « Pratique du créole et du français en Haïti : entre un monolinguisme persistant et un bilinguisme compliqué », 2019, à paraître). Ambitieuse dans son objectif majeur, la réforme Bernard de 1979 accordait donc, grande nouveauté dans l’apprentissage des connaissances au pays, un statut nouveau et une place centrale à l’enseignement dans/de la langue maternelle des apprenants unilingues créolophones. Cette ambitieuse réforme n’a pas été généralisée ni menée à son terme, et dès ses débuts elle a été torpillée par les grands commis de la dictature duvaliériste comme en témoigne le sociologue Guy Alexandre dans son article « La politique éducative du jean-claudisme, chronique de l’échec « organisé » d’un projet de réforme » paru dans « Le prix du jean-claudisme – Arbitraire, parodie, désocialisation », livre publié en 2013 sous la direction de Pierre Buteau et Lyonel Trouillot aux Éditions C3.

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Partenariat créole/français – Plaidoyer pour un bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

L’épineuse question linguistique en Haïti, telle qu’analysée par l’éminent linguiste et enseignant Pradel Pompilus dans « Le problème linguistique haïtien » (Éditions Fardin, Port-au-Prince, 1985), continue de préoccuper un grand nombre de personnes en Haïti, au premier chef des enseignants, des chercheurs et des administrateurs du système éducatif. Les données de ce « problème linguistique » ne sont pas toujours bien établies pour certains, et les perspectives et enjeux défendus par plusieurs ne bénéficient pas nécessairement de l’éclairage des sciences du langage. Par exemple, l’Académie du créole haïtien, l’AKA, s’est révélée incapable depuis sa création prématurée en 2014 de dépasser le slogan « bay kreyòl la jarèt », horizon réducteur et idéologie unilinguiste frileuse conforme à la réalité que l’AKA ne dispose d’aucun mandat d’aménagement simultané de nos deux langues officielles, le créole et le français (voir là-dessus notre article « Maigre bilan de l’Académie du créole haïtien (2014-2019) : les leçons d’une dérive prévisible », Le National, 5 avril 2019). Aussi, interroger le « problème linguistique haïtien » revient également aujourd’hui à examiner la perspective d’un novateur partenariat entre le créole et le français pour mieux comprendre la vision et les exigences d’un futur bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti.

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L’enseignement des langues en Haïti et les défis actuels de l’aménagement linguistique

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

Parus récemment à Port-au-Prince, deux articles ont retenu l’attention des enseignants et des linguistes : « Haïti-Enseignement : près de 7 années passées à étudier pour rien l’anglais et l’espagnol à l’école » (Le National, 9 octobre 2019), et « Enseignement des langues : le système tient à ce que les apprenants réussissent aux tests d’évaluation » (Le National, 16 octobre 2019). L’idée centrale du premier article est bien résumée dans le titre et cible les difficultés chroniques et systémiques de l’apprentissage de l’anglais et de l’espagnol au cycle secondaire et au 3e cycle de l’École fondamentale, tandis que le second article renvoie à l’idée d’une surreprésentation de la réussite scolaire au détriment de l’acquisition de la compétence linguistique des élèves. Les deux articles ont le mérite de remettre en lumière l’inadéquation des méthodes d’apprentissage qui n’ont pas jusqu’ici fait l’objet d’une évaluation scientifique exhaustive.

Ces deux articles renvoient implicitement à une problématique plus large, celle de la toute relative et combien parcellaire connaissance de la réalité de l’enseignement des deux langues officielles d’Haïti, le créole et le français, et également celle de l’apprentissage, au cycle secondaire et au 3e cycle de l’École fondamentale, des langues sœurs régionales que sont l’espagnol et l’anglais.

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Le droit à la langue maternelle créole dans le système éducatif haïtien

Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Publié dans Le National du 5 décembre 2018, l’article « À quand une réforme du système éducatif en Haïti ? » donne la parole à des enseignants et spécialistes de l’éducation qui réclament une fois de plus la réforme du système d’enseignement en Haïti.

Les éléments de diagnostic consignés dans cet article sont éclairants mais ne sont pas nouveaux. Ils ont déjà été étayés dans plusieurs études approfondies, notamment par l’ample analyse du GTEF (Groupe de travail sur l’éducation et la formation, 2009-2010) contenue dans le document intitulé « Façonnons l’avenir » de mars 2009 (voir aussi « Les 33 recommandations du GTEF » et son rapport synthèse « Pour un pacte national pour l’éducation en Haïti » d’août 2010).

L’un des mérites de l’article « À quand une réforme du système éducatif en Haïti ? » consiste à mettre en lumière les préoccupations linguistiques de nombre d’enseignants aujourd’hui en Haïti. Ainsi, « Selon Charlot Jean Baptiste, normalien, la première problématique [de] l’enseignement en Haïti, c’est la langue [d’enseignement] choisie. Il estime que l’apprentissage des élèves serait plus facile si les cours se dispensaient en créole.

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Aménagement simultané du créole et du français en Haïti : enjeux et perspectives institutionnelles

— Par Robert Berrouët-Oriol —

S’il est un paradoxe dont il faudrait mesurer l’impact dans la durée c’est bien celui de la quasi inexistence de mobilisation citoyenne quant à l’aménagement du créole et du français en Haïti. Un tel constat, par-delà la prégnance du nationalisme identitaire haïtien, est à lier au déficit de leadership de l’État dans le domaine linguistique, singulièrement dans le champ éducatif où le ministère de l’Éducation ne dispose toujours pas, depuis la réforme Bernard de 1979, d’une politique linguistique éducative (voir notre article « Politique linguistique nationale et politique linguistique éducative en Haïti : une nécessaire convergence historique », Le National, 30 novembre 2017).

Il y a paradoxe au sens où pour un certain nombre de personnes, paré d’attributs essentialistes, le créole « est » l’identité haïtienne et que seul le créole doit être aménagé par l’État. Or même cette vue réductionniste ne débouche pas sur la mobilisation citoyenne. Il y a par contre rejet du paradoxe lorsque des données empiriques attestent, chez nombre d’unilingues créolophones, que ces derniers revendiquent le droit d’acquérir le français à travers l’École haïtienne.

En conformité avec l’article 5 de la constitution de 1987, nous avons institué dès 2011 –dans nos livres et articles traitant de la question linguistique haïtienne–, un éclairant plaidoyer pour l’aménagement simultané du créole et du français en Haïti. Plaider

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Parutions : nouveautés du 24 décembre 2017

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Adolescebat autem obstinatum propositum erga haec et similia multa scrutanda, stimulos admovente regina, quae abrupte mariti fortunas trudebat in exitium praeceps, cum eum potius lenitate feminea ad veritatis humanitatisque viam reducere utilia suadendo deberet, ut in Gordianorum actibus factitasse Maximini truculenti illius imperatoris rettulimus coniugem.

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas.

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Un corpus de discours scientifiques sur le créole

— Par Leslie Péan, économiste et historien —

« LA QUESTION LINGUISTIQUE HAÏTIENNE / TEXTES CHOISIS »

Robert Berrouët-Oriol & Hugues Saint-Fort

Éditions Zémès

288 pages

Port-au-Prince

Juin 2017

Au fil des années, nous sommes intervenus sur les questions linguistiques et sur le créole en quelques occasions. D’abord en écrivant un texte d’économie en créole pour la revue Sèl intitulé « Kèk nòt sous balans-péman pandan diktati Divalié yo (1957-1975) » (SÈL, jounal ayisyin aletranje, no 30-31, Brooklyn, New-York, 1976). Par la suite, nous avons publié douze articles sur cette question entre 2013 et 2016.     

  •  Économie d’une langue et langue d’une économie, Le Nouvelliste, 25 février 2013.
  •  Retour sur l’article « Économie d’une langue et langue d’une économie » (Première partie), AlterPresse, 25 mars 2013.
  •  Retour sur l’article « Économie d’une langue et langue d’une économie » (Deuxième partie), AlterPresse, 26 mars 2013.
  • Marasme économique, transmission des savoirs et langues (texte en sept parties), AlterPresse, 23, 25 mai, 1, 3, 7, 9, 11 juin 2013.
  • Le danger d’une approche superficielle d’une question complexe, (Première partie), Le Nouvelliste, 14 avril 2016.

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Aménagement du créole et du français

Plaidoyer pour la création d’une Secrétairerie d’État aux droits linguistiques en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Montréal, le 20 avril 2017

L’épineuse « question linguistique haïtienne » –étudiée par Pradel Pompilus entre autres dans sa thèse de doctorat soutenue à la Sorbonne en 1961, « La langue française en Haïti »–, fait régulièrement la « Une » dans les médias, au pays comme en outre-mer. De différentes manières, elle est mise en débat tant par de simples citoyens que par des enseignants et des linguistes. De plus en plus nombreux sont ceux qui s’efforcent de mieux comprendre cette complexe problématique linguistique et des linguistes s’efforcent de la dénouer à la lumière des sciences du langage. Pour notre part, nous avons une nouvelle fois contribué à cet éclairage par la publication, le 7 février 2017, du texte « Les grands chantiers de l’aménagement linguistique d’Haïti (2017 – 2021)i » qui expose à la fois une claire vision de l’aménagement concomitant de nos deux langues officielles et l’impératif de la formulation/mise en œuvre de la première politique linguistique nationale de l’État haïtien qui saura instituer pareil aménagement.

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« Le français haïtien, une variété à part entière »

— Par Robert Berrouët-Oriol —

Montréal, le 16 mars 2017

En prélude aux célébrations de la Journée internationale de la francophonie célébrée le 20 mars de chaque année, l’article « Le français haïtien, une variété à part entière » paru à Port-au-Prince le 15 mars 2017 dans le quotidien Le National relate la participation de la Faculté de linguistique appliquée aux activités lancées le 14 mars par des représentants du gouvernement et de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie). L’article offre un très bref aperçu de l’intervention du linguiste Renauld Govain, doyen de la Faculté de linguistique appliquée, intitulée « Les apports de la francophonie haïtienne dans la francophonie internationale ».

Les habitués du National liront avec intérêt, bientôt souhaitons-le, l’intégralité de la conférence du linguiste Renauld Govain. Il est l’auteur, il convient de le rappeler, du livre « Les emprunts du créole haïtien à l’anglais et à l’espagnol » (éd. L’Harmattan, Paris, 2014) et de plusieurs articles scientifiques scrutant une réalité historique trop souvent oblitérée par certains prédicateurs créolistes fondamentalistes, le patrimoine linguistique haïtien bilingue créole-français. On (re)lira donc avec profit les études suivantes : Govain R.

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Les grands chantiers de l’aménagement linguistique d’Haïti (2017 – 2021)

— Par Robert Berrouët-Oriol —

Courant 2011, suite aux défis majeurs induits par le tremblement de terre de 2010, quatre linguistes ont fait paraître le livre de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (par Berrouët-Oriol, R., D.,  Cothière, R., Fournier, H., Saint-Fort; coédition du Cidihca et Éditions de l’Université d’État d’Haïti). Le livre est préfacé par le linguiste québécois Jean Claude Corbeil, l’une des sommités mondiales en matière d’aménagement linguistique et auteur du fameux « Dictionnaire visuel » traduit en 35 langues.

Salué par la critique, l’ouvrage –bien reçu en Haïti et en diaspora dans différents milieux et amplement diffusé–, invitait à la réflexion et à l’action concertée autour de neuves notions structurant une forte vision. Pour la première fois dans l’histoire des idées au pays, le « problème linguistique haïtien » était analysé à travers l’articulation de notions essentielles relevant de domaines liés, notamment la jurilinguistique1 et l’aménagement linguistique2 entendu au sens de « Mise en place de la politique linguistique, lorsqu’un État a choisi d’intervenir explicitement sur la question des langues » (Grand dictionnaire terminologique du Québec).

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Aménagement du créole et du français en Haïti


creole
L’ÉCOLE EN CRÉOLE, EN FRANÇAIS, DANS LES DEUX LANGUES ?
ÉTAT DE LA QUESTION ET PERSPECTIVES

Table-ronde, Association des enseignants haïtiens du Québec (AEHQ)
Montréal, le 16 octobre 2011 (version écourtée et remaniée : 30 novembre 2011)

Robert Berrouët-Oriol
Linguiste-terminologue

Pour contribuer de manière constructive à la réflexion de la table-ronde d’aujourd’hui dont le thème est « L’école en créole, en français, dans les deux langues ? État de la question et perspectives », je caractériserai la situation linguistique haïtienne sur quatre axes principaux. Ces quatre axes analytiques constituent la charpente à partir de laquelle notre vision est construite, et cette vision légitime et donne lieu à une perspective centrale –l’aménagement des deux langues officielles d’Haïti à l’échelle du pays tout entier. Et c’est à partir de cette vision centrale que j’interrogerai le sous-ensemble « aménagement des langues officielles dans le système éducatif national ». Le fil conducteur de ma pensée sera donc le suivant : l’État haïtien doit-il adopter sa première législation contraignante en matière d’aménagement linguistique afin de légitimer et d’encadrer l’aménagement et du créole et du français dans le système éducatif national, de la maternelle à l’enseignement secondaire, universitaire et technique ?

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Le bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti 

Fondements constitutionnels et politique linguistique d’État

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« (…) nous n’avons pas à hiérarchiser les langues entre elles, bien au contraire. Nous devons être riches, concrètement ou poétiquement, de toutes les langues du monde. Aucune langue ne peut s’épanouir seule, il lui faut le concert des autres langues qu’elle invoque, qu’elle accueille et respecte. (…) il nous faut abandonner l’imaginaire monolingue des colonialistes, pour tendre vers un imaginaire multi-trans-linguistique, qui n’a rien à voir avec une faculté polyglotte, mais qui tend vers le désir-imaginant de toutes les langues du monde, qu’on les connaisse ou non. » — (« Nous devons être riches de toutes les langues du monde », par Patrick Chamoiseau, Le Courrier de l’UNESCO, 20 juin 2024)

L’idée d’élaborer le présent article provient en partie de la lecture d’un avis public paru dans l’édition du 9 juillet 2024 du journal Le National et elle est en lien avec la publication antérieure en Haïti d’un livre mort-né traitant du statut du créole. Rédigé uniquement en français, l’avis public paru en page onze du National est fort intéressant.

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Transmettre et Être : Fabriquer le sujet, pérenniser la société

Numéro coordonné par Max Bélaise

«En Occident comme dans toutes les civilisations, l’homme doit naître une seconde fois – naître à ce qui le dépasse, lui et ses parents». Cette pensée de Pierre Legendre est intéressante pour l’ambition que se donne ce numéro d’Archipélies: réfléchir à la question de la transmission. Elle n’est pas que théorique et ne doit pas faire l’objet que de l’attention de théoriciens des sciences humaines.
Loin s’en faut. Des artistes, des éducateurs, des politiques s’en préoccupent. Ils sont particulièrement soucieux du délitement culturel que l’absence de transmission peut provoquer. Dans ce numéro, l’intérêt des contributeurs porte sur l’un des corollaires de cet acte de transmettre: instituer le sujet dans cette «liquidité culturelle» créole. Comment transmettre des savoirs, des connaissances, afin que cet héritier du traumatisme de la violence esclavagiste soit ce sujet résilient qui résiste contre tout ce qui peut menacer sa condition d’être libre, autonome et pensant? Une ambition qui nous semble avoir toujours été portée par les clercs de ces territoires.

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