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Les « sots métiers » des défenseurs du peuple

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Les contempteurs du BUMIDOM se sont rarement attendris sur les véritables difficultés rencontrées par les jeunes gens qui sont partis sous l’égide de cette institution. On ne sache pas, en effet, qu’un parti politique martiniquais soit venu en aide aux plus malheureux d’entre eux, coupables d’avoir donné la main à une initiative gouvernementale.

Subalterne, c’est le mot utilisé par le politburo

« Subalterne », c’est le mot utilisé dans les cénacles foyalais et relayé dans les campagnes par une escouade de « petits marquis », pressés de médire leurs propres frères et sœurs et aider au dénigrement des emplois que ces derniers occupaient en France. Le BUMIDOM qui n’était pas une destination mais un facilitateur, ne s’adressait pas aux favorisés. Ceux-ci pouvaient compter sur leurs familles, l’Université (UAG), les bourses d’études ou la possibilité d’accomplir le service militaire dans le cadre rétribué des volontaires de l’assistance technique (VAT). En revanche, même si par le biais du BUMIDOM plusieurs martiniquais ont pu atteindre un niveau de carrière de premier plan, cet organisme n’avait pas d’autre ambition que de faciliter l’accès des jeunes à des emplois correspondant à leur niveau scolaire.

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Les 20 « Glorieuses » martiniquaises

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Au lendemain des incidents de décembre 1959, faisant l’éloge funèbre de l’une des 3 victimes, l’écolier Christian MARAJO, le vice-recteur Alain PLENEL résumait les 3 jours d’émeutes par une formule qui fit florès, « Les Trois Glorieuses ». En 1979, Jean Fourastié allait créer la formule « Les Trente Glorieuses » pour décrire les progrès de la période d’après-guerre, de 1946 à 1975. Le rapprochement de ces deux chrononymes me conduit à vous proposer un troisième qui correspond bien, me semble-t-il, à la période de 1962 à 1982, les « Les Vingt Glorieuses martiniquaises ».

Si la croissance économique et l’amélioration des niveaux de vie ont toujours été sous-tendues par la dynamique démographique, la surpopulation est un facteur handicapant. C’était le cas de la Martinique qui détenait déjà le plus fort taux démographique de la Caraïbe et des DOM. Selon les chiffres officiels, la population de la Martinique est passée de 270 000 habitants en 1962 à plus de 325 000 en 19821, soit une augmentation de 55 000 en 20 ans ! Cette augmentation aurait été encore plus forte sans le départ d’une trentaine de milliers de Martiniquais, dont 15 300 au titre du BUMIDOM2.

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Le « racisme de la peau sauvée” en Martinique.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

L’article de Raphaël Confiant paru dans Montraykréyol le 14 août 2019 fait un balayage de divers sujets qu’il semble avoir eu du mal à résumer dans le titre Cela proviendra sans doute de la crise française et mondiale… L’écrivain évoque sans le dire l’indépendance de la Martinique, qui devrait, à l’image de ce que fut le cas pour les ex-colonies anglophones, relever plus de l’initiative de la France que de la volonté des autochtones. Il serait davantage question de largage que de conquête. Pas très glorieux. Reste que vis-à-vis de la France, la Martinique ne peut être que dedans ou dehors, l’entre-deux ”autonomiste-nationaliste” ne peut pas signifier la fin du colonialisme, l’objectif visé.

Moins attendu, il n’y a pas grand-chose à redire de la description de l’évolution économique de la Martinique qui serait passée de « l’économie coloniale productive » à « l’économie départementale improductive ». Sauf que la ”coloniale” était une économie de la misère comme l’est partout dans le monde l’économie de la canne, tandis que la ”départementale” est, selon le mot de Cabort-Masson, « l’économie des Koweitiens sans pétrole ».

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Le Canada, la nouvelle destination de choix pour l’emploi des jeunes Antillais ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —
Jamais le Canada n’a autant eu besoin de travailleurs, mais aussi de citoyens. Le pays veut tripler sa population d’ici la fin du siècle. Le Canada, terre de toutes les opportunités pour les Antilles ? Pour les jeunes guadeloupéens et Martiniquais qui n’ont aucune perpective aux Antilles , trouver un emploi est devenu trés difficile en France. Quant à la carrière, c’est une autre question! Ils sont souvent freinés dans leur envol parce qu’ils ne sortent pas de la bonne école ou parce que leurs envies entrepreneuriales ne trouvent pas preneurs. C’est tout différent au Canada. La culture anglo-saxonne laisse toutes les initiatives se développer. Et en plus, le marché de l’emploi dans ce grand pays est largement ouvert aux nouveaux arrivants d’autres nationalités. Le Québec affiche une pénurie de main d’œuvre sans précédent, plus d’un million d’emplois à pourvoir d’ici 2026.

Au Québec, pas moins de 1,4 million d’emplois seront à pourvoir d’ici 2026, selon un rapport du ministère du Travail. La raison ? Les départs à la retraite massifs de la génération des baby-boomers dans la province canadienne, soit « une vague sans précédent sur le marché du travail », indiquait le Journal du Québec début mai.

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L’OJAM : « Il y a autant d’Ojam que d’ojamistes ».

Par Yves-Léopold Monthieux —

Après avoir relu le livre-témoin de Gesner Mencé, L’affaire de l’OJAM ou le Complot du mardi-gras ; revu le film de Camille Mauduech, La Martinique aux Martiniquais, acte I, et pris connaissance de l’acte II : une mine de révélations en mode de confessions ou d’aveux ; après avoir assisté à deux débats sur le film, dont l’un avec la participation d’anciens de l’organisation, il est possible d’avoir une bonne connaissance du phénomène de l’OJAM. Lequel n’eût jamais eu un tel retentissement sans la regrettable arrestation de quelques-uns de ses membres.

Marqué par les meurtrissures de la décolonisation, de la guerre d’Algérie, en particulier ; instruit de la fragilité sociale des nouveaux départements ; la France craignait l’apparition de nouveaux foyers insurrectionnels. Aussi, elle avait cru devoir réprimer dans l’œuf toute agitation, avant de prendre diverses mesures destinées à transformer, de fait, le mode d’appartenance de ces territoires à la France (SMA, AFPA, BUMIDOM, réforme foncière, abattement fiscal, quota d’importation, etc). Selon l’historien Julien Sainton, l’intégratioon se serait substituée à l’assimilation. Bref, l’OJAM fit les frais de cette répression comme ce sera le cas, en d’autres circonstances, en Guadeloupe.

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« Alienation(s) », au MACT’e, en avant-goût du Festival Théâtre Cap Excellence.

— Par Scralett Jesus —

Ce jeudi 9 mai, deux représentations de la pièce écrite, mise en scène et interprétée par Françoise Dô sont programmées, l’une étant destinée en matinée aux scolaires. Il revient donc à la Martinique d’annoncer l’ouverture du Festival Théâtre Cap Excellence prévue pour le lendemain. La salle est pleine. Dans le cadre de la tournée CEDAC de Tropiques-Atrium, la pièce, qui avait déjà été à l’affiche de L’Artchipel scène nationale, à Basse-Terre, le 18 novembre 2018, a été programmée conjointement le 7 mai, au Moule et le 10 mai, à Baie-Mahault.

La photo d’illustration est de Blind Larcher 

Est-ce la raison pour laquelle le jeu de la comédienne nous donne l’impression d’une certaine lassitude ? Françoise Dô consacre son énergie à une nouvelle pièce dont elle est également l’auteur(e) « A Parté ». « Aliénation(s) » est déjà, en quelque sorte, de l’histoire ancienne. A partir d’une nouvelle, intitulée « Aliénation noire », Françoise Dô, lauréate du concours d’émergence jeunes artistes « En avant la création », avait bénéficié à Fort-de-France d’une résidence d’artiste à Tropique Atrium scène nationale de décembre 2016 à janvier 2017.

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La domesticité à l’épreuve de nous-mêmes

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Les rapports sociaux développés dans les anciennes colonies françaises ont du mal à s’extirper de pratiques empruntées à une autre époque, entre maîtres et esclaves.
En 2000, Jean-Robert Cadet publiait un ouvrage autobiographique Restavec. Enfant esclave en Haïti. Ce professeur américain d’origine haïtienne révélait l’existence des enfants domestiques « placés » dans des familles bourgeoises d’Haïti. Peu après la parution de ce livre, André Schwartz-Bart me disait sa stupéfaction de n’avoir jamais entendu parler de cette affaire par ses amis écrivains haïtiens. Ce phénomène ne figure ni dans l’abondante littérature d’Haïti ni dans la musique ni dans la riche peinture de cette ancienne colonie française. Dès lors, il est difficile de ne pas conclure à la complicité, voire la participation de l’élite à ce travers sociétal. D’ailleurs, les révélations de Jean-Robert Cadet n’ont pas fait bondir les intellectuels haïtiens.

Photo : Les enfants de la Creuse
Originaire de La Réunion, Jacques Martial a publié lui aussi un ouvrage autobiographique. Il était l’un de ces enfants du département de l’Océan indien qui avaient été placés dans des familles d’accueil de la France hexagonale.

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Démographie en baisse aux Antilles : un mal insidieux qui ronge nos sociétés !

— Par Jean-Marie Nol —
Au 1er janvier 2016, la Guadeloupe compte 394 110 habitants, soit 10 525 de moins qu’en 2011. Le constat est cruel , car la Guadeloupe se vide petit à petit. Cela représente 0,5% de baisse sur la période 2011-2016. La Martinique connait la même tendance, plus accentuée encore, près de 16 000 habitants en moins en 5 ans. Ils sont désormais 376 500 dans l’île sœur. Ce sont les deux seules régions de France à perdre des habitants.
Cette situation préoccupante témoigne d’un manque d’attractivité de la Guadeloupe et de la Martinique . L’attractivité d’un pays reflète sa capacité à attirer des capitaux étrangers mais également des hommes, afin qu’ils viennent s’investir sur son sol. En Guadeloupe comme en Martinique , malgré une attractivité toujours forte au niveau du tourisme , celle-ci s’érode et ce phénomène s’est récemment accéléré avec la baisse de la population . Or passer un seuil de population à la hausse ou à la baisse entraîne des conséquences financières (sur les dotations de l’Etat entre autres) mais aussi psychologiques (sur l’attractivité) .

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À ETC Caraïbe : Françoise Dô, ou le théâtre en devenir

— par Janine Bailly —

Après Bernard Lagier, invité à ouvrir en septembre la nouvelle saison des « Mercredis d’ETC Caraïbe » à l’Université des Antilles, c’est Françoise Dô, jeune artiste martiniquaise de talent, qui était ce 24 octobre reçue par Axel Artheron, Maître de conférence en Études Théâtrales et qui anime avec compétence et conviction des entretiens intitulés « Paroles d’auteur.e.s ».

La salle de cours L3, prêtée à ces rencontres, accueillait un public trop restreint, où peu d’auditeurs extérieurs s’étaient joints aux étudiants présents. Une absence regrettable en comparaison de la qualité inhérente à ce type de rencontre ! Une qualité qui fit oublier la relative tristesse des murs, comme le parasitage des bruits alentour !

Cheveux fous aujourd’hui disciplinés en une natte sage, toute de noir vêtue, tantôt grave tantôt souriante, Françoise Dô s’est livrée volontiers à l’exercice, répondant à toutes les questions, avec une sincérité sans faille. Un sérieux n’excluant pas l’humour, un désir de parler au plus juste, une disponibilité réelle ont permis que l’échange soit chaleureux, enrichissant, et qu’il ne distille pas une seule once d’ennui.

Comment définir le théâtre ? Pour elle c’est d’abord un lieu, lieu clos où l’on va comme dans un autre monde.

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Une histoire à côté de l’histoire

— Par Yves-Léopold Monthieux —
La Martinique n’a pas de héros. Elle n’a ni Toussaint-Louverture ni Delgrès. C’est une frustration. Comment la compenser ? On ne compte pas le nombre de thèses rédigées sur la date du 22 mai 1848 où ne figure même pas le nom de l’esclave Romain, celui par qui ces incidents sont arrivés. Souvent, la mention « un esclave » suffit. C’est dire l’ambiguïté d’une date dont celui qui en est à l’origine, absent des places publiques alors qu’y figure Alain Plénel, ne parvient pas à trouver une vraie place dans l’histoire martiniquaise. Ainsi donc se développe une histoire martiniquaise en parallèle à l’histoire officielle.
La déférence au 22 mai 1848 est d’abord la réponse à une frustration, celle du manque d’histoire martiniquaise. C’est la correction de cette frustration, la conjuration de l’inconfort d’une abolition obtenue sans révolution, venue du colonisateur, comme l’explique Paul Vergès. Sauf que l’historien Armand Nicolas a recherché et retrouvé cette révolution. Celle-ci a eu lieu en Martinique, bizarrement après la signature de l’acte officiel, un mois plus tôt. Suivi par la meute politique, ce dirigeant du Parti communiste martiniquais écrit que les Martiniquais se sont libérés par leurs propres forces.

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« Aliénation(s) » à la BU…

Le spectacle de Françoise DÔ jeudi 22 février 2018 à 19h

En partenariat avec Tropiques Atrium Scène nationale, la bibliothèque universitaire du campus de Schoelcher est heureuse de vous inviter, jeudi 22 février à 19h, à la représentation de la pièce «Aliénation(s)», écrite, mise en scène et interprétée par Françoise Dô.

Sophia est une jeune martiniquaise ayant fini ses études à Paris. Lors d’une réunion familiale, elle découvre une partie de la vie de sa mère, avec qui elle avait une relation impersonnelle. De sa migration, à l’époque par l’intermédiaire du BUMIDOM, à son rapport aux hommes, tout résonne et fait écho à sa propre vie. Remonte alors à la surface son histoire trouble autant avec sa terre d’accueil qu’avec sa terre d’origine. Est-elle vraiment libre de ses choix ? [FD]

Françoise Dô présente ainsi sa démarche artistique : « Bien que ce texte fasse intervenir plusieurs personnages, j’ai choisi de mettre sur scène une seule comédienne qui dans un monologue sur le principe de l’acteur-conteur se démultiplie pour présenter chaque protagoniste. Ce choix permet à mon sens d’accentuer la question de l’identité de la personne qui a migré (l’immigré, l’immigrant ou l’expatrié)… »

Créé en 1963 par le gouvernement français pour « contribuer à la solution des problèmes démographiques intéressant les départements d’outre-mer », le BUMIDOM fut chargé de traiter la question de l’émigration domienne vers la métropole.

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Existe-t-il un génocide martiniquais ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

C’est la question qu’on peut se poser après le retentissement provoqué par la déclaration du député Aimé Césaire, un jour de novembre 1975, à l’assemblée nationale. Celui-ci craignait que la venue des H’mongs en Guyane, projetée par le gouvernement français, ne conduise à une manière de génocide qu’il a appelé « génocide par substitution ». Etrangement, il opposait un génocide qui n’en est pas un à des gens qui fuyaient ce qu’on peut considérer comme un vrai génocide, au Laos. Finalement, Césaire s’était trompé, mais il avait des circonstances atténuantes. En effet, alors que la population guyanaise était inférieure à 60 000 habitants, le nombre de migrants faisant l’objet du débat à l’assemblée avait été bien supérieur à celui qui a été finalement retenu (2 000 individus environ), et pouvait paraître exorbitant au député.

Comme je l’indiquais dans une tribune, le 24 novembre 2013, La Martinique, ce directeur de conscience, « en novembre 1975, le visionnaire Aimé Césaire s’était prononcé à l’assemblée nationale contre la venue des H’mongs en Guyane. C’est à cette occasion – et à cette seule occasion – qu’il avait prononcé officiellement sa fameuse expression « génocide par substitution ».

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« Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme » de Françoise Vergès

Dans les années 1960-1970, l’État français encourage l’avortement et la contraception dans les départements d’outre-mer alors même qu’il les interdit en France métropolitaine.
Comment expliquer de telles disparités ?
Dès 1945, invoquant la « surpopulation » de ses anciennes colonies, l’État français prône le contrôle des naissances et l’organisation de l’émigration ; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l’espace de la République, provoquant un repli progressif sur l’Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient.
Françoise Vergès s’interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s’appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l’auteure entend faire la lumière sur l’histoire mutilée de ces femmes d’outre-mer, héritage douloureux d’un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd’hui.

 

Interview de Françoise Vergès :

L’historienne réunionnaise Françoise Vergès publie « Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme », un essai passionnant sur la gestion politique de la natalité dans les Outre-mer et ses conséquences dans les années 60 et 70, à partir du cas emblématique de La Réunion.

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La droite et la gauche entre 1946 et 2011

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ce n’est pas la première fois que […] [ Raphaël Confiant ] affirme, ce que je réfute, l’assertion que la droite a été au pouvoir sans partage pendant 40 ans. Cela m’étonne de la part d’un témoin aussi scrupuleux de notre temps. De 1946 à 1958, le pouvoir était aux mains de la gauche, aussi bien en France qu’en Martinique. La droite n’avait pratiquement aucune existence en Martinique où la SFIO et le Parti communiste se partageaient le pouvoir. Il est vrai que ceux qui ont porté la départementalisation ont à ce point échoué à faire évoluer leur enfant que dès 1957 sont apparus les concepts d’autonomie puis d’indépendance. Le Réunionnais Paul Vergès l’a assez bien décrit dans sa conversation avec Césaire, en 2006. La Droite n’a été au pouvoir que de 1958 à 1981. C’est pendant ces 22 ans que la départementalisation a été mise en place. Pratiquement aucun des apports de cette période n’a été supprimé, à l’exception notable du BUMIDOM. Sauf que les jeunes s’en vont tout seuls à un rythme bien supérieur qui conduit, fait sans précédent, à une diminution de la population.

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Le festival des Petites Formes » – Un Bilan

— Par Selim Lander —

Pour la deuxième année consécutive, Tropiques Atrium Scène nationale a organisé dans la deuxième quinzaine de janvier un festival de théâtre qui se caractérise à la fois par l’économie de moyens (un ou deux comédiens au maximum dans chaque spectacle) et une présence massive des créations antillaises avec L’Aliénation noire de et avec Françoise Dô en ouverture le 17 janvier, Circulez de José Jernidier qui joue accompagné de son frère Joël le 21 janvier, Médée Kali de Laurent Gaudé avec Karine Pedurand le 24 janvier, Le But de Roberto Carlos de Michel Simonot avec Elie Pennont dans une MES d’Hassane Kouyaté. Unique exception un spectacle venu de Suisse, Le Relais de et avec Patrick Mohr. À noter que la plupart de ces spectacles ont été également présentés « en communes ».

François Dô dans L’Aliénation noire

Françoise Dô, jeune martiniquaise, est la lauréate du concours d’écriture théâtrale lancé par Tropiques Atrium en 2016 ce qui lui a valu une aide à la création. Elle signe cependant elle-même la MES, ce qui semble confirmer qu’ « aux âmes bien né/es, la valeur n’attend point le nombre des années », comme dirait un certain Corneille.

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« L’aliénation noire » de Françoise Dô : pour un coup d’essai…

— Par Roland Sabra —

Il y a d’abord le titre «  l’Aliénation noire » . Aliénation, ici est a entendre dans son acception hégélienne «  action de devenir autre que soi, de se saisir dans ce qui est autre que l’esprit » avec cet implicite d’un « soi » qui serait vrai, qui relèverait de l’authentique. Idée d’un retour aux sources… qui sera un des fils conducteurs de la pièce. « Noire » est tout autant polysémique. La formule « est noir tout ce qui n’est pas blanc » le clame haut et fort. Pierre Soulages avec « l’outrenoir » de ses tableaux mono-pigmentaires en souligne l’infinie richesse. Le texte de François Dô, théâtralisé par ses soins, s’inscrit dans ce champ mille fois labourés de l’identité, mais il le fait au nom d’une singularité propre : l’histoire de trois générations de Martiniquais dans un avant, un pendant et un après le BUMIDOM. ( Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer ) qui organisera la migration de populations réduites au chômage aux Antilles par la crise sucrière des années 60 vers les urgents besoins de main d’œuvre de la métropole.

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« L’Aliénation noire » de Françoise Dô

Mardi 17 janvier 2017 20h Tropiques-Atrium

L’Aliénation noire

de Françoise Dô
Sophia est une jeune martiniquaise ayant finie ses études à Paris. Lors d’une réunion familiale, elle découvre une partie de la jeunesse de sa mère, avec qui elle avait une relation impersonnelle. De sa migration, à l’époque par l’intermédiaire du BUMIDOM, à son rapport aux hommes, tout résonne et fait écho à sa propre vie. Remonte alors à la surface son histoire trouble, autant avec sa terre d’accueil qu’avec sa terre d’origine.
Est-elle vraiment libre de ses choix ?

Texte, Mise en scène & Interprétation : Françoise Dô
Collaboratrice artistique : Arielle Bloesch
Création lumière : Marc-Olivier René.
Son : Ludovic Laure

Note d’intention
Bien que ce texte fasse intervenir plusieurs personnages, j’ai choisi de mettre sur scène une comédienne qui dans un monologue, sur le principe de l’acteur-conteur se démultiplie pour présenter chaque personnage. Ce choix permet, à mon sens, d’accentuer la question de l’identité de la personne qui a migré (l’immigré, l’immigrant ou l’expatrié). Des personnes qui développent des comportements, voire des personnalités multiples. Ils s’adaptent selon leur interlocuteur, le territoire sur lequel ils se trouvent, jonglant entre langues et cultures, avec plus ou moins de dextérité, avec plus ou moins de recul.

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Festival des petites formes

Du 17 au 29 janvier 2017

Spectacles à Tropiques Atrium à 20h

L’Aliénation noire le 17
Circulez ! le 21
Médée Kali le 24
Le but de Roberto Carlos les 27 et 28
Sous le Chapiteau – Schœlcher ex Espace Osenat
Hommage à Vincent Placoly le 18 à 19h
Lauréats – de 25 ans, Prix Etc_Caraïbele 19 à 19h
L’Aliénation noire le 19 à 20h30
Nuit de la poésie avec Nicole Cage & Widad Amra le 20 à 19h
Le Relais le 26 à 20h
Circulez ! le 29 à 16h
 
Territoires en Culture
Circulez ! – le 26 à 19h30 – Centre culturel du bourg
Circulez ! le 27 à 19h30 – Centre culturel Basse Gondeau
Circulez ! le 28 à 19h – Centre culturel Petit Bambou
Le Relais – au François

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Les syndicalistes Antillais jouent-ils avec le feu?

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —

jouer_le_feuA l’ère de la réduction de la dépense publique et du tout numérique…

Les conflits sociaux et mouvements de protestation des usagers se multiplient en Guadeloupe et Martinique sur les questions du droit du travail ou encore de l’eau ou des terres agricoles . Et c’est là où le bât blesse ,  car dans ce contexte délétère ,  les syndicats jouent gros en adoptant un comportement «jusqu’au-boutiste». Ils jouent avec le feu, car dans un contexte très tendu, le pourrissement d’un mouvement social ou d’un mouvement de protestation des usagers peut non seulement déboucher sur les pires violences mais également se retourner à terme contre les travailleurs et les contribuables .Nous en voulons pour preuve l’exemple du conflit actuel à la mairie de Basse-Terre en Guadeloupe qui oppose l’UGTG  à Marie Luce Penchard à propos de revendications diverses avec un point d’achoppement , à l’instar de la commune de Capesterre Belle Eau , tenant au régime indemnitaire des agents de la ville de Basse-Terre . « Je vais déposer les clefs de la mairie « déclara de façon péremptoire  Madame Penchard incapable , selon elle sans augmenter considérablement la pression fiscale  , de satisfaire aux revendications du syndicat compte tenu de la situation budgétaire très déficitaire de la ville dont elle est le maire, ce à quoi lui répond l’UGTG  » Nou ka di-y!

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Le gang des antillais

— Par Guy Gabriel —

le_gang_des_antillaisLe gang des Antillais de Jean-Claude Barny ; avec Djedje Apali, Ericq Ebouaney, Adama Niane, Zitat Hanrot, Vincent Vermignon, Romane Bohringer, Jocelyne Berorard

Nous sommes dans les années 70 le BUMIDOM (Bureau pour le  développement des Migrations des départements d’Outre-Mer) promet de favoriser l’insertion des français des DOM-TOM et de la Réunion dans ce qu’on appelle la Métropole ; Jimmy Larivière, arrive à Paris pour se faire sa place au soleil ; sauf qu’il ne parvient pas à la trouver dans cette société ; c’est d’autant plus ennuyeux qu’il a une petite fille avec qui il ne sait même pas où dormir. Sa rencontre avec un groupe de trois jeunes antillais va l’entraîner dans une série de braquages retentissants.

Jean-Claude Barny s’attaque, par le biais d’un film de braquages (à l’américaine) efficace, à une page de l’histoire antillaise qui raconte celle, vraie, de jeunes gens qui sont le reflet des dommages collatéraux de la politique française dans ses département ultra-marins. Le gang des antillais arrive à trouver l’équilibre qu’il faut entre grande histoire et les histoires personnelles ; des histoires personnelles qui montrent l’avortement du miroir aux alouettes que le Bumidom a été pour bien des jeunes, qui ne demandaient qu’à vivre le rêve qu’on semblait leur proposer.

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La Martinique : vers une démographie de substitution ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —
h_mongsLe vieillissement de la population martiniquaise et les désordres sociaux, politiques et économiques qui pourraient en découler ont suscité la réaction de Raphaël Confiant dans sa dernière tribune, « L’illusion de la Sylver économie ». Il estime qu’il ne pourrait se développer une économie fondée sur le vieillissement de la population que dans le cadre d’une économie globale. Or, selon lui, cette économie n’existe pas en Martinique.
J’ai souvent écrit que le mot économie n’a pas de sens, en Martinique, s’il est vrai que le prix de revient de chaque production comprend un intrant qu’on ne retrouve pas de façon systématique ailleurs : la part correspondant à l’aide de l’Etat. En effet, tant que la production ne sera pas accessible à la concurrence de nos voisins, on ne pourra pas parler d’économie· C’est dire combien il serait essentiel, pour atteindre cet objectif, que notre niveau de vie se rapproche du leur, c’est-à-dire vers le bas· Or les réactions enregistrées chaque fois qu’on parle de toucher aux 40% des fonctionnaires, qui ne sont qu’un supplément de salaire, laissent présager de celles qui suivraient l’annonce d’un rapprochement des salaires entre la Martinique et les autres îles des Caraïbes· Reste que les incertitudes du moment, la rapidité des évolutions ainsi que leurs surprenantes manifestations dans le monde, interdisent de penser que dame Fortune nous protégera toujours de ses larges ailes.

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De la violence et de l’exil des jeunes antillais

— Par Jean-Marie Nol, économiste financier —

questionnementbLa Guadeloupe est en crise et la Martinique n’avance pas car elle est en panne : Nos régions se vident de leurs forces vives , nos villes débordent de manifestations quotidiennes de violence et notre cohésion sociale est mise à mal .La crise sociétale actuelle en Guadeloupe et la crise larvée en Martinique mettent en lumière un phénomène préoccupant : l’exil des jeunes diplômés couplé avec la délinquance d’autres jeunes restés au Pays . Avec cette crise de société , c’est un fait, de plus en plus de jeunes sont tentés par la délinquance et l’oisiveté alors que d’autres préfèrent aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Depuis les années 2000, l’expatriation des Guadeloupéens et Martiniquais est ainsi en croissance régulière, de l’ordre de 5 à 6% chaque année . La première des grilles d’analyses relève de la sphère économique. Nos pays respectifs ont incontestablement une difficulté avec leur jeunesse.La faute est à cet exode des jeunes qui a commencé au milieu du 20e siècle avec le BUMIDOM et qui s’est poursuivi pendant les années de crise avec nos jeunes qualifiés .La

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T.C.S.P. : « ce n’est pas les autres… c’est nous! »

— Par Yves-Léopold Monthieux —
tcsp– Les fonctionnaires, médecins, avocats, commerçants et les « bonnes à tout faire ».
– L’Etat finira par opérer la suppression  « à sec » des 40%.
– Il n’y a pas plus « coloniale » qu’une justice condescendante.

Il ne suffit pas d’évoquer les mânes de nos ancêtres et de dérouler la liste des savants nègres depuis Mathusalem pour justifier l’incapacité actuelle des Martiniquais à faire circuler le TCSP ; à faire fonctionner sans heurts une usine ayant reçu l’agrément de la collectivité ; à se préoccuper du réseau d’adduction de l’eau qui date de 60 ans et qui laisse échapper 30% des eaux captées à la source ; à s’inquiéter de l’absence de destination de 30% des eaux usées « contaminantes ». Ces eaux dites « grises » ou « noires », qui quittent nos cuisines, nos lavabos et nos toilettes pourraient réapparaître sous forme de maladies, voire d’épidémies. C’était la crainte de l’ancien directeur de l’ARS.

Non, ce n’est pas les Autres, c’est Nous, les responsables !

A quoi bon évoquer jusqu’à plus soif la sagesse de nos « vieux » et les vertus cardinales du peuple martiniquais, si on admet que des retraités d’aujourd’hui n’ont que 200 ou 300 euros par mois pour toute ressource alors que d’autres touchent pour les seules majorations de traitement des sommes pouvant atteindre 3 fois le SMIC.

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« L’archipel des nomades », un roman de Louison Cazal

louison_cazal-archipelL’origine de la lignée de Jean-Paul Irta le condamne bien avant sa naissance.
À Fort-de-France, où elle vivait pauvrement, Rosemaine sa tante, séduite par la promesse du BUMIDOM, avait besoin, comme vous et des milliers d’autres Antillo-Guyanais, de rêves. Un jour, elle partit s’installer  dans une ville provinciale où avec son ami, ils résidaient modestement dans un des nombreux immeubles taillés les uns aux pieds des autres comme d’immenses pans de roches.
La possibilité d’obtenir un logement décent lui parvint rapidement grâce à un contrat sur le foetus que portait sa soeur Théodora. Par ce truchement, Rosemaine réussit à programmer un rapprochement familial et retourna récupérer Jean-Paul à peine sortie des entrailles de sa mère pour le ramener en France hexagonale.
Dans un univers de tentations et d’engrenages néf as tes, Jean-Paul lui, en grandissant, tentera d’éviter la spirale infernale : problèmes d’argent et avec la justice, secrets autour de sa propre identité mais aussi et par dessus tout de ne plus être la cible
des opportunistes du système défaillant…
MOTS DE LECTEUR :
« On ne saurait faire plus actuel que ce roman et son intrigue des années 70 : des individus ayant traversés la mer, à qui l’État français et organismes locaux ont promis des conditions de vie meilleures mais qui se retrouvent parqués dans des immeubles-cages à po ules, inadaptés e t insalubres, où règne l’insécurité et persistent des lendemains plus qu’incertains.

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Un « devoir d’histoire et d’information »

— Par Serge Harpin —

« Ce sont des indépendantistes hargneux et revanchards » (dixit la Vice Présidente de Région, « Décryptage » du 15/10/15, Martinique Première Radio). L’expression, très en vogue parmi ceux de l’axe, se veut être, dans le bréviaire du parfait EPMN, un constat, une indication neutre et surtout pas un anathème. Aucun argument d’ailleurs ne suit généralement cet énoncé. Il se suffirait, pense t-on, par lui-même. Et, à vrai dire, les prédicats ou qualificatifs qui s’agglomèrent pour ainsi dire à la formule, tels « hargneux » et « revanchards» ne sont que redondances, répétitions car déjà contenus de fait dans l’acception du mot « indépendantiste » ; ceci par l’incidence du contexte d’utilisation. Un contexte historiquement et politiquement marqué puisque le mot n’apparaît habituellement, avec il faut le souligner une fréquence élevée, qu’en situation de campagne électorale où il fonctionne de manière exclusivement polémique, et ce, sous le mode d’arguties politiciennes. Certains ont pensé, sans doute sous la pression de l’opportune injonction du « no cancan », qu’il ne faudrait pas relever ce qui pourtant de toute évidence est constitutif d’une stratégie de communication de campagne.

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