— Notes pour une histoire par Lyonel Icart —
Ce texte a fait l’objet d’une première publication dans la revue Ethnologies volume 28, Numéro 1, 2006, Québec
Haïti est éminemment présente au Québec. Non seulement à cause de la forte communauté haïtienne qui s’y trouve, mais aussi à cause de l’intérêt jamais démenti du Canada pour cette île au cours des siècles. On s’accorde généralement pour faire remonter la présence d’une communauté haïtienne au Canada au milieu des années 1960 (Dejean 1978 ; Pégram 2005). Cette communauté s’est naturellement intégrée à la société québécoise francophone parce qu’elle avait, avec celle-ci, la langue en partage. Cependant, les relations entre le Québec et Haïti remontent à la période coloniale, quand le Canada et Haïti étaient des possessions françaises ou britanniques (Mathieu 1981 ; Havard et Vidal 2003). Il y a aussi l’oubli des relations, diplomatiques d’abord, et intellectuelles ensuite, riches et fructueuses, qui avaient débuté entre les deux guerres et qui s’étaient poursuivies jusqu’à la fin des années 1950, avant la première vague d’immigration au milieu des années 1960 (Morisset 2004). Attester d’une récente présence haïtienne au Canada, c’est considérer celle nombreuse, certes, mais non celle qui fonde la mémoire et que l’on porte dans l’imaginaire.