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Les Amazones d’Afrique : quand la musique donne le pouvoir aux femmes

Mercredi 8 mars 2017  à 20 h.Tropiques-Atrium

Les plus grandes chanteuses et musiciennes maliennes unissent leurs voix pour promouvoir l’égalité entre hommes et femmes.

[…] A l’origine du projet, les trois divas maliennes Oumou Sangaré, Mamani Keita et Mariam Doumbia – du duo Amadou & Mariam – qui ont donné en octobre 2015 leur premier concert commun au festival de la Fiesta des Sud, à Marseille. Cette année le trio a décidé d’élargir son horizon en invitant la grande griotte Kandia Kouyaté, la légende germano-nigériane du hip-hop Nneka et Inna Modja au flow féministe. Du côté des chœurs, on découvre deux artistes encore peu connues : l’auteur-compositrice-interprète Mariam Koné et la pétillante Pamela Badjogo à l’univers afro-jazz. Enfin, la batteuse malienne Mouneissa Tandina vient compléter le collectif. Un melting-pot générationnel et musical qui promet de l’invention et du punch au cœur de la tradition mandingue.
« En tant que femme musicienne ou chanteuse, on a deux fois plus de choses à prouver. On se bat au quotidien pour notre condition de femme à la maison et dans notre travail, pour qu’on nous écoute !

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Les partis politiques martiniquais doivent-ils ignorer Marine Le Pen ?

— ParYves-Léopold Monthieux —

Dans la chronique publiée sur divers supports, le 30 novembre 2015, je posais la question suivante : Que feront les martiniquais si Marine Le Pen devient présidente de France ? Je disais « des hommes politiques martiniquais, [qu’] ils seraient bien inspirés de se pencher sur la perspective de l’arrivée au pouvoir du Front national qui, comme l’explique l’historien François Durpaire, ne peut plus être considérée comme une vue de l’esprit. L’avenir de la Martinique mérite mieux qu’une ruée vers l’aéroport Aimé Césaire pour s’opposer à la descente de l’avion d’une présidente de la république ».

Nous sommes en mars 2017. « Si tu ne viens pas à Lagardère, Lagardère ira à toi ». Cette citation pourrait s’appliquer au rapport de Marine Le Pen aux Antillais. Si cette dernière n’est pas venue aux Antilles, des Antillais sont allés à elle, à la Foire agricole de Paris, où ils lui ont offert l’un des meilleurs accueils. Aux résultats de la prochaine élection présidentielle, il sera possible de mesurer le nombre d’électeurs martiniquais approuvant l’évènement. Si la présence de Juvénal Rémir n’a pas surpris, des martiniquais sont consternés par celle de Jean-Charles Brédas.

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Des damnés sous le soleil des Amériques

— Par Joël Din —
Texte adressé par Alfred Alexandre et paru sur le site 97land.com

Leeward et Hilaire, deux anciens passeurs (de clandestins), alcooliques et toxicomanes, sur une presqu’île (la commune de Trinité en Martinique est citée une fois), ruminaient leur solitude et leur peu glorieux passé dans un hôtel minable que le premier avait acheté pour ses vieux jours. Mais Bahia surgit, un matin, sur le rivage, avec une robe à paillettes et « ses mille et folles nattes d’algues tressées », épousant « la courbure féminine des vagues ondoyant sous les soleils humides après la pluie ».

LE BAR DES AMERIQUES,  roman-poème paru en 2016, (Editions Mémoire d’encrier), a stupéfié les participants de la soirée littéraire de l’ASCODELA. C’est un brûlot sans concession,  une bouteille contenant un liquide acide jetée à la mer, un témoignage d’une radicalité définitive, une « littérature des cicatrices ». Les îles de cet univers géographique particulier sont bafouées tout autant que les corps et les âmes. Clandestins, migrants, ou natifs, « ivres comme à la mer, une bouteille en la dérive », paraissent condamnés à une longue drive des esprits, «  d’autant plus folle qu’elle était condamnée à ne jamais vouloir se nommer elle-même ».

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F(L)AMMES : « Le feu de la vie »

— Par Christian Antourel —

Face à leur destin -est une aventure idéale déclinée en trilogie , issue de la recherche amplifiée de création artistique en milieu urbain menée par Ahmed Madani avec de jeunes habitants des quartiers populaires.

Avec ce travail, Ahmed Madani souhaite faire une description appliquée et minutieuses de ce que recouvre la réalité d’être de jeunes français vivant dans une zone urbaine sensible. Les jeunes des quartiers périurbains sont en quête d’identité et de reconnaissance, ils désirent être français à part entière, mais ils vivent mal ces regards portés sur eux qui sont liés à une histoire dont ils n’ont pas été les acteurs. Le metteur en scène veut dresser cette topographie avec des experts de la jeunesse : les jeunes eux-mêmes. Sous le joug d’une mémoire collective dont on commence à peine à soulever le voile, d’une situation économique particulièrement difficile et d’une incapacité à se projeter dans l’avenir, cette jeunesse sera la matière bouillonnante d’une aventure artistique qui depuis plus de vingt ans, s’élabore sur le vif à partir de la vie des protagonistes.

– « Illumination(s) » réalisé avec des jeunes hommes du Val Fourré a Mantes-la-Jolie

– «  F(l)ammes » le second pilier, réalisé avec des jeunes femmes des quartier populaires

– « Des garçons et des filles » est le titre provisoire du troisième volet en cours de réalisation.

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Erzulie Dahomey, divinité de la liberté

— Vu par José Alpha au TAC le 17 fev 17 —

Avec la crise de possession du corps de Fanta, la jeune bonne haitienne au service de la famille Maison, par l’esprit Vaudou de « Erzulie (Fréda) Dahomey », comme un javelot de feu qui déchire les ténèbres de la Mort et les entrailles de la résignation, la pièce de Nelson-Rafaell Madel écrite par Jean René Lemoine sous le titre de « Erzulie Dahomey, déesse de l’amour », après une longue démonstration de l’effondrement social d’une « famille de petits blancs», s’arrache enfin du plancher du Théâtre Aimé Césaire.
On a beau dire que l’exotisme poétique présenté ici dans la pénombre des mystères du Vaudou haïtien dont les origines viennent certainement du Dahomey ( le Bénin), constitue déjà une passerelle vers « l’assemblée » invitée au rendez-vous pris avec l’un des loas le plus terrible du panthéon haïtien. On a envie de croire qu’il ne s’agit pas de racolage théâtral par la seule présence du nom de la divinité dans le titre du spectacle , d’autant que l’on sait que les esprits (loas) du Vaudou, à l’opposé des religions traditionnelles, sont des divinités qui se meuvent en dehors des problèmes du quotidien pour vivre dans les dimensions des hommes avec leurs joies, leurs craintes et leurs angoisses.

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Le recueil « Une pierre est tombée, un homme est passé par là » de Faubert Bolivar

Reprise d’un texte publié initialement sur « Les vagabonds sans trève » avec des illustrations

Faire vœu intime d’ombre et d’amour

Cher tout le monde, femmes, hommes et tant d’autres, l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien conte qu’à l’origine de la peinture, il y a l’amour de Callirrhoé, la fille de Butades, un potier de Sicyone ou de Corinthe. Éprise d’un jeune homme qui doit partir à l’étranger, Callirrhoé trace d’un trait de charbon le contour de la silhouette de l’amant qu’une lampe projette sur le mur. La peinture serait née du désir femme d’exorciser le manque, de conserver la trace de la présence aimée dans l’écriture des limites de l’ombre portée, autant dire la représentation du contour, non du corps, mais de la silhouette.

Il en va de même, j’imagine, pour le recueil de poésies de Faubert Bolivar intitulé Une pierre est tombée, un homme est passé par là, paru chez C3 Éditions, un éditeur haïtien :

Il y a l’ombre
Il y a la pluie qui tombe sur l’ombre
Il y a ton cœur qui bat dans l’ombre (p. 11)

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2017 devra être décoloniale !

Difficile de ne pas bondir, de ne pas se sentir en colère (mais aussi épuisé.e.s) face à tous les phénomènes, représentations, images, propos et petites phrases véhiculant du racisme et du colonialisme, qui traversent encore aujourd’hui les milieux culturels en France. Qui jalonnent le quotidien des artistes et des citoyen.ne.s racisé.e.s français.e.s, comme autant de petites et grandes agressions. Qui offensent au final l’ensemble de la société et de l’humanité.

Nous sommes en 2017 et les relents coloniaux et racistes sont toujours profondément ancrés dans notre pays, toujours prêts à se réactiver dans les consciences, les représentations, les discours. Tout un pan de l’histoire reste méconnu, l’ignorance crasse et les discours erronés s’affichent sans honte. L’exotisme simplificateur et idéalisé tient souvent lieu de représentation des racisé.e.s. Divertissement et humour se font au mépris et sur le dos des anciens colonisés, et de leurs descendant.e.s aujourd’hui citoyen.ne.s français.e.s.

Pendant ce temps, pouvoir, argent, parole, visibilité et légitimité demeurent concentrés aux mains d’un groupe d’hommes blancs privilégiés – caste qui la plupart du temps dénie pouvoir être vectrice de racisme, et qui s’offusque dès qu’on pointe ou interroge ses gestes ou ses discours.

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« Erzulie Dahomet, déesse de l’amour » dans une mise en scène maîtrisée et inspirée.

— Par Michèle Bigot —

Texte de Jean-René Lemoine, M.E.S. Nelson-Rafaell Madel,

Théâtre Aimé Césaire, Fort-de France, février 2017

Le mélodrame de Jean-René Lemoine, Erzuli Dahomey, déesse de l’amour, est avec Médee, poème enragé l’une des deux pièces les plus connues du dramaturge haïtien Jean-René Lemoine. Après avoir reçu le prix SACD de dramaturgie de langue française en 2009, elle est entrée au répertoire de la Comédie française en 2012. La mise en scène qu’en propose Nelson-Raphaell Madel a été proposée à Paris au Théâtre 13 en octobre 2016. Le dramaturge haïtien revisite les classiques du théâtre à la lumière du métissage culturel, leur conférant une force nouvelle et une portée inédite. Ici on pense à Les Bonnes de Genêt, pour ne rien dire de l’influence esthétique d’Almodovar.

Mais ce qui est inédit dans Erzuli Dahomey, c’est le mélange des genres: l’auteur parle d’ailleurs à son sujet de « comédie tragique »: tout en se glissant dans le genre du vaudeville, il cherche à en récuser la forme et le sens.

On résumera l’histoire à grands traits: Victoire, une actrice vieillissante reconvertie en veuve et mère de famille respectable vient d’apprendre la mort de son fils Tristan.

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Avec « Erzuli Dahomey, déesse de l’amour » et après « Médée-Kali », le M’Acte démontre sa volonté de rapprocher les différentes cultures.

— Par Scarlett Jesus —

Avant la Martinique -où la pièce sera jouée au Théâtre Aimé Césaire du 16 au 18 février prochain, dans le cadre d’une programmation mettant à l’honneur Karine Pedurand, le Mémorial Acte a donné une unique représentation d’« Erzuli Dahomey, déesse de l’amour ». Le texte de cette pièce, écrite par Jean-René Lemoine il y a une dizaine d’années dans le cadre d’une résidence d’auteur à La Chartreuse d’Avignon et publié aux éditions des Solitaires intempestifs, a reçu plusieurs récompenses : le Prix SACD de la dramaturgie française en 2009, suivi en 2013 du Prix « Théâtre 13 Jeunes metteurs en scène ».

La pièce avait fait l’objet d’une programmation à la Comédie Française (salle du Vieux Colombier) du 12 mars au 15 avril 2012, avec une mise en scène d’Eric Génovèse. La mise en scène, pour la Guadeloupe et comme pour la Martinique, a été réalisée à l’initiative de la Compagnie Théâtre des Deux Saisons. Elle a pu être vue en Île de France, les 17 et 18 juin derniers, dans le cadre de la structure Arcadi (Plateaux Solidaires).

Erzuli ?

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Le Métro fantôme … où chacun peut voter pour l’idiot de son choix

Centre André Aliker de Ste Thérèse à Fort de France : jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 février 2017 à 19h 30

— Par Clara Chérubin —

C’est samedi dernier, le 4 février, lendemain du tremblement de terre qui a secoué autant les corps que les âmes de la Martinique, que je me suis assise dans le Théâtre Aimé Césaire de Fort de France en attendant l’ouverture de rideau du Métro Fantôme écrit par Amiri Baraka ex black panther, en 1963, adapté et mis en scène par José Alpha.
Je scrute le lustre du Théâtre, les poteaux supports métalliques des balcons, les fauteuils et puis le rideau de scène, … tout est en place. Comme si le Théâtre Aimé Césaire inauguré en 1912 avec ses 800 places, aujourd’hui 160, n’avait pas bougé et est encore capable de tenir tête, dix ans plutard, à des séismes aussi violents que celui du 21 novembre 2007 (7.1 sur Richter). Partout où se posent mes yeux, tout est calme et rassurant. Pourtant l’équipe du Théâtre des cultures créoles (Cie Téatlari) avait vécu la veille, m’ont-ils dit, ces mystérieuses secousses qui avaient interrompu la répétition technique sur le plateau, tellement le théâtre était secoué par « des mains invisibles ».

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Jaz, de Koffi Kwahulé. m.e.s. de Jandira Bauer : humain et puissant

— Par Margaux Villain-Amirat, comédienne —
Jandira Bauer et ses mises en scènes, c’est une histoire que je suis depuis longtemps. Depuis avant que je parte de Martinique faire mes armes de comédienne à Paris. Longtemps. C’est donc avec une excitation teintée d’appréhension que je me suis donc rendue le 28 janvier au Théâtre Aimé Césaire voir sa dernière création, Jaz de Koffi Kwahulé. La même appréhension qu’on a quand on s’apprête à retrouver un ami des années plus tard. Les questions se bousculent : ai-je changé ? A-t-elle changé ? Pourrons-nous encore trouver un point d’entente ? Mais dès le lever de rideau, ces questions se dissipent et le point d’entente est bel et bien là.
Derrière les cheveux blonds d’une Jann Beaudry éblouissante se découpe la Place Bleu de Chine, théâtre de notre tragédie sur fond de jazz. Jann y danse et y chante l’histoire de Jaz, habitante d’un quartier laissé à l’abandon par les pouvoirs locaux, qui se fait abuser dans les sanitaires publics. Si l’histoire de Kwahule est dure, elle nous est pourtant contée avec amusement et distance, comme une jeune femme qui aurait décidé d’effacer une blessure de sa mémoire, de mettre son malheur derrière elle et de renaître de ses cendres.

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I Bon Kon Sa !

— Par Lucien Cidalise Montaise —
Le journal « Le Monde » a communiqué le programme des 7 candidats « Socialo-écolo » en vue des élections présidentielles françaises très proches.
Economie-Sécurité-Education etc. Tout le panel des ambitions pour la France est analysé. Notons l’absence de propositions pour l’O.M. Pas l’Olympique de Marseille ! OM signifie Outre Mer Français ! Du temps de la guerre d’Algérie, le destin de cette dernière était partout dans toutes les têtes !
La question se pose pour nous Antillais, de savoir si nous existons. Certains nous ont signifié que la Martinique-étant-la-France, qu’il était superflu, sinon redondant de la particulariser. Comment dans ces conditions Voter, donc Choisir ? Quel dilemme ! Notre curiosité frisant l’insupportable, la réponse semble être un catégorique « I Bon Kon Sa ».
La Martinique à la veille de ces différentes élections dont l’urgence varie avec l’importance se divise en deux camps : la Population et les Politiciens.
L’atmosphère pré-électorale qui baigne notre île confirme inéluctablement la 2e mort de Césaire. Référent porteur de fierté , de confiance en soi et d’ambition noble au service du Pays. Qui a dit un jour «  j’ai labouré la mer ? ».

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Les Parcours du patrimoine

— Par Michel Herland —

Volens nolens, la Martinique est contrainte de jouer la carte du tourisme. Or, en plus de ses plages propres au farniente et de sa nature sauvage propice aux randonnées, notre île a la chance de disposer d’un patrimoine culturel remarquable hérité de son histoire, patrimoine immatériel (musique, danse, littérature) et matériel (bâtiments et œuvres d’art). En attendant la création d’un musée rassemblant les œuvres saillantes des principaux plasticiens martiniquais (car la riche collection de la Fondation Clément n’est pas exposée en permanence), en attendant l’ouverture d’un musée Césaire digne de ce nom (puisque l’on ne peut visiter aujourd’hui que son ancien bureau à la mairie, certes émouvant mais réduit à peu de choses), ou pourquoi pas un musée Césaire-Fanon-Glissant et pourquoi pas celui-ci dans la maison[i] du député-maire, il reste le patrimoine bâti, par nature inamovible. Pas toujours, certes, dans l’état que l’on voudrait (combien de cases en bois ti-baume en train de pourrir lentement ?), même s’il faut reconnaître que les mentalités ont progressé, que l’on se montre désormais plus soucieux de préserver et de rénover ce qui existe qu’on ne le fut, naguère, quand on détruisait des trésors architecturaux (certes souvent modestes mais des trésors quand même) pour construire à leur place des bâtiments dépourvus autant d’âme que de charme.

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« Circulez ! » de José Jernidier

— Par Selim Lander —

Peut-on encore évoquer le malaise antillais (le « problème identitaire ») sans tomber dans le déjà vu alors que ce thème n’a jamais cessé de hanter la conscience des auteurs antillais ? De la déréliction au ressentiment, on a déjà tout lu, tout vu. Il n’est évidemment pas question de nier la réalité du problème antillais, la vérité des sentiments qui s’expriment à ce propos sous différentes formes mais après Césaire (Le Cahier, 1939) et Glissant (Le Discours, 1979), cultiver ce thème s’avère risqué. Cela étant, l’art restera toujours  un moyen de se démarquer. En Martinique, par exemple, Chamoiseau parvient à tirer son épingle du jeu grâce à l’originalité de la langue qu’il déploie dans ses récits et Confiant s’en sort également mais sur le registre de la comédie. C’est cette deuxième veine qu’exploite avec un certain bonheur José Jernidier, un auteur guadeloupéen, dans Circulez !. L’humour, parce qu’il implique une distance par rapport au sujet, permet d’éviter la lourdeur de tant de textes qui brodent plus ou moins complaisamment sur le fameux malaise. 

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Les irrévérencieux. « Le quatrième mur ». Une commedia dell’arte contemporaine

— Par Christian Antourel —

Il y a un an, presque jour pour jour, la Compagnie du Théâtre des Asphodèles présentait  au Théâtre Aimé Césaire « Les Irrévérencieux » premier volet d’un triptyque théâtral. Luca Franceschi créait un melting- pot théâtral saisissant, haut en couleur dans l’aisance disciplinée d’un grand

équilibre farcesque La Compagnie des Asphodèles revient avec le second opus « Les Irrévérencieux. Le quatrième mur » L’idée est d’aller sur un grand texte.

Cette rencontre entre plume et plateau, à la fois artistique, disciplinaire et humaine, nous ouvre le territoire d’une réflexion commune sur le métissage et toutes les formes d’émancipation, celle des imaginaires des langues et des

Cultures. Ce spectacle original imagine l’histoire de Samuel Akounis, véritable metteur en scène et pacifiste juif grec en exil en France, qui a l’idée aussi folle qu’utopique de monter la pièce de Jean Anouilh, Antigone, à Beyrouth, dans un Liban déchiré par la guerre, avec un dénommé Georges metteur en scène amateur à ses heures perdues. Ils veulent rassembler sur scène, le temps d’une trêve poétique, des comédiens issus de chaque camp belligérant de ce conflit.

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Le quatrième mur, ou le théâtre comme tentation de survie

— par Janine Bailly —

Lire est un acte solitaire, où celui qui lit se crée, au-delà des mots et des pages, ses propres représentations, qui puisent dans son vécu, mais aussi dans ce que déjà il sait ou pressent de ce qui va lui être dit. Le texte ne s’imprime par sur un esprit vierge, mais il vient compléter, corriger, ou confirmer, débusquer aussi ce qui y dort. Être spectateur est au contraire un acte qui se partage, fait vibrer chacun à l’unisson des autres, et qui offre, sur les mots de l’écrivain, les images, les gestes, les couleurs et les sons choisis par une compagnie d’acteurs. Et le miracle a une fois encore eu lieu ce jeudi soir, au théâtre Aimé Césaire, où le silence quasiment recueilli de la salle, les rires bienvenus aux traits d’humour, destinés à relâcher un peu la tension générée par la gravité du propos, les vibrations enfin d’un public conquis, ont salué le travail de la Compagnie Les Asphodèles.

Mais comment être spectateur d’un livre sublimé sur la scène, que l’on connaît, que l’on a aimé et dont on garde la trace vivace dans l’âme ?

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Lé 7 dékatman de mon nwèl de dizan

— Par Daniel M. Berté —

Textes lus par l’auteur lors de « Rencontre  pour le lendemain » du 27 décembre 2016

  1. Laliwondaj avan Nwel… Dame Nature se prépare et se pare. Elle agrémente sa robe aux mille nuances de verts de quelques touches de couleurs spécifiques :

  • le blanc dentelé des fléri-nwel
  • le rouge vermeille des grozèy-péyi
  • Le blanc neigeux des flèch-kann
  • l’oranger rougeâtre des mandarin
  • le blanc odoriférant du mugé-péyi
  • le jaune d’or pale des zoranj
  • le blanc éclatant des lenj lanmès mis à lablanni dans les savann

NB : Quelques autres signes de cette atmosphère noèlisante :

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Des budgets d’autonomie

— Par Roland Tell —
La politique économique des Collectivités de la Martinique reste fondée sur le déficit budgétaire, et sur la précarité de l’emploi. Les charges de remboursement des dettes contractées, au lieu d’entrainer une politique d’austérité sur le plan de l’emploi continu, notamment au sein des administrations et des services des dites Collectivités, sont à leur tour financées par de nouveaux emprunts, ou par des augmentations d’impôts, dont font d’ailleurs partie les tout récents endettements.
L’Etat Français, pratiquant de plus en plus une politique récessionniste, réduit ses aides et ses investissements. D’où l’entrée dans un nouveau cycle de développement, dans un nouveau régime de gestion, voire d’autogestion, ardu, héroïque, exigeant, mais fort propice et indispensable pour aller jusqu’à considérer l’économie et le social comme des dépendances de l’action politique. La société martiniquaise peut-elle devenir soudainement une société immédiate à elle-même ? Le paradoxe caractéristique de la non-consommation des fonds structurels européens dans l’oeuvre commune à accomplir pourrait le laisser croire. Est-ce donc le seul intérêt politique régional, qui règle les rapports sociaux, strictement fondés sur l’assistanat ? Le vote populaire, est-ce la main invisible du régime d’état social ?

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Notre mobilisation et les raisons de notre combat pour les mémoires de l’esclavage

— par Loïc Céry, pour l’Institut du Tout-Monde —

Le 13 janvier 2017, M. Serge Romana (président de l’association CM98) a entamé une grève de la faim devant le Sénat, à la suite du retrait de l’article 20A du projet de loi sur l’Égalité réelle outre mer décidé par la commission des lois. Nous soutenons ce retrait. Les raisons de notre mobilisation, de notre vigilance, de notre combat qui est loin de s’achever.

  Le 9 octobre, l’Institut du Tout-Monde lançait une pétition, « Stop au bricolage législatif sur la mémoire des l’esclavage », qui a recueilli plus de 460 signatures à ce jour. Citoyens, intellectuels, universitaires de renom, écrivains et artistes se sont mobilisés contre ce tournant imposé à tous, et fatal à tous. En novembre dernier, nous vous faisions part d’un rapport d’étape concernant cette pétition : 

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Les nouveaux maîtres de la parole créole

— Par Michel Herland —

On sait l’engagement des Editions Hervé Chopin en faveur du patrimoine martiniquais : recueils de cartes postales anciennes, ouvrages consacrés au patrimoine bâti ou non bâti, aux grands peintres de l’île, aux relations entre littérature et arts plastiques (qu’on songe aux deux ouvrages consacrés respectivement à Césaire et Picasso, à Césaire et Lam)… Un ouvrage récent met en lumière un fleuron de notre patrimoine culturel, à savoir le conte créole. Dans la lignée des Maîtres de la parole créole publié il y a une quinzaine d’années, ce recueil présente des conteurs toujours actifs, martiniquais, guadeloupéens ou guyanais. Conteurs ou conteuses, une particularité de l’ouvrage étant en effet de faire émerger des figures de raconteuses qui se sont affranchies de la sphère purement privée pour affronter le public. Elles sont cinq dans le recueil (sur treize en tout), dont quatre guyanaises. Seule exception, la Martiniquaise Yaya qui tient compagnie aux trois conteurs de chez nous présents dans cette sélection, à savoir Dédé Duguet (alias Misié Lasous), José et Valère Égouy.

Le recueil mêle les contes puisés dans la tradition et les contes modernes.

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S’il te plaît, raconte-moi des histoires : Le bruit de la neige – Max et Louise.

— par Janine Bailly —

Bienheureux les enfants de Martinique en ce mois de décembre, à qui l’on offre contes et spectacles, dans des lieux aussi divers que médiathèques, écoles et théâtres !

Le bruit de la neige, tel est le titre, intrigant et poétique, choisi par la conteuse Virginie Komaniecki, pour l’Heure du Conte qu’elle offrait aux « petites et grandes oreilles », ce mercredi, à la médiathèque de Rivière-Salée, dans le cadre des animations proposées avec une belle régularité par l’association Virgul’. Apporter sur notre île « de sables et de palmiers », en cet Avent de Noël, la blancheur exotique de la neige et, pour nous réchauffer le cœur, nous venir parler du froid qui là-bas, de l’autre côté de l’eau, glace jusqu’aux os, voilà une idée peu banale, et propre à ravir un public curieux, enfants et parents venus ensemble prendre là, en ces temps de fête, leur part légitime de rêve.

Et c’est par le chant que nous sommes conviés à entrer dans le monde blanc de la neige, à suivre la voix, d’une douceur affirmée, aux notes parfois graves et parfois cristallines, qui nous guidera dans le labyrinthe des contes, que nous sommes conviés à ouïr cette averse de grains de riz, devenus flocons, qui nous fera entrer dans la grotte aux histoires, lieu que tout un chacun, petit ou grand, a imaginé un jour habiter !

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Figures de Femmes des Outre-mer, Histoire nationale, Enjeu local »

Du 13 au 17 décembre 2016 en Martinique et à Paris

L’association couleurs karayb, en partenariat avec le ministère des Outre-mer et le Conseil économique social et environnemental organisent du 13 au 17 décembre 2016 au palais Iéna l ‘expo-conférences « Figures de Femmes des Outre-mer, Histoire nationale, Enjeu local ».

Ce projet a pour ambition de mettre en lumière l’œuvre encore trop méconnue, de ces femmes d’hier et d’aujourd’hui dans la construction de notre socle patrimonial identitaire et culturel. Ce projet veut célébrer ces héroïnes des Outre-mer, architectes de la construction des Outre-mer mais aussi de cette France de la diversité. C’est la semence versée pour la naissance d’un espoir incroyable de construire une société des droits et d’égalité, celle des hommes et des femmes, ultramarins, celle de l’histoire merveilleuse et sacrée de chaque être humain. L’histoire doit une justice à la mémoire collective, la société lui doit la reconnaissance.

Programme en Martinique et à Paris

Martinique :

• Jeudi 15 décembre 2016 à 18 h :

Soirée littéraire « Quand Malraux rencontre Césaire » avec Joseph Jos, auteur de l’ouvrage « Quand André Malraux rencontre Aimé Césaire », éditions Idem.

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Les Cavaliers de la chevauchée fantastique

— Vu par José Alpha le 9 décembre 2016 —

Le son répété comme un choc sourd que l’on perçoit dès l’entrée du Théâtre, se prolonge par une longue complainte du Muezzin qui rythme les journées arides dans ces steppes poussiéreuses de l’Afghanistan.

« Les Cavaliers », hommes et chevaux, piaffent d’impatience dans cet espace clos par les nombreux spectateurs, soigneurs, propriétaires et cavaliers, au centre duquel sera donné le départ du Bouzkachi du Roi. Ce sport particulièrement violent pour les cavaliers et les montures, fait la fierté des peuples Pachtounes de l’Asie centrale, où tous les coups sont permis et dont l’enjeu consiste à arracher du sol la dépouille d’un bouc décapité, la transporter dans une course folle, menée à brides abattues entre deux poteaux, sur plus de 2 km, pour lâcher le cadavre dans un cercle appelé le « Cercle de la Victoire ».

Le magnifique roman de Joseph Kessel, Les Cavaliers, transposé à la scène théâtrale par Eric Bouvron, transporte le spectateur dans l’épopée tragique racontée par quatre comédiens dont l’extraordinaire Khalid K, chanteur bruiteur et beatboxon. Ils racontent avec une gestuelle concentrique, poétiquement organisée par des déplacements précis presque chorégraphiés, l’histoire d’Ouroz et de Jehol son cheval fou.

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Au théâtre, « Les Cavaliers » de Joseph Kessel : partir pour mieux revenir

— par Janine Bailly—

Il souffle ces derniers soirs, sur la scène du théâtre Aimé Césaire, un vent étrange venu des steppes afghanes, vent doux qui caresse, vent violent qui agresse, et soudain la petite salle, d’habitude si intime, ouvre son espace jusqu’à l’horizon de nos rêves. Ils sont quatre sur scène, et nous les suivons dans ce voyage en pays inconnu, entre imaginaire et réalité, entre admiration et effroi. Car le récit composé, mis en scène et joué avec ses trois complices par un Eric Bouvron qui sut prendre au roman de Joseph Kessel sa substantifique moelle, ce récit est tout à la fois inscrit dans le temps et doué d’éternité, réaliste dans sa cruauté et merveilleux dans ce qu’il tient du conte, histoire singulière d’un homme et métaphore de notre humanité entière.

Un décor réduit au strict nécessaire, sur les côtés du plateau des coussins et les accessoires qui permettront à trois des acteurs de se métamorphoser en un éclair, au gré des rôles différents qu’ils auront à jouer, un quart de rideau blanc qui voilera en ombre chinoise une lascive danse féminine, ou qui encore cachera pudiquement une intervention douloureuse infligée au héros blessé.

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« Mé ki sa nou lé » : reprise à Saint-Joseph

16 décembre 2016  à 19h au Centre Marcé

— Par Annick Justin-Joseph —

Mezzo vocce… et en musique… A voix basse… à voix égale… La comédienne – chanteuse, Sara Corinne EMMANUEL, place d’entrée de jeu en chacune, chacun d’entre nous, la saveur aigre-douce-amère du conte de nos réalités.
Sur le plateau du Théâtre Aimé CESAIRE, un fauteuil tournant d’un blanc immaculé, les tonalités changeantes d’un rideau de fils faisant subtilement office de limite sensuelle ou de passage. La diseuse – corps – pays, parole – et – musique tout en nuance, campe dans ce décor d’une grande sobriété, conçu par Marie – Paule PINEL – FERREOL, des trajectoires de femmes, des rencontres manquées qui disent notre histoire, sur des airs plus ou moins familiers de chansons qui ne sont pas toutes créoles : Se donnent à entendre au piano dirait – on (en réalité au steel band) au tambour, ou sur le souffle du saxo, des musiques qui stigmatisent les non – dits, le désabus de femmes jeunes ou moins jeunes, mécaniquement illusionnées, trop tôt piégées en amour ; elles font écho à des réalités encore tenaces, oppressantes, engageant par là – même la nécessité de se dresser, de faire émerger au – delà de la peur, de toute posture subie, une conscience neuve, la force de commuer en expérience active ce vécu d’une apparente fatalité, la force, pour tout dire, de se fabriquer un destin …

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