Pourquoi commémorer les abolitions?
— Par Pierre Pastel, Sociologue et psychothérapeute —
Questionnement
Lorsqu’en 1992, accompagnant un collectif d’associations (une dizaine) et plusieurs élus antillo-guyanais et d’origine africaine sur 11 communes de la Ville Nouvelle du Val d’Oise dans la perspective, notamment, de marquer le l50ième anniversaire de l’Abolition de l’esclavage en 1998 et qu’à partir de mai 1997, j’ai été invité à apporter ma contribution à ces journées de commémoration (Maubeuge, Grenoble, Clichy-Sous-Bois, Cergy en région parisienne…), je m’étais demandé, comme tant d’autres, s’il s’agissait seulement de se souvenir ou de faire mémoire ensemble ?
La réponse à cette question a été, pour moi, de tenir compte des deux aspects à la fois.
Mais convaincu du caractère encore embryonnaire, à l’époque, de l’état de notre connaissance de cette page d’histoire de France et de l’urgence de la demande de mémoire formulée par nos compatriotes antillo-guyanais et réunionnais, je m’étais encore interrogé. Peut-on se souvenir de ce qu’on ne sait pas ou que l’on sait à peine et, s’il faut faire mémoire ensemble, avec qui faudra-t-il le faire et dans quel but ?