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Journées européennes du patrimoine en Martinique les 16-17 septembre 2017

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Réponse à Jack Dion (journaliste à Marianne)

— Par Lucien Cidalise Montaise —
Ces mots pour vous faire connaître mon extrême déception à la lecture de votre article paru dans le journal Marianne N°1068, que j’apprécie par ailleurs. Vous nous avez habitués à plus de finesse dans vos analyses, qui nous enrichissaient d’arguments de grande valeur. Je me permets de vous adresser cet article qui m’a été inspiré par vous. Vous assimilez l’article de L.G Tin, universitaire et descendant d’esclaves comme il l’assume, à une « victimisation permanente » qui se transformerait vite en « arme de destruction massive de la pensée ».
La Corée du Nord vous inspire. Zélé, sinon paternaliste, vous mettez à la disposition des « mafieux de la pensée » que Nous sommes ! des exemples nombreux et significatifs qui provoqueraient notre hargne, justifiée surtout par le caractère unique et inique des exploitations de toutes sortes dont nous avons été les victimes pendant TROIS SIECLES ! Vite aux abris ! Invoquons Trump, Gobineau, Renan, Le Pen ?
Voyez le peuple Juif. Ces filles et fils de déportés cernés de lieux historiquement et symboliquement accusateurs pour leurs bourreaux, ont-ils tort de réagir, quelques fois sans raison (oui !sans

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C’est quoi, être Martiniquais ?

— Lucien Cidalise Montaise —

Les « Etatsuniens » USA ! noirs, blancs, latinos, asiatiques et amérindiens, une fois encore donnent au monde après l’élection d’Obama, un noir à la Présidence des USA ! l’Exemple! Cette nation mondialement connue comme fondamentalement Xénophobe, tare qu’elle a développée pendant des siècles, avec la bénédiction de la Démocratie Occidentale et des Eglises de toutes obédiences, dit Non ! à l’obscurantisme. Aujourd’hui, une part importante de la Conscience mondiale, dont les USA, a développé un renouveau radical, crachant avec fureur sur cette doctrine dégradante bardée de crimes et de violences : le Racisme. Plus de 1500 symboles de l’ancienne confédération esclavagiste américaine sacralisaient des faits d’armes criminels causés par les blancs ont été recensés aux USA. Ils subissent aujourd’hui les colères du peuple éclairé. Pour Trump, « il est triste de voir l’Histoire et la Culture de son pays être mises en pièces ! » sic ! Blessé au plus profond de son amour du Beau (sic !). Il prophétise « Rien de comparable ne pourra le remplacer ! Cela va nous manquer ».

Ecoeurants, débiles et provocateurs, ces propos nous interpellent. Cette fois, le peuple des Etats-Unis a refusé de suivre ceux qui serrent dans leurs bras ces symboles malsains et qui les cernent par leur éternelle présence, concrétisée par des rappels historiques mensongers et discriminatoires.

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Le théâtre aux Antilles – un numéro d’« Africultures »

— Par Selim Lander —

Il n’est pas trop tard pour signaler un numéro d’Africultures (trimestriel), numéro double, qui fournit un panorama très complet de la création théâtrale aux Antilles françaises, même s’il ne rend pas compte, par la force des choses, des développements les plus récents puisqu’il fut publié au début de cette décennie. Cette réserve n’empêche pas qu’il constitue encore un instrument extrêmement précieux pour connaître les acteurs du théâtre antillais, toutes les personnes interrogées étant encore en activité. En effet, les entretiens avec ces personnalités du monde théâtral ne sont pas les morceaux les moins intéressants de cette publication qui, davantage qu’un numéro de revue, a toutes les apparences d’un ouvrage collectif (dirigé par Sylvie Chalaye et Stéphanie Bérard).

Sous la signature de la seconde, ce numéro d’Africultures s’ouvre sur une brève histoire du théâtre aux Antilles françaises depuis le XVIIIe siècle (la construction d’un « vrai » théâtre remonte à 1780 à Pointe-à-Pitre, en 1786 à Saint-Pierre de la Martinique) jusqu’à nos jours, avec les péripéties liées à la Révolution française, les tournées des troupes métropolitaines, les premières écritures insulaires, la division entre théâtre populaire et théâtre bourgeois, l’évolution des thématiques de la comédie vers les pièces engagées à partir de l’impulsion donnée par Césaire dans les années 1950 et 1960 : traductions en créole de pièces du répertoire, pièces ressuscitant des figures héroïques de la geste antillaise célèbres ou anonymes, pièces plus intimistes mettant en scène sous une forme ou sous une autre ce qu’il convient d’appeler le « malaise antillais ».

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Bernard Lagier : héraut du théâtre caribéen francophone contemporain

— Par Axel Artheron —
Lorsque l’on se penche sur les dramaturgies caribéennes francophones contemporaines, force est de constater la vitalité ainsi que la richesse d’un champ qui se définit désormais en parfaite autonomie du champ littéraire. En effet, contrairement aux dramaturgies caribéennes dites « classiques » – il faut entendre par là les œuvres fondatrice du théâtre caribéen francophone qui de Césaire à Placoly, Condé ou Schartz-Bart ont participé à la mise en place d’un répertoire théâtrale en langue française de 1950 à 1990 – qui étaient le fait d’écrivains d’abord consacrés par la littérature avant d’aborder les côtes de l’écriture dramatique[1], ces dramaturgies contemporaines dessinent un archipel de textes et de formes dont la particularité est de circonscrire un champ artistique spécifique. En d’autres termes, l’écriture théâtrale contemporaine relèverait d’une aventure scripturale, esthétique, socio-artistique spécifique et indépendante des schèmes, structures et réseaux de la littérature. Les figures et œuvres de Gael Octavia, Gerty Dambury, Alfred Alexandre, Faubert Bolivar, Guy Régis Junior, Jean Durosier Desrivières, Pascale Anin etc… structurent un système d’écriture répondant à des codes esthétiques propres et des stratégies d’édition, de réception, et de programmation.

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Arthur Régis s’en est allé, il était un homme de conviction et d’engagement.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Ainsi donc disparaît l’un des derniers militants ayant œuvré, à côté d’Aimé Césaire, à la création du Parti progressiste martiniquais, en 1958. Sa première mission avait été d’encadrer les jeunes du parti. Après son départ du PPM, en 1980, sa vie politique fut quelque peu chaotique. Il n’exerça plus aucun mandat. Il fit un bout de chemin avec Guy Lordinot au Renouveau de Ste Marie puis rejoignit le RDM de Claude Lise.
La démission d’Arthur Régis, en janvier 1980, du mandat de conseiller général de Fort-de-France est très certainement la décision politique la plus importante prise par l’ex-militant du Parti progressiste martiniquais. Elle s’inscrivait dans l’atmosphère politique du parti à la fin des années 1970, où un certain nombre d’évènements traduisait l’orientation du PPM vers une franche radicalité. Déjà aux élections législatives de 1973, Aimé Césaire avait annoncé que si le gouvernement refusait de répondre à la revendication autonomiste il démissionnerait de son mandat. Le 13 novembre 1975, il prononça à l’assemblée nationale sa déclaration sur le génocide par substitution en Guyane, expression reprise par d’aucuns, notamment par Arthur Régis, pour qualifier la situation de la Martinique.

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Chronique d’une veste électorale…

Par Roland Tell —

Cette île dans la mer, que l’on nomme la Martinique, verra bientôt se retirer ses vétérans politiciens. Dans leur arrière-saison de récolte de suffrages, par une cadavérique soirée de décembre 2015, dans la fraîche nuit pensive des résultats électoraux, ils firent tête à tête avec les élus d’une droite inconnaissable. Certes, toute trahison est poursuivie ! D’ailleurs, elle est déjà attrapée, dès l’issue des législatives dernières, du fait de l’échec total des six dignitaires du Conseil Exécutif, alors candidats ! Sont-ils morts politiquement ? La vérité supérieure des urnes nous le dira bientôt. Pour l’heure, la grande lassitude, physique et morale, où ils se trouvent après la campagne électorale, les condamne désormais à une sorte d’hypocrisie électoraliste dans leurs nouveaux rapports avec les citoyens. En effet, le silencieux espoir, qui les habitait tous, d’être élus députés, a du mal à les quitter. Mais ils ne peuvent plus rien faire deux fois en la matière ! C’est pourquoi ils se sentent un peu perdus, comme hébétés, puisque, en chacun d’eux, se trouve quelque chose d’inassouvi, un désir d’échappatoire, de fuite, de leur situation actuelle, obscure et nocturne, comme l’alliance qui les unit.

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SOS KRIZ, ou de l’urgence d’agir

— par Janine Bailly —

Ce vendredi 7 juillet 2017, le festival de Fort-de-France bat son plein. En fin d’après-midi, on converge en nombre vers la Savane, où aura lieu le concert gratuit du jour. Mais d’autres s’acheminent avec empressement vers la Mairie de la ville, où l’association SOS KRIZ convie à la soirée de clôture de ses Deuxièmes Rencontres. Salle au sixième étage du bâtiment, salle où plane, sur les murs écrite, l’ombre de Césaire, salle vite comble, preuve que les deux manifestations ne sont pas antinomiques, comme déjà le suggérait l’intitulé proposé par les organisateurs : « Kilti pou djéri bles ? La culture peut-elle aider à la guérison ? ». Comme aussi le dit l’intitulé retenu pour le Festival de cette année : « La culture essentielle ». Oui, ce Festival, populaire et festif, aux propositions diverses, aptes à réjouir le plus grand nombre d’adeptes de tous âges, fait bien partie intégrante de cette culture martiniquaise, avec vocation d’aider, en ce début de vacances, à la guérison de nos blessures.

Qu’est donc l’association SOS KRIZ ? S’il en fut parlé dans la presse locale, en 2016 notamment, une partie de l’assistance, à laquelle humblement j’avoue appartenir, ne connaissait guère les objectifs précis de ses fondateurs, ni le rôle de ses adhérents, de même qu’elle ne possédait pas une conscience assez aiguë de l’urgence qu’il y a à agir, ici, à la Martinique comme dans le reste du monde, mais, en raison d’un passé tragique, peut-être plus encore ici que dans certaines parties du monde.

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Légende de la forêt de Bwa Kannon

— Par Annick Justin-Joseph —

En ouverture du spectacle… et parce que la cour ne dort pas… une relance à la parole dite : parole à vivre en l’intime précision du jeu des corps et des rythmes… Le saxo de John Mathieu Antoine, prenant le relais du yééééééééééé krik, impose une exceptionnelle qualité d’écoute… laquelle se maintient tout au long de la soirée en la complicité de Léandre SERRALINE (Ti bwa, chant lead), Daniel VALLEJO et Maurice JUSTAND (Tanbou bèlè, percussions et chant), Hugh CHARLEC (guitare, chant lead).

Les danseurs quant à eux intègrent un espace scénographié par René LOUISE et dont Hervé BEUZE signe la réalisation technique : en toile de fond, bousculant toute tentation d‘inertie, et comme une invite à accueillir la vie dans ses résonances tant matérielles que spirituelles, l’épure minimale d’un cercle que circonscrit un carré.

L’énergie de l’eau, puissance cataclystique, mais aussi moteur de purification dans sa dimension symbolique, d’entrée de jeu charrie tout sur son passage. La vie dont nous savons qu’elle bouge en permanence, tente ainsi de formuler à travers ses manifestations parfois cruelles, la nécessité pour nous autres de rompre avec l’égoïsme, l’ignorance, l’avidité… autant de poisons qui polluent les cœurs… !

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« Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme » de Françoise Vergès

Dans les années 1960-1970, l’État français encourage l’avortement et la contraception dans les départements d’outre-mer alors même qu’il les interdit en France métropolitaine.
Comment expliquer de telles disparités ?
Dès 1945, invoquant la « surpopulation » de ses anciennes colonies, l’État français prône le contrôle des naissances et l’organisation de l’émigration ; une politique qui le conduit à reconfigurer à plusieurs reprises l’espace de la République, provoquant un repli progressif sur l’Hexagone au détriment des outre-mer, où les abus se multiplient.
Françoise Vergès s’interroge sur les causes et les conséquences de ces reconfigurations et sur la marginalisation de la question raciale et coloniale par les mouvements féministes actifs en métropole, en particulier le MLF. En s’appuyant sur les notions de genre, de race, de classe dans une ère postcoloniale, l’auteure entend faire la lumière sur l’histoire mutilée de ces femmes d’outre-mer, héritage douloureux d’un système esclavagiste, colonialiste et capitaliste encore largement ignoré aujourd’hui.

 

Interview de Françoise Vergès :

L’historienne réunionnaise Françoise Vergès publie « Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme », un essai passionnant sur la gestion politique de la natalité dans les Outre-mer et ses conséquences dans les années 60 et 70, à partir du cas emblématique de La Réunion.

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À lire, à entendre, « La jupe de la rue Gît-le Cœur », et « Frantz »

— par Janine Bailly —

Connaissez-vous l’Œuf, au 19 de la rue Garnier Pagès à Fort-de-France ? Il y là, tapi entre ses semblables, un vieil immeuble traditionnel qui dormait au cœur de la ville, laissant un fier bananier s’épanouir dans sa petite cour intérieure, laissant tristement s’empoussiérer murs et escaliers, et faisant sous le soleil et la pluie le dos rond. Mais un jour, une association décida de le louer, pour en faire une maison d’artistes. Alors, il se réveilla, rouvrit sur la rue passante ses hautes portes, son balcon et ses volets de bois. Il se fit œuf, œuf où germent non de jaunes poussins, mais des idées, des œuvres, des créations et élucubrations diverses, enfantées par des artistes de tout poil. Ici, chacun est bienvenu, acteur dynamique autant que simple « regardeur » à l’œil toujours en éveil. Ici l’on peut voir, tout ce qui décore le lieu, tout ce qui s’expose, et qui parfois s’offre à la vente. Ici fleurissent sur les murs, sur les marches, sur sols et plafonds, toutes les couleurs de l’arc en ciel. Ici, enfin, l’on peut se rencontrer, on peut entendre.

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Jamais l’antiracisme n’a semblé aussi balkanisé

— Par Pap Ndiaye —

Pour l’historien Pap Ndiaye, la lutte contre le racisme en France est affaiblie par les controverses entre les différents mouvements qui mènent ce combat

Le monde intellectuel et militant de l’antiracisme est affaibli et profondément divisé -à propos de questions omniprésentes dans l’espace public français : il y a parmi elles, d’une manière insistante, la question des formes d’organisation adéquate de l’antiracisme, miné par des querelles intestines sur le singulier et l’universel, et des accusations de communautarisme. A un -moment où l’on est en droit d’attendre un front uni contre les extrêmes droites identitaires, jamais l’antiracisme français n’a semblé aussi insignifiant, aussi balkanisé.

En France, la mémoire des luttes antiracistes est en partie effacée, sans doute parce qu’elle ne s’appuie pas sur une histoire de victoires. Par contraste, aux États-Unis, le mouvement pour les droits civiques constitue une ressource inépuisable de fierté, de souvenirs transmis, de patrimonialisation (un jour férié honore la mémoire de Martin Luther King), qui a joué un rôle dans Black Lives Matter –  » les vies noires comptent « , un mouvement contre les violences policières contre les Noirs – .

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« Quatre heures du matin », adaptation et mise en scène de Hassane Kassi Kouyaté

— Par Alvina Ruprecht —

Présenté au Tarmac du 23 au 24 mai, 2017

Cette adaptation par Hassane Kouyaté,  du roman d’Ernest J. Gaines  (nommé aux Prix Pulitzer et Prix Nobel de littérature), est une  production de Tropiques Atrium ( Fort de France) oὺ Kouyaté dirige  la scène nationale. Cette saison, deux créations de l’ Atrium  ont été intégrées à la programmation du Tarmac :  Le But de Roberto Carlos  (mise en scène et scénographie de Kouyaté ), une coproduction du Tarmac et de la Scène nationale de Martinique,  est une réflexion sur la migration recréée par un acteur, un chanteur et un musicien. Ensuite, Paris a reçu  Quatre heures du matin, adapté du roman de l’Américain Ernest Gaines et mis en scène par Kouyate.  Ce monologue est  une coproduction de la Scène nationale  et de la Cie  2 temps 3 mouvements.  Ruddy Syllaire, acteur d’origine haïtienne établi  depuis de nombreuses années en Martinique et qui a  interprété Othello à Montréal sous la direction de Denis Marleau, a eu le rôle du  jeune migrant, alors qu’un   acteur d’origine congolaise Abdon Fortuné Koumbha  a incarné  Lewis, le jeune noir  qui se débat contre le racisme américain dans le texte de Gaines.

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Fête de la musique. Faites de la musique!

Mercredi 21 juin 2017

Programme Martinique ci-dessous.

La Fête de la musique a lieu à travers le monde le 21 juin, principalement le soir et la nuit jusqu’au lendemain matin. Elle est actuellement célébrée dans une centaine de pays. Divers festivals de musique locaux qui se déroulaient ce jour de solstice participent aujourd’hui à cette fête populaire.

Elle est parfois connue aussi sous le nom World Music Day (Journée mondiale de la Musique) bien que le nom français soit aussi souvent utilisé dans certains pays anglophones (en même temps que Make Music!, traduction littérale de « Faites de la musique ! ») ou germanophones, ou bien sous des noms traduits littéralement comme Fiesta de la música (espagnol), Festa della Musica (italien), Święto Muzyki (polonais), Praznik Muzike (bosnien) ou encore Dünya Müzik Günü (turc), avec des logos similaires graphiquement à ceux utilisés en France pour les festivités affiliées au programme français.

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Patrick Chamoiseau : «Les flux migratoires sont comme un réveil du sang de la terre»

—Par Catherine Calvet —

Patrick Chamoiseau vient de publier un ouvrage poétique et passionné, Frères migrants (Seuil, mai 2017), véritable manifeste poétique pour tous ceux qui sont refoulés aux frontières ou qui errent de centres de rétention en bidonvilles. Ce livre s’inscrit dans un large faisceau d’initiatives venant de la société civile, depuis la «Constituante migrante» (symposium-performance organisé en janvier à Beaubourg par la plateforme «le Peuple qui manque») jusqu’à l’adaptation récente au théâtre par Marcel Bozonnet du Couloir des exilés de l’anthropologue Michel Agier.

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Pourquoi choisir la poésie comme moyen de protestation contre la fermeture des frontières ?

Parce que c’est tout ce que je sais faire ! Ceci étant, il faut distinguer «poésie» et «poétique». La «poésie» est la pratique d’un langage inouï, la fréquentation d’un indicible, dans une langue. La «poétique» est une vision du monde, et de l’homme dans le monde, sur la base de ce qui fait l’irréductible humain quand on a enlevé toutes les aptitudes liées aux nécessités immédiates, à la survie et aux pures rationalisations. Une poésie suppose toujours une vision du monde ; une poétique peut, en revanche, se pratiquer sans formalisation poétique.

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« Et ce n’est pas qu’on allait quelque part », sur les épaules de Mylène Wagram

— Par Roland Sabra —

Et ce n’est pas qu’on allait quelque part
si vous voyez ce que je veux dire

je veux dire nous n’allions nullepart
même si le bateau se déplaçait je suppose
& la mer aussi se déplaçait impéccable
& aussi les vagues
& pourtant dans mon rêve c’était juste
un bâtiment un moment un jusant

Dans un décor minimaliste, presque dépouillé qui renvoie à précarité de la situation exposée la version présentée en Martinique de « Et ce n’est pas qu’on allait quelque part » repose dans sa quasi totalité sur les épaules de Mylène Wagram. Lors de la création elle était épaulée par Katia Scarton Kim. DreamHaït de Kamau Brathwaite, traduit par Christine Pagnoulle sous le titre RêvHaïti est adapté pour la scène par la metteure en scène Frédérique Liebaut. A la richesse première du texte qui mêle et entremêle langue vernaculaire, avec une multitude de registres de langue, de procédés littéraires, de figures de style et d’inventions graphiques Frédérique Liebaul a eu l’idée lumineuse de croiser ce poème au lyrisme foisonnant avec des textes de Christophe Colomb, d’Aimé Césaire, de Las Casas.

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Watabwi, un album unique et essentiel

Watabwi, le groupe de souffleurs de conques marines sort son premier CDlivret. Un album envoûtant et exaltant conçu comme un voyage sonore autour de la conque de lambi, ce coquillage qui fut au coeur des pratiques culturelles
martiniquaises. Fruit d’années de travail et de recherche, disque patrimonial, Watabwi est un CD-livret qui s’écoute, qui se lit… et qui se danse.
Bon voyage!
Et au début était la conque…
Cadeau de la mer aux Hommes, la conque marine est l’un des plus vieux instruments de musique de l’humanité. Elle est soufflée par les aborigènes d’Australie depuis plus de 45 000 ans. On la retrouve dans l’antiquité grecque, égyptienne ou maya, dans le Pacifique, en Inde… La belle nacrée annonce les victoires, rassemble les hommes. Elle est aussi la voix et l’attribut des Dieux, l’instrument indispensable de nombreux rituels.
Aux Antilles, la pêche au lambi (strombus gigas) est pratiquée depuis plus de 6000 ans. Ce précieux coquillage est utilisé par les peuples premiers de cette région du monde comme source de protéines animales. La conque sert de
récipient, elle entre dans la fabrication de lames d’outils, de hameçons, de bijoux, et elle est un instrument sonore de communication.

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« Et ce n’était pas qu’on allait quelque part », d’après « Dream Haïti » de Kamau Brathwaite

Samedi 3 juin 2017, 18h, au CDST de Saint-Pierre

« Et ce n’était pas qu’on allait quelque part »
Traversée scénique d’après « Dream Haïti » de Kamau Brathwaite – Cie Awa
Mise en scène : Frédérique Liebaut
Avec : Zmorda Chkimi & Mylène Wagram
Cette pièce est une traversée scénique. Ce poème évoque la tragédie des boat people, des haïtiens, poussés par les conditions économiques et politiques à se jeter à l’eau sur des embarcations de fortune.
La promesse de noyade faite aux réfugiés, sur toutes les mers du globe, est-elle l’ultime perspective ouverte par les grandes traversées transatlantiques qui ont construit le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ?
Les voix d’Henri Bauchau, Christophe Colomb, Malcolm Lowry, Bartolomé de Las Casas et d’Aimé Césaire surgissent des ressacs du texte de Brathwaite pour relire cette première rencontre fracassée et fracassante de l’Europe et de l’Amérique, et tenter sur les lumineux fragments de nos naufrages de construire un monde qui accueille notre espoir.

L’histoire a commencé pour la Cie au détour d’une représentation de « Léon Gontran DAMAS A franchi la ligne » à Anvers.

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Zéro ministre : la Martinique tient à son record !

— Par Yves-Léopold Monthieux —

En permettant à l’un de ses enfants de devenir ministre de l’Etat français, la Martinique aurait-elle peur de perdre sa pureté identitaire ? L’identitarisme serait-il aussi fragile que les idéologies défaillantes auxquelles il a succédé ? Par ailleurs, n’ayant jamais fait la révolution et n’ayant aucun héros connu comme sa sœur, la Guadeloupe (Delgrès), et sa cousine de référence, Haïti (« la première république nègre »), il ne resterait plus à la Martinique qu’à donner, par ci par là, quelques coups de menton, dans l’espoir de faire trembler l’ancien, que dis-je, le néo-colonisateur.
En effet, c’est à celui qui coupera la tête de la statue de Joséphine ; c’est à qui expliquera que sans les incidents du 21 mai 1848, l’abolition n’aurait pas été décidé 3 mois plus tôt, en février 1848, et signé le 27 avril 1848, le mois précédant celui du jour de gloire. Tuer en effigie une impératrice, assassiner le système esclavagiste une fois qu’il y a été mis hors d’usage, ces morts impossibles sont l’apanage des révolutionnaires martiniquais qui sont aussi virtuels que leurs actes manqués.

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« Ne croyez pas, que je ne l’aime pas cet enfant »: la famille, nœud de vipères ?

— par Janine Bailly —

Au théâtre, tout semble possible. Il est ainsi des troupes dites professionnelles qui, un jour, ne sont pas à la hauteur de leur réputation. Déception jeudi soir à Tropiques-Atrium, où la compagnie La Grande Horloge n’a pas su convaincre. Mais pourquoi s’être fourvoyée dans la mise en scène du si beau roman d’André Schwarz-Bart, La Mulâtresse Solitude ? Car il ne suffit pas de faire réciter le texte par trois personnages différents, fussent-ils noire, métisse et blanc, ni d’agrémenter la représentation de danses et chants, fussent-ils africains, pas plus que de terminer par la chanson de Léonard Cohen, The Partisan, pour accomplir un véritable acte théâtral, qui rendrait compte de la densité et de la force de l’œuvre originale.

Il est en revanche des troupes dites de théâtre amateur, qui tiennent bien mieux leur partie, qui nous embarquent dans leur sillage, qui nous tiennent prisonniers sans qu’un seul instant nous prenne l’envie de nous évader. Un tel moment, intense et troublant, nous a été donné ce vendredi au Théâtre Aimé Césaire, par L’autre Bord Compagnie, qui a fait le choix de mettre en scène des textes exigeants, très actuels, qui nous interrogent sur ce que nous sommes, sur ce qu’est la vie au sein de la cellule familiale et sur la place que nous y tenons.

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« Frères migrants » de Patrick Chamoiseau : notre parole primordiale

— Par Loïc Céry (Institut du Tout Monde) —

Comment convaincre de l’importance du dernier essai de Patrick Chamoiseau, et de l’urgence de le lire et d’en diffuser la substance ? – celle d’une mobilisation de chacun face au drame des migrants, et du moment de nouvelles fondations ? Je propose un aperçu sur les urgences de cette diffusion, à laquelle nous voulons contribuer ici avec l’Institut du Tout-Monde (fin de l’article).

À en juger par les commentaires assez unanimes de la presse, la sortie de l’essai Frères migrants de Patrick Chamoiseau (Seuil, mai 2017) a été saluée par un éloge général, les uns et les autres ayant noté la générosité singulière de cet appel à la solidarité avec les migrants, son élan vers l’ouverture et son aspiration au dépassement des réflexes de rejet. Une quasi-unanimité par conséquent, qui a quelque chose de rassurant devant ce qui est certainement un livre important, en un contexte troublé. Pourtant, demeure une sorte d’insatisfaction toute personnelle : je ne suis pas sûr finalement, qu’on ait pour de bon pris la mesure exacte de cet appel, et tout à la fois de cet essai politique court et dense, de ce tournant éthique et de cette postulation poétique à de nouvelles éclosions.

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Antillanité, Caribéanité dans l’œuvre de Marie Gauthier.

Par Michèle Arrechte

30 ans. De l’arrivée en Martinique en 1987, pour sa carrière d’enseignante en Arts Plastiques, à 2017, choix de son lieu de résidence pour sa retraite, en passant par la Guyane et le Vénézuela, 30 ans d’ancrage dans l’imaginaire du lieu, dirait Patrick Chamoiseau, 30 ans dans la Caraïbe, 30 ans d’Antillanité.

Mais qu’entend-on par Antillanité ou Caribéanité en matière d’Art ?

Le concept d’Antillanité a été développé par Edouard Glissant : l’Antillanité est une volonté de réparer les déchirures sociales, de combler les trous de la mémoire collective et d’établir des relations. L’Antillanité est une spécificité ouverte et plurielle.

Derek Walcott parle d’un « naufrage de fragments ».

Marsha Pearce dans « Cartographie de la Caribéanité » parle d’ « une forme composée de plusieurs couches ; une forme pourvue de la richesse, associée à la douleur et la promesse nées des efforts de créer des synthèses d’un ensemble de morceaux et de pièces. Il faudrait employer « le mécanisme du collage », pour emprunter la phrase de James Clifford » (1)

Or, ces déchirures, fragments, trous de la mémoire, collage, couches, pièces, relations se retrouvent justement dans le travail de Marie Gauthier : « des tissus fins marouflés sur toile ou sur bois laissent percevoir des coutures, des plis et des motifs que l’artiste recouvre partiellement ou totalement de peinture.

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« La otra rilla. L’autre rive ». Soliloques pour mauvais rêves ?

— Par Christian Antourel —

Ces deux là sont des migrants, en partance pour « un jardin d’Eden » rêvé. C’est clair, ils rythment  la pièce  au son de leur horloge interne et intime.

L’histoire commence ainsi : un fleuve. Apparaissent deux personnages sur la berge, visiblement poursuivis, qui attendent l’arrivée d’un passeur chargé de les faire traverser et rejoindre l’autre rive. Du côté de la Liberté. Toute la pièce se passe pendant leur attente  de ce  batelier  considéré comme un ange de la mort. Dans ce carré, espace limité par le souffle des acteurs tout se joue, l’acuité de ce qui défaille. Ils espèrent, égrènent  leurs souvenirs s’en inventent  même, rêvent, réfléchissent à leur avenir.

Avec un   minimum de ressources  mais   de l’imagination à un moment où les migrations sont modulées  par des guerres et la misère  incessante des peuples : l’actualité nous est donnée  sur un plateau. Le  scénario restitue l’attitude des migrants face à un choix cornélien, ils sont placés face à des dilemmes complexes, à savoir rester où ils vivent et risquer des mauvais traitements, voire la mort  en fonction  de  leur situation  personnelle, d’une part et risquer la mort en embarquant à bord  de l’embarcation  d’autre part La liberté ou la mort !Le

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« Les Justes », d’après Albert Camus

24, 26 mai à 19h 30 & le 27 mai à 15h et 20h au T.A.C.

Texte présenté par la troupe des Comédiens de Martinique.
Dans le cadre du festival amateur de théâtre de Fort-de-France
Mise en scène : Julie Mauduech
Son & Lumière : Marc-Olivier René

Transposition cubaine en 1958 sous la dictature de Batista de la pièce d’Albert Camus dont l’intrigue se déroule en Russie au début du XXè siècle.

Synopsis : Novembre 1958. Cuba subit la dictature de Batista depuis six ans. Sur plusieurs fronts, la révolution s’organise. Un groupe issu du Mouvement du 26 Juillet s’apprêtent à assassiner le Colonel Sanchez Mosquera, officier sanguinaire de la dictature. Mais les tensions sont fortes entre les révolutionnaires. Pour Sara, qui a connu l’humiliation et la torture dans la prison de l’Île des Pins, rien ne doit empêcher la mort de Mosquera. Pour Sancho, dit le poète, il y a au contraire des limites à ne pas franchir si on veut être un justicier et non un assassin.

Doit-on sacrifier son humanité pour rendre sa liberté au peuple ?

Les révolutionnaires sont tiraillés entre leurs convictions et la façon de mener leurs actions, entre exaltation et peur, entre amour et haine, entre vie et mort.

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La Otra Orilla, ou comment parler de mouvement et d’immobilité

11, 12, & 13 mai 2017 à 19h30 au T.A.C.

— par Janine Bailly —

Mettre en scène, de façon ludique et vivante, La Otra Orilla, en français L’Autre Rive, du dramaturge cubain Ulises Cala, ne doit pas être chose facile, mais requiert plutôt une belle inventivité, tant le texte se plaît à défier les règles de la narration classique. Ce talent, Ricardo Miranda n’en est pas dépourvu, et une fois encore, c’est à un spectacle original et singulier qu’il nous convie, pour trois soirs seulement, au théâtre Aimé Césaire.

Le texte, découpé en tableaux, chacun étant inscrit dans un espace modulaire particulier que dessinent quelques blocs facilement déplaçables sous la poussée des deux acteurs, le texte présente une double particularité, celle de ne se plier à aucun ordre chronologique, celle aussi de mêler les temps, temps clos de l’attente sur la rive du fleuve, temps pluriels de la vie antérieure. Car ils sont là, l’homme et la femme, pour un dialogue inclinant par instants au monologue, quand par exemple l’une devient mère parlant à sa fille, toutes deux femmes abandonnées par un père absent.

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