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L’avalasse créolité et brouillard diglottique : les déchoucailles des éloges

par Robert Fournier—

 

Robert Fournier est “Associate Professor of French Linguistics” à Carleton University, Ottawa.

 

 

« Parmi les stéréotypes les plus courants au sujet de l’époque coloniale persiste celui qui veut qu’on trouvait dans les îles deux catégories bien distinctes d’individus : des maîtres et des esclaves. »

Paru dans « Robert Fournier & Henri Wittmann (dirs), Le français des Amériques, Presses universitaires de Trois-Rivières (Québec), 1995, pp. 199-230 »

 

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Dans une brochure touristique vantant comme il se doit les beautés de « ce coin de France Tropicale« , distribuée par l’Office Départemental du Tourisme de la Martinique aux congressistes venus échanger sur les études francophones dans le monde (CIEF 1990), on pouvait lire à la page 3 « Informations générales » sous la rubrique Langue,

Le français est parlé et compris par toute la population mais on y entend beaucoup ce rapide patois créole qui comporte autant de mimiques que de mots empruntés au français, à l’anglais, à l’espagnol et parfois influencé par les langues africaines. Bien entendu l’anglais est généralement compris [c’est moi qui souligne].

Le contenu de ce passage, très commode pour démarrer un séminaire de Langue et Société au cours duquel on souhaite déchouquer quelques vieux mythes et préjugés tenaces entretenus sur la dynamique des langues notamment créoles, et des gens qui les causent, est parfaitement dérisoire au plan sociolinguistique.

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La saga « Star Wars » est -elle de droite? De gauche ? Libérale ? Altermondialiste ? Chrétienne? Bouddhiste?

— Par Roland Sabra —

Les combats font rage autour de la Guerre. Quelle lecture faut-il en faire? Peut-on y emmener nos enfants impunément? Ou plutôt nos enfants peuvent-ils nous y emmener sans craintes? Certains conservateurs étasuniens ont placé le film sur la liste des films à éviter? Certains alter-mondialistes voient la saga comme une parabole de la lutte qu’ils mènent pour un autre monde. Si la problématique centrale, à savoir comment une République, fût-elle intergalactique, peut se transformer en Empire, semble confirmer la thèse progressiste, c’est-à-dire libérale au sens étasunien, les explications et les remèdes suggérés, ou si l’on préfère l’idéologie véhiculée par George Lucas sont sujettes à caution.

Tout commence donc par un blocus que la cupide Fédération du Commerce (OMC) impose à la vaillante petite planète Naboo ( José Bové), très républicaine et très démocratique.. La FC-OMC veut libéraliser le commerce et supprimer la taxation des routes commerciales qui relient les systèmes les plus éloignés de la République. Dans l’épisode 2 « L’attaque des clones » les méchants séparatistes ne sont rien d’autre que la FC-OMC, la guilde du commerce, le clan bancaire, la « corporate alliance ».

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C’est quoi le drame d’Haïti ?

Jean-Durosier Desrivières vous ouvre ses archives
N°3 : Entretien avec Aimé Césaire


Nous avons rencontré le poète patriarche martiniquais le 20 Janvier 2004 à son bureau de maire honoraire, abrité à l’ancienne mairie de Fort-de-France. Le sage nonagénaire nous a reçu cordialement, ravi de rencontrer une fois de plus un homme du pays « où la négritude se mit debout pour la première fois ». Sa mémoire et son esprit encore vifs l’emportent sur l’ouie qui lui joue parfois des tours. Il suffit d’évoquer Haïti pour voir briller à travers ses yeux et son sourire exquis une passion sublime, à nulle autre pareille.

Jean-Durosier Desrivières : Comment percevez-vous l’indépendance d’Haïti ?
Aimé Césaire : Je suis le premier parmi les Martiniquais à avoir signalé et salué l’indépendance d’Haïti. C’est un événement d’une très grande portée : pas seulement haïtienne, elle est aussi antillaise. On peut même dire : qu’est-ce qu’elle est mondiale ! Parce que les Haïtiens n’ont pas seulement conquis la liberté pour eux ; c’est tout un système qui a été ébranlé par cette révolte haïtienne et, en particulier, il est clair que l’Europe ne pouvait plus continuer à maintenir le système colonial tel qu’il existait à l’époque – l’esclavage pour les autres pays des Antilles et aussi presque l’Amérique du sud, pour les Espagnols ou les Anglais – c’était l’abolition de l’esclavage.

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Haïti : un pays en voie d’américanisation

Jean-Durosier Desrivières vous ouvre ses archives

N° 4 : Entretien avec Marcel Dorigny

Nous avons rencontré le professeur Marcel Dorigny en septembre 2004, à son hôtel, du côté de l’ancienne route de Schoelcher, lors de son passage en Martinique, dans le cadre du colloque : « De Saint-Domingue à l’Italie, Moreau de Saint-Méry ou les ambiguïtés d’un créole des Lumières ». C’était après le départ forcé de Jean-Bertrand Aristide d’Haïti le 29 février 2004 et la publication en mars de la même année de Haïti et la France, Rapport à Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, signé par Régis Debray1. L’historien faisait partie du « Comité indépendant de réflexion et de propositions sur les relations franco-haïtiennes ».
Jean-Durosier Desrivières : Parlez-nous du rôle que vous avez joué dans la commission, dirigée par Régis Debray, qui se penchait sur les relations franco-haïtiennes au mois de janvier de cette année (2004).
Marcel Dorigny : La commission était composée d’une dizaine de personnes, chacun ayant plus ou moins une spécialité : il y avait des diplomates, des économistes, des financiers, il y avait quelqu’un qui était plutôt anthropologue, Gérard Barthélemy, et puis deux historiens, Myriam Cottias et moi.

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Le « Nous » haïtien / Le « Nous » martiniquais ?

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Note :
Cet article a été publié initialement dans les colonnes du quotidien haïtien 
Le Nouvelliste au cours de l’année 2001 sous le titre originel : « Une mémoire en colère ». Il est diffusé ici, pour mémoire, après de légères corrections et amputations.

Le Comité Devoir de Mémoire Martinique, sous l’égide de Médecins du Monde, a fait de l’Atrium de
Fort-de-France, le 2 mai 2001, le siège d’un colloque intitulé : « Histoire et mémoire des sociétés post-esclavagistes… ou … La révolte contre l’oubli ». C’est dans ce cadre que s’inscrit « Une mémoire en colère », la communication de l’historien haïtien Pierre Buteau, laquelle a interpellé ses pairs historiens, politiciens, professeurs d’histoire et amateurs curieux des problématiques de la région caribéenne, constituant l’humble assistance. Comment saisir les rapports que les haïtiens entretiennent avec les lieux de mémoire, avec le passé et le présent ? Telle est la question fondamentale qui, selon nous, se dégage de l’exposé du « mémorialiste ».

 

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