1292 search results for "Ina Césaire"

Les spécialistes des affaires martiniquaises à l’œuvre

 — Par Pierre Alex Marie-Anne —

« Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises ce sont les martiniquais », l’auteur de cette fameuse maxime, tout le monde le sait, est l’illustre Dr Pierre ALIKER , mon parrain, à l’égard duquel j’éprouve la plus haute estime et le plus profond respect ;

Force est pourtant de constater qu’elle ne se vérifie pas dans les faits et que cette affirmation relève plutôt de sa part, ainsi qu’il a pu le dire à propos du moratoire décrété par CESAIRE, « d’un moment de distraction ».

La gestion du dossier du TCSP en fournit, s’il en était encore besoin, une éclatante démonstration.

Un investissement colossal de 400 millions d’euros, de près du tiers du budget de la Collectivité Territoriale de Martinique, et quoi à l’arrivée ?: 14 super-bus, à un million pièce,en train de pourrir dans un garage, pendant que les infrastructures du réseau se dégradent lentement mais sûrement.

Voilà l’exploit réalisé par nos fameux spécialistes locaux, à cause de leur incapacité à mettre de côté leur égo pour s’entendre sur le coût d’exploitation de ce mode de transport, qu’ils semblent découvrir aujourd’hui, plus de dix ans après le lancement effectif de l’opération.

→   Lire Plus

« Les Hommes », chronique d’une résistance au féminin

— par Janine Bailly —

De la Seconde Guerre Mondiale, les crimes contre les Hommes n’ont cessé d’habiter nos mémoires et nos consciences, individuelles ou collectives. Sur les écrans sort ce 24 janvier le film d’Emmanuel Finkiel, La Douleur, adapté d’une nouvelle éponyme de Marguerite Duras, et qui s’inspire de ce qu’elle vécut dans l’attente angoissée du retour de son mari, le résistant Robert Antelme, retenu en déportation. Chez Grasset vient de paraître ce 17 janvier le récit autobiographique L’amour après, où Marceline Loridan-Ivens se demande « comment aimer, s’abandonner, désirer, jouir quand on a été déportée à quinze ans ». Charlotte Delbo a, de même façon, à son retour des camps, beaucoup écrit sur sa trajectoire de femme communiste, sur son internement en tant que prisonnière politique, et sur les mécanismes de survie à inventer quand on vous plonge soudain et sans raison au cœur de l’enfer.

Dans la pièce Les Hommes, présentée cette semaine au Théâtre Aimé Césaire, Charlotte Delbo relate cet épisode où, enfermées au fort de Romainville dans l’attente d’être orientées vers le camp de Auschwitz-Birkenau, des femmes d’âges différents et d’origines diverses vont rester dignes et debout, refusant, en dépit de la peur et de l’angoisse, de donner victoire à l’ennemi.

→   Lire Plus

Les hommes : « Une saison en enfer »

18, 19 & 20 janvier 2018, 19h 30 au T.A.C.

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Le camp de Romainville, camp d’internement installé dans l’enceinte du fort de Romainville et administré d’abord par la Wehrmacht puis par la SS recevait différentes catégories de détenus. Il constituait une sorte de «  réserve » permanente d’otages. Ils s’y servaient chaque fois que l’on devait procéder à des exécutions de représailles.

Le souffle de la violence du monde fait incursion sur la scène, se référant à une multitude d’évènements historiques ou plus confidentiels, Florence Delbo nous narre cette histoire d’une implacable vérité ; sept femmes donnent corps et voix aux traumatismes que l’histoire inflige.

C’est dire l’angoisse que vivent ces femmes enfermées depuis des mois dans leur dortoir -cellule tremblantes, dès qu’après les silences glacials des nuits, l’angoisse des nuits, des bruits de portes de serrures et de pas s’infiltrent tenaces jouant à la roulette russe entre leur désespoir, l’angoisse d’être déporté et des vagues idées d’évasions. Une loterie ou tout est joué d’avance. Que reste-t-il, alors quand tout s’effondre autour d’elles ? la tendresse irremplaçable d’une conscience innocente dont le cœur est sur les lèvres ,une douleur une souffrance scélérate sentie à fleur de peau..

→   Lire Plus

Existe-t-il un génocide martiniquais ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

C’est la question qu’on peut se poser après le retentissement provoqué par la déclaration du député Aimé Césaire, un jour de novembre 1975, à l’assemblée nationale. Celui-ci craignait que la venue des H’mongs en Guyane, projetée par le gouvernement français, ne conduise à une manière de génocide qu’il a appelé « génocide par substitution ». Etrangement, il opposait un génocide qui n’en est pas un à des gens qui fuyaient ce qu’on peut considérer comme un vrai génocide, au Laos. Finalement, Césaire s’était trompé, mais il avait des circonstances atténuantes. En effet, alors que la population guyanaise était inférieure à 60 000 habitants, le nombre de migrants faisant l’objet du débat à l’assemblée avait été bien supérieur à celui qui a été finalement retenu (2 000 individus environ), et pouvait paraître exorbitant au député.

Comme je l’indiquais dans une tribune, le 24 novembre 2013, La Martinique, ce directeur de conscience, « en novembre 1975, le visionnaire Aimé Césaire s’était prononcé à l’assemblée nationale contre la venue des H’mongs en Guyane. C’est à cette occasion – et à cette seule occasion – qu’il avait prononcé officiellement sa fameuse expression « génocide par substitution ».

→   Lire Plus

In Memoriam : Rachel Beauvoir, la reine-soleil couchée

— Par Joël Des Rosiers —

« Et les chiens se taisaient » – Aimé Césaire

La mort de Rachel Beauvoir est une blessure. Nous dînions en famille, il y a quelques jours, dans le jardin édénique à l’ombre des grands arbres sacrés qui relient la terre au ciel. Les neuf chiens, un peu agités, aboyaient sans cesse jusqu’à ce qu’ils eurent fini par se résigner à notre présence. Dehors, les stridences des klaxons d’un « blocus » routier interminable qui nous avait retenus plusieurs heures dans la poussière, à hauteur de Mariani, se heurtaient aux hautes murailles barbelées de la propriété. Et Nirva, l’illustre servante, qui apparaissait et disparaissait comme dans le poème de Perse, jetait un voile de pudeur et d’irréalité sur cette rencontre qui allait devenir à notre insu un dîner d’adieu.

Lorsque je lui ai annoncé la mort de Rachel Beauvoir qui nous avait accueillis en compagnie de son mari avec une délicieuse hospitalité, ma fille Inès qui du haut de ses cinq ans possède le don des langues m’a demandé si les neuf chiens avaient pleuré.

→   Lire Plus

Le P.P.M. remet le couvert de l’autonomie : est-ce une erreur politique ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Lorsque, s’ouvrant à ses visiteurs du Robert, Edouard de Lépine regrettait que le mot autonomie ne fasse plus partie depuis 30 ans du vocabulaire du PPM, jusqu’à ne plus figurer dans les colonnes du Progressiste, il ne s’attendait certainement pas à ce qu’il resurgisse avec éclat lors du rassemblement du 12 décembre 2017 de Rivière-Blanche, à St Joseph. Avec éclat dès lors que cette résurrection s’accompagne de la proclamation par Serge Letchimy de la fin du moratoire. N’a-t-on pas ouvert la porte de Pandore, à l’occasion d’un évènement qui ressemblait davantage à une assemblée générale qu’à une convention ?

Le retour du PPM à ses fondamentaux

Les révélations sur l’autonomie de la Catalogne et la résurgence des idées séparatrices en Corse ont certainement aidé au rappel des fondamentaux du PPM d’avant le moratoire. Après que le président de la république a annoncé en Guyane que le sujet institutionnel pour les DOM était ouvert, ce qui n’est pas le cas pour la Bretagne ou le Pays Basque, le PPM a-t-il eu besoin d’indiquer au chef de l’Etat qu’il l’a entendu et qu’il est prêt à lui donner la main ?

→   Lire Plus

Darsières Camille. 19 mai 1932 – 14 décembre 2006

Avocat, homme politique 

— Par Edouard de Lépine —

Camille Darsières est né le 19 mai 1932 à Fort-de-France, dans une famille de bonne bourgeoisie mulâtre de Fort-de-France. Une famille aisée sans être riche, distinguée sans ostentation, aussi fière de son passé que sûre de son destin.

Les Darsières sont proches de Joseph Lagrosillière, le père fondateur du mouvement socialiste à Martinique, député-maire de Sainte Marie depuis deux bonnes décennies quand Camille vient au monde.

Le jeune Darsières a été élevé et a grandi dans le climat politiquement chaud de la Martinique de l’entre-deux guerres. Une époque rythmée par les élections marquées depuis le milieu des années 1920, par la fraude électorale et, parfois, par la violence des affrontements entre une droite et une gauche dont on distingue cependant mal les contours. Les querelles de personnes à l’intérieur de l’un et de l’autre camps, masquent les oppositions plus profondes au sein d’une société coloniale complexe. Les classes dominantes ne sont pas moins divisées que les catégories sociales les plus défavorisées.

À droite, à coté des vieilles oppositions historiques, blancs, mulâtres, noirs, le groupe dit des békés, pour l’essentiel des descendants des colons, est moins homogène qu’on ne le croit généralement.

→   Lire Plus

Parutions : nouveautés du 09 décembre 2017

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Adolescebat autem obstinatum propositum erga haec et similia multa scrutanda, stimulos admovente regina, quae abrupte mariti fortunas trudebat in exitium praeceps, cum eum potius lenitate feminea ad veritatis humanitatisque viam reducere utilia suadendo deberet, ut in Gordianorum actibus factitasse Maximini truculenti illius imperatoris rettulimus coniugem.

Hac ex causa conlaticia stipe Valerius humatur ille Publicola et subsidiis amicorum mariti inops cum liberis uxor alitur Reguli et dotatur ex aerario filia Scipionis, cum nobilitas florem adultae virginis diuturnum absentia pauperis erubesceret patris.

Cognitis enim pilatorum caesorumque funeribus nemo deinde ad has stationes appulit navem, sed ut Scironis praerupta letalia declinantes litoribus Cypriis contigui navigabant, quae Isauriae scopulis sunt controversa.

Huic Arabia est conserta, ex alio latere Nabataeis contigua; opima varietate conmerciorum castrisque oppleta validis et castellis, quae ad repellendos gentium vicinarum excursus sollicitudo pervigil veterum per oportunos saltus erexit et cautos. haec quoque civitates habet inter oppida quaedam ingentes Bostram et Gerasam atque Philadelphiam murorum firmitate cautissimas.

→   Lire Plus

Le Martinique Jazz festival 2017

— Par Selim Lander —

Un aperçu limité aux deux soirées qui se sont déroulées dans la grande salle de l’Atrium, aperçu très partiel d’un festival qui aura permis d’écouter en divers endroits de la Martinique une vingtaine d’ensembles plus ou moins étoffés. Les deux soirées de gala dans la salle Aimé Césaire ont permis chacune, comme il est désormais de tradition, de découvrir successivement deux ensembles différents. La chanteuse d’origine guadeloupéenne Tricia Evy a précédé l’Africain Ray Lema le 1er décembre. Le lendemain, le « souffleur » américain Kenny Garrett a succédé à sa compatriote l’organiste Rhoda Scott. Deux soirées éclectiques et de bonne facture. Ray Lema joue du piano et ajoute parfois sa voix chaude et grave. Son quintette rassemble un guitariste (basse), un saxo, un trompettiste, un batteur. Kenny Garrett est un surdoué du saxophone, admirateur de John Coltrane, qui accompagna Miles Davis pendant plusieurs années avant de prendre son envol. Accompagné par un pianiste, un contrebassiste, un batteur, un percussionniste, il se revendique de genres musicaux très variés et séduit particulièrement dans ses solos qui balancent entre virtuosité et lyrisme.

→   Lire Plus

« Héritages de Frantz Fanon dans les arts et la littérature des Amériques »

Journées d’étude : 15 décembre 2017 (Tours) et 6 avril 2018 (Dijon)

Interactions culturelles et discursives (ICD) – EA 6297 – Université François-Rabelais de Tours

Centre Interlangues – Texte, image, langage – EA 4182 – Université de Bourgogne-Franche-Comté

« Encore un livre sur Fanon ? », s’interrogeait il y a quelques années Lylian Kesteloot dans sa préface à l’ouvrage Frantz Fanon, l’homme de rupture, d’Abdelkader Benarab (2010 : 9). On pourrait en dire autant des présentes journées d’étude autour de la figure emblématique de Frantz Fanon, à la « pensée métamorphique » (Mbembé 2012 : 9), dont l’œuvre « a permis la constitution d’un champ d’études foisonnant, rhizomatique et, aujourd’hui, de portée planétaire. » (Mbembé 2011 : 12) L’universalité et l’actualité de Fanon ne font en effet aucun doute, comme en témoigne l’abondance, en ce début de millénaire, de littérature critique et d’événements qui lui sont consacrés, tant en France qu’en Europe, en Afrique ou dans les Amériques[1]. Cependant, le champ des études fanoniennes présente deux lacunes : d’une part, il ne s’est que minoritairement intéressé à l’impact de la pensée de Fanon dans les arts et la littérature, les lectures sociologiques, historiques ou psychologiques étant largement dominantes.

→   Lire Plus

La Martinique et la Catalogne

— Par Michel Herland —

À l’exception des Écossais, les responsables politiques de tous bords condamnent à qui mieux mieux les aspirations des Catalans à l’indépendance. Que les chefs d’État européens et le président de leur Conseil se montrent opposés à une telle volonté d’émancipation se comprend aisément : ils redoutent qu’une Catalogne indépendante n’encourage des mouvements séparatistes à l’intérieur de leurs propres frontières. Les États centralisés sont hostiles par nature à une autonomie un tant soit peu poussée ; même les États fédéraux (comme l’Allemagne) n’ont aucune envie que leur territoire se réduise, ni même de déléguer à l’échelon inférieur davantage de compétences que celles qui sont déjà les siennes. La règle, en l’occurrence, est simple : nul ne souhaite la diminution de ses pouvoirs. En France, l’enchevêtrement des compétences entres les différents niveaux de la puissance publique (départements, régions, État, pour s’en tenir à quelques-uns !) illustre bien l’impossibilité d’une véritable décentralisation dans un pays dont la tradition est à l’opposé. Ainsi, alors que la construction et l’entretien des bâtiments des établissements d’enseignement sont de la compétence des autorités locales, le ministère de l’Éducation « nationale » demeure une administration tentaculaire (le « mammouth ») et toute puissante.

→   Lire Plus

Quel mythe politique nouveau pour la Martinique ?

— Par Roland Tell —

Comment sortir de la vieille volonté d’autorité, de puissance, de fermeture, qui, à Plateau Roy, paralyse actuellement toute évolution de la Martinique ? Comment satisfaire la soif de mieux-être des Martiniquais ? Comment améliorer le sort humain de la jeunesse ? Où sont les vrais leviers du progrès, pour aller vers un futur de libération complète des désirs, des attentes, et des rêves du peuple martiniquais ? Enfin, quel mythe collectif moderne faut-il créer, hors le culte de la personnalité, aujourd’hui tant exalté à la Collectivité Territoriale, hors l’exploitation de classe, toujours mise en avant pour expliquer les formes de l’économie locale, et pour exprimer aussi les structures sociales, d’où celles-ci sont produites ?
Autant de questions, qui nous obligent, tous ensemble, à créer un mythe nouveau, susceptible de provoquer l’adhésion générale des femmes et des hommes de la Martinique. L’utopie refondatrice, chère au poète, et homme politique, Aimé Césaire, sous-entend-il quelque processus révolutionnaire ? Ou s’agit-il plutôt de tout ce qui concerne en propre la réalisation totale de l’homme martiniquais, en son origine assumée ?

→   Lire Plus

Martinique Jazz Festival 2017 : le jazz a cent ans!

Originaire du Sud des États-Unis, il est créé à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle au sein des communautés afro-américaines. Avec plus de cent ans d’existence, du ragtime au jazz actuel, il recouvre de nombreux sous-genres marqués par un héritage de la musique euro-américaine et afro-américaine, et conçus pour être joués en public. Il émerge à partir d’autres genres musicaux, dont le ragtime, la marche, le negro spiritual et le blues, et comporte des caractéristiques telles que l’utilisation fréquente de l’improvisation, de la polyrythmie, de la syncope, du shuffle, du scat et des notes bleues. En outre, il emprunte de nombreux éléments à la musique populaire américaine (en) et à la tradition des brass bands3. Couramment associé aux cinq instruments emblématiques du jazz — le saxophone, la trompette, le trombone, la clarinette et le piano —, le jazz mobilise cependant un grand nombre d’instruments différents, dont la guitare, la batterie, et la contrebasse.

Voir le programme du MJF 2017 ci-dessous

Au cours du XXe siècle, le jazz a acquis une large popularité au-delà des frontières des États-Unis et s’est répandu dans le monde, donnant naissance à de très nombreux styles et sous-genres selon les pays et les régions.

→   Lire Plus

L’ art panse et repense le monde

L’édition 2017 des rencontres AKAA

— Par Max Pierre-Fanfan —

« Un jour on saura peut-être qu’il n’y avait pas d’art mais seulement de la médecine », confie JMG Le Clézio dans son ouvrage intitulé « Haï » (l’activité, l’énergie). Un véritable cérémonial de guérison magique qui arrache l’homme indien à la maladie et à la mort. Serait-il celui-là même qui jalonne le sentier de toute création? Et si l’art participait de la métamorphose? Je veux la vie réclamait le poète martiniquais Aimé Césaire. Je veux le seul, le pur trésor, celui qui fait largesse des autres, je veux la vie, fût-ce au prix de la mort.
L’artiste à l’instar du « medecine man » nous propose une plongée dans les profondeurs de l’être. Sa quête consiste en une mise à nu du divin par la connaissance introspective de l’âme, tâche humaine de l’art, sa raison d’être, démontrée par le voisinage de la mort qui lui est imposé. 

La répétition infernale

Lors de cette initiation apparaissent d’emblée les déterminations intimes de blessures ouvertes par des expériences convulsées peintes en feu( esclavage, colonisation, ségrégation, apartheid et leur lot de souffrances, de violences, d’humiliations, de crimes en tout genre).

→   Lire Plus

L’eau prend la couleur du récipient…

— Par Roland Tell —

Nul ne peut servir deux maîtres, enseigne le Christ ! Donc, une doctrine politique de droite ne peut être unie à ce qui, de ses idées, a toujours fait le tourment et la souffrance. A force de presser les mamelles de la vache « Alliance », quel doux lait en est-il sorti ?
Désormais, le contrat de gestion est devenu semence pour campagnes électorales communes. Et cela se passe à Sainte-Marie, la bien-nommée, au quartier Derrière Morne, où la passion commune a enfin fait son nid, pour couver, comme des oeufs, des lendemains meilleurs. L’union de la trahison ne cause aucune douleur, ni à l’esprit, ni surtout au corps, du fait des suspensions de la mémoire passée, allant jusqu’à perdre le souvenir de l’idéologie originelle. L’homme et la femme sont hantés de coups à faire, où l’extase politique se révèle la passion la plus riche de toutes les vertus terrestres.
L’élévation à un tel état d’alliance politique ne peut être que l’oeuvre de la passion – passion de gouverner ensemble dans le champ clos des appêtits déréglés de pouvoir, et bien d’autres désagréments, qui engendrent, dans la mémoire politique, quantité d’impuretés idéologiques.

→   Lire Plus

Penser le présent

— Par Serge Harpin, sociolinguiste et philosophe —

Il est toujours affligeant de voir des jeunes reprendre à leur compte les erreurs et les errements conceptuels de leurs ainés. L’argument du « génocide » avancé lors de la récente affaire de la mutation de l’ex proviseur du Lycée agricole de Croix-Rivail est une de ces sempiternelles sottises qui a pris d’autant plus de relief que celui qui le reprenait est, outre sa relative jeunesse, Président d’une association écologique influente.

La paternité de la formule revient à A. CESAIRE. L’intention à l’origine était polémique. Il s’agissait de dénoncer la décision d’installation en Guyane par le gouvernement de V. Giscard-d’Estaing, à la fin des années 1970, de réfugiés Hmong fuyant le communisme. Il faut dire que le geste humanitaire masquait une politique technocratique et autoritaire de peuplement échafaudée à Paris : sa finalité et ses contours restaient peu clairs pour les principaux concernés, les guyanais. Le poète voulait frapper les esprits. Il s’est laissé alors emporter par la charge émotive du mot « génocide » qu’il sur-dramatisa en y ajoutant un élément censé être de spécification: « par substitution »… Il posait ainsi un modèle discursif  où le refoulé de l’esclavage et la mauvaise conscience européenne recouvraient la réalité des faits.

→   Lire Plus

Des petites et une Grande Histoire(s).

Le Jazz à trois doigts, texte et m.e.s. Luca Franceschi

Par Dégé

La pluie est rédhibitoire. Sinon on peut mesurer le succès d’une pièce au nombre de groupes de spectateurs restant discuter devant le Théâtre Aimé Césaire et à la durée de leurs échanges. Ce soir là, 16 novembre, le public a été bon : la salle a risqué quelques applaudissements, s’est autorisée à rire, a répondu aux demandes d’interactivité, et a remercié intensément au salut final des acteurs.

Dehors des sourires de satisfaction mais les commentaires sont sans vigueur : difficile d’expliquer le plaisir. Or les rationalistes ont du mal à justifier leur acrimonie « Où est le Jazz là dedans ? ». Au delà de l’ennui exprimé, Ils semblent même prêts à se laisser convaincre du contraire.

Le Jazz à trois doigts est un spectacle qui rend heureux. On n’en sort pas indigné, prêt à combattre pour ou contre, bouleversé du miroir tendu…Non simplement heureux. Pas exalté. Heureux au point d’apprendre l’hospitalisation d’un ami sans être révolté : on sait qu’on ira lui soutenir le moral. Heureux au point où, à la sortie du spectacle, ayant assisté impuissant de loin à l’attaque d’une vielle dame par un malabar voulant la dépouiller de son sac, on reste heureux.

→   Lire Plus

Le Monument aux Morts s’est-il transporté à la Joyau ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Ainsi donc, en décidant de saluer l’illustre pensionnaire du cimetière de la Joyau, Aimé Césaire, plutôt que les morts pour la République, le Premier ministre paraît sceller un passage de symboles. C’est une décision que les Martiniquais afro-caribéens, qui ont bonne conscience de ce qu’ils doivent à Césaire, pourraient traduire comme la reconnaissance à cet homme, par l’Etat, de la qualité de Père de la nation. La reconnaissance de cette nation, elle-même ! Cette distinction est rare en démocratie et le geste aurait du sens, qui exprimerait un message fort de la France.
Quand Césaire cessera-t-il d’apparaître comme appartenant à un clan ?
Mais alors, toutes les autorités officielles de la collectivité devraient y être conviées, comme c’est le cas lorsque l’évènement se produit autour du Monument aux Morts : le président de la collectivité, le préfet, les anciens combattants, etc. Celui qui écrit ces lignes a eu l’occasion de déplorer le caractère exclusif des célébrations de mémoires martiniquaises. En effet, lorsqu’on célèbre Fanon, le Parti progressiste martiniquais n’est pas invité à la fête et lorsqu’on honore Césaire les choses se passent en famille.

→   Lire Plus

« Ouvrir la voix » : faire entendre les femmes noires de France

— Par Julia DUMONT —

Dans son documentaire « Ouvrir la voix« , Amandine Gay interroge 24 femmes noires sur leur identité. La réalisatrice souhaite constituer une archive sur la condition des femmes noires en Europe au XXIe siècle.

Pendant deux heures, ces femmes racontent la manière dont elles ont découvert qu’elles étaient noires, les remarques salaces sur leur sexualité, la pression de la communauté noire pour répondre à certains canons de beauté ou encore les discriminations à l’éducation et à l’embauche. Le résultat est un documentaire fort et touchant, au cinéma depuis le 11 octobre.

France 24 : Quelle était votre intention en réalisant ce documentaire ?

Amandine Gay : Mon objectif était de réaliser un documentaire qui tienne lieu d’archive. Quand j’étais plus jeune, j’étais très critique envers les [femmes noires françaises] plus âgées. Je leur reprochais de ne nous avoir rien laissé. Quand on regarde le Black feminism [féminisme noir] américain, à partir des années 1970, il y a une explosion de livres. En France, les filles noires, si elles ne sont pas anglophones, n’ont pas accès à des écrits de femmes noires sur leur expérience, leur histoire.

→   Lire Plus

Khô-Khô René-Corail : Quid de la figure du héros martiniquais ?

— Par Rodolf Étienne —

Présentée jusqu’au 1er novembre, l’exposition consacrée à Khô-Khô René-Corail à la Fondation Clément permettait aux nombreux visiteurs de se familiariser avec une des œuvres picturales les plus influentes de la Martinique et certainement bien au-delà.
Voilà une exposition qu’il fallait absolument voir. Non pas seulement pour mieux connaître l’œuvre du peintre, mais surtout pour lui rendre cet hommage tant mérité. Il s’agissait d’une exposition où l’on « passait un moment » avec Khô-Khô, convaincu de son immense talent et de la contemporanéité de son legs. Quand on interrogeait les visiteurs, ceux qui l’ont connu, et ils furent nombreux, lui attribuaient souvent les mêmes qualificatifs : anti-conformiste, anti-colonialiste, anti-capitaliste. On aime aussi à rappeler qu’il était membre de l’Ojam (Organisation de la jeunesse anticolonialiste de la Martinique) et qu’il avait été emprisonné pour son engagement politique et social. Mais, ce qu’on oubliait de rappeler, c’est que c’est son pays d’abord qui l’avait renié, oublié, rejeté, pris dans le quotidien et les difficultés que connaissait la Martinique de son temps. Khô-Khô René-Corail est sans conteste un artiste dont l’œuvre n’a pas reçu, du vivant de l’artiste, les honneurs qui lui revenaient de plein droit, à fortiori si l’on cite ses nombreuses prises de position en faveur des laissés pour compte : les ouvriers, les petites gens, ceux marginalisés de son époque, ceux avec qui il avait vécu, grandi.

→   Lire Plus

Voyager avec Air Antilles comporte des risques

— Par A3C (*)—

Désirant se rendre à Miami avec son épouse, monsieur Jxxx. achète deux billets auprès d’ Air Antilles, pour un montant de 229,52€ (dont 10 euros de réservation. Si, si !…).

L’avion de cette compagnie doit décoller le 30 juin 2017 à 8h50 de Fort-de-France pour l’aéroport de Juliana à Saint Martin. Là, les époux Jxxx. doivent prendre une correspondance d’American Air Lines pour Miami.

Le 8 juin 2017, monsieur Jxxx. reçois un sms anonyme sur son téléphone portable l’informant que son vol de 8h50mn était avancé à 6h45 mn le même jour sans autre précision.

Le 26 juin 2017, 4 jours avant le départ, monsieur Jxxx décide d’en avoir le cœur net et se rend au guichet d’Air Antilles à l’aéroport Aimé Césaire. Il y découvre brutalement que le vol atterrit à Grand Case – en partie française – et non à Juliana comme prévu initialement et comme indiqué sur les billets. Il est vrai que les récépissés factures des billets, ne précisent pas l’aéroport mais l’île…comme s’il était anodin d’arriver en partie néerlandaise ou française lorsqu’on a une correspondance à prendre !

→   Lire Plus

Alfred Varasse en concert

Dimanche 22 octobre 2017 à 17 h. Tropiques-Atrium

Difé All Stars ! _
Alfred Varasse a traversé l’histoire de la musique martiniquaise depuis 40 ans. Artiste militant, musicien, auteur-compositeur, il se produit dans tous les styles : jazz, tambour, gospel, variétés, depuis les années 70 et avec les grands musiciens de l’époque : Chyko Jéhelmann, Eugène Mona, Kali, Luther François…
Mais son empreinte est celle du groupe d’avant-garde Difé, créé en 1978, dans lequel les femmes chantent en lead des textes engagés, soutenues par une rythmique et des cuivres au croisement du jazz, du bèlè et de la kadans. Un style original qui connaît un succès populaire en Martinique, mais aussi à l’étranger.
Le groupe produira 4 albums cultes.
Depuis, Alfred Varasse a mené divers projets, y compris spirituels, dont Blue Biguine, Ladja ô Jazz et des orchestres de tambours. Cet instrument sacré, qu’Aimé Césaire lui demanda d’enseigner en le faisant rentrer de Paris en 1977. Pour ce concert hommage, en forme de carte blanche, on retrouvera ses compositions et des succès de Difé,
enrichi de surprises.

Batterie, Percussions & Direction : Alfred Varasse
Chant : Aly’s Varasse, Ivy Jalta & Orlane
Choeurs : Maud Masse & Régine Féline
Basse : Philipe Burdy
Piano : Michaël Marnet
Guitare : Nicolas Lossen
Tambour bèlè : Niko Gernet
Percussions : Laël Varasse
Saxophones : Luther François
Trompette : en cours
Flûte : Mario Masse
Invités : Régis Thérèse (Basse), Elyzé Domergue (Piano)
Soukaina et Maya Varasse, Ange M, Flo P.G

→   Lire Plus

« Entre deux tempêtes » : au risque de s’y noyer !

— par Janine Bailly —

De la Commedia dell’arte, ils ont l’énergie, la vitalité, le burlesque et les masques, certains des personnages typés — le valet, les amoureux, la jeune fille de bonne famille —, ou encore la souplesse du corps qui permet les cabrioles, et ce talent mimique qui vient en alternance suppléer l’absence du masque. Sans oublier la possibilité d’inclure musique, chant et prouesses physiques au cœur du spectacle.

“Ils”, ce sont les cinq comédiens qui, avec La compagnie du Mystère Bouffe, nous ont présenté cette semaine, en ouverture de saison au Théâtre Aimé Césaire, leur création nommée Entre deux tempêtes — celle de Shakespeare, celle de Césaire —, puisqu’aussi bien ils se sont inspirés, pour se nommer et se mettre en scène, du dramaturge italien Dario Fo, lequel adapta au vingtième siècle les “canevas ancestraux” de la commedia dell’arte — citons en 1969 la pièce Mystère Bouffe. Sans la préposition, Carlo Boso, italien lui aussi, fit plus tard évoluer dans la même tradition sa compagnie Mystère Bouffe. Ce genre théâtral n’est pas inconnu du public martiniquais, qui put applaudir au mois de juin la pièce Public or not public, dans une mise en scène de Carlo Boso précisément.

→   Lire Plus

Odile Sankara :  » C’est maintenant que tout commence « 

— Par Stéphane Aubouard —
Au Burkina Faso, la chute de Baise Compaoré voici près de trois ans, a correspondu avec une renaissance du théâtre burkinabé. La comédienne Odile Sankara est de celles et ceux qui ont participé à le relancer.
Odile Sankara, la sœur cadette du fondateur du Burkina Faso, continue la lutte initiée par son aîné via le théâtre. Actrice et dramaturge, metteuse en scène, cette Burkinabé qui a longtemps vécu en exil en France peut aujourd’hui pratiquer son art dans son propre pays. « Depuis le 31 octobre 2014, et la chute de Compaoré, le théâtre revit au Burkina. Il est même devenu la première tribune politique du pays » insiste la comédienne. Ces derniers jours, les chanteurs, les rappeurs, les slameurs, les poètes investissent les agoras et les théâtres du pays. Certains reprennent des textes ou des discours de l’icône de la révolution burkinabé. Des textes mis en scène ou simplement dits sous forme de lecture. « ce qui est formidable aujourd’hui, c’est que ce sont les artistes qui entretiennent la flamme de la révolution » se réjouit Odile Sankara.

→   Lire Plus

« Entre deux tempêtes »

12, 13, 14, 15 octobre 2017 au T.A.C.

D’après Une tempête d’Aimé Césaire et La tempête de William Shakespeare

La pièce
Exilé sur une île exotique, Prospero exerce son pouvoir d’esclavagiste avec tyrannie. Lorsqu’il apprend que ses ex-ennemis passent au large de son île, il contraint magiquement Ariel, un esprit de l’air, à susciter une tempête pour se venger. Après avoir marié sa fille au fils de son ancien ennemi, Prospero libère Ariel, renonce à toute magie sans oublier de punir Caliban, esclave noir et indigène de l’île, fils de sorcière et indécrottable rebelle malfaisant. Voici le thème exposé par William Shakespeare.
Si Aimé Césaire raconte la même histoire que le dramaturge anglais, il choisit le point de vue de l’indigène dépossédé de son île, Caliban. Par l’intermédiaire de son personnage, l’auteur démontre comment le pouvoir colonial calomnie, entrave et dissout peu à peu les identités culturelles.

Nelly Quette (auteur – metteur en scène) confronte La Tempête de Shakespeare à Une Tempête d’Aimé Césaire pour dénoncer l’intolérance, le racisme et les discriminations
nés du colonialisme parallèlement à la mondialisation et à l’uniformisation culturelle de notre époque.

→   Lire Plus