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Nicolas Lossen : un artiste hors cadres

“À la manière d’un palétuvier, 
Je plante de nouvelles racines,
À mesure que s’étendent mes branches.
C’est ma seul façon d’Être
Vivant”.

Il a exploré la Soul, le Reggae, la Pop et le Reggae avec One Way to the sky. Avec Pié Coco’a, il a exploré l’univers du Jazz Caribéen, il s’est lié avec la Guitare Andalouse dans Biguine Flamenca, il a picoré des éléments de musique Amérindienne dans Native, il a construit Cœnesthésia autour des musiques Urbaines, Nicolas Lossen est-il une illustration de l’éclectisme culturel tel que le définit Pierre Bourdieu, s’agit-il d’omnivarisme culturel comme l’entend Richard A. Peterson ? Raphaël Confiant parle de diversalité. Nicolas Lossen, lui, préfère retenir le terme, plus modeste, de versatilité. Dont acte.

Madinin’Art : Bonjour Nicolas, merci de nous accorder cette interview. vous vous définissez comme un artiste très « versatile ». Pouvez-vous nous en dire plus sur l’origine de cette « versatilité » ?

Nicolas Lossen : Bonjour Madinin’Art, merci de m’inviter. En effet, la versatilité qui caractérise mes activités est assez naturelle. Depuis toujours, j’ai eu un besoin vital de voyager et de m’enraciner dans différentes cultures.

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Analyse de «  La Désapparition » de  Gerry L’Etang

— Par Fernand Tiburce Fortuné —

« A un moment où la société est ébranlée par des événements décisifs, il paraît inévitable que la création littéraire s’en empare pour interroger les diverses facettes de la transformation en train de se produire »

(Maria Graciete Besse).

La désapparition, ce roman (tantara) de Gerry L’Etang n’est pas anodin. Il est complexe, surprenant, déroutant, apparemment inintelligible, parfois terrible. Je me suis posé deux questions après l‘avoir lu :

Faut-il le mettre entre les deux oreilles de certains ?

Faut-il le mettre entre les mains de tous ?

Cet ouvrage de 123 pages, comprend 14 chapitres et, à la page 107, un remarquable poème qui tant sur le rythme que sur le fond -à ne pas en douter- résume la pensée de l’auteur.

Comment mieux décrire avec autant de violence, survolée par un humour grinçant, ce chaos et cette désagrégation qui nous menacent? Comment mieux décrire, dans une actualité perturbante, nos divisions, nos déchirures, nos illusions «malpapaye», nos combats perdus et peut-être nos regrets?

Comment mieux étaler, dans des scènes incroyablement cruelles, nos turpitudes, nos incohérences, notre simulacre d’unité et de vivre ensemble.

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Prix de la traduction en langue.s créole.s

Bourse d’aide à la traduction du « Cahier d’un retour au pays natal » décernée à…
Le jury du Prix « Balisaille » de la traduction en créole s’est réuni le 12 mars afin de délibérer sur les 22 textes reçus de Martinique, d’Haïti, de la Guadeloupe et de la Réunion. L’exercice proposé consistait à traduire en créole les trois premiers paragraphes du Cahier d’un retour au pays natal (1939) d’Aimé Césaire.
Présidé par Raphaël Confiant (Martinique), le jury était composé de Renaud Gauvain (Haïti), Georges-Henri Léotin (Martinique), Céline Huet (La Réunion), Max Rippon (Guadeloupe), Igo Drané (Emigration), Carole Sidien (La Réunion) et Nelson-Rafaell Madel (Martinique). Il s’est penché sur les différentes propositions de traduction d’un texte difficile car marqué tout à la fois pas une puissante oralité et une littérarité exigeante, chose qui constitue un véritable défi pour une langue en voie d’accession à la souveraineté scripturale comme le créole. A noter que les textes avaient été anonymés par les responsables de l’association BALISAILLE et qu’aucun membre du jury n’appartient à cette dernière.
Le jury a été agréablement surpris par la haute tenue d’un grand nombre de ces 22 traductions, ce qui est à n’en pas douter le fruit du travail accompli par les défenseurs du créole depuis quatre décennies dans les territoires où cette langue est parlée.

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Ceiba Festival : un festival du spectacle vivant, mais aussi du cinéma!

Du 1er au 31 mars 2023

Tropiques Atrium Scène nationale vous invite à ce nouveau rendez-vous des arts en mars.
Ceiba, Mapou, Fwomajé, Kapokier(*) désigne le même arbre. Un arbre géant, résistant, qui peut être centenaire. Celui de Saint-Pierre, ou Aimé Césaire venait se ressourcer, a résisté à l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 ! Majestueux, il s’élève vers l’azur, avec ses larges braches.
Il est donc un beau symbole pour suggérer l’enracinement, l’élévation et l’ouverture… Métaphore pour dire que l’Ici convoque l’Ailleurs !
Ceiba est un festival transversal du spectacle vivant, mais aussi le cinéma. Un festival du décloisonnement, avec comme axe central, le théâtre pour cette édition, qui se tiendra dans nos salles, mais aussi au CDST à Saint-Pierre, au Saint-Esprit et au Centre culturel de Fond Saint-Jacques.
Opéra, Théâtre, Musique, Conte, Danse et Cinéma illumineront vos soirées dans une programmation éclectique, intergénérationnelle, avec des artistes de Martinique et du monde. Un événement en écho à notre saison Là-titudes et en gardant le cap de la qualité, de la créativité.
Ceiba mettra en lumière à la fois des spectacles d’artistes émergents, mais aussi des œuvres majeures : Les Misérables, Les noces… de (Figaro), la chanteuse tunisienne Emel, Voix du printemps arabe…
Ceiba se projette aussi sur l’avenir avec des représentations ou actions pour les scolaires, des lectures théâtrales, prélude à de futures créations.

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La longue route des terminologies scientifiques et techniques en créole haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’un des premiers professeurs de sociolinguistique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), friand amateur de poésie et mathématicien de formation avant d’être linguiste, disait souvent, en salle de cours, que dans la langue usuelle comme dans la fiction poétique et romanesque, les mots ont une saveur, une tonalité, une résonance, une histoire, un sens premier ou différencié selon le contexte d’énonciation, selon le registre de langue et selon l’époque. Les dictionnaires de la langue usuelle et les terminologies spécialisées témoignent à des degrés divers de la pertinence des remarques du sociolinguiste de l’UQAM, et l’histoire de la migration des mots en témoigne lorsqu’ils se déplacent d’une époque à l’autre, d’un domaine à l’autre, d’un registre de langue à un autre. Les linguistes et sémioticiens qui suivent depuis plusieurs années les travaux de la psychanalyste et linguiste Julia Kristeva sont familiers de cette problématique repérable notamment dans son roman « Les Samouraïs » (Éditions Fayard, 1990) où la « parole est liée à un plaisir essentiel », à la « saveur des mots » (Kristeva, 1990 : 35), « à la musique des lettres » (ibidem : 38).

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Une vie de Césaire illustrée à l’usage des jeunes générations

— Par Michel Herland —

Césaire est mort à 95 ans en 2008. Pour les lycéens martiniquais âgés aujourd’hui de quinze ans Césaire fait partie du monde d’avant, celui d’avant leur naissance, lorsque le poète-député-maire commandait de près ou de loin l’actualité de l’île. Le livre qui vient de paraître n’a pas été écrit spécialement à leur intention, il vise sûrement un plus large public. Il n’empêche que sa place paraît toute trouvée dans les chaumières martiniquaises – comme celles de la diaspora – pour apprendre aux jeunes générations qui fut ce grand homme qui a tellement compté localement.

Césaire fut également très important pour nombre d’intellectuels africains qui l’ont découvert par le biais soit du Discours sur le colonialisme soit de la poésie ou du théâtre. On ne peut que souhaiter que cet ouvrage bénéficie du programme des publications subventionnées à destination de l’Afrique francophone et qu’il y soit largement diffusé.

On ne cherchera pas dans ce livre bref, à la typographie aérée, avec des illustrations en pleine page une analyse un tant soit peu complète de la vie de Césaire, a fortiori de son œuvre. 

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«  Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir », à voir et à entendre!

Felwine Sarr, encore un effort  si vous voulez être fanonien!(*)

— Par Roland Sabra —

Pour Felwine Sarr, économiste, philosophe, musicien, chanteur, poète, la scène d’un théâtre est non seulement le lieu de convergence de toutes ces qualités, mais aussi l’espace de rencontres improbables ou imaginaires, comme celle qu’il propose dans «  Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir » entre le poète français René Char (1907-1988) et le psychiatre et essayiste martiniquais Franz Fanon (1925-1961). Tous deux ont cette particularité d’avoir dépassé à un moment de leur vie le plein engagement de leur corps dans l’écriture par sa mise en danger physique et réelle dans un combat contre le nazisme. René Char écrit en 1941 :« Certes, il faut écrire des poèmes, tracer avec de l’encre silencieuse la fureur et les sanglots de notre humeur mortelle, mais tout ne doit pas se borner là. Ce serait dérisoirement insuffisant…». La guerre terminée il retournera à la poésie. Une poésie qui love son expression privilégiée dans l’aphorisme, le vers aphoristique, le fragment, le poème en prose, ce que le poète nomme sa parole en archipel (!).

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« Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir », adaptation libre, écriture : Felwine Sarr, m.e.s. : Dorcy Rugamba

Vendredi 9 décembre à 19h 30 / Tropiques-Atrium

Debout et libre!

Voilà comment résumer cette création originale qui part à la rencontre de trois hommes ayant choisi l’écriture comme art de toutes les résistances : René Char, le poète, Frantz Fanon, le médecin et Felwine Sarr, l’économiste pour qui la littérature est une nécessité vitale.

À leurs côtés, Dorcy Rugamba, metteur en scène, Marie-Laure Crochant, comédienne, T.I.E et Majnun, musiciens, unis dans une quête incessante de liberté et par la même volonté de nous proposer « des mondes habitables ». Ils donnent corps à cette partition plurielle et sensuelle qui tisse des matières sensibles : récits et chants, images et sons.

« Nous oublions que l’universalisme est pluriversel, que nous vivons la même expérience humaine mais que nous ne pouvons pas tous avoir le même visage de l’expérience humaine. » Comme les figures qu’il convoque, ce spectacle se dresse face à l’abject et propose de toujours articuler conscience individuelle et communauté de destin vers laquelle le futur nous pousse. ( Théâtre Contemporain )

Liberté, j’aurai habité ton rêve jusqu’au dernier soir

Adaptation libre, écriture : Felwine Sarr
Mise en scène : Dorcy Rugamba
Scénographie : Matt Deely
Musique : Majnun, T.I.E,

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En attendant cargo

Une lecture de La désapparition de Gerry L’Etang

— Par Jean-Durosier Desrivières —

Si l’on prend bien le pouls du champ littéraire franco-créolophone, si l’on suit bien les tendances, attitudes et habitudes nouvelles des lecteurs de ce champ, l’on peut aisément admettre que le grand public, antillais-français spécialement, n’est nullement en attente du dernier roman qui illustrerait l’esthétique de la créolité dont Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant faisait l’éloge1. Ce qui n’empêche au premier roman individuel de Gerry L’Etang, La désapparition (après Fillette Lalo, avec Dominique Batraville2), d’arriver dans le paysage des lettres caribéennes, avec une parole de Confiant propulsant l’auteur comme « une nouvelle voix de la créolité, à la fois singulière et puissante ». Certes l’on peut attester les traits d’une telle esthétique, tardive, dans le mince récit polyphonique de l’anthropologue martiniquais qui dresse le portrait d’une île – la sienne vraisemblablement – asphyxiée par une économie de comptoir, une économie de fiction, dans l’attente perpétuelle de la cargaison nécessaire qui, un beau jour, ne viendra peut-être pas. Mais cette étiquette ne suffit pas pour bien caractériser cette écriture foncièrement singulière.

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Six nouveautés poches chez Caraïbéditions pour cette fin d’année !

Raphaël Confiant, Miguel Duplan, Marie-Reine de Jaham et Viktor Lazlo pour la collection « Îles en poche ».
Pour rappel, cette collection accueille l’ensemble des romans grand format déjà parus au sein de notre maison d’édition ainsi que des romans parus en grand format chez des éditeurs hexagonaux tels que Gallimard, Grasset, Plon, Albin-Michel, Robert Laffont ou Le Seuil mais jamais publiés en format poche ou abandonnés depuis.
 
Bernard G. Lagier et Gaël Octavia pour la collection « Didascal’îles ».
Le principe de cette collection théâtre est de présenter des textes d’auteurs de la Caraïbe connus et reconnus qui ont déjà été joués sur scène.

– Titre : Les tremblements essentiels
– Auteure : Viktor Lazlo
– Date de sortie en librairie : 21 octobre 2022
– Collection : Îles en poche
– ISBN : 9782373111309
– Prix TTC métropole :  8,60 €
– Public : Tout public
– Format :   110 X 179 mm
– Paginations :  256 pages
– Résumé : Qui était vraiment Alma Sol, cette beauté caraïbe devenue une star de la chanson ? Pourquoi a-t-elle disparu du jour au lendemain ?

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« Le hasard dans l’art », une recension de l’ouvrage dirigé par Dominique Berthet, par Mireille Bandou Kermarrec

— Par Mireille Bandou Kermarrec —

Dominique Berthet (dir.), Le hasard dans l’art, Paris, L’Harmattan, coll. « Ouverture philosophique », série Esthétique, 2021, 222 pages.

Le présent ouvrage Le hasard dans l’art est la publication des actes du colloque qui s’est tenu en Guadeloupe, au Mémorial Acte, en novembre 2016. Ce colloque intitulé « Art et hasard » était organisé par le CEREAP. Les auteurs des textes qui composent l’ouvrage sont les intervenants à ce colloque. Ils sont sociologues, philosophes de l’art, critiques d’art et artistes plasticiens.

Le titre, Le hasard dans l’art laisse à penser que toute œuvre d’art contient une part de hasard qui modifie le projet de départ de l’artiste. Le hasard est-il un accident malheureux ou une chance pour l’artiste ? Quelle explication rationnelle, ou non, l’artiste donne-t-il au hasard ? Peut-il vraiment tout contrôler ? Comment fait-il face à l’inattendu ? L’artiste pourrait-il réagir de façon imprévisible à l’analyse critique de son œuvre ? Voilà quelques-unes des réflexions menées par les auteurs. Trois formes d’art sont prises en compte : la peinture, la sculpture et la photographie.

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Avignon 2022 : Les compagnies et artistes des Antilles sont au rendez-vous

Je ne suis pas d’ici, je suis ici

« Je viendrai à vous avec une armée de pauvres, des désastres programmés, avec les valets, les sous-fifres, les ombres en tablier, avec les mômes d’ouvrières, les fils de pas-de-papa et les filles de pas-de-bol, avec les déshérités, les spoliés, les déplacés, les possédés, dépossédés,
les assignés à résistance ! »
Ainsi parle celle à qui l’on demande ses papiers d’identité et qui en a marre. N’est-elle pas française, femme, noire… comme tout le monde ? Dans une performance où les images et les mots se confondent et où la poésie embrase le réel, le spectateur est entraîné dans la quête d’une terre sans frontières.

Poète, réalisatrice de fictions et de films documentaires, Véronique Kanor s’intéresse particulièrement à l’afrodescendance, aux sociétés en mouvement et aux questions décoloniales.
Sa pièce est tirée de son recueil Eclaboussure, publiée aux éditions Présence Africaine.

D’après Éclaboussure de Véronique Kanor © Présence Africaine 2011
Conception, mise en scène, interprétation Véronique Kanor

Conception sonore Lionel Elian
Administration La Noiraude et Compagnie

La Noiraude et Compagnie

Soutiens DAC Martinique, Ministère de l’outre-mer

De Vénus à Miriam, au pas de mon chant

La chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal invite la soprano martiniquaise Marie-Claude Bottius à entrer dans la danse pour réinventer totalement son spectacle « On t’appelle Vénus » présenté au TOMA 2015.

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Du 26 au 28 mai 2022, c’est mai poésie dans l’île d’Aimé Césaire !

Un festival d’un genre majeur en Martinique du côté de la commune de Saint-Esprit organisé par l’association Balisaille. Cet évènement articulé autour du thème « ‘’Parler poésie’’ a bénéficié du soutien de la DAC martinique, de la ville du Saint-Esprit qui a su faire de ce festival une activité phare de la commune à l’approche de sa fête patronale, et de la ville de Fort-de-France qui a mis à notre disposition la maison d’Aimé Césaire pour accueillir notre soirée du 27 mai 2022, en hommage à Jacques Stephen Alexis », a fait savoir le président de l’association, Daniel Boyer-Faustin tout en insistant que ce thème est tiré d’un texte inédit du grand poète Monchoachi.

Lire aussi : Widad Amra :  » Connaitre deux pays, deux histoires, c’est aller à l’universel »

Il a indiqué que cette grande fête de la poésie accueillera des auteurs de renommée internationale. Parmi eux, Joby Bernabé, Francis Combes, Raphaël Confiant, Patricia Latour, Lyonel Trouillot.

Qui sera l’invité d’honneur pour déployer les ailes de la poésie en ces instants ?

« La poétesse Widad Amra est notre invitée d’honneur, une manière pour nous de saluer le courage et l’audace de cette femme qui a tenu, parallèlement à son activité d’enseignante, à parler la poésie ».

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Balisaille : parler la poésie

Mai.Poésie / Festival d’un genre majeur 26-28 mai 2022 au Saint-Esprit

 Liminaire

Aimé CÉSAIRE : ce nom seul suffirait à faire de la Martinique une terre de poésie. Le rayonnement planétaire, la puissance du verbe, la magnificence des images de l’auteur du « Cahier d’un retour au pays natal », en font l’un des plus grands poètes du vingtième siècle. Cependant, paradoxalement, pendant que le roman, le théâtre, voire le conte ou le slam tiennent le haut du pavé, la poésie y paraît délaissée.

MONCHOACHI, en dépit de la force tellurique de sa poésie, n’est pas connu au-delà de certains cercles d’initié.e.s, et n’en demande pas davantage puisque volontairement il s’est retiré sur les hauteurs du Vauclin, d’où il ne serait sorti pour se montrer en public que deux fois en dix ans.

S’il ne s’agit nullement de dire que, comme l’auteur de « Lémistè », la poésie se fait rare au pays de Césaire, il est néanmoins évident que d’un point de vue strictement institutionnel celle-ci a encore à faire sa place dans le paysage culturel de l’île.

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La néologie scientifique et technique créole à l’épreuve des mirages du « monolinguisme de la surdité historique » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article « L’aménagement du créole doit-il s’accompagner de « l’éviction de la langue française en Haïti » ? » (Robert Berrouët-Oriol, Le National, 10 mai 2022) expose que « Le « monolinguisme de la surdité historique » est (…) un monolinguisme de l’enfermement idéologique sur les plans patrimonial, littéraire et juridique. De la sorte, il promeut auprès de l’ensemble des locuteurs haïtiens une sorte de demi-citoyenneté, et c’est également sur ce registre qu’il faut situer son opposition au partenariat créole-français ainsi que son incapacité à œuvrer à la didactisation du créole et à l’élaboration d’outils didactiques et lexicographiques de haute qualité scientifique en créole. » Dans le même article, il est précisé que « Le statut et le rôle des langues dans l’apprentissage scolaire en Haïti constituent un sujet majeur de société et ils ne doivent pas être traités de manière biaisée et selon les paramètres réducteurs et aveuglants de l’enfermement idéologique qui caractérise les discours propagandistes des Ayatollahs du créole. » Cette manière d’éclairer le noyau central du discours des « créolistes » fondamentalistes sur la question linguistique haïtienne doit être davantage explicitée afin de conforter la nécessité du recours aux sciences du langage pour mieux apprécier les enjeux d’un débat qui se situe à la croisée de la linguistique, de la didactique et de l’éducation.

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La pré-sélection du jury du Prix international de l’invention poétique et de la traduction en langue.s créole.s

À l’appel à textes de la première édition de BALISAILLE—Prix international de l’invention poétique et de la traduction en langue(s) créole(s) — près d’ une cinquantaine de textes ont été soumis, dont les deux tiers ont été produits en langue française.

Cette première salve de productions en provenance de nos territoires majoritairement créoles, créolisés ou créolophones démontre la prolixité de nos imaginaires, laissant poindre une apparente dominance du français. Pourtant, les géographies des impétrant.e.s interrogeraient ce déséquilibre, avec une majorité de poèmes en provenance d’Haïti. Cela n’enlève rien à la qualité de ce concours dont la récompense sera la publication du recueil de la ou du gagnant.e. Une tâche qui requiert rigueur, attention et équité.

Au-delà des considérations paritaires de genre et d’origine géographique, le critère de sélection primordial demeurait la qualité de l’inventivité poétique, du lyrisme des auteur.rice.s considéré.e.s.

Les travaux des membres du jury ont été entamés sous ces auspices et, après une première délibération le dimanche 8 mai 2022 en réunion virtuelle, une pré-sélection de trois textes finalistes ont été distingués dans chacune des catégories:(textes en langue française et textes en langue(s) créole(s).

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À propos du triomphe de…

— Par Dominique Domiquin —

Krik ! Si dans l’Hexagone, le centriste Emmanuel Macron a été reconduit à la tête de l’État grâce au barrage républicain Anti Le Pen ; en Guadeloupe antivax, 70% des votants ont plébiscité l’extrême droite à l’élection présidentielle d’avril 2022. Ceci après avoir cru en Mélenchon, le Père-Noël d’extrême gauche, au 1er tour. A la télé, au soir des résultats, un représentant du FN-mofwazé-en-RN clouait ainsi le bec à son adversaire : « Ah, ça suffit ! Notre mouvement n’est pas raciste, la preuve : l’outremer a massivement voté pour nous ! ». CQFD.

La veille, dans un bureau de Guadeloupe, un citoyen claironnait fièrement « An kay voté pou madanm an-mwen ! »(Je vais voter pour ma femme !) Sa joie militante et sexuée ne causa ni surprise, ni dédain. On sourit et on vaqua à l’isoloir derrière lequel tout est noir. Jadis, au journal de 20 heures, l’œil moite et sucré, Lucette Michaux-Chevry murmurait langoureuse à un Chirac rougissant : « Jacques, tu es mon doudou en politique ! » Ça n’a gêné personne.

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L’assimilationnisme d’extrême-gauche : nouvelle réalité ou révélation ?

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi apparaît pour la première fois sous la plume de Raphaël Confiant, du moins à ma connaissance, l’expression d’un assimilationnisme d’extrême-gauche naissant en Martinique. Depuis l’avènement du statut départemental d’outre-mer, l’histoire politique martiniquaise est celle de l’opposition supposée entre les assimilationnistes de droite et de gauche dans un assimilationnisme global assumé par tous. En effet, les oppositions sont de méthodes, de visées électorales et ne concernent jamais la remise en question de l’assimilation.

La lutte pour le pouvoir n’a pas occulté l’ambition commune même si le vocable « assimilation » a été accolé à la droite. Utilisée comme pour se défaire d’une tare supposée, l’expression « droite assimilationniste » est amusante dans la bouche des communistes qui ont inspiré la loi d’assimilation de 1946 puis l’ont ardemment défendue avec l’aide de la courroie de transmission du parti, le syndicat CGT. Fer de lance de l’application à la Martinique des lois sociales et aiguillon de la droite, l’objectif était de faire en sorte que la Martinique soit le plus possible un « département à part entière », souci partagé par Césaire lui-même, qui l’a formellement exprimé et traduit en plusieurs actes dont le moratoire.

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« Pour promouvoir une lexicographie créole de haute qualité scientifique »

Lettre ouverte au MIT Department of linguitics 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Chers collègues,

La présente lettre ouverte, adressée(*) en anglais et en français au Département de linguistique de l’une des plus prestigieuses institutions scientifiques américaines, le Massachusetts Institute of Technology (MIT), a pour but d’interpeller cette institution au vu et au su de tous, au grand jour, tout en soumettant au débat public une réflexion citoyenne sur le rôle de cette université dans la production/diffusion, à travers le système éducatif haïtien, d’un lexique anglais-créole pré-scientifique et pré-lexicographique de 848 équivalents « créoles » fantaisistes, erratiques et non conformes au système de la langue créole. Intitulé « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative », ce lexique a été manifestement conçu par des anglophones peu familiers de la langue créole et de la culture haïtienne, dépourvus de compétence avérée en lexicographie professionnelle et il constitue l’unique outil lexicographique utilisé par le MIT – Haiti Initiative Project à l’école Matènwa (Île de La Gonâve). Il est également en usage dans des séminaires de formation d’enseignants en dehors de toute évaluation scientifique connue du ministère de l’Éducation d’Haïti.

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*Tous les Présidents et Premiers Ministres de la Caraïbe sont vaccinés*

— Par Raphaël Confiant —
Et ils ne l’ont pas fait anbafey, en catimini, comme la grande majorité de nos politiques martiniquais mais bien publiquement. Photos à l’appui !
Que ce soit dans la Caraïbe insulaire ou continentale TOUTES et TOUS les dirigeants de ces pays se sont fait vacciner depuis… février ou mars 2021.
Ce faisant, ils ont appelé leurs compatriotes à suivre leur exemple et ont lancé des campagnes de vaccination qui ont eu 10 mois plus tard des résultats probants puisque la moyenne des personnes vaccinés dans la Caraïbe en ce mois de décembre dépasse les 67% contre à peine 35% en Martinique.
Cela ne doit-il pas nous interroger, nous qui aimons à nous proclamer « Caribéens » à la moindre occasion ?

Sommes-nous plus savants ou plus intelligents que ceux que nous nous plaisons à appeler « nos frères caribéens » ? Car ces derniers n’ont pas fait dans le détail : ils ont utilisé aussi bien les vaccins à ARN Messager comme Pfizer, Astra Zeneca ou Moderna que les vaccins classiques comme le vaccin cubain Abdala, le russe Spoutnik V ou le chinois Sinopharm.

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Festival Filao 2021

18 & 19 décembre 2021 à Saint-Pierre

Fabrice di Falco réuni sur scène des artistes qui ont accepté d’offrir leurs passions et de la partager gracieusement.

La ville de Saint-Pierre accueille le festival Filao : Opéra, créole jazz, bélè, théâtre, danse, pour un week-end festif avec des artistes de renoms sous la direction artistique de Fabrice di Falco… Tous les ingrédients pour découvrir la ville de Saint-Pierre avec des formes artistiques différentes proposé au public gracieusement comme cadeau de Noël. Un moment de rencontre et de partage sous l’arbre de Noël Antillais, comme un week end de réveillons artistique avant les fêtes de fin d’année.

Un festival organisé par l’Association, Les Contre Courants, président Julien Leleu. Avec le soutien de la ville de Saint-Pierre, le comité Martiniquais du tourisme, la DAC Martinique, la collectivité de Martinique, la Fondation Clément, la Caisse des Dépôts et la Fondation Orange.

Le mot du Président Fabrice Di Falco
Notre volonté est double : célébrer l’alliance de la littérature, du théâtre et de la musique, et honorer la Martinique à travers ses créateurs ou ceux qui l’ont chantée : Aimé Césaire, Raphaël Confiant, Patrick Chamoiseau, Daniel Picouly … C’est la région et la ville de Saint-Pierre qui seront mises en valeur pour ce festival d’art et d’histoire.

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Littérature : le poète Martiniquais Loran Kristian remporte le 31e prix Carbet

Les silences du poète racontent.
Ils racontent un silence qui fait peuple.
Un silence de mots qui nous emportent loin, si près de nous-mêmes,
À l’écorché des âmes.
Mots-hommages qui boucanent aux aurores,
Mots-furtifs qui luisent aux nuits de sabbat.
Mots-Liberté,
Mots-debout dans l’asphalte poudrée en son or,
Mots pour dire son précieux reflet,
Mots-purs, intenses, neufs qui s’inscrivent dans les soubresauts de nos horizons actuels.
Mots-oxygène, ils sont,
Mots instants de vie,
Mot-solitude,
Mot-amour
Mots-résistances qui échappent aux discours dominants.
Mots-mélodies,
Mots-mélancolies,
Aux accents et aux imaginaires de nos « moi » créant ainsi un langage singulier, une langue unique qui manifeste nos alphabets caraïbes et américains.
Mots si près de l’humain,
Mot-émancipation,
Mot-décolonisation,
Mot-souverains,
Mot-destruction des mondes anciens et rétrogrades.
Mots-sans peur qui ne se soumettent pas aux ordres militants.
Mot-Liberté.

…Je dépose ça là, en silence, pour la hauteur du combat avenir…

Mots qui nous obligent à dire : le Prix Carbet de la Caraïbe et du Toutmonde, réuni à Paris, ce 11 décembre 2021, est attribué à Loran Kristian
pour son ouvrage Les mots de silence paru chez K.

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Guadeloupe grève toujours, responsables jamais !

— Par Dominique Domiquin —

— Avant-propos de Jaky Dahomay —

Je vous transmets ce texte que m’a communiqué Dominique Domiquin et qui me semble bien exprimer l’état dans lequel nous sommes plongés.
J’en profite pour exprimer mes regrets concernant ma dernière prestation télévisée. J’avoue que j’avais du mal à saisir la pertinence des questions de la journaliste.
Je remercie Dominique Domiquin de me considérer comme un Ancien. Il y a là le témoignage du respect dû à un ainé. Cela tranche avec les qualifiquatifs qu’on m’a jetés antérieurement ; Il y a 15 ans Gaby Clavier m’avait mis dans une ambulance « on ne tire pas sur une ambulance » avait-il déclaré me concernant. Puis en 2009, Domota m’avait qualifié d' »intellectuel moribond ». Aujourd’hui, un brillant intellectuel, le dénommé Georges Boucard, surgi d’on ne sait où, écrit me concernant: « M.Dahomay est plus près du trou que du berceau, il est plein de morbidité. ». Je ne sais pas ce qu’il entend par « trou » mais depuis je ne cesse de chanter -et je ne sais pourquoi- un air sur lequel on dansait quand nous étions plus jeunes : »Sé manzel Nana qui ni on gran twou…si ou vwè ou tombé an twou a Nana, ou pa sèten soti la vivan.. 

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La prise à revers de la volonté populaire par la politique de rupture

— Par Yves-Léopold Monthieux —

De toutes les adversités qui ont marqué les Martiniquais, il n’est généralement retenu que celles qui sont imputables à l’Autre. Il semble convenu une fois pour toutes que les souvenirs douloureux de l’esclavage et de la colonisation sont dotés, en plus de leur mission honorable de tenir la mémoire en éveil, d’une tâche moins noble qui consiste à jeter un voile sur toute circonstance malheureuse qui pourrait venir de nous-mêmes. Comme si on s’estimait frappés par une sorte d’incapacité congénitale à se sentir responsables un tant soit peu de notre sort. Comme si l’idéologie et le terrorisme intellectuel, le consumérisme et le clientélisme électoral avaient dévalué l’Homme martiniquais.

Aimé Césaire n’était pas dupe des inclinations de son peuple et ne se privait pas à l’occasion de jouer au Père Fouettard. Les expressions « mendiants arrogants« , « mendiants exigeants et ingrats« , « danseuses de la République« , et la fameuse interrogation « mon peuple (…) quand donc cesseras-tu d’être le jouet sombre au carnaval des autres«  traduisent des inquiétudes qu’il formulait entre deux attaques contre le colonialisme.

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Appel d’un collectif d’écrivains : il faut barrer la route au retour de l’emprise mortifère du duvaliérisme en Haïti

— Par un collectif d’écrivains, enseignants-chercheurs, universitaires, essayistes, acteurs socio-professionnels et citoyens engagés —

Notre pays que voici vit les heures les plus sombres de son histoire depuis la défaite de la dictature duvaliériste en 1986. Les nouvelles rapportées quotidiennement par la presse nationale l’attestent au défilé mutique des corbillards : massacres impunis commis par les gangs armés dans les quartiers populaires, violente répression des manifestations pacifiques du fait de la Police nationale d’Haïti instrumentalisée par l’actuel Exécutif, décapitation de l’appareil judiciaire, mise en coma du Parlement, assassinats sélectifs en pleine rue, intensification des enlèvements contre rançon, etc. Comme au temps funeste de Papa Doc Duvalier, il semble venu le temps de se parler par signes. Et la peur et l’angoisse se réinstallent dans les foyers, les parents hésitent à envoyer leurs enfants à l’école, et tôt en fin de journée les paisibles habitants des principales villes du pays se barricadent chez eux, craignant d’être la cible des gangs de rue et des zenglendos recyclés dans les basses œuvres du pouvoir politique.

Notre pays que voici a mal à l’idéal du vivre ensemble légué par les fondateurs de la Patrie en 1804.

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