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Sony Congo ou la chouette petite vie bien osée de Sony Labou Tansi

Tropique-Atrium : les 14 & 15 janvier 2016

sony_congoTexte Bernard Magnier / Mise en scène Hassane Kassi Kouyaté

Avec ses pièces enfiévrées, d’abord créées à Brazzaville par sa troupe, le Rocado Zulu Théâtre, ensuite livrées sur les scènes de Paris, Bruxelles ou New York, en passant par les capitales africaines, avec sa langue subversive et attentive aux injustices, avec ses romans iconoclastes, Sony Labou Tansi est l’une des voix majeures du continent africain.

Ce spectacle souhaite rendre compte de la destinée de ce créateur météore né en 1947 et décédé en 1995.

Deux comédiens. L’un est Sony Labou Tansi et porte sa parole. L’autre, un lecteur, passeur, qui feuillette l’œuvre de l’écrivain, relate sa destinée, retrace son itinéraire de création, son attachement à la terre africaine, son ancrage au Congo et sa volonté de s’adresser au monde. Tous deux devenant les interprètes de quelques brefs passages de ses pièces.

Dans la mise en scène d’Hassane Kassi Kouyaté, extraits de l’œuvre, musique, documents sonores et vidéos se mêlent pour donner à entendre un talent immense d’une urgente actualité. Sony Congo ou la destinée singulière d’un créateur.

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Comme de grands oiseaux querelleurs : La Nuit des assassins

— Par Selim Lander —

la nuit des assassinsQue faut-il pour faire du bon théâtre ? On l’a peut-être déjà écrit dans l’une ou l’autre de ces chroniques, mais cela vaut la peine de le répéter tant les compagnies d’aujourd’hui ont tendance à l’oublier. Rappelons donc la recette : un bon texte, une bonne mise en scène et de bons comédiens. Ces trois éléments étant présentés ici dans un ordre qui n’est pas hiérarchique (ils sont tout aussi nécessaires) mais simplement chronologiques : le texte existe avant que le metteur en scène ne s’en saisisse et qu’il le travaille d’abord seul puis avec les comédiens. Cela n’implique pas que ces derniers ne puissent avoir leur part dans la compréhension du texte, que des aller-retour ne soient possibles entre le metteur en scène et eux, de même que, si l’auteur est encore vivant, d’autres aller-retour ne soient possibles entre lui et ses interprètes, mais le schéma est grosso modo celui-là.

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« La nuit des assassins » de José Triana, mise en scène Ricardo Miranda

Au T.A.C. les 19, 20 & 21 novembre 2015 – 19h30

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Une mise en scène de Ricardo Miranda d’un texte de José Triana.
Avec :
Caroline Savard: Beba
Astrid Mercier: Cuca
Guillaume MaIasné: LaIo

Compagnie L’Autre bord

Résumé

Dans la cave de La maison familiale, Cuca, Lalo et Beba jouent à mettre en scène le meurtre de leurs parents. Victimes d’une éducation castratrice et répressive, ils utilisent le jeu symbolique pour soigner leurs plaies toujours béantes.
Ils créent un artefact théâtral dans lequel ils interprètent leur propre rôle, ceux des parents et aussi des personnages liés au présumé parricide de la rue Apodaca. Emprunter l’identité des autres personnages devient alors un moyen d’exorciser leurs démons et de révéler la nature et la genèse du conflit.

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Antigone : entre péplum et bande dessinée

— Par Roland Sabra —

antigone3C’était une « scolaire ». une représentation pour un public de collégiens et lycéens. Une de ces représentations que parfois les comédiens redoutent. Nombre d’entre eux se souviennent avec douleur de pièces interrompues par le chahut de la salle. Public intransigeant à qui « on ne la fait pas », du genre « ça passe ou ça casse ». Public généreux et spontané dans ses appréciations, ses interrogations, son questionnement comme en témoigne le dialogue qui s’installe à la fin de chaque représentation entre le plateau et la salle. Ce jour là ils étaient conquis. Les autres fois aussi parait-il. On veut bien le croire. Du grand spectacle. Du spectacle en grand. En grandes dimensions. Les plateaux de la salle A. Césaire et de la salle F. Fanon de « Tropiques-Atrium » étaient pour la première fois dans l’histoire de la bâtisse réunis et la scène offrait une profondeur de champ inédite. Les chœurs innombrables en toges installés avant l’ouverture sur les balcons latéraux contribuaient à cette impression d’un public cerné par la tragédie avant même que la narration en soit faite puisque la révolte contre la tyrannie est le devoir de tout un chacun à toute époque et en tout lieu.

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« Antigone », dans une mise en scène d’Aurélie Dalmat

antigone-dalmatVendredi 16 octobre
Samedi 17 octobre

Scolaires le 8, 9, 12, 13 & 15 à 9H
Jean-José Pellan – 0596 70 79 37
Lynda Voltat – 0596 70 79 29
20H – salle Aimé Césaire & Frantz Fanon

Antigone est la fille d’OEdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Ses deux frères, Étéocle et Polynice se sont entretués pour leur succéder. Créon, frère de Jocaste est -à ce titre- le nouveau roi, décide de n’offrir de sépulture qu’à Étéocle. Celui qui désobéira, sera puni de mort. Personne n’ose braver l’interdit, sauf Antigone, qui sera jugée et condamnée à être enterrée vivante…
« Parce qu’Antigone est une grande tragédie. Parce qu’Antigone est le drame qui met en scène le sentiment de l’injustice face aux règles établies, Antigone nous interroge… Et pour plus de vérité dans la catharsis, nous avons choisi de mêler le souffle de Sophocle au nôtre, à notre langue, à celle de Georges Mauvois, le créole, pour un aller-retour constitutif de notre « oraliture ».

Aurélie Dalmat
Comédienne et metteur en scène expérimentée, elle crée le TAM Théâtre en 2006.

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« Théâtre à l’hôpital » d’Arrabal à Paiement au Centre Emma Ventura

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— Par Roland Sabra —

« Théâtre à l’hôpital » ! L’expression est polysémique à souhait. De quoi s’agit-il au Centre Emma Ventura à Fort-de-France ? Non pas d’un énième attelage boiteux entre art et thérapie dont on sait qu’il fricote avec l’imposture.
Comme le dit brutalement Enzo Toma le metteur en scène du Teatro Kismet de Bari en Italie : « Je ne crois pas en l’art thérapie. La thérapie est codifiable. Elle est chimie quand l’art est alchimie. Le médecin et les artistes doivent certes trouver un langage commun et travailler conjointement, mais l’art ne sera jamais une thérapie. L’art thérapie, c’est la mort de l’art. L’art est toujours en mouvement. Il est source de conflits et de désordres alors que la thérapie permet d’y remédier… »
A Fort-de-France il s’agit pour le moment d’un simple hébergement de l’atelier de théâtre amateur de L’Autre Bord Compagnie. Depuis 2013, tous les mardis soirs de 18h 30 à 21h 30 ils sont une douzaine à se rendre dans la salle polyvalente de l’hôpital pour se livrer au plaisir de la scène.

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« La Machine à beauté » ou la comédie des apparences

— Par Selim Lander—

Machine à beauté2Salle comble à l’Atrium pour la représentation de La Machine à beauté, une pièce de Robert Bellefeuille d’après le roman de Raymond Plante (Québec). Le spectacle a déjà tourné dans des collèges et mériterait de s’exporter tant la forme paraît en adéquation avec le propos. Ce dernier est simple : pour être unanimement désirée la beauté perd de son charme lorsqu’elle devient le lot commun ; si, en outre, il n’existe que deux canons de la beauté, un pour chaque sexe, la parfaite ressemblance entre tous s’avère une gêne insupportable ; et chacun de préférer retrouver son état initial. Au-delà de cette « thèse » dont on dira plus loin ce qu’il faut en penser, on voit  tout de suite les ressorts comiques d’un tel sujet : personnages caricaturaux, quiproquos lorsque tous sont devenus semblables, retournements de situation. Le texte qui est destiné à un public d’enfants et d’adultes développe tout cela avec autant d’efficacité que de simplicité. Mais une pièce comme celle-ci ne serait rien sans l’interprétation qui la porte. Ricardo Miranda (à la mise en scène) et les comédiens de la compagnie L’Autre Bord, qui nous avaient déjà très favorablement impressionné à la fin de la saison dernière dans La Nuit des assassins de José Triana, marquent à nouveau un grand coup avec cette comédie d’une tonalité entièrement différente mais dans laquelle on retrouve une signature commune, le rythme soutenu du début à la fin et un dispositif scénique qui se limitant à des cubes, même si certains sont ici solidement assemblés pour constituer la machine éponyme.

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La Nuit des assassins : des paumés magnifiques

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Par Selim Lander – En compagnie de Yoshvani Medina, puis de Ludwin Lopez et maintenant en solo, Ricardo Miranda a permis au public martiniquais de découvrir un théâtre latino-américain riche d’invention, de fantaisie, de mystère, où le sacré n’est jamais bien loin. Avec La Nuit des assassins Miranda puise une nouvelle fois dans le répertoire cubain. José Triana a écrit là un vrai texte de théâtre moderne, qui captive moins par les ressorts de l’intrigue que par l’étrangeté de la situation dans laquelle les personnages se trouvent plongés. Pourquoi sont-ils réunis, qui sont-ils, que veulent-ils, à quoi jouent-ils ? Telles sont les questions auxquelles chacun est invité à apporter ses propres réponses. À cet égard, on peut se demander s’il est pertinent de donner au futur spectateur, comme fait le programme du Théâtre municipal, autant de clés pour « comprendre » la pièce. N’est-il pas préférable de le laisser se faire sa propre opinion en toute autonomie ? Certes, il faut bien un « pitch » pour le convaincre d’assister au spectacle, mais il ne faut pas moins se garder d’imposer une interprétation a priori.

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« La nuit des assassins » : une création prometteuse de Ricardo Miranda

Retenue pour le Festival d'Avignon en juillet 2014

—Par Roland Sabra —

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« En éduquant l’enfant, les parents placent en lui leur conscience déjà formée et ils engendrent leur mort. Ce qu’ils lui donnent, les parents le perdent, ils meurent en lui. Les parents contemplent dans le devenir de l’enfant leur propre suppression dialectique » Hegel « Conférences »

La pièce « La nuit des assassins » écrite par José Triana à Cuba en 1964 a connu et connait encore un succès mondial plus particulièrement en Amérique du Sud et en Europe. De quoi s’agit-il ? Enfermés dans un grenier deux sœurs et un frère imaginent, miment, mettent en scène l’affirmation hégélienne bien connue selon laquelle« les enfants sont la mort des parents ». Prurit boutonneux, crise d’adolescence, révolte contre le Père ? Se contenter de cette lecture serait bien superficielle. Les frères Castro ne s’y sont pas trompés. Ils y ont vu un appel à la résistance à l’oppression et leur sens développé de la démocratie, comme chacun sait, a conduit au début des années 1980 José Triana à l’exil en France.

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« La nuit des assassins » : un artefact théâtral

8ème Rencontre Théâtre Amateur

— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

la_nuit_des_assassins-2« L’Autre bord Compagnie » s’attaque au drame familial à travers l’une des œuvres les plus subversives de José Triana. « Dans la cave de la maison familiale, à l’aide de jeux et de souvenirs d’enfance ,trois frères et sœurs Lalo, Cuca et Beba se transforment en acteurs qui jouent leurs propres rôles, ceux de leurs parents et des autres personnages liés au présumé parricide. Rien de mieux que le jeu pour soigner leurs plaies toujours béantes. » Commettrons t-ils l’irréparable ?
Le théâtre de José Triana répond à deux courants de la scène européenne des années soixante : l’esthétique absurdiste et le théâtre cérémonial, héritier du théâtre de la cruauté. Il remet en question toute l’organisation des idées et des pratiques qui représente une manière de calmer des états de tensions agréables ou désagréables lié à toute une éducation, c’est-à-dire la transmission d’une culture qui conditionne les structures profondes de la personnalité à qui elle fournit un incontournable système de valeurs-attitudes.

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« Nous étions assis sur le rivage du monde » de José Pliya, mise en scène de Nelson-Rafaell Madel

Antigone tropicale

affiche_assis_rivagePar Selim Lander – Nous étions assis sur le rivage du monde : magnifique titre qui peut tout laisser imaginer. Il s’agit d’humains, nécessairement, de nos frères, mais sont-ils la pointe la plus avancée de notre espèce, ceux qui sont allés au bout du possible, ou sont-ils au contraire des parias relégués au bord du monde ? Ni l’un ni l’autre, en réalité, mais la pièce penche plutôt vers le passé que l’avenir. Ses personnages sont englués dans les séquelles « d’une histoire de cinq siècles », celle des îles comme la Martinique où elle a été écrite. Le futur idéal, celui d’une humanité réconciliée, existe bien dans la tête de l’héroïne, mais celle-ci est si ambigüe, si capricieuse, qu’on ne sait si son discours est fondé sur autre chose qu’une obstination puérile à refuser de voir la réalité en face. 

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Rencontre aux confins du monde

En tournée en Guadeloupe et en Martinique. Dates ci-après.

—Vu par José Alpha —

nous_etions_assis(Photo de J. Alpha)

C’est en recevant la violence qui émane de la scène finale de la pièce « nous étions assis sur le rivage du monde «  de José Pliya, mise en scène efficacement par Nelson Rafael-Madel pour la Cie Théâtre des deux saisons,  donné au Théâtre de la Ville à Fort de France ce 13 février dernier, que j’ai réalisé la relation filiale et poétique avec  « Une tempête » d’Aimé Césaire.
Et le reback du déroulement dramaturgique proposée par Pliya dans un style très fin et progressif, permet de comprendre les origines de son inspiration.   « Je vais te battre, te battre avec mon sexe, avec mon corps … » dit l’homme dérangé sur « sa » plage, son ile, son univers protégé des démons sociaux et économiques, par cette « femme » blanche têtue qui tient à retrouver le lieu où elle a connu l’insouciance bienheureuse de son enfance.  Mais le monde a changé et les traces de l’enfance ont disparu dans les ressacs de la mer. 

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Un drame du retour au pays natal

« Nous étions assis sur le rivage du monde » de José Pliya, dans une mise en scène de Nelson-Rafaell Madel

— Par Roland Sabra —

etions_assis_ramu_follyUne femme revient dans son pays. Elle a donné rendez-vous à des amis pour un pique-nique sur la plage de leur enfance , « Le rivage du monde ». Quand elle arrive, ses amis ne sont pas encore là. Elle trouve un homme, qui lui dit que cette plage est privée, que son accès est désormais interdit. Il lui demande de s’en aller. Elle insiste. Elle ne veut pas comprendre. Il finit par lui dire qu’il ne supporte pas sa couleur de peau, que celle-ci est porteuse d’une mémoire qui n’a pas sa place sur le rivage du monde, qu’elle s’en aille !

 Tout comme «  On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve» (Héraclite) le pays de l’enfance que l ‘on a quitté n’est jamais plus celui que l’on croit retrouver. C’est un pays perdu, toujours recomposé dans le travail de la mémoire, livré à l’érosion des sentiments, au ravinement des émotions, au soulèvement de faits que l’on croyait soigneusement enfouis

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Lettre ouverte des artistes martiniquais

lettre_ouverte Madame, Monsieur,
Les responsables politiques,
Nous avons l’honneur de vous interpeller sur un certain nombre de faits et par la même occasion vous livrer notre position et le regard que nous portons sur nombres de pratiques qui perdurent en Martinique dans le milieu artistique et culturel.
Des pratiques et attitudes non conformes aux usages qui voudraient que soient pris en compte sur un territoire, les travaux des professionnels des arts et de la culture du dit territoire, sauf qu’ici en Martinique, ces usages sont loin d’être appliqués car, des préjugés d’un autre temps, qui semblent être encore d’actualité, continuent d’alimenter les choix artistiques faits par tant de fonctionnaires hexagonaux déplacés, mutés ou nommés ici, en charge du développement culturel et artistique, et sans qu’ils ne soient accompagnés de personnes ressources de notre territoire, qui connaissent la valeur des artistes et techniciens martiniquais.

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