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Déconstruisons la doxa gouvernementale

— Par Serghe Kéclard —

Déconstruisons, désormais, les discours gouvernementaux à partir de ce simple postulat : les plus grands pourvoyeurs de fake news sont souvent les gouvernements et, en ce qui nous concerne, nous, originaires de ces territoires dits ultra-marins, singulièrement, le gouvernement français (avec sa Justice, son École, ses médias mainstream…)

Des exemples ? Ils sont à ramasser à la pelle, afos i ni doukwé !

  • L’Afrique est un continent pauvre (et non appauvri par les cupides grandes puissances européennes, comme le signale l’historien guyanien Walter Rodney dans son ouvrage : How Europe underdeveloped Africa / Et l’Europe sous-développa l’Afrique) : «Le développement de l’Afrique n’est possible que sur la base d’une rupture radicale avec le système capitaliste international qui a été le principal agent du sous-développement de l’Afrique au cours des cinq derniers siècles.»;

  • Christophe Colomb a découvert l’Amérique (dépouillée, dès lors, de son nom originel et de ses premiers habitants génocidés) ;

  • Nos Ancêtres étaient gaulois et habitaient des huttes en bois… (et non des hommes, des femmes, des enfants spolié.e.s d’Abya-Yala, déporté.e.s

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Entre le désir d’égalité et la volonté de rupture c’est le chaos.

Par Yves-Léopold Monthieux

Quand cessera-t-on de faire croire aux Martiniquais que l’égalité complète entre les Antilles et la France est possible ? A 8000 kilomètres, une île de 1000 km2, une terre européenne en milieu tropical dont aucune production sortie de terre ou fabriquée par des mains de Martiniquais européens ne peut rivaliser avec la concurrence. Cela n’a jamais été possible et ne le sera pas, le croire a toujours été et sera toujours source de frustrations, le prétendre encore c’est tromper les Martiniquais. Cette persévérance après tant d’échecs ne peut que mener au pire.

La départementalisation administrative et sociale a été en grande partie réussie au terme des 20 années qui ont suivi les incidents de décembre 1959. La dernière mesure emblématique avait été la loi dénommée en Martinique « Femmes seules ». Cette disposition n’avait pu qu’aider au score martiniquais de Valéry Giscard d’Estaing à l’élection présidentielle de 1981. En 1995, l’alignement du SMIC domien sur celui de la métropole était salué comme l’achèvement de cette égalité sociale.

En revanche, l’égalité économique dans les DOM a toujours été en recherche de solutions.

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Un autre poncif était tombé : le « SMA – armée d’occupation ».

— — Par Yves-Léopold Monthieux 

Au moment où en son 60ème anniversaire le Service militaire adapté (SMA) croule sous les éloges, y compris de la part de ses anciens détracteurs, il est utile de rappeler que cette institution a subi à ses débuts le même opprobre que le BUMIDOM. Le SMA avait été accusé « d’armée d’occupation coloniale » et pendant plusieurs années, les activistes de l’époque qui se sont embourgeoisés depuis perturbaient chaque année le défilé du 14 juillet qui se déroulait sur le Font de mer. Ces manifestations prirent fin avec la mort d’une « marchande de pistaches », Mme Lacrampe, qui avait reçu à la tête un projectile destiné aux militaires. Cet épisode sonna donc la fin du cycle d’autant plus que, jour après jour et en divers points de l’île, le SMA procédait à l’ouverture de routes, la construction de ponts, l’édification de cités, etc… Autant de réalisations au cours desquelles les appelés du contingent acquirent une formation et une expérience professionnelles. Aujourd’hui le SMA est, de l’avis de tous, le fleuron en matière de formation des jeunes martiniquais.

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La captation par les « Sachants » du « Génocide par substitution » : une rare escroquerie intellectuelle.

Par Yves-Léopold Monthieux

« Il n’y a pas de génocide par substitution », ose écrire Mme Nadia Chonville qui dit pourquoi. Dénuée du romantisme habituel qui accompagne le récit national, son argumentation est lumineuse. De la part d’une intellectuelle martiniquaise, l’affirmation est courageuse. Heureusement qu’elle a pu se construire une crédibilité dans la presse locale. Sinon elle aurait rencontré des difficultés à se faire entendre.

Ainsi donc, sous la plume de la sociologue qui pourrait être la petite fille de bien d’entre nous, on peut lire un article iconoclaste sur le « génocide par substitution ». Pour la chercheuse martiniquaise, l’expression de Césaire est un « marronnier de la vie politique antillaise » qui, tel que présenté au peuple ne répond pas à la réalité. Il s’agit d’une formule commode véhiculée par les « sachants » martiniquais qui écrivent « l’histoire à côté de l’histoire ». Elle fait partie de ces « vérités » construites dans le cadre du cahier des charges dicté par les fabricants du roman national martiniquais. Plus précisément, la formule de Césaire est une aubaine.

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La mort est en nous

. — Tribune du jeudi Guy Flandrina —

« Un homme libre ne pense à aucune chose moins qu’à la mort,
et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie ».

Spinoza

. Il y a peu, des membres de la liste MCM, se sont entretenus avec le docteur Josiane Jos Pelage afin de mieux appréhender la problématique de l’empoisonnement à la chlordécone.

. Cette rencontre -hors de tout champ politique- visait à entendre la voix de la science, pour agir en conscience.

. Josiane Jos Pelage est l’un des trois médecins de Martinique ayant un diplôme universitaire en médecine environnementale. En outre, sa longue expérience de praticienne et sa grande implication professionnelle et personnelle en font un médecin de référence quant à notre sujet. Cette femme, d’un optimisme à tous crins, a tout de même réussi à nous faire partager sa « grande inquiétude quant à la santé de plusieurs générations de nos compatriotes ».

. En effet, comme nombre de ses confrères, membres de l’Union Régionale des Médecins Libéraux (URML), elle constate que « les cancers, aux formes multiples, sont de plus en plus nombreux et frappent un nombre croissant de jeunes ».

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C’est peut-être cela le récit national martiniquais

Par Yves-Léopold Monthieux

Lorsque l’un des médecins qui a pratiqué l’autopsie du jeune Marie-Louise de l’affaire Chalvet m’a déclaré que « tout peuple qui se construit a besoin de mythes », je n’avais pas compris que le praticien pouvait, avec un tel aplomb, s’accommoder de la déconsidération d’un acte médical qu’il avait cosigné. Je lui avais simplement dit mon étonnement que l’histoire fût sur le point de retenir des conclusions médicales contraires aux siennes et à deux de ses confrères.

 Quelques années plus tard, Gilbert Pago donnait à l’Atrium une conférence relative à son livre sur l’insurrection du sud de la Martinique, en 1870. Dans le débat qui suivit l’historien rappela les différents évènements de l’année 1848 qui ont jalonné la marche vers l’abolition de l’esclavage. Les précisions qu’il avait apportées pouvaient laisser croire à un intérêt relatif de l’auteur pour celle du 22 mai 1848, comme si chacun pouvait choisir la date qui lui convenait. D’où la question qui fusa dans l’assistance de savoir quel était, selon lui, celle qui avait sa préférence. Il indiqua promptement son choix : le « 22 mai ».

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Pour une nouvelle approche des questions démographiques(2/2)

— Par Raphaël Vaugirard —

Suite de l’article :Pour une nouvelle approche des questions démographiques (1/2)

Il ne faut pas sous-estimer les flux de retour d’individus et de familles qui sont aussi une réalité. Les motivations observées sont : la retraite, le rapprochement familial de conjoints, les mutations d’agents de la fonction publique et autres. Contre toute attente, dans la période 1980-90, on a vu apparaître un gonflement significatif des flux de retour. H. DOMENACH a observé que de 1.500 retours, dans les années 1970, le processus s’est constamment accéléré pour atteindre 3 à 4000/an pour la Martinique dans les années 1980. Ce phénomène a été dénommé « rémigration ». Au point qu’en 1990, l’INSEE pronostiquait, « si ces tendances observées se maintenaient… », l’hypothèse d’une Martinique de 500.000 habitants en 2020 ! En plus des motivations citées plus haut, cette « rémigration » s’expliquait aussi par les difficultés croissantes d’absorption de MO de l’économie française (la France a atteint les 2 millions de chômeurs incompressibles en 1982). Ces difficultés se doublaient du sentiment de rejet et de xénophobie lié à l’irruption du Front National de J.M.

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LaBaLaVi : sur France.tv, une web-série pour « colmater les oublis de l’Histoire »

Les objectifs de la web-série 

Avec LaBaLaVi, visible sur Le portail des Outre-mer, nous découvrirons, en douze épisodes, des destins rarement pris en compte par l’Histoire de France, ceux des « migrants de l’intérieur ». Le photographe-réalisateur Cédrick-Isham, d’origine guadeloupéenne, et l’auteure-journaliste Kelly Pujar, d’origine martiniquaise, nous emmèneront à la rencontre des Ultramarins qui vivent sur le sol de la France hexagonale. Certains y sont venus par le Bumidom – le bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-mer – d’autres, non. Certains de leur plein gré, d’autres non. S’ils sont de profils divers et différents, ces hommes et ces femmes – de Martinique, de Guadeloupe, de Guyane ou de La Réunion – sont souvent arrivés en quête d’une vie meilleure, portés par leur seul espoir. Recueillir leurs histoires de vie, explorer leurs sentiments et leur ressenti, mettre en lumière leurs luttes, et les combats du quotidien.… au fil de ces échanges naîtront des témoignages touchants sur la vie “là-bas” : c’est en effet par cette locution que les habitants des Outre-mer désignent souvent la France, d’où le titre choisi pour la série :  LaBaLaVi.

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La décrépitude démographique : problème n° 1 de Martinique

— Par Gerry L’Étang —

Alors qu’approche la mère des batailles politiques martiniquaises : l’élection dans quelques mois (juin ?) de l’assemblée et de l’exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), il est plus urgent que jamais d’intégrer dans le débat politique le problème principal, démographique, auquel se trouve affronté le pays.

L’INSÉÉ établissait qu’au 1er janvier 2017, il y avait 372 594 habitants en Martinique. Cet organisme estimait que deux ans plus tard, soit au 1er janvier 2019, il n’y avait plus que 363 480 habitants dans l’île, et qu’en dix ans, cette dernière avait perdu en moyenne 3 300 habitants par an (avec une accélération les dernières années), soit une baisse annuelle de 0,8% de sa population.

Les perspectives sont encore plus sombres. Le site PopulationData.net, qui recense les données démographiques mondiales, estime qu’au 1er janvier 2021, l’île n’a plus que 355 094 habitants et que leur diminution est désormais de 1,03% par an. Et selon les projections des Nations Unies, la Martinique comptera dans trente ans, en 2050 donc, 300 000 habitants. A ce compte, on peut craindre que le pays ne perde dans moins d’un siècle l’intégralité de sa population.

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Le dépeuplement de la Martinique : ira-t-on vers une substitution choisie ? 

Par Yves-Léopold Monthieux
Depuis les derniers chiffres de l’INSEE sur la démographie décroissante, des spécialistes et autres observateurs se penchent sur ce phénomène qui pourrait être déterminant pour les choix politiques à venir. Ces chiffres tombent à point nommé pour nourrir des projets en vue de l’élection de la Collectivité territoriale de Martinique. Deux intellectuels connus, le sociologue André Lucrèce et l’anthropologue Gerry Létang, apportent leur éclairage sur la nature du problème jusqu’à, pour le second nommé, esquisser une solution. Pour expliquer la décroissance de la population de ce début de siècle, le premier a cru devoir se référer à des déclarations politiques du passé.
Est-il encore besoin, en effet, de faire appel à des propos tenus par des leaders indépendantistes pour qui, loin de se préoccuper d’avenir démographique de Martinique, il s’agissait de faire feu de tout bois pour combattre le système politique français en vigueur. Edouard Glissant, membre fondateur du FAGA, le grand frère de l’OJAM, est cité pour sa métaphore douteuse : « Le pays, vidé de son sang jeune sera sans ressort et pourra être tenu en toute quiétude ».

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Martinique, décroissance démographique, les vraies raisons

— Par André Lucrèce, Écrivain, Sociologue —

Notre pays connaît une indiscutable décroissance démographique. C’est un sujet suffisamment grave pour ne point se satisfaire d’explications relevant de lieux communs, lesquels résultent d’un spontanéisme simpliste. Vieillissement de la population et déficit migratoire nous amènent donc à un premier constat : il convient d’analyser une situation qui relève d’une transition démographique d’une grande brutalité avec des conséquences économiques et sociales peu enviables.

Au début des années 1960, les moins de vingt ans constituent 50% de la population martiniquaise. Nous sommes alors dans une situation économique défavorable. La crise qui frappe en particulier toute l’économie de plantation touche les travailleurs agricoles et provoque la fermeture les unes après les autres des usines productrices de sucre. Deux immigrations en résultent : l’une vers Fort-de-France avec le développement d’une ceinture populaire autour de cette ville et l’autre vers la France qui exprime à cette époque un important besoin de main-d’œuvre.

La conjoncture est aussi politique. Décembre 59, où la jeunesse fut active et engagée, est passé par là, l’OJAM (Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste Martiniquaise) se manifeste quelques temps plus tard, la question de l’autonomie se fait entendre, la révolution cubaine est constituée en modèle par certains martiniquais, la guerre d’Algérie est en cours, des grèves d’ouvriers agricoles se terminent le plus souvent dans le sang.

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1950 – 2020 : de la démographie galopante à la dépopulation massive

Par Yves-Léopold Monthieux

À rebours de la « démographie galopante » des années cinquante-soixante, la baisse de la population en Martinique de ce début de siècle revient à l’ordre du jour. En découlent toujours les mêmes analyses et le même sentiment fataliste et d’impuissance. J’ignore si des études démontrent que le salut de la Martinique tient à la hausse de sa démographie. Si cette hypothèse est confirmée, la problématique n’est pas sur le point d’être résolue car elle se heurte à des obstacles quasi-infranchissables. La collectivité est frontalement concernée par un handicap de riches : la chute des naissances et la prolongation de la durée de vie, bref, le vieillissement de la population. Ces réalités sont aggravées en Martinique par le fait que ce territoire est à la fois riche et pauvre : riche par son niveau de vie, pauvre par son économie. Sa population vit mieux et plus longtemps, mais grâce à une économie qui n’en est pas une, une économie sous perfusion. Plus généralement, c’est toute la population mondiale qui a cessé de progresser et il est aujourd’hui admis que sa diminution à bref délai est inéluctable.

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L’utopie d’être adulte

Par Frantz Succab

Lorsque des adultes, voire des demi-vieux, forment régulièrement concile pour se faire enfants de chœur, ça débecte.

Lorsqu’à coups de menton, devant les défis historiques que doit relever le pays, ils nous chantent : « le peuple n’est pas assez adulte! », il ne faut avoir ni rire trop facile ni indignation trop bénigne. Il faut seulement se demander quelle loi infantilise également, des plus jeunes aux plus anciennes, toutes les générations d’ici-dans.

Notre peuple est-il plus jeune que tous les autres peuples des Caraïbes, des Amériques, des Afriques, des Asies et des Europes ? Non. Au demeurant, à n’en pas douter, il est parmi les plus vieux colonisés du monde.

Nous, mères et pères qui, à l’instar de nos propres parents, pressons nos enfants de bien apprendre à l’école. C’est pourquoi ? Nous répondons presque tous que c’est pour qu’ils deviennent des adultes responsables, voire indépendants. Pourtant, mêmes ceux d’entre nous censés occuper des fonctions de responsabilité ne cessent de se laisser infantiliser sous les yeux de nos propres enfants.

Qui infantilise ? Toujours les mêmes : les représentants de l’Etat français, et ce, depuis la nuit des temps, cela étant l’essence même de la fonction idéologique du colonialisme, ce par quoi beaucoup l’ont l’identifié.

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Décembre 1959 : le nouveau départ de la départementalisation

– Par Yves-Léopold Monthieux —

Quelle leçon peut-on tirer des évènements dits de décembre 1959 en leur 61ème anniversaire ? Bien que cette date fût l’histoire d’un incident fortuit, ses répercussions en ont fait le moment peut-être le plus significatif de l’assimilation, non seulement en Martinique mais dans les 3 autres vieilles colonies. Elle a permis de trancher durablement le hiatus entre le rapporteur de la loi d’assimilation Aimé Césaire et les intellectuels de l’AGEM qui ne le lui ont jamais pardonné. Certains ont vu dans cet évènement l’expression du mouvement émancipateur qui traversait le monde ; d’autres, le sursaut d’un peuple accablé par la misère ; d’autres encore, la révolte de ce peuple contre l’oppression du système colonial. Ce n’était pas encore Moncada ni le coup de main contre la caserne du Fort St Louis, mais on y songeait peut-être. Bref, dans la foulée de la nouvelle découverte du 22 mai par Armand Nicolas et à la veille des déboires des jeunes de l’OJAM, la notion de nationalisme martiniquais pointait le nez. Sauf qu’à la commission qui porte son nom, l’historien Benjamin Stora, célèbre pour ses travaux sur les colonies françaises, infirme les affirmations de la doxa.

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Lettre ouverte (1) à Oliwon Lakarayib sur les évènements de décembre 1959.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La reprise systématique d’infos empilés sur les vieilles étagères des rédactions confirme une récurrence à laquelle les médias semblent avoir définitivement renoncé à se détacher : la répétition d’une histoire écrite à partir de vérités fabriquées sur les tréteaux électoraux. Le BUMIDOM est-il évoqué sur un plateau de télévision, aussitôt on vous ressort mécaniquement des placards une vidéo racontant l’histoire des enfants réunionnais de la Creuse. Non, messieurs-dames les nouveaux journalistes, les archives laissées par vos aînés ne sont pas des pages d’Évangile.

Lire aussi : Émeutes de décembre 1959 : une présentation scandaleuse de l’Histoire.

« Les archives laissées par vos aînés ne sont pas des pages d’ Évangile  »

On ne sait pas pourquoi, on a encore ressorti ce samedi le couplet convenu relatant, en deux lignes et trois photos misérabilistes, les incidents de décembre 1959, de l’OJAM ou de la fusillade du Lamentin. Il n’est pas tenu compte, par exemple, des travaux conduits sous la direction de l’éminent historien Benjamin Stora, spécialiste mondial de la décolonisation. Pour s’en tenir aux évènements de 1959, entre les allégations politico-historiennes tendant à y voir une quasi-révolution et les conclusions de la commission Stora affirmant qu’il n’en fut rien, la doxa intellectuelle – presse, historiens et autres adeptes des sciences humaines – soucieuse de ne pas heurter la bien-pensance, a décidé une fois pour toutes de tourner le dos à la vérité historique.

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Le monde d’après ne se fera pas sans les peuples dits d’Outremer

— Par Les invités de Mediapart —

Le 27 août 2020, se tiendra à Fort-de-France en Martinique, le procès de militants poursuivis pour avoir dénoncé l’empoisonnement de terres, de l’eau ainsi que des populations Martiniquaise et Guadeloupéenne au chlordécone, pesticide organochloré, toxique, persistant et perturbateur endocrinien.

Un empoisonnement à l’origine de conséquences gravissimes et irréversibles tant sur le plan sanitaire (record mondial de cancer de la prostate, prématurité, retard de développement psychomoteur chez les enfants, endométriose sévère…) qu’écologique (rémanence de 7 siècles dans les sols, …), économique (zone de pêche interdite, sols impropres à la production agricole…), social (perte de revenus, chômage…) et culturel (méthode de culture des potagers privés remise en cause, alimentation traditionnelle en péril…).

Un empoisonnement consécutif au système de profit mis en place par de grands planteurs issus des familles esclavagistes qui bâtirent leur fortune à l’ombre du CODE NOIR de Colbert. Un empoisonnement criminel qui aura duré des décennies avec la complicité de l’État français accordant des dérogations pour un pesticide interdit en France.

Nous, acteurs et collectifs de la société civile, apportons notre soutien aux militants violentés et harcelés par les forces de l’ordre.

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Génocide par substitution ? Ainsi s’adressait Delépine aux « faux-monnayeurs du césairisme »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Dans ma précédente chronique « Edouard Delépine : une intelligence et un caractère », j’indiquais que par son expression « génocide par substitution« , Césaire ne faisait pas référence à la Martinique. Certains lecteurs ont voulu en savoir davantage.

Aimé Césaire a utilisé cette expression le 13 novembre 1975 à l’assemblée nationale (Ecrits tome I) pour s’opposer au projet mort-né de faciliter la migration des Français en Guyane. Plus largement, Césaire s’en était pris à la politique globale du gouvernement en outre-mer et fait en quelque sorte un costume au secrétaire d’État en donnant sa définition du « stirnisme ». Le 3ème point de son discours a fait référence uniquement à la Guyane.

En voici l’extrait :

« ….

Aimé Césaire – … « La Guyane, c’est donc la grande pensée, sinon la grande ambition de votre règne. Vous éventrez la forêt, vous abattez les arbres – j’espère que vous songerez à en replanter – vous industrialisez le pays et, dans un premier temps, vous installez trente mille personnes qu’il faut bien appeler par leur nom trente mille « colons », qui reçoivent, pour s’installer, toutes les facilités que vous avez constamment refusées, depuis vingt ans, aux Guyanais indigènes et à leurs cousins antillais.

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Édouard Delépine : une intelligence et un caractère

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La rigueur et la recherche permanente de la vérité conduisaient souvent Edouard Delépine à l’insatisfaction et l’autocritique. On pourrait lui appliquer le mot de Benjamin Constant : « constant dans l’inconstance ». Les anticolonialistes qui n’ont jamais voulu remettre en question les vérités de leur jeune âge n’ont pas compris l’évolution politique d’Edouard Delépine. Ils ne se sont pas aperçus qu’en gardant les utopies des années soixante, ils n’avaient pas cessé d’être eux-mêmes de parfaits assimilationnistes. Cette évolution rappelle la décision de Christiane Taubira, en 1983, de tourner le dos à l’indépendance. La future garde des Sceaux prenait acte de l’évolution de la société, des échecs de la décolonisation en Afrique et de l’avènement de la décentralisation en outre-mer.

Un cluster au Lycée Schoelcher : amoureux d’histoire et militants politiques

Homme politique, Edouard l’était jusqu’au bout des ongles et ne s’était pas privé de l’être déjà lorsque, jeune professeur, il forçait l’admiration de ses élèves par la qualité de son enseignement, certes, mais aussi par la force de ses convictions qu’il savait communiquer. On ne parlait pas encore de fan, mais il en est résulté un véritable cluster au Lycée Schoelcher où vit le jour une génération de jeunes amoureux d’histoire et de politique.

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Le bel hommage à Édouard Delépine

Parmi tous les hommages rendus à Édouard Delépine, l’un des plus émouvants est sans doute celui que Raphaël Confiant publie sur son « Bloc-notes », dans Montray Kreyol, ce mercredi 12 août.

« Édouard Delépine, l’empêcheur de penser en rond

Il fut le professeur d’histoire de bon nombre d’entre nous au lycée Schoelcher dans les années 1960-80.

Tant de vitalité et d’acuité d’esprit, de culture surtout, dans un si petit corps nous enchantait tout comme nous étonnait le bleu de son regard. Il essayait d’inculquer à nous autres, fils de la petite-bourgeoisie (l’établissement n’était pas encore mixte à cette époque), des rudiments d’analyse marxiste, cela sans dogmatisme ni bourrage de crâne. Son humour décapant, féroce même par moments, clouait le bec aux petits prétentieux qui, comme c’était mon cas, osaient émettre quelques doutes. Sans dévier du programme car nous avions le bac à présenter, il trouvait toujours une occasion d’élargir son propos aux grandes causes qui le passionnaient : la révolution prolétarienne et le bloc soviétique, la décolonisation en Afrique noire, dans le monde arabe et en Asie, dans la Caraïbe mais aussi et surtout dans notre Martinique.

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L’invention de « l’Outre-mer » : 75 ans :  des « vieilles colonies » au goût âcre des ananas

Migrations, chlordécone, et aujourd’hui gestes barrières : la vieille histoire de l’Outre-mer.

(Le 29/05/2020, par Chloé Leprince, journaliste à France Culture. On peut aussi trouver de ses articles sur le site internet des Inrocks)

En matière de distanciation physique, certains Français compteraient en mètres, et d’autres plutôt en ananas. C’est en tous cas le sous-texte qu’on pouvait déduire d’une campagne pour les gestes barrières face à l’épidémie de Covid, qui a fait grand bruit à sa sortie, le 22 mai. A l’origine du visuel, la préfecture de Martinique, c’est-à-dire l’institution qui représente l’Etat central français sur l’île. Suite au tollé immédiat, le préfet de Martinique présentait ses excuses dès le lendemain, et faisait savoir que la campagne partait à la poubelle (…)

Début mai, en Polynésie française, le ministère du tourisme polynésien avait déjà créé une image du même cru, qui préconisait cette fois six noix de coco en plus du masque. Or l’archipel de Polynésie est une communauté d’outre-mer, et les 118 îles (une grosse moitié habitées) ont depuis 1984, un « président de gouvernement » — même si, en l’occurrence, c’était à l’époque le gaulliste Gaston Flosse, qui était proche de Paris et fut au même moment membre du gouvernement de Jacques Chirac en tant que “secrétaire d’État chargé des Problèmes du Pacifique sud”.

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Louisiane : Fabienne Kanor à la croisée des mondes noirs

— Par Frédérique Briard —

Alors que la Journée mondiale de l’Afrique sera célébrée ce 25 mai, l’écrivaine Fabienne Kanor met en perspective dans son nouveau roman « Louisiane » les mondes noirs d’aujourd’hui. Une traversée toute en nuance de l’Afrique dans le monde.

Comme souvent avec Fabienne Kanor, les pages de son nouveau roman semblent tresser le récit d’une vie parfaitement banale. Comme toujours, cette impression est trompeuse et on referme Louisiane avec en tête un dédale d’existences parcourues. Français né au Cameroun, son héros Nathan quitte Paris pour la Nouvelle-Orléans sur les traces d’un grand-oncle, Etienne John Wayne Marie-Pierre, qui aurait vécu en Louisiane où il serait mort. `

la promesse d’une belle aventure

Ce patronyme extravagant constituerait à lui seul la promesse d’une belle aventure. Raté. Sur place, notre protagoniste, plus passif que téméraire, végète dans sa chambre, erre, procrastine. Quand il finit par prendre la route de la plantation où aurait travaillé son ancêtre, il ne trouve aucun signe de vie le concernant.

Mais sa quête, loin d’être vaine, l’amène à se révéler, à explorer ses failles, à dire son identité complexe.

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Affaire des enfants de la Creuse

– Par Malika –

L’histoire des enfants de la Creuse est l’un des épisodes de transferts en masse d’ultramarins vers l’hexagone, favorisé par Michel DEBRÉ et la structure qu’il créé en 1963, le BUMIDOM. Ce transfert forcé est étonnant voire choquant par son étendue géographique et chronologique. En effet, ce voyage sans retour de plus de 2000 petits Réunionnais fut orchestré durant trois décennies, de 1963 à 1982, afin de repeupler 26 départements touchés par l’exode rural. La Creuse fut la plus « pourvue » en enfants ce qui explique que cette histoire fut rattachée à ce département.

« Beaucoup de parents étaient convaincus que leurs enfants partaient pour un meilleur et qu’ils reviendraient régulièrement sur l’île. Mais la plupart n’ont jamais revu leurs enfants. Les noms de ses derniers ont été changés. On a coupé tout lien avec leur famille. On les a considéré comme des orphelins. Certains ont été adoptés rarement pour le meilleur souvent pour le pire (travail forcé, violences…). L’Etat, comme les services sociaux ont une lourde responsabilité dans ce dispositif, même si un rapport de l’inspection générale des affaires sociales de 2002 n’a reconnu aucune faute de leur part… » (1)

 

Trois associations basées en France militent en faveur de la reconnaissance « des enfants réunionnais de force » :

  1. Rasinn Anler https://www.rasinn-anler974.org

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Émeutes de décembre 1959 : une présentation scandaleuse de l’Histoire.

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Ainsi donc, en ce mois de décembre 2019 une série de commémorations a commencé. Recommence donc la répétition d’une série d’ « arrangements » avec l’histoire, alors que les faits réels auraient, à eux seuls, mérité qu’on les enseigne à nos enfants. Mais nos politiques sont obnubilés par leur soif de raconter leur roman à leur convenance, en lieu et place des historiens. Et ils n’ont de cesse de déplorer que cette histoire trafiquée ne soit pas inscrite dans les manuels scolaires.

Notons que la grande presse, surtout l’audiovisuelle, étant tenue d’une main de fer au profit de l’histoire fabriquée, jamais, sans l’Internet, la vérité historique, ci-dessous rapportée et qui peut n’être contestée par personne, n’aurait pu être portée à la connaissance des Martiniquais. Mais rien n’est gagné face à une malhonnêteté intellectuelle quasi indéracinable.

D’abord, le crash aérien de décembre 1969 a conduit le parti communiste martiniquais, qui s’était montré jusqu’alors discret, à organiser une enquête en vue, dit-il, de rechercher les vraies causes de la catastrophe. Une enquête ? Il fallait faire quelque chose après les initiatives du parti frère de Guadeloupe qui avait perdu dans l’affaire son secrétaire général.

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« Pwofitasyon. Luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et en Martinique », par Pierre Odin

Le jury du prix Fetkann’ a attribué une mention spéciale à Pierre Odin pour son ouvrage « Pwofitasyon. Luttes syndicales et anticolonialisme en Guadeloupe et en Martinique » aux éditions La Découverte

Lorsque survinrent, au début de l’année 2009, de vastes mouvements de grève générale contre la vie chère à l’appel du Liyannaj Kont Pwofitasyon en Guadeloupe et du Kolectif 5-Févrié en Martinique, nombreuses furent les réactions d’étonnement face à la radicalité, l’ampleur et la durée de ces deux mobilisations. Que pouvait-il donc y avoir de si intolérable dans la cherté de la vie pour que, par milliers, les Antillais cessent le travail, descendent dans la rue et occupent les places ? Peu comprenaient, de l’extérieur, la volonté farouche de quelques organisations de travailleurs venues dénoncer la pwofitasyon, cette « exploitation outrancière, capitaliste et colonialiste », en exhibant publiquement les rouages les plus secrets de la machine qui semblait s’être alors enrayée.
S’appuyant sur une enquête sociologique et historique mêlant entretiens, observations de terrain et travail dans les archives, cet ouvrage revient sur le rôle du syndicalisme dans les mobilisations en Guadeloupe et en Martinique, depuis la période tumultueuse des luttes révolutionnaires et anticolonialistes des années 1960-1970 jusqu’à nos jours, et sur la grève générale de l’hiver 2009, moment demeuré ouvert à tous les possibles.

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France-Antilles : de la pige à la tribune libre, un accompagnement en pointillé

— Par Yves-Léopold Monthieurx —
Cicero. C’est le premier mot qui me vient à l’esprit à l’évocation du journal France-Antilles. Le second souvenir est un loupé. Lecteur du Monde, du Nouvel Observateur et de l’Express, je m’étais très jeune intéressé à la presse, sans cependant envisager d’en faire mon métier. Appelé du contingent à Cayenne, j’avais été chargé de mettre en place et d’animer le mini espace presse de la caserne Loubère.
D’abord le loupé. Mon premier rapport avec ce journal, dès 1964, fut un rendez-vous manqué. J’ignore pour quelles raisons, à la suite d’une visite de la fabrique de yaourt Littée par l’association culturelle du Vert-Pré, je n’avais pas rédigé le compte-rendu que j’avais promis à Man Littée de faire publier dans France-Antilles.
Revenons au cicero, qui rappelle le Cicérone consule d’une de mes versions latines. J’avais soumis sans trop y croire à la rédaction du journal un projet de reportage d’une rencontre de foot-ball. Agréablement surpris par sa publication, j’avais renouvelé l’exercice sous le pseudonyme « Maxim » jusqu’au jour où je fus conduit au bureau d’un certain M. Gérard. J’appris par ce dernier ce qu’était un cicéro, l’unité de mesure typographique, et que, contre toute attente, j’allais être rétribué au nombre de cicéros contenus dans mes reportages.

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